Le doigt de Dieu a distribué une bien mauvaise main à Molly Bowser, cette représentante du "sexe faible" (sic[k]) pour qui y'a pas à dire "c'est la dégoûtation" (sic sic) cette mauvaise étoile sous laquelle elle est née et qu'elle n'arrive toujours pas à semer à l'aube de la quarantaine.
Alors bon c'est de la dégoûtation, d'accord, mais finalement elle en prend son parti, poissarde un jour poissarde toujours, allez d'acc va pour une vie d'abonnée au guignon jusqu'au bout.
Non, ce qu'elle n'accepte pas Molly, c'est que Lily, sa fille de dix-sept ans dont personne ne saura jamais vraiment qui est le père, suive sa voie. La mouscaille, les bons partis qui après avoir fricoté assez longtemps finissent par se calter avec une autre et pour ceux, rares, qui acceptent de rester et de se marier, eh bien ceux-là finissent immanquablement par calancher avec plus de dettes que de patrimoine.
Tout ça, Molly elle connait par coeur, pas question donc que Lily y goûte à son tour et le seul moyen de lui éviter cette vie misérable serait de la marier au plus vite avant que, comme un beau fruit sur l'étal, elle ait été trop tripotée pour intéresser qui que ce soit. Mais l'entreprise est tout sauf simple, la réputation de mauvaise vie de Molly précédant de peu celle de sa fille, trouver un mari capable de l'entretenir et qui ne soit "point trop faiblard du fond de culotte", c'est comme les braves gens chez Flannery O'Connor, ça ne court pas les rues...
Le doigt de dieu est un roman souvent considéré comme mineur dans l'oeuvre d'
Erskine Caldwell. Malgré tout, pour les aficionados, les éléments incontournables sont là : dèche dans le Sud profond, religion, goût prononcé pour l'absurde et l'amoralisme, rednecks roublards et alcooliques, désoeuvrement et ribambelle de divers personnages qui n'étaient pas derrière la porte le jour de la distribution, le tout contribuant à la farce tragique si typique de l'univers Caldwellien (!)
Alors ok, peut-être pas son meilleur, mais certainement pas une oeuvre de troisième ordre, loin de là. Non, disons plutôt un petit livre qui vaut le jus et que ne renieront sûrement pas les adeptes de ce génial écrivain du Sud.