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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une merveille. Un piège, un road-trip, un livre des règles, un jeu de rôles, et sans doute l'une des plus belles déclaration sur l'amour que j'aie pu lire dans une fiction.
Une manière de transformer la mort, la perte d'un être cher en un itinéraire, une voie vers la re-découverte de l'autre. le meilleur de Clive Barker rencontre Jorge Luis Borgès, et c'est d'un bonheur aussi inattendu que profondément troublant.
Indispensable.
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Faites-vous parfois de ces rêves qui ne sont ni des cauchemars ni à proprement parler des rêves agréables ? Pensez-vous parfois à votre enfance et aux différents choix qui vous ont conduit jusqu'à cette vie d'adulte aujourd'hui ? la vie c'est une chose étrange : on y arrive sans l'avoir demandé, on passe de l'enfance à l'âge adulte en suivant un chemin plus ou moins compliqué, tout ça sans autre sens parfois que celui que nous donne l'obligation sociale d'aller à l'école, d'apprendre des choses, ensuite de travailler, muni de ce savoir scolaire, puis de mourir, en ayant pour certains d'entre nous projeté dans cette vie d'autres enfants qui feront un chemin similaire.

Pour en revenir aux rêves qui ne sont pas des cauchemars mais un peu quand même, je les vois comme une projection de ce qui aurait pu être, ou qui a été, dans un chemin parallèle ponctué de « si ». Peut-être que je me pose trop de questions, peut-être que je ne me contente pas suffisamment « d'être », peut-être que je cherche des questions à des réponses qui me plaisent. Peut-être que je me raconte des histoires et que j'aime que l'on m'en raconte : de belles, d'intenses et douloureuses histoires, qui seraient les réponses aux questions qu'on évite de se poser.

Le livre de Jason Hrivnak, La Maison des Épreuves, est de ces recueils d'histoires qui ouvrent une porte cachée dans l'ombre de notre imaginaire. Cette porte qu'on évite, sous peine de sentir le coeur battre trop vite.

Je me suis « administré » La Maison des Épreuves, exactement comme le souhaitait l'auteur.

Qu'est-ce que ce livre ? Difficile de le réduire à une case : un roman d'initiation, un manuel d'Amour absolu, un guide pour ne pas mourir.

Cela commence comme un roman classique. le narrateur vient d'apprendre le suicide de son amie d'enfance Fiona. Dès lors il évoque le souvenir de cette amie et de leurs années d'enfance communes.

Fiona l'a en quelque sorte choisi à l'école, et depuis ils ne se sont plus quittés, jusqu'au déménagement de la petite fille. le lecteur découvre une amitié sans faille, une amitié qui fait des deux écoliers une seule entité, une seule respiration, le tout clos dans un univers sorti des fantasmes les plus sombres que l'on puisse imaginer. Cet univers est une protection, contre l'école, les camarades, contre la faible santé qu'on devine de Fiona, contre toutes les brimades que la vie peut amener à deux jeunes enfants. Cet univers est formalisé par les deux amis sous le nom de Terrain d'Essai. Cet endroit imaginaire est comme un monde d'épreuves où viennent ceux qui veulent confronter leurs peurs, leurs angoisses et la réalité de leurs désirs.

Il s'agit vraiment d'éprouver. de comprendre ce que l'on est prêt à donner de soi pour réaliser un désir. Il s'agit aussi d'éprouver la force de ses sentiments, haine ou amour, et de s'abandonner totalement au sort.

Ce Terrain d'Essai était l'oeuvre commune du narrateur et de Fiona, qui en rédigeaient chacun des épreuves, les plus folles, les plus douloureuses et angoissantes les unes que les autres. Puis tout s'est arrêté au déménagement de Fiona. Après quelques tentatives de relation épistolaire, le lien entre les deux amis s'est étiolé, jusqu'à se rompre. Tandis que le narrateur avançait dans une vie d'adulte qui ne le satisfaisait pas, jusqu'au point de ne désirer qu'une vie sans événements et sans soubresauts, Fiona, elle, expérimentait les plus sombres folies de ce bas monde : alcool, drogue, errance et oubli de soi. Jusqu'au suicide, dans leur ancienne école, au plus près de ce qui symbolisait son amitié avec le narrateur.

Cette première partie du livre explique la genèse de la Maison des Épreuves, et ce à quoi elle est destinée : aider ceux qui en ont besoin. Et c'est là que l'on bascule dans un tout autre livre. Après l'introduction, les sections I, II et III nous emmènent dans un labyrinthe d'événements et de personnages, avec comme soutien : vous, le lecteur. Chacune des trois sections décrit des situations, parfois morbides, romantiques, violentes, effrayantes, miraculeuses, sous forme de paragraphes numérotés (et même de QCM dans la section I)

La narration est poussée dans des limites surréalistes, avec une adresse tant à Fiona, qu'à quiconque se soucierait de « sauver » quelqu'un. Car c'est le coeur du sujet : montrer à Fiona, et à qui en aurait besoin, qu'elle est vue, qu'elle existe, que sa propre traversée des épreuves a une signification. Les trois sections sont une succession de mondes et de situations oniriques aussi bien que bassement réalistes. C'est un labyrinthe dans lequel le lecteur pourrait se perdre, s'il ne reconnaissait les mêmes deux personnages, changeant de peau, de costumes, de vie et de désir, au fur et à mesure des épreuves. Il est facile d'identifier Fiona et le narrateur, qui se cherchent l'un l'autre au fil des tableaux, mais ce pourrait être vous, moi, n'importe qui. Je me suis vue endormie dans le verger des pommes blanches, errant à la recherche de mon premier amour, ou élaborant des stratégies de morts chaque fois plus horribles.

Livre de chagrin et de consolation, la Maison des Épreuves, comme son nom l'indique, est destiné à éprouver, à montrer, et à illuminer dans le même temps qu'il nous plonge dans l'abîme. C'était une sorte de songe cauchemardesque à lire, mais libérateur, qui m'a rappelé mon rêve à moi : celui d'une pièce blanche, silencieuse et vide de tout.

Oui, le chagrin imprègne ses pages, mais aussi l'Amour et le désir d'enfance. J'ai ressenti ce livre comme un miroir de notre imaginaire d'enfant, protecteur et plein d'espoir. C'est autant une quête d'Amour et de compréhension qu'un manuel de psychothérapie à l'usage des malades de la vie.

J'ai attendu ce livre, avant qu'il ne sorte ce début d'année, tant j'ai été admirative de ce qu'en disait son traducteur pour la France, Claro, sur son blog le Clavier Cannibal.

Si vous avez aimé La Maison des feuilles de Mark Z Danielewski, tout les livres de Thomas Pynchon, ou le Tunnel de William H. Gass (d'ailleurs également traduit par Claro), foncez, lisez ce livre sans plus attendre. Si vous aimez être bousculé dans vos certitudes, ou simplement si vous êtes un vrai lecteur, curieux de tout, lisez-le aussi.

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Tu entres dans une pièce.
Au milieu, un livre. Petit, noir, vicieux.
Tu t'approches sans faire de bruit car tu as la sensation que les murs t'épient, qu'ils crépitent.
Une fois devant la petite table en bois, tu discernes mieux le titre du livre-mystère : La Maison des Épreuves.
D'instinct, tu le retournes pour tenter de trouver un résumé mais il n'y en a aucun, seul une citation étrange qui te met mal à l'aise.
Sur la couverture, un entrelacs de lignes brisées avec quelques noms au milieu : Jason Hrivnak, un auteur canadien qui t'es inconnu, et Claro, un traducteur français qui adore les textes fous et sans limites.
Tu te sens oppressé par le livre que tu tiens. Coïncidence, les éditions qui l'éditent portent le doux surnom de L'Ogre. Est-ce un piège ? Qui t'as parlé de ce livre et pourquoi semble-t-il aspirer tes moindres désirs entre ses pages fines et craquelées ?

Tu décides de l'ouvrir.
Mais rien ne va. Après une trentaine de pages, tu réalises que le récit que tu viens de lire semble être déjà terminé. Un étrange narrateur te parle de son amitié (amour ?) avec une femme qu'il connaît depuis l'enfance. Malheureusement pour lui, elle s'est suicidée. Pour en faire son deuil, il a l'idée d'écrire un texte sous forme d'épreuves pour exorciser et tester celui qui le lit. Il semblerait que le narrateur ne soit pas quelqu'un de particulièrement sain d'esprit, tout comme Fiona, son amie suicidée qui s'amusait avec lui à créer les pires tortures possibles dans ce qu'il imaginait être le Terrain d'Essai.
Qu‘est-ce qui cloche dans cette histoire d'amour :
1- Se trancher la carotide n'est pas romantique
2- Concevoir des épreuves sadiques ne constituent pas une passion acceptable
3- Les maladies ne peuvent pas nous unir durablement
4- Tenter de sauver Fiona n'a aucune valeur si elle est déjà morte

Bien sûr, le glauque de cette histoire au noir te surprend. Pire encore, tu comprends que cet amour dysfonctionnel puisse avoir quelque chose d'attirant pour qui tient le livre entre ses mains. Tu t'aperçois que toi-même, tu es incapable de lâcher l'objet qui s'enracine entre tes doigts.
Tu le secoues mais rien n'y fait. Il t'obsède avec ses leitmotivs et des rengaines morbides.
Concevoir l'amour comme un jeu macabre est-il raisonnable ? Peut-on vraiment imbiber d'essence une personne que l'on aime et la regarder brûler sans hurler ?

Vous arrivez dans la Maison des Épreuves.
Avez-vous dormi ? Etes-vous réveillé ? le livre est toujours là mais il ne semble ne plus y avoir de véritable histoire. le suicide de Fiona était-il une conclusion ? Il ne semble pas puisque le narrateur vous emmène à travers trois sections déroutantes et de plus en plus angoissantes.
Votre pouls s'accèlère et votre respiration se fait bancale. S'il y avait de l'oxygène ici, il n'en reste peut-être plus assez pour vous.
Le manuscrit de l'amant-ami de Fiona mute sous vos yeux. D'une sorte de livre dont vous êtes de héros, il s'aventure ensuite vers un simili-jeu de rôle ou un jeu vidéo sanglant et perturbant.
Chaque page recèle des interrogations imprévues. A choix multiples ou non, vous devenez le témoin privilégié d'une série d'histoires horribles sorties de l'esprit d'un dément sachant manier la plume.
Peut-on empêcher le suicide d'une personne en lui parlant de meurtres et de tortures ? Que cherche à dire le narrateur de cet OLNI en ressassant des obsessions qui vous triture les entrailles ?

On joue avec votre inconscient.
Plus les pages se tournent (d'elles-mêmes ?) et plus votre esprit vacille. Tout ça ne semble avoir ni queue ni tête mais vous êtes fasciné par l'inventivité maladive de l'auteur. Vous n'êtes plus le héros ni le lecteur de ce livre maudit mais une sorte de cobaye dont on teste les barrières mentales. Petit à petit, vous vous surprenez à répondre aux questions farfelues qui vous sont posés. Chacun doit réagir différemment mais vous, vous vous mordez l'intérieur de la joue.
Est-ce que le goût de votre propre sang apporte quelque chose de plus horrifiant à ces histoires ? Pourquoi vous semble-t-il que le livre entre vos mains vous étudie autant que vous à son envers…si ce n'est davantage ?

Vous n'avez plus de repères.
Finalement, l'aventure s'arrête aussi abruptement qu'elle avait commencé. Tout vous semble étrange et totalement logique à la fois. Tout s'emboîte dans votre cerveau et, sans le comprendre vraiment, quelque chose vous dit que c'est très beau. Cette lettre-questionnaire-testament comme ultime radeau de sauvetage dans un océan de noir.
Jason Hrivnak est-il le narrateur ? Ou est-ce vous ? Qu'avez-vous compris à la Maison des Épreuves et quelle expérience en retirez-vous ? Avez-vous déjà posé la main sur le montant de la porte pour sortir de ce cauchemar expiatoire ou préférez-vous vous attardez dans l‘obscurité ?

La Maison des Épreuves vous teste, elle n'est ni un roman ni un amusement. Un cauchemar qui vous révèle votre véritable moi et qui vous questionne sur vos peurs-désirs les plus intimes.
Une expérience qui vous a fait connaître d'autres réalités, un livre qui refuse de vous lâcher parce qu'il sait désormais qui vous êtes.
Voulez-vous vraiment en parler à d'autres que votre aimée ?
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
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Dans les replis paradoxaux de l'imagination fantastique, un formidable remède à la mélancolie.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/01/07/note-de-lecture-la-maison-des-epreuves-jason-hrivnak/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Il y a des livres dans lesquels on tombe, un peu comme Alice tomberait aux Pays des Merveilles. Des livres qui décuplent notre imaginaire et qui nous font découvrir, ou redécouvrir, certaines choses ou situations sous des angles complètement inédits. C'est le cas de la Maison des Épreuves…

Ce premier roman est un OLNI (Objet à Lire Non Identifié) bourré d'imagination tantôt poétique, tantôt philosophique, tantôt épique, tantôt cauchemardesque.
Ce livre ne se dévore pas. C'est lui qui doucement nous enveloppe dans un monde fantasmagorique pour mieux nous dévorer…
Il aime déterrer tous ces vieux souvenirs et désirs bien tapis dans l'ombre de notre inconscient, pour mieux les mettre en lumière. Un peu comme lorsque qu'on était enfant, quand on jouait à déterrer des os au fond du jardin pour en faire un trésor.
Ce livre s'amuse à immiscer des questions que l'on n'ose pas, que l'on n'osait pas ou que l'on n'oserait sans doute jamais se poser. Des questions qui éveillent en nous tout un panel d'émotions et de sentiments parfois merveilleux, parfois troublants, et qui agitent furieusement l'imagination de notre enfance perdue.

Un roman d'où l'on sort "optimYstiquement" troublé.

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