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EAN : 9782227325043
278 pages
Bayard (03/01/2001)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Dans la perspective de Shankara, [le] salut est compris comme un retour, un rapatriement en un lieu que le sujet, d'une certaine manière, n'avait jamais quitté. Se profile déjà ici l'idée d'une liberté éternelle constituant l'essence même de l'homme et ne prenant qu'en apparence ? en tant que "délivrance" ? l'allure d'un événement dans le temps. Enfant prodige, Shankara vécut une existence fulgurante et enflammée par ses convictions au début du VIIIe siècle en Inde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Shankara, c'est un peu le mec qui a inventé l'Advaita Vedanta. Par chez nous, avec notre béret sur la tête, on appelle ça la non-dualité, et c'est pas si faux que ça. Ça dit que y a pas de séparation entre moi et l'Univers. Si je m'en rends pas compte, c'est que ma vie sous cette forme terrestre humaine est gouvernée par la nescience. Un peu comme le fait que de pas avoir conscience de notre activité cellulaire, c'est pas mal pour vivre tranquillement tous les jours. Même si forcément, on rate des trucs du coup. le but qui se propose alors dans l'AV pour surmonter toute cette merde c'est de changer son attitude, de s'éloigner des activités mondaines et de méditer les Grandes Paroles upanishadiques jusqu'à ce qu'elles foudroient d'un coup notre caboche et produisent l'ILLUMINATION. A partir de là, on devient un délivré-vivant et c'est le kif.


Michel Hulin nous fait la biographie de Shankara même si c'est difficile parce que le personnage est à moitié mythologisé, genre on ne sait même pas vraiment quand il a vécu. Tout en dynamisme, Hulin nous fait le topo des concepts développés par Shankara dans un sens personnel, genre le Soi (atman), le brahman comme être parfait et béatitude, l'illusion, la création, la délivrance, en comparant sans cesse ces notions shankariennes à ce qu'on avait eu jusqu'alors l'habitude de se faire préchi-prêcher, ici ou dans d'autres courants. On aura même droit à une petite anthologie de Shankara sur la condition humaine, le brahman comme être-conscience-béatitude, le Suprême Seigneur et l'ordre du monde, l'âme individuelle, les voies de la délivrance, et les passages chauds de polémique contre le bouddhisme et le Samkhya (qui sera finalement absorbé par le Vedanta, LOL).


Ensuite, la question c'est un peu : qu'advint-il de tout ce bordel ? Car Shankara, tout malin qu'il soit, a laissé beaucoup de questions non résolues, des trucs vagues qui font miroiter une certaine inconsistance de son projet et ça, ses disciples ne voulaient pas trop que ce soit dit, alors ils ont rafistolé et on a eu deux écoles un peu opposées qui se sont distinguées. Et puis, avec la colonisation anglaise, c'est toute la philosophie occidentale qui vient rajouter une couche de bordel supplémentaire. On imagine alors qu'une forme de néo-Vedanta émerge, incarné par Nissargadatta Maharaj, Shri Aurobindo, Swami Prajnananda, et d'autres quoi.


Pour résumer, voici ce qu'on peut dire aujourd'hui du phénomène :


« Parce qu'il cherche moins à « sauver les phénomènes » qu'à dissoudre le sentiment de la finitude humaine, le Vedanta ne s'est jamais présenté comme une explication rationnelle du monde, une cosmologie. Il n'a jamais -pas plus que le bouddhisme mais à la différence du christianisme- comporté de dogmes relatifs au moment et aux circonstances de la création du monde, à la fixité des espèces vivantes, etc. Par là même, son image contemporaine ne saurait être celle d'une pseudo-science ou d'une vision préscientifique du monde, mais plutôt celle d'une discipline spirituelle jouant le rôle d'un indispensable contrepoids à l'expansion illimitée de la science et de la technique. Enfin, sur un plan plus strictement philosophique, le Vedanta non dualiste se présente comme un intermédiaire entre, d'une part, la tradition de la métaphysique occidentale enracinée en Grèce et, d'autre part, les disciplines spirituelles, délibérément non conceptuelles et rebelles à toute formulation ontologique de l'Extrême-Orient (taoïsme, bouddhisme, zen). Lié organiquement à la langue sanskrite, soeur de la langue grecque, il exprime lui aussi l'être comme substance, action, sujet, etc., mais demeure en même temps ouvert à tout un régime d'expériences spirituelles dans lequel ces catégories ontologiques perdent leur pertinence. »


Le bouquin est érudit, clair, malgré tout il est dense alors faut serrer le fion, mais on est content d'apprendre plein de trucs sur le sujet parce que c'est vrai, la non-dualité c'est super intéressant à prendre en compte dans notre optique occidentale. Et en plus, maintenant on se dit qu'on a plus besoin de lire Shankara (qui avait l'air un peu chiant quand même).
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essayé de lire La face cachée du temps, livre érudit à propos de l'Imaginaire de l'au-delà mais assez ardu ...
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Parce qu’il cherche moins à « sauver les phénomènes » qu’à dissoudre le sentiment de la finitude humaine, le Vedanta ne s’est jamais présenté comme une explication rationnelle du monde, une cosmologie. Il n’a jamais -pas plus que le bouddhisme mais à la différence du christianisme- comporté de dogmes relatifs au moment et aux circonstances de la création du monde, à la fixité des espèces vivantes, etc. Par là même, son image contemporaine ne saurait être celle d’une pseudo-science ou d’une vision préscientifique du monde, mais plutôt celle d’une discipline spirituelle jouant le rôle d’un indispensable contrepoids à l’expansion illimitée de la science et de la technique. Enfin, sur un plan plus strictement philosophique, le Vedanta non dualiste se présente comme un intermédiaire entre, d’une part, la tradition de la métaphysique occidentale enracinée en Grèce et, d’autre part, les disciplines spirituelles, délibérément non conceptuelles et rebelles à toute formulation ontologique de l’Extrême-Orient (taoïsme, bouddhisme, zen). Lié organiquement à la langue sanskrite, sœur de la langue grecque, il exprime lui aussi l’être comme substance, action, sujet, etc., mais demeure en même temps ouvert à tout un régime d’expériences spirituelles dans lequel ces catégories ontologiques perdent leur pertinence.
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Le contenu de l’expérience du brahman ne se laisse pas exprimer par des mots car le langage découpe la réalité non duelle indivise en sujets, objets, actions, qualités, relations, etc. A ce titre, il a partie liée avec la nescience.
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Par la connaissance d’un unique morceau d’argile, lequel n’est jamais, purement et simplement, que de l’argile, est connu tout ce qui est fait d’argile : cruches, écuelles, seaux, etc. Toutes ces choses en effet ont en commun la même nature « argileuse ». De chacune de ces modifications -la cruche, l’écuelle, le seau- l’existence ne repose que sur le langage, les unes et les autres étant irréelles. Elles sont fausses en tant que dénominations particulières, réelles en tant qu’argile. Cet exemple est alors appliqué au brahman et il conduit à poser que l’ensemble de ses effets (apparents) n’a aucune réalité en dehors de lui […].

[Commentaire aux Brahmasutra, II, 1, 14-15]
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A nous d’accomplir ensuite le parcours en nous guidant sur sa lumière [du Veda]. Ce parcours s’effectuera par les seuls moyens de la rationalité mais d’une rationalité soucieuse à chaque instant de « faire le point », au sens maritime de l’expression, de vérifier qu’elle tient le cap, qu’elle se dirige tout droit vers la proclamation, cette fois fondée en raison, de ces vérités que le Veda lui assigne d’avance comme le point d’aboutissement de ses démarches […].
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Sous l’empire de la nescience, le Soi unique, identique au brahman, s’agrège, se surimpose toutes sortes de déterminations étrangères ou « conditions limitantes extrinsèques » (upadhi), souvent appelées simplement « noms et formes » (nama-rupa) qui le démultiplient et le particularisent illusoirement.
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Vidéo de Michel Hulin
La querelle brahmanes-bouddhistes à propos du Soi Emission Sagesses Bouddhistes du Dimanche 26 juillet 2009
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