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EAN : 9782490356225
112 pages
Chemin Fer (29/01/2021)
3.89/5   18 notes
Résumé :
18 chroniques anachroniques accompagnées de lavis d’Edmund Alleyn

Les Editions du Chemin de Fer publient le 29 janvier un cinquième livre de Nancy Huston.
Écrits pour la plupart au printemps 2020, les dix-huit textes qui composent ce recueil interrogent, à partir d’une actualité commune, la singularité et la liberté d’une pensée toujours sur le qui-vive, toujours aussi prompte à se révolter, à faire comprendre, à s’étonner de ses propres contr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Saluons le travail des éditions du Chemin de Fer qui nous offrent en ce début d'année, "Les Chroniques Anachroniques" de Nancy Huston.
Ces textes écrits en Suisse, alors que l'auteur y est confinée en compagnie de son compagnon peintre à Berne, ont été publiées dans différents supports de presse aux mois de mars et d'avril 2020.
Dès le premier texte, l'auteure interroge sa pratique de l'écriture. Elle subit, comme nombre d'auteurs, les affres de la page blanche en période de confinement, et comprend que "si l'écriture se fait dans la solitude, elle ne se fait pas dans le vide."
Ce vide, celui provoqué par l'arrêt de toute vie économique sociale et culturelle, l'amène à quitter Paris, "ville (...) malade (dont elle n'est pas) présente au chevet (...)"
Ce vide et cette absence interrogent le vide et l'absence de notre propre vie et ceux de nos pratiques.
Hors-Sol, elle "explore" dans ces chroniques, "quelques implications et réverbérations de ce fragment de sagesse traditionnelle bantoue : je suis parce que nous sommes"
Textes lumineux, engagés et engageants, ils interrogent notre relation au monde, à la nature, à l'autre et aussi le sens de nos pratiques quotidiennes dans ce qu'elles révèlent de nos abandons, de nos reniements et de notre cécité, volontaire parfois.
Le lecteur, s'il se réjouit à la lecture de ces textes, ne s'en trouve pas moins confronté à ses responsabilités dans l'état du monde tel qu'il est aujourd'hui et tel que la pandémie du Covid 19 montre ce que nous sommes capables d'en faire (ENFER).
Pour autant, Nancy Huston ne se cantonne pas à une écriture punitive, elle laisse son libre arbitre au lecteur, puisque, si elle en fait un potentiel responsable, elle en fait en même temps un potentiel sauveur.
Ses raisonnements nous poussent à la réflexion et à la remise en cause de nos savoirs et des fausses certitudes qu'ils nous ont inculqués au fil des siècles.
L'homme civilisé nomme et qualifie les choses et les animaux pour les contraindre, les domestiquer et les exploiter à son profit. Il est incapable de penser "La vache est donc réellement notre soeur, d'une certaine façon, et la Terre, notre mère ?" Peut-être aujourd'hui considérera-t-il différemment l'homme naturel qui voit la faune et la flore comme des éléments d'un tout dont il fait aussi partie, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs...
Quelques exemples dont les textes (mais aussi l'actualité récente) regorgent :
"Notre PQ est fait de cellulose c'est-à-dire d'eucalyptus végétal dont les plantations en monoculture ont nécessité la déforestations de grands pans de l'Amazonie (...)"
"La fabrication de nos sympathiques petits smartphones empêche des centaines de milliers de jeunes Chinoises de poursuivre leur scolarité au-delà de l'adolescence"
"Le monde est devenu cette grosse boule d'interdépendances maladives, où les riches exploitent (...) et rendent les classes moyennes dépendantes de toute sorte de produits criminels à l'apparence innocente."
"Nettoyage éthique" répond Nancy Huston, en reconnaissant que dans le "Délire Destroy" des trente glorieuses, elle a contribué - largement, tranquillement, stupidement - à conduire le monde au bord du gouffre."

Texte souvent iconoclaste, prenant à rebours les évidences et les contre-vérités, ces chroniques anachroniques sont bel et bien des textes contemporains à lire et faire lire.

J'ai retenu cette phrase comme conclusion
"Ce n'est pas la Covid 19 qui doit nous effrayer, c'est le CAC 40"


Des lavis du peintre Quebecquois Edmund Alleyn (1031-2004) illustrent les propos de l'auteure.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Chroniques de la COVID, pandémie et réflexions sociales et écologiques.

Au printemps 2020, Nancy Huston s'est retrouvée confinée à Berne. Comme pour plusieurs personnes, ce premier confinement de la pandémie est devenu un moment de remise en question de nos modes de vie et leurs impacts sur le sort de l'humanité. Ces réflexions ont pris la forme de chroniques dont certaines ont été diffusées dans des différents périodiques. Ces écrits sont réunis dans ce petit volume d'une centaine de pages, accompagnés d'oeuvres de l'artiste Edmund Alleyn.

Nous avons tous vécu ces premiers mois de la COVID, de manière différente. Pour cette écrivaine, le travail à la maison est une chose habituelle et la fermeture des écoles n'affectait pas la grand-mère. Comme elle le dit elle-même « Absence de vie sociale, mise à part, notre quotidien, au Peintre et à moi-même, ressemblait de façon presque pénible à ce qu'il est en temps ordinaire. » le recueil est comme un besoin de s'expliquer, de se mettre en solidarité, car l'auteure est sensible à l'autre. À Paris, elle offrait son temps dans les prisons et son auvent abritait une SDF.

Le livre s'arrête à la fin du premier confinement, comme si c'était la fin de la pandémie. Mais nous savons maintenant que c'était loin d'être fini. de nouveaux variants, des malades et des morts continueront de s'accumuler jusqu'à… quand?
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Nancy Huston auteure d'origine canadienne, vivant en France, trouve refuge en Suisse chez son compagnon peintre, face au premier confinement. Cette pause sociétale lui inspire des chroniques et un regard mordant sur le monde qui nous entoure : médias, écologie, féminisme, quart-monde, célébrité, art, consommation, identité... autant de sujets qui reviennent sous sa plume en de brefs articles qui se picorent aisément. le récit se termine en mai 2020 sur l'espoir d'un retour à la vie normale et d'une pandémie maîtrisée... Dommage que cela ne soit pas vrai.
Saluons une fois de plus la qualité éditoriale de ce joli ouvrage.
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Tant de livres à lire,....
J'ai raté ce petit livre écrit lors de la première pandémie en 2020-2021.
Erreur...
J'ai aimé quelques romans de Nancy Huston mais n'ai pas suivi son oeuvre prolixe.
Cette somme de petits textes demeurent d'actualité, plein de questionnements sur notre société (écologie, pouvoir, rapport au monde,...). Ils débordent d'intelligence et de sensibilité.
Alors lisez...

En plus il est beau et bien édité par les éditions du Chemin de fer
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Une chronique au temps du Covid.
Quelques réflexions sympathiques, mais qui auraient dû rester au niveau d'une chronique. À lire par petites doses, un article chaque jour.
Avec un chapitre sur la "fin du cauchemar" quand l'autrice confond la fin du confinement avec la fin de la pandémie :)
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La tourte voyageuse, par exemple : il n’y en a plus une seule, et on pense qu’il en va de même du courlis esquimau. En danger de disparition plus ou moins immédiate sont la grue blanche et le bécasseau spatule. Menacés aussi, à moyen terme, sont le tétras des armoises, le tétras des prairies, l’eider à duvet, la macreuse à bec jaune, le harelde kakawi, le plongeon à bec blanc, le grèbe esclavon, le pluvier siffleur, le pluvier montagnard, le bécasseau semipalmé, le bécasseau à col roux, le bécasseau cocorli et le bécasseau roussâtre, la mouette blanche et la mouette tridactyle, le guillemot à long bec, le harfang des neiges, le martinet sombre, le colibri roux, la moucherolle à côtés olive, la pie-grièche migratrice, le geai des pinèdes, le moqueur de Bendire, la grive des bois, le pipit de Sprague, le roselin de Cassin, le gros-bec errant, la paruline à ailes dorées, la paruline rayée, le quiscale rouilleux et le quiscale bronzé, la sturnelle des prés et le bruant à ventre noir.
C’est beau, les noms. Les noms d’oiseaux albertains survivront quelque temps aux volatiles eux-mêmes, après quoi ils s’éteindront à leur tour.
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En fait, ô mes sœurs, la solution est simple. Bon, ça risque de prendre quelques centaines de milliers d’années, mais les résultats seront probants, je vous le promets : il nous faut apprendre à aimer les doux.
À force d’admirer, de se pâmer devant, de voter pour, de soupirer après, de copuler et nous reproduire avec les gagnants, les mecs-mecs, les battants, les musclés, les testostéronés, les alphas, les riches, les Trump, les Alexandre le Grand, les DSK, les Amin Dada, les Gengis Khan, les Ivan le Terrible, les Jeff Besos, les Jules César, les Attila le Hun, nous avons sélectionné pour les mâles de notre espèce des gènes certes utiles dans le passé, mais parfaitement catastrophiques dans le présent. Nous devons de toute urgence nous arrêter.
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Nous sommes coupables dès que nous nous levons le matin : d’où viennent les oranges de notre jus d’orange, le café de notre café, le chocolat de notre chocolat, et le chrome de la radio que nous allumons pour écouter les mauvaises nouvelles du jour ? Tout en nous affranchissant fièrement des dogmes de la religion, nous nous sommes fabriqué un péché originel bien à notre image : insidieux, omniprésent, hégémonique.
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Absence de vie sociale, mise à part, notre quotidien, au Peintre et à moi-même, ressemblait de façon presque pénible à ce qu’il est en temps ordinaire. Que l’écart violent entre l’état du monde et ce quotidien agréable crée un malaise, une gêne, voire un vertige…

(Leméac, p.10)
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Les livres ne sont pas des bulles. Ce sont des tapis volants.

Magiquement, silencieusement, sans pétrole aucun, ils nous font voyager vers d’autres pays, d’autres époques, et découvrir de l’intérieur l’expérience d’êtres très différents de nous. C’est là un privilège réel, objectif. C’est aussi un espoir, à répandre le plus largement possible.

(Léméac, p.92-3)
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Videos de Nancy Huston (45) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nancy Huston
Elle s'appelle Francia après s'être appelée Ruben, là-bas, dans son pays, en Colombie. Devenue femme, Francia est prostituée au bois de Boulogne. Dans son nouveau roman tout en justesse et en sensibilité, à travers ce personnage, Nancy Huston nous raconte le quotidien de la prostitution, entre larmes et espoirs.
Retrouvez l'émission intégrale sur WebTvCulture
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