Toucher la bagnole pour toucher le pactole, comment ne pas être touché par cette situation folle ?
Comment ça, on touche le fond ?
Elle s'appelait Anna, rappelle-toi, elle avait Léo et les bas.
Léo c'est son minot, les bas c'est la guigne pas legging, car jusqu'alors, ce qu'elle a touché, c'est pas l'or, c'est le fond.
Elle vend à ceux qu'ont la dalle, des poulets rôtis, car sa destinée fatale, c'est d'payer les crédits.
Mais un sanglier sur la route, comme c'était laie, ce fut vite la banqueroute, un vrai coup de balai.
Alors le fiston, qui voulait des biftons,
après l'échec de la beu, l'a inscrite à ce jeu.
Elle voulait pas la môman, vendre son âme, mais ça va un moment, le ventre réclame.
Juste maintenir le contact, c'est le cas de le dire, tenir avec la main un morceau du gros lot, mais sans jamais lâcher le morceau, la gauche ou la droite c'est comme on veut, politiquement correct. Comme à la marche, toujours un pied au sol, mais ce n'est pas de la course, c'est du surplace.
Ce n'est pas le pied, c'est éprouvant, tenir avec une main, tenir jusqu'à demain, et plus si affinité, y a pas de temps limité.
"Et si on pouvait les comptabiliser, au final, les êtres et toutes ces choses qu'on touche dans sa vie ? Que touche-t-on le plus ? Les êtres aimés ? Soi-même ? le clavier de son ordinateur ? Son smartphone ? le volant de sa voiture ?"
Cynisme, perversité, voyeurisme, cupidité, tous les travers d'une société mercantile sont réunis dans ce jeu de télé-réalité.
On achève bien les chevaux, 190 sous le capot du pick-up, ça attise la convoitise.
Vingt concurrents au début du bouquin, et à la fin il n'en reste plus qu'un !
Je ne peux m'empêcher de penser au
Marche ou crève de
Stephen King.
Bon, d'accord, on ne va pas les achever un par un, ils peuvent s'exclure d'eux-mêmes et repartir en vie.
Alors,
La grande course de Flanagan de
Tom McNab, courir jusqu'à l'épuisement dans cette traversée des USA, là aussi pour toucher le pactole et devenir l'idole.
Oui, mais là, point de déplacement, facile à filmer autour de la bagnole, ça va pas coûter un rond à la production, facile à gérer pour la protection, peu de risques d'insurrection.
"Et cette proximité, cette évidence, cet espace occupé, dit, affirme et atténue le malaise : l'autre est là. L'autre existe et nous existons avec lui. Et, déjà, cet espace occupé apaise, il est le socle sur lequel tout reprendre à zéro."
L'action se déroule en bord de mer, la camera zoome, vue d'hélicoptère.
Le podium est en plein soleil, il faut tenir même en sommeil.
Comme il est dit dans le scenario, gros plan de la main sur le capot.
Comme il est précisé sur le script, filmer la sueur et les mimiques.
Ainsi soient-ils, tous les vingt dans la file.
Au fil des heures, ça diminue, souffrances et pleurs, n'en j'tez plus.
Au fil des jours, c'est la finale, y a plus d'amour, rien que du mal.
Ainsi soient-elles, deux mains pour deux rebelles.
"La vie s'en fout, c'est son insolence et sa grandeur. Même vieux, usé, abattu, il ne faudrait jamais perdre l'insolence. le fait d'être là, simplement d'être là vivant, est déjà un défi en soi."
Les corps solides dans le décor, avant la rigidité des corps.
Léo est parti sur la mer, le regard fixe de la mère.
Lâcher la main, tourner la clé, vroum à fond vers le lagon.
Ainsi est-elle, le père à la mer, le fils à la mère.
Vous l'aurez compris, ça se termine bien.
Les bas-fonds de la société, Léo fond vers la liberté.
Simpliste, l'histoire ? Irréaliste ? En tout cas, addictive.
J'ai tourné les pages, happé par le style, direct et envoûtant.
C'est le premier livre que je dévore de cet écrivain.
Il a réussi son numéro, faire réfléchir sans oublier de divertir.
Je suis tombé dans le panneau, je suis allé au bout, les audiences ont battu des records.
Il m'a touché, c'est foutu.