Une question d'âge

Ce livre publié en 2005 est un brûlot. 
D'abord, il pourrait servir d'étude de cas sur ce qu'il ne faut surtout pas faire en matière d'adoption internationale. 
On frémit quand on comprend aujourd'hui en 2021 - après que le scandale a éclaté des viols pédocriminels - présumés - d'Olivier Duhamel sur un de ses beaux-fils de 13 ans en 1988-1989 -, en réalisant les violences physiques et psychiques pour le moins qu'ont subies ces deux enfants adoptés au Chili en 1987 et 1989. 
A cet égard le livre est explicite : carences, négligences par excès et par défaut, maltraitances diverses et soins inappropriés, la liste est longue des exactions commises, puisque ce livre comme le dit Evelyne Pisier en avertissement "introdui[t] des éléments autobiographiques dans un récit fictif. Pas exactement fictif. ...]
Nous vivons dans une société 'paroles d'enfant non admises' où la présomption d'innocence va aux agresseurs et pas aux vulnérables. 
A noter aussi ce que Camille Kouchner décrit si bien récemment dans "La familia grande", la violence destructrice que représente pour les victimes collatérales le mode de fonctionnement toxique et l'omerta qui sévissent dans les familles incestueuses, quelque soient d'ailleurs les valeurs affichées et l'environnement socio-économique et culturel. 
J'arrête épuisée d'écoeurement ma lecture en page 153/281, pourtant j'en ai vu d'autres. 
On ne peut que ressentir une infinie compassion pour tous les enfants de cette famille malade, et après s'être efforcé de démonter un discours et un système très construit d'autojustifications à la gloire du pater familias, prendre en horreur cette femme folle même de douleur. 
La pitié, les explications et les circonstances atténuantes, ce serait éventuellement après que justice ait été faite et que les responsables de violences aient fait leur mea culpa. Elle est morte en 2017, lui se terre. 

Ruban vert pomme STOP PRESCRIPTION des crimes sexuels sur enfant. 

La Belgique a voté en 2019 une imprescriptibilité des crimes sexuels graves contre mineurs de moins de 16 ans (âge de la majorité sexuelle et du non-consentement).
En droit belge (article 21 du titre préliminaire du code de procédure pénale et article 91 du code pénal), les crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre sont imprescriptibles.
En droit international, ces 3 crimes ainsi que le crime d'agression sont également imprescriptibles.
Lien : https://justice.belgium.be/f..

Je ne sais ce qui prédomine dans ce récit assez plat, de la fiction ou de l'autobiographie.
Si c'est un roman, il est raté car il ne fait que recopier sans la distance de l'art une réalité qui est parfois (souvent ?) ainsi : merdique et vacharde ;
Si c'est une autobiographie, elle donne prise à un voyeurisme de mauvais aloi.
Nul besoin de cette lecture pour savoir que l'adoption est une aventure dans tous les sens du terme : un éprouvant parcours du combattant qui peut déboucher sur une grande joie et de terribles embûches.

J'ai cru un instant qu'il s'agissait d'un livre qui parlait d'adoption, de désir, d'amour, de filiation et arrivée aux dernières pages, j'ai compris que tout était dans le titre !
C'est un très bon livre sur l'enfant fantasmé, la culpabilité d'aimer plus l'enfant biologique que celui que l'on est allés chercher au bout du monde, c'est une réflexion sur l'enfant que l'on offre à l'homme que l'on aime et sur la difficulté d'être mère.
Mais surtout, c'est une histoire qui parle d'amour mal contenu, d'éducation reproductive, de classe sociale et de culture qui va avec.
Parfois drôle, souvent désespérant, mais toujours plein d'amour, c'est une histoire de parents qui se veulent ouverts et qui sont finalement dépassés et pas si progressistes qu'ils le pensent !

Un livre très dur, d'une écriture acérée et peut-être crue dans le sens de réaliste. Des liens mère-fille qui ne trompent pas par leur force aimante et repoussante.