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sur 544 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On t'avait quitté Fabio, dans ton frêle esquif, à l'entrée du port de Marseille. Lové sous des couvertures, ton Lagavulin tourbé sous la main. Aux premières loges de l'aube sanguine se déversant sur le théâtre désabusé de la ville. Lole à tes côtés. Enfin. Quelque chose qui pourrait s'approcher du bonheur.

Et nous te retrouvons ici, dans les premières pages, démissionnaire de la police après avoir collé une droite sucrée à un commissaire. Conséquence logique. Tu pensais sûrement semer le drame qui te colle au cul depuis le précédent tome en prenant ainsi ce brusque virage professionnel. Mais la camarde te suit de trop près.

Terminus. Tout le monde descend. Ou se fait descendre.

Encore une fois, tu te retrouves face à un cadavre ami. Et tu dois t'agenouiller pour bien t'assurer que oui, cet homme allongé sur le bitume, tu le remets trop bien. Comme si le destin et la mort désiraient dans cette macabre génuflexion t'adouber "Chevalier de la déveine". "Capitaine guigne".

"Je m'accroupis devant lui. Un mouvement qui m'était devenu familier. Trop. Autant que la mort. Les années passaient, je ne faisais que ça, poser un genou à terre pour me pencher sur un corps. Merde ! Cela ne pouvait recommencer encore, et toujours. Pourquoi ma route était-elle jonchée de cadavres ? Et pourquoi était-ce de plus en plus souvent ceux de gens que je connaissais ou que j'aimais ? [...] La mort ne me lâchait plus, comme une espèce de poisse dans laquelle, un jour, j'avais dû foutre les pieds. Mais pourquoi ? Pourquoi ? Bordel de merde !"

Cette odeur lancinante et nauséeuse ne va dès lors plus te quitter.

Car désormais, outre le cercle amical c'est dans ta famille même que la faucheuse vient frapper. Ton petit cousin, le fils de la belle Gélou, étendu raide. Alors tu ressors les hameçons et les esques. le milieu marseillais ne te suffit plus. Tu ferres la Camorra napolitaine, les barbus du FIS qui ont lu le Coran en courant, le FN qui entretient le brasier raciste, le blanchiment et les marchés immobiliers truqués.

Tu mijotes une bouillabaisse indigeste et fatale que tu agrémentes d'un peu de rouille de flics pourris, pour corser le tout.

Pourtant tu le sens. La machine est lancée."J'avais fumé plusieurs cigarettes, en regardant la mer, avant de me décider à bouger. Je savais ce que j'allais faire, et dans quel ordre, mais je me sentais lourd. Comme en plomb. Un petit soldat de plomb. Qui attendait qu'une main le manipule pour entrer en action. Et cette main, c'était le destin. La vie, la mort. On n'échappe pas à ce doigt qui se pose sur vous. Qui que l'on soit. Pour le meilleur et pour le pire".

Tu tentes d'échapper à l'inéluctable. Tu essaies tous les antidotes qui peuvent convoquer la vie en toi : la bouffe, la musique, la poésie. Tu sors de plus en plus en mer avec ton bateau, comme pour t'offrir des entractes. Des pauses que tu sais inutiles mais que tu ne peux t'empêcher de prendre. Une goulée d'air dans l'asphixie qui te guette. "Cela m'était essentiel de prendre, chaque jour, de la distance avec les humains. de me ressourcer en silence. Pêcher était accessoire. Juste un hommage, qu'il fallait rendre à cette immensité. Loin, au large, on réapprenait l'humilité. Et je revenais sur terre, toujours plein de bonté pour les hommes."

Tu fuis mais elle est là, douce salope, qui guette le faux pas qui t'enverra dans le décor du sentier de ta vie. Prête à tout. Patiente et sage comme l'éternité.

Alors tu plonges plus profond encore, dans les bas-fonds de la galère et tu y vas gaiement : dealers, toxicos, balances. C'est la "chourmo". Nom donné aux prisonniers de droit commun et aux esclaves qui au 17ème siècle servaient de moteur aux galères royales, enfermés dans l'arsenal de Marseille. Aujourd'hui, la chourmo c'est le quotidien de misère, les combines pour un billet, le chômage, la dèche qui referme ses serres sur les cous graciles. Mais c'est aussi une certaine solidarité. Ceux qui, enchaînés au banc de l'infortune ou au ban de la société, rament d'une même cadence.

Pour qui sait lire les signes que les dieux envoient pour alerter les hommes des embûches à venir, l'avertissement est clair : le malheur et sa mauvaise étoile sont bien là, tapis derrière les nuages. Pavie que tu croises dans ton périple et son prénom de désastre ne sont pas là pour rien. Pourtant Fabio, tu ne vois rien ou tu éludes.

Tu poses des colis piégés et tentes ensuite de les désamorcer avec la nonchalance suicidaire d'un démineur daltonien. Tu vis un présent dangereux noyé dans un passé éthéré qui ne passe pas. Tes fantômes continuent à te hanter, t'obséder. Lole s'est à nouveau déguisée en courant d'air, mais tu la vois partout. Tu discutes avec son absence. Tu étreins son parfum menthe basilic. Gitane à la fumée évanescente.

Marseille elle aussi voit ses souvenirs et ses antiques vestiges mis à nu par les tractopelles des promoteurs. Un hier qui gratte sous la surface des trottoirs mais qu'aujourd'hui ne veut plus entendre. Comme un vieux cadavre encombrant et demi-mort, mal enterré. Qui pue. Qui hurle la gloire ancienne dans le désert de la rue contemporaine et pressée.

Tu endosses les habits trop serrés du héros mythologique. Ulysse inversé. Tu invoques les morts au bord du Lacydon (la nekuia) et tu restes chez toi en rêvant d'un ailleurs, par delà les champs noirs des flots. Ta ruse te sort mille fois d'affaire mais à la fin, tout cela t'use.

Marin perdu. Tu prends l'amer sans larguer les amarres.

Les "où" qui nomment les chapitres font écho à ta divagation, à ton voyage immobile. Choeur triste et sombre qui rythme tes pas dans un chant lugubre.

"Un café brûlant à la main, je me plantais devant la mer, laissant mon regard errer au plus loin. Là où même les souvenirs n'ont plus cours. Là où tout bascule, au phare de Planier, à vingt milles de la côte.
Pourquoi n'étais-je jamais parti , pour ne jamais revenir ? Pourquoi me laissai-je vieillir dans ce cabanon de trois sous, à regarder s'en aller les cargos ? Marseille, c'était sûr, y était pour beaucoup. Qu'on y soit né ou qu'on y débarque un jour, dans cette ville, on a vite aux pieds des semelles de plomb. Les voyages on les préfère dans le regard de l'autre. de celui qui revient après avoir affronté "le pire". Tel Ulysse. On l'aimait bien, Ulysse ici. Et les marseillais, au fil des siècles, tissaient et détissaient leur histoire comme la pauvre Pénélope. le drame aujourd'hui, c'est que Marseille ne regardait même plus l'Orient mais le reflet de ce qu'elle devenait.
Et moi j'étais comme elle. Et ce que je devenais, c'était rien, ou presque. Les illusions en moins, et le sourire en plus, peut-être. Je n'avais rien compris de ma vie, j'en étais sûr. Planier d'ailleurs, n'indiquait plus leur route aux bateaux. Il était désaffecté. Mais c'était ma seule croyance, cet au-delà des mers.

Je reviendrai m'échouer dans le coeur des navires.

Ce vers de Louis Brauquier, un poète marseillais, mon préféré, me revint en mémoire. Oui, me dis- je, quand je serai mort, j'embarquerai dans ce cargo qui part, à destination de mes rêves d'enfant. En paix enfin."

La mer, l'amour et la mort. Ces trois-là sont connues depuis Troie sur les rives de "notre mer".

Les ombres grandissent sous le soleil du maudit. Cours Fabio, vis. Ne te retourne pas et souviens toi d'Orphée et de la malheureuse Eurydice.

L'escalier comporte trois marches. Plus bas, on y gémit et on y meurt. La cale sèche.

Ne suis pas le chemin qui descend. La pente. le trajet dit.

Zigzague. Surprends et déjoue la trilogie.
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C'est la suite de Total Khéops avec toujours Marseille en toile de fond et Fabio Montale un peu flic de seconde zone, un peu alcolo un peu sensible amateur de bonne chaire et de whisky Lagavulin (pour les connaisseurs).
La magie est toujours là
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"Qu'elle est loin Marseille qu'elle est loin
Cette fois au fond de moi se ranime
L'eau tranquille de la calanque
Et le souvenir des cites devastees
Ô Notre Dame, ô Saint Charles, ô mon Pais
Je reprends le service, ma famille
Gare la canaille, mes coups de poings..."

Meme veine, même deveines. Merci Izzo pour cette nouvele nuit blanche. Je te recommande.

Déjà en 1996. Quelle prévoyance, l'Islamisme vs le Rassemblement National, se nourrissant aux mamelles de l'autre.

Même année 1996, voyage professionnel je me souviens a Londres, Southall-Ealing, un petit resto Paki pour son Haleem que l'on nous avait vanté, à la table d'à coté, deux jeunes magrebins sans doute algériens qui chuchotaient mulsulmans en Francais se croyant incognitos, organisation de manif devant une ambassade, Inde ou Népal. Froid dans le dos par leur détermination et leur froide gravité.
Depuis 1996, il y a tant eu de fait et méfaits...

Reviens pas Izzo, faudra que tu changes ton scenario.

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Une relecture , avec beaucoup de bonheur à l'occasion de notre semaine de vacances à Marseille. Pas pris une ride et (malheureusement) toujours actuel...

C'est le meilleur guide touristique que j'ai trouvé pour me promener dans le Panier, où Fabio Montale, le narrateur a passé son enfance aux Goudes où il se réfugie dans le cabanon légué par ses parents, et dans les cités des Quartiers Nord où il exerce comme policier. J'ai donc mis mes pas dans ceux du héros et cela décuple le plaisir de la touriste! 



"Le chourmo, en provençal, la chiourme, les rameurs de la galère. À Marseille, les galères, on connaissait bien.
Nul besoin d'avoir tué père et mère pour s'y retrouver, comme il y a deux siècles. Non, aujourd'hui, il suffisait
seulement d'être jeune, immigré ou pas. le fan-club de Massilia Sound System, le groupe de raggamuffin le
plus déjanté qui soit, avait repris l'expression. Depuis, le chourmo était devenu un groupe de rencontres autant
que de supporters".

Fabio Montale a donné sa démission après le massacre qui clôt Total Khéops. Il vit dans son cabanon des Goudes, va à la pêche



"Les Goudes. L'avant-dernier petit port avant les calanques. On longe la Corniche, jusqu'à la plage du Roucas-Blanc, puis on continue en suivant la mer. La Vieille-Chapelle. La Pointe-Rouge. La Campagne-Pastrée. La Grotte-Roland. Autant de quartiers comme des villages encore. Puis la Madrague de Montredon. Marseille s'arrête là.[...]Ma maison, c'est un cabanon. Comme presque toutes les maisons ici. Des briques, des planches et quelques tuiles. le mien était construit sur les rochers, au-dessus de la mer."

Et nous sommes allées aux Goudes en suivant l'itinéraire indiqué par Izzo et comme nous nous sommes plu nous y sommes retournées...

Sa belle cousine, Gélou débarque un jour, son fils Guitou a disparu. Fabio Montale part à sa recherche. Il a gardé des contacts chez ses anciens collègues. Une autre énigme se greffe, devant ses yeux dans une cité, Serge, un ancien animateur de quartier se fait tuer sous ses yeux. Avec l'aide des gamins du quartiers qui l'ont apprécié quand il exerçait son métier de policier de proximité, il mène une nouvelle enquête. Il ne fait plus partie de la police et ses successeurs jouent les cowboys dans les cités. Racisme et violence. méthodes expéditives.
Par ailleurs, il identifie des tueurs de la Mafia. ...
j'arrête là pour ne pas spoiler ce thriller excellent





Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Deuxième roman de la trilogie marseillaise, Chourmo commence par l'enlèvement et l'assassinat du fils de la cousine de Fabio Montale et de celui d'un historien algérien anti-FLN, le tout dans une villa marseillaise appartenant à un architecte qui blanchit l'argent de la mafia.
Pris à partie personnellement dans cette affaire, Fabio Montale mène son enquête entre deux verres de whisky et quelques poissons dégustés sur son balcon méditerranéen. Montale y démêle une affaire complexe qui mêle le Milieu, l'islamisme radical, les souvenirs douloureux du FLN et le trafic de drogue.
Comme dans Total Khéops, Chourmo est une plongée véritable dans Marseille, ville méditerranéenne par excellence, melting-pot de cultures où se donnent rendez-vous les Italiens, les Grecs, les Algériens, les Arméniens. On y voit une ville en crise, car le port déménage à Fos, on y voit une ville éclatée en anciens villages et en quartiers aux identités bien affirmées : les quartiers Nord, la Belle de Mai et Euroméditerranée qui sort de terre. Mais Marseille change, et le cosmopolitisme et les trafics en tout genre sont moins bien acceptés par une partie de plus en plus large de la population qui se tourne vers le FN.
Dans cet univers, Montale est un humaniste pessimiste : conscient des passions humaines, il ne parvient pas à s'habituer aux violences quotidiennes et aux luttes de pouvoir. Lui, comme les autres Marseillais, en est réduit à la chourme, c'est-à-dire la galère, ce qui signifie la débrouille, érigée au rang de mode de vie. Définitivement, Marseille y apparait comme une ville pleinement vivante.
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« L'essentiel [du chourmo], c'était que les gens se rencontrent. Se ‘mêlent', comme on dit à Marseille. Des affaires des autres, et vice versa. Il y avait un esprit chourmo. On n'était plus d'un quartier, d'une cité. On était chourmo. Dans la même galère, à ramer ! Pour s'en sortir. Ensemble. »

Quelques années on passé, Fabio n'est plus dans la police maintenant, il a jeté l'éponge, n'en pouvant plus de la saloperie du monde, de l'odeur de la mort et de cette haine à laquelle il était si souvent confronté. Il partage paisiblement sa vie entre son petit deux pièces en front de mer et son bateau amarré juste en dessous. Prendre le temps de faire le point, sur sa vie, ses échecs amoureux. Essayer de donner un sens à tout cela, de rattraper le temps qu'on imagine avoir perdu, reconstruire, même si il semble impossible de recoller les morceaux parfois…

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, Gelou, la cousine, va resurgir dans la vie de Fabio, et pas forcément pour le meilleur. Son fils, Guitou, a disparu depuis deux jours, et c'est anormal, le retrouver est une priorité. Un prétexte comme un autre pour entrainer une nouvelle fois le lecteur au coeur de la cité phocéenne, dans tout ce qu'elle a de plus sordide, mais aussi de plus magique, riche et coloré.

Des meurtres à tour de bras, sur fond d'islamisation des banlieues, de front national rampant, de police corrompue et de mafia marseillaise. Une galerie de personnages hauts en couleur et attachants. Un lecteur englué dans un Marseille foisonnant et décadent à la fois. C'est une intrigue qui fait bien son boulot, comme dans le précédant opus, il est particulièrement compliqué de se détacher du roman un fois la première page tournée. Certain parleront d'un roman noir classique, comme il en existe déjà des milliers, moi je trouve qu'il a ce petit quelque chose en plus qui me fait le classer tout en haut de la pile de mes polars favoris.

« Chourmo » est le deuxième volet de « La trilogie Fabio Montale ».

Lien : http://testivore.com/chourmo/
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Nous retrouvons avec "Chourmo" Fabio Montale, le héros de "Total Khéops", premier opus de la "trilogie marseillaise" de Jean-Claude Izzo.
A la fin de "Total Khéops", Fabio, désabusé par l'attitude de ses collègues et les consignes pro-répressives transmises par ses supérieurs, démissionnait de la police.
Il passe dorénavant son temps à pêcher dans ses chères calanques, à flâner dans les bistrots où il a ses habitudes, et à s'adonner aux plaisirs de la bonne chère en compagnie de ses rares amis. Ce mode de vie tranquille n'empêche pas notre héros d'être toujours aussi mélancolique, atterré par la violence du monde, et obsédé par Lole, la belle gitane qu'il connaît depuis l'adolescence, avec laquelle il entretient une liaison sporadique, et qui est partie vivre à Séville pour une durée indéterminée.
L'irruption dans ce quotidien faussement paisible de sa cousine Angèle, qu'il n'a pas vue depuis qu'elle est partie s'installer dans les Alpes avec son second mari une dizaine d'années auparavant, le replonge dans l'univers violent de la criminalité. le fils d'Angèle a disparu, sans doute à Marseille, où il avait rendez-vous avec une petite amie rencontrée récemment.

Dans sa quête sur les traces du jeune garçon, Fabio va encore une fois être confronté à l'expression des maux qui transforme sa ville et la société dans son ensemble en un cloaque pourrissant de haine, sur fond de racisme, de magouilles financières, de mainmise mafieuse.
Le monde dépeint par Jean-Claude Izzo est, vous l'aurez compris, toujours aussi noir et désespéré...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Montale qui a quitté la maison poulaga se fait du gras aux Goudes (petit paradis au sud de Marseille) dans son cabanon à goûter l'anchoïade avec un petit Provence et tout serait pour le mieux dans le meilleur des monde possible … si... a quelques kilomètres de là au nord ne se trouvait Marseille, métropole envahissante rempli de bruits et de fureurs, synonyme d'ennuis et souvent des gros .

Avec la famille même éloignée pas moyen de casser les pots tranquille !
Deux jeunes disparaissent et Montale sollicité par une parente sa belle cousine Gelou, reprend le collier et se métamorphose bien malgré lui mais avec détermination en privé.
Je m'interroge : peut-on voir dans la cousine Gelou de son vrai prénom Angèle un parallèle avec celle de Pagnol (d'Aubagne Bouches-du-Rhône) qui finit dans les mains de Monsieur Louis proxénète notoire à Marseille et donc nous ramènerait à « un de Baumugnes » de Jean Giono (de Manosque)  ? Dans cette Provence la parenté est assez large C'est même amusant les similitudes j'en vois de partout, la mère de Montale se prénomme Laure celle « Laure au bout du monde » de Pierre Magnan (de Manosque)  un autre écrivain provençal ? Allez assez divagué...avec ses écrivains du sud ...Ils m'embrouillent
Marseille, Montale il connaît , les marseillais aussi et le milieu ne lui est pas inconnu. Ça aide
Montale est un solitaire il n'a pas d' épouse ni de compagne, pas de femmes ou si loin, mis à part Honorine qui lui sert de mère adoptive, plus d'amis excepté Fonfon qui est surtout un père pour lui et qui aimerait bien que le petit prenne sa suite dans son bar à « vieux » aux Goudes.

Il est au bout du rouleau, dégoûté de la profession de flics, taciturne, il a le mauvais oeil « la scoumoune » dans le milieu mais pourtant à Marseille il existe un terme pour parler de galère qui met tout le monde dans le même panier :le Chourmo et ça ça lui donne la niaque de faire ce qu'il a faire : trouver les deux jeunots, faire le ménage et traquer les mafiosos

Pour Montale il y a deux sortes de barbus ceux qui s'accaparent le marché de la drogue dans les quartiers Nord en chassant les dealers et qui font de leur ordinaire une  « Razzia sur la chnouf » pour assurer leur prosélytisme : les méchants qui ensuite embrigadent les jeunes des cités. Et ceux qui font du rock sudiste américains ZZ TOP les gentils ceux qui les font danser (avec IAM bien sûr) mais comme disait Lino Ventura « Un barbu, c' est un barbu ! Trois barbus, c' est des barbouzes !» Montale n'est pas trop barbu mais comme il est fortement déprimé il a la barbe de trois jours Une barbe tendance du négligé ?

Et parlant de Ventura on peut remarquer quelques similitudes (et oui encore!) avec son personnage de flic dans « dernier domicile connu », Marceau Léonetti, italien aussi fils de l'émigration, en disgrâce, réduit à la tâche sordide d'arrêter dans les cinémas les maniaques sexuels. Comme Montale : un déclassé !Un loser comme on dit maintenant



Au Panier et à la Capelette quartiers historiques des émigrés italien mais colonisés par les maghrébins beaucoup de choses circulent la drogue, les armes, les affaires d'immobilier, les barbus, quelques tueurs de la maffia napolitaine et les ripoux ex collègues de Montale Au milieu de tout ça il remonte toutes les pistes qu'il trouve et va tomber sur des cracks et s'emmouscailler

Montale boit beaucoup dans cet épisode un verre de Lagavulin ça va, la bouteille bonjour les dégâts et ce n'est pas l' iode de ce whisky écossais ( je ne me rappelle pas s'il le prend rosé ou blanc) qui va atténuer la migraine!

Montale a de gros problème de digestion mais a la chance d'avoir Fonfon et Honorine pour les petits noirs bien serrés

Bref Montale va « se préparer des nuits blanches... des migraines... des "nervous breakdown" mais il va leur montrer qui c' est Fabio »*
Et ça va dégager !

Excellent bouquin à tout les niveaux

Allons l'homme de Marseille ( Prix Méditerranée Edmonde Charles-Roux 2001) ce n'est pas Gaston mais Fabio (et donc Izzo) et il mériterait bien le Prix Méditerranée 2021 à titre posthume


* Audiard
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Chourmo est un roman policier qui dès sa dédicace traite du réel: " A la mémoire d'Ibrahim Ali abattu le 24 février 1995 dans les quartiers nord de Marseille, par des colleurs d'affiches du Front National."
La misère sociale est particulièrement présente dans Chourmo, avec les banlieues de quartiers nord où les familles immigrées font face au chômage et où les jeunes s'en sortent comme ils le peuvent... Il y a aussi une vrai plongée dans la ville de Marseille. Cette ville est présente tout au long du roman et l'histoire ne pourrait exister sans. Avec ses qualitées et ses défauts, Marseille devient alors un sorte de personnage. Les nombreux conflits se font vite ressentir avec les tensions envers les magrehbins, l'intolérance de la police, les règlements comptes, la montée du FN et celle de l'intégrisme religieux qui dérive en terrorisme.
On se rend compte que 20 ans après l'écriture du roman, le contenu rappelle l'actualité. Dans cette univers, Montale, le personnage principal, est un enquêteur à la retraite qui n'arrive pas à s'habituer aux violences quotidiennes et aux luttes de pouvoir. Lui, comme les autres habitants en sont réduits à la Chourme; c'est-à-dire la galère. Ce polar nous permet de faire une immersion dans la ville Marseille. le racisme est aussi très présent et l'auteur met de nombreux stéréotypes et n'hésite jamais à identifier les gens par leur appartenance ethnique, ce qui peut être assez choquant.
J'ai commencé par le second polar de la trilogie, cependant je l'ai trouvé agréable à lire même si le genre policier n'est pas ce que préfère. La manière d'écrire est populaire ce qui met bien en valeur le fond humaniste.

Hanae.D.
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Dans ce second tome de la trilogie marseillaise, nous retrouvons Montale, flic à la retraite, qui se voit tiré de sa routine faite de pêche et l'alcool par sa cousine dont le fils à disparu. Un concours de circonstances le plonge dans une enquête policière, en marge de l'institution, qui va dépasser la disparation et le confronter à ses anciennes connaissances de policier, mais aussi à la Mafia et à des intégristes islamistes. Ce n'est toujours pas de la grande littérature, mais selon moi un polar agréable et en tout cas une immersion totale dans l'art de vivre marseillais et ses innombrables spécificités.
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