A. Jacquard (1925-2013) fut un scientifique qui pratiquait la vulgarisation et la réflexion philosophique et politique. Il a démontré maintes fois ses qualités d'homme de coeur.
Cet ouvrage déjà ancien (paru en 2005) se présente comme un dialogue entre A. Jacquard avec H. Planès. Les thèmes abordés sont classés par ordre alphabétique. Donc, on commence avec « Autonomie » et on finit par « Violence ». Dans chacune des entrées, on retrouve l'esprit humaniste et une forme d'idéalisme qui cherchent à s'opposer aux tendances délétères de notre siècle. Mais s'agit-il seulement de notre siècle ? N'est-ce pas, en général, la nature humaine qui nous entraîne encore et toujours dans des dérives absurdes et dangereuses ? Certes, l'intelligence et l'éducation ont un rôle clé dans la promotion du progrès humain. Mais, en réalité, on fait souvent deux pas en arrière au moment même où on croit avancer d'un pas. Tout ce que A. Jacquard écrit était déjà justifié il y a cinquante ans et sera encore vrai dans cinquante ans. le problème aujourd'hui, c'est que l'humanité a déjà utilisé presque tous ses jokers; la persistance de notre imbécillité collective nous conduira droit au mur, en particulier sur le plan écologique.
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A lire et relire comme on arpente un chemin vers l'humanité... j'ai encore tellement de route à faire !
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La démocratie n’a pas encore fait la preuve qu’elle peut tenir ses promesses, mais elle est si jeune ! Ce n’est pas en années mais en millénaires qu’il faut mesurer l’âge des peuples. Au mieux l’humanité aborde l’adolescence… Laissons lui le temps de faire ses preuves.
Le plus grand danger est actuellement la généralisation du rêve occidental de réussite individuelle d’une vie conçue comme une lutte contre les autres.. Le moteur de chacun est la compétition, ce qui exclut une véritable paix. (p. 185)
Le système éducatif devrait enseigner que la connaissance s'accompagne du doute, qu'une opinion n'a de signification que par la remise en cause qui l'accompagne. Vivre nécessite de prendre parti, d'agir en choisissant une direction, mais il faut accepter que les convictions justifiant ces choix soient révisables, et surtout soient ouvertes à la critique.
Qu’il s’agisse d’un maître face à un esclave, d’un riche face à un pauvre, d’un colonisateur face à un colonisé, d’un homme face à une femme, celui qui domine se sent appartenir à une catégorie autre. Ses actes ne sont pas dictés par un désir de faire mal, mais par la volonté de tenir compte de ce qu’il croit être la réalité. Il est intimement persuadé qu’en dominant il ne fait que son devoir et participe à l’amélioration du sort du dominé. (p. 81)
Les économistes occidentaux sont parvenus à faire croire à toute la planète que la seule régulation efficace des rapports entre les individus et entre les collectivités nécessitait un affrontement entre les égoïsmes de ceux qui produisent des biens et de ceux qui les consomment. Ils ont réduit les rapports entre personnes à une compétition permanente. Des attitudes comme la générosité ou le partage sont considérées comme finalement néfastes. En fait, le citoyen a disparu. Il n’est plus qu’un rouage du mécanisme production-consommation
"On est en train de sélectionner les gens les plus dangereux"