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EAN : 9782260021339
720 pages
Julliard (20/08/2015)
4.09/5   790 notes
Résumé :
Au mois de novembre 1953 débute le procès retentissant de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette beauté ravageuse dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché avec les Allemands, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (176) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 790 notes
Même si l'on n' avait qu'une vague idée de cette affaire qui défraya la chronique dans les années cinquante, il est certain qu'en refermant les 700 et quelques pages de ce récit, on n'est pas prêt d'oublier ce drame. Et tout cela grâce au talent de Philippe Jaelana, qui, avec un acharnement à la hauteur de celui des charognards qui ont démoli torchon après torchon la moindre chance que la jeune femme s'en sorte.
Certes, elle a tué son amant. Certes l'auteur est entièrement dévoué à sa cause. Mais tout de même, on est estomaqué par ce que l'on apprend. Quand Pauline prétend qu'elle est maudite, on la croirait presque. Un père froid qui lui donne toute jeune la solution pour rester digne devant l'échec : le suicide! Gageons que ces principes éducatifs ne constituent pas une base fiable pour une personnalité solide. Rajoutons à cela une probable faille narcissique qu'a provoqué ce milieu peu aimant, et la suite s'inscrit dans une logique imparable. Donc il y a mort d'homme et il y a pathologie psychiatrique, l'histoire est assez simple.

Mais là où on hallucine, c'est sur la légèreté inouïe de l'enquête, la détermination sans faille de la partie civile de prouver que l'on a affaire à un monstre, et l'acharnement de la presse qui colporte rumeurs et suppositions et se nourrit de ses propres mensonges pour noircir le tableau et démolir l'accusée. Même sans trouble de la personnalité , qui pourrait se relever un tel lynchage?

Et c'est là que le travail d'analyse de l'auteur ( que l'on aurait bien aimé constater a posteriori de la part des abrutis incompétents qui ont bâclé leur boulot à l'époque : on n'avait pas l'ADN, certes, mais l'analyse de la balistique, ça fait quand même un bail qu'on connaît, non?). Philippe Jaenada, comme le précise un extrait de critique, retourne chaque pierre, étudie chaque échange, reconstruit les faits, épluche les témoignages ( et là aussi, le traitement qui en a été fait lors du procès donne une piètre image de la justice française de cette période).

Justement parlons-en de la période : la France sort de la guerre qui a fait bien des victimes, et qui n'a pas contribué à mettre en valeur la grandeur d'âme de nos concitoyens. Et l'affaire semble concentrer la rancoeur qu'a le peuple à l'égard de ses propres ignominies. Cela fait partie de la malédiction déjà évoquée

Enfin et c'est sans doute ce qui vaut les cinq étoiles : c'est un récit drôle, malgré la noirceur de l'histoire! D'autres auteurs se sont penchés sur ce destin tragique, mais ici le ton est très ironique, vis à vis des professionnels qui ont précipité Pauline vers sa fin cruelle. Philippe Jaenada réinvente les patronymes par respect pour les familles, mais n'épargne cependant pas les hyènes et les vautours. Et ce ton, drôle , décalé, irrespectueux y compris sur le mode de l'autodérision que l'auteur pratique dans des digressions hautes en couleurs) est justement ce qui constitue le plus bel hommage que l'on puisse faire à la coupable (ou victime ?). Et l'on imagine pas qu'il puisse y avoir le moindre conflit d'intérêt dans cette plaidoirie bien à distance du drame, alors que la plupart des protagonistes ont contribué à l'entropie générale et redistribué les atomes de carbone qui les constituaient .

Cette liberté d'écriture et d'opinion est réellement réjouissante et il y a fort à parier que les autres écrits de l'auteur rejoindront mes projets de lecture

Un petit bémol : les histoires des co-détenues, avec qui Pauline s'est liée, alourdissent le propos sans apporter un éclairage utile.

Challenge pavés 2015-2016

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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C'est un pavé, un sacré pavé de sept cent pages bien remplies.
Mais ce n'est pas une brique, il se lit (presque) d'une traite.
Ce n'est pas un roman, ce n'est pas une biographie, ce n'est pas une fiction : ce livre est inclassable.
Philippe Jaenada raconte qu'un jour quelqu'un lui a apporté le livre "Les femmes criminelles au 20ème siècle" et dit : "feuilletant distraitement ce livre, je tombe sur le chapitre consacré à Pauline Dubuisson et, là, je tombe en arrêt devant sa photo. C'est une photo d'elle prise pendant son procès, elle est sur le banc des accusés, elle ne baisse pas la tête et elle regarde droit devant elle. A l'époque, ce cliché avait précisément été utilisé dans la presse pour illustrer sa prétendue arrogance, pour montrer qu'elle ose toiser les hommes."
Le personnage fascine l'auteur : c'est décidé, il va en faire le sujet de son prochain ouvrage.
À quoi tient l'inspiration quelquefois !

Philippe Jaenada s'est passionné pour Pauline Dubuisson et a réalisé un extraordinaire travail de documentation. Il s'est plongé dans les témoignages de l'époque, les dossiers de police, le dossier d'instruction, et a passé une année à tout décortiquer.
On peut dire qu'il connaît Pauline Dubuisson mieux que personne et tout ce qu'il a appris l'a amené a s'attacher à elle, à développer de l'empathie pour elle, et finalement, lui a donné envie de la défendre, plus d'un demi-siècle plus tard, bien mieux que ne l'avait fait son avocat.
Ce livre à part est une longue plaidoirie en faveur de cette accusée maudite, rejetée parce qu'elle ne se pliait pas aux conventions.
Pauline, femme émancipée, en avance sur son temps, que la bonne société condamne pour se donner bonne conscience.

Pauline est coupable, Philippe Jaenada ne le nie pas. Mais selon la loi, elle aurait dû avoir un procès équitable. Or, il ne l'a absolument pas été.
L'auteur révèle tout, preuves et arguments à l'appui : les incohérences, les faux témoignages, les fausses accusations, les sous-entendus malfaisants, les ragots puants. Il démonte d'une façon magistrale toute la mécanique de ce procès nauséabond. On s'aperçoit que chaque détail compte : un mot pour un autre, une approximation, et c'est tout un témoignage qui bascule dans l'autre sens.
Il est terrifiant de voir comment on peut s'acharner ainsi sur une personne, travestir la vérité, mentir et cacher ce qui ne va pas dans le "bon" sens pour faire de Pauline Dubuisson un portrait au vitriol et combler un public avide de sensations.
Philippe Jaenada, à travers un cas particulier nous offre une belle réflexion sur le fonctionnement de la machine judiciaire et nous fait prendre conscience du caractère très fragile de la justice.

Emporté par son élan, mu par sa fascination pour Pauline, il en fait quelquefois un peu trop, mais le lecteur passionné lui pardonne. du moins, c'est ce que j'ai fait, sans hésitation.
En tout cas, si Pauline Dubuisson avait eu Philippe Jaenada comme avocat, le procès n'aurait certainement pas pris la même tournure.
L'auteur manie beaucoup l'ironie et utilise un style assez particulier pour glisser dans son texte un tas de petites réflexions pour démonter la mécanique qui s'est mise en marche contre l'accusée. Cette façon de rédiger surprend au début, les phrases étant parfois à rallonge et remplies de parenthèses imbriquées. Ce n'est pas gênant du tout, et donne au livre un caractère très original. Les idées sont quelquefois mélangées dans un désordre qui n'est qu'apparent, mais tout est parfaitement maîtrisé et la lecture avance à un bon rythme.
J'avais été bouleversée par le roman de Jean-Luc Seigle, Je vous écris dans le noir, La petite femelle m'a totalement captivée.

N'hésitez pas à plonger à votre tour dans ce livre passionnant de bout en bout. Une fois ouvert, vous ne pourrez le refermer que lorsque vous l'aurez achevé. C'est un peu comme un bon gros plat d'hiver dont vous vous dites après que l'on vous a copieusement servi "Mais c'est trop, je ne vais jamais finir !"... et puis sans vous en rendre compte, vous videz toute votre assiette.
Pour un peu, vous en reprendriez !
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Après le remarquable « Sulak », Jaenada se lance dans un travail gigantesque, pour démontrer que Pauline Dubuisson (accusée du meurtre de Félix Bailly en 1951, son ex petit ami), a été victime non pas d'une erreur judiciaire mais d'un procès honteusement à charge. Va alors s'abattre sur la jeune femme un flot de haine, de mensonges, de détournements de témoignages pour en faire une coupable calculatrice, froide et orgueilleuse. du pain béni pour une société misogyne ou l'émancipation féminine était vu comme un terrible fléau.
En plus de 700 pages (ne vous effrayez pas, ça se lit tout seul), Jaenada met en contradiction ces accusateurs, s'appuyant sur l'énorme travail de recherches effectué. Pauline Dubuisson le paiera toute sa vie (bien courte il est vraie), le trio de justice et la presse bien pensante se chargeant de la représenter de la pire des manières.
Avec le ton qu'on lui connait, Jaenada allège son récit d'évènements propres à sa propre vie, son humour toujours bienvenu en habille certains pour plusieurs hivers, même si parfois son empathie pour Pauline, lui fait écrire des vacheries gratuites sur certains protagonistes. Mais « La petite femelle » est avant tout un remarquable travail du meilleur avocat qu'aurait aimé avoir Pauline. Sa vie n'aura été que tragédies et injustices. Philippe Jaenada ne la réhabilite pas, il montre simplement que son procès n'aura été qu'une vague fumisterie. Et que «La petite femelle » méritait bien ce gros pavé. Passionnant.
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Chevalier blanc des contre-enquêtes en recherche de vérité.
Philippe Jaenada avait déjà brillamment refait l'histoire avec Sulak, destinée flamboyante d'un cambrioleur gentleman. Il revient dans un gros bouquin de 700 pages (il s'agit de s'y préparer) sur une affaire judiciaire de l'après guerre, qui déchaîna les passions dans le public, la presse et les prétoires.

Pour faire court, Pauline Dubuisson, étudiante en médecine de 26 ans, tue son amant Felix de trois balles de revolver et est condamnée à la perpétuité.
Un drame passionnel et passionnant pour une France avide de sensationnel, une instruction manifestement à charge que le recul du temps permet de décortiquer dans ses lacunes et ses contradictions.

Accumulant telle la fourmi les témoignages, les rapports judiciaires, les papiers presse, Philippe Jaenada ne laisse rien dans l'ombre, et met en lumière les incohérences des enquêtes de moralité, la part de rumeurs et de ragots, le déchaînement journalistique et la pression populaire. Il dresse un portrait de femme intime, avec réalisme et empathie, s'autorisant une psychologie de bon sens, déchargée de toute pression.

C'est un récit, dramatique et touchant, empli de vitalité par une plume caustique et ironique. L'humour et l'autodérision font bon ménage pour alléger le propos. Les fameuses digressions de l'auteur, la plupart du temps justifiées, peuvent agacer mais m'amusent beaucoup. L'écriture est décomplexée et naturelle, qui s'adresse au lecteur comme en conversation.

On peut aussi saluer un travail d'enquête approfondi, un reconstitution historique maitrisée ( la poche de Dunkerque dans la tourmente de la guerre est cinématographique).
J'ai rarement lu un auteur capable de si bien montrer son plaisir d'écrire. On sent une boulimie, les mots se bousculent, les faits s'empilent, les sentiments personnels s'intercalent, les histoires parallèles s'incrustent dans le sujet principal.

Sa fascination pour son sujet est telle que l'on peut sans doute lui reprocher de pêcher par excès. On pourrait finir asphyxié mais il nous garde captif.
Un excellent roman!
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On ne gagne pas à tous les coups...

La Serpe m'avait retournée comme une crêpe, instruisant à charge puis à décharge contre Georges Arnaud, et emportant très brillamment la mise: une réhabilitation sans faux-pli de son héros.

Sulak vient de me conquérir sans la moindre résistance et je voudrais qu'on pût remonter le cours du temps et rectifier les terribles pas de côté de la scoumoune pour redonner à sa vie la trajectoire sans accroc de funambule au grand coeur qu'il aurait méritée, et lui éviter la fin funeste qui a été la sienne.

Bref, voilà deux fois que Jaenada réussit haut la main dans deux romans-fleuves-enquêtes à me subjuguer par sa documentation, me convaincre par sa logique exigeante et m'embobeliner dans son ironie irrésistible, ses parenthèses poilantes dans lesquelles sa petite vie dérisoire et attachante emboîte le pas à celles, illustres, qu'il entreprend de débrouiller. .

C'est dire si mes attentes étaient gigantesques en lisant, après tout le monde, La petite femelle , le livre qui l'a rendu célèbre auprès du public..

Je n'avais pas très envie de le lire, après l'excellent Je vous écris dans le noir , de Jean-Luc Seigle, qui portait sur le même sujet: la vie de Pauline Dubuisson, tondue à 20 ans, en 1945, condamnée en 1953 pour le meurtre -ou l'assassinat?- de son amant et morte par suicide en 1963, à 36 ans.

Ce n'était pas le Jaenada de trop, rassurez-vous: j'aime toujours autant le bonhomme, le styliste inimitable qu'il est, j'aime toujours qu'il essaie sans désarmer de réhabiliter les maudits, les incompris, de faire comprendre les introvertis , les taiseux, de confondre les idées préconçues, de demonter les mauvais procès et de faire éclater au grand jour les erreurs judiciaires.

Mais cette fois-ci, il ne m'a pas entièrement convaincue. Pourquoi?

D'abord c'est trop long, trop appuyé, trop répétitif et même décentré telle la fin, avec ces biographies successives (et peu succinctes ) des co-détenues de Pauline, au moment le plus pathétique, celui où, pour la dernière fois, la jeune Pauline repart au combat, à sa sortie de prison et tente une nouvelle vie- une veritable faute de composition.

Non que toutes les digressions soient inutiles: j'ai adoré toute la reconstitution de la vie à Dunkerque sous l'occupation, dont j'ignorais les particularités- à l'exception de l'éprouvante bataille qui vit l'embarquement tragique des Anglais- . Autant j'ai trouvé cette digression indispensable à la compréhension de l'intrigue et à celle des choix de la toute jeune Pauline dans cette "poche"funeste de Dunkerque - autant les longueurs et les interminables mises au point sur le procès de 1953 , certes inique et scandaleux, avec le trio infernal Floriot-Lindon-Jadin comme des Erinnyes vengeresses accrochées à leur proie, finissent par jouer à contre-emploi et à fatiguer la bienveillance du lecteur - par un étrange retour de balancier de ce qui s'est produit au procès, où tant d'acharnement a fini par paraître suspect...

Troisième raison de mon bémol: Pauline elle-même, plus difficile à faire aimer que le pudique Georges Arnaud, ou le flamboyant Bruno Sulak, avec toutes ses ombres, tous ses silences, toutes ses ambiguïtés.

Jean-Luc Seigle a, d'une certaine façon, tourné la difficulté de la défense de Pauline en lui donnant la parole et en se fiant à la fiction de ce point de vue interne où l'écrivain rêve son héroïne plus qu'il ne la connaît.

Jaenada, lui, répugne à faire appel à la fiction : sa défense se veut objective, fondée sur les faits...mais ceux-ci semblent lui résister, tant l'héroïne a de facettes contradictoires-qui sont autant de titres de chapitres, jolie trouvaille, d'ailleurs, mais qui en dit long , je trouve, sur sa propre difficulté à cerner Pauline...- de ce fait on a l'impression qu'il piétine, qu'il ressasse, qu'il a du mal à être clair....

C'est ce que j'ai ressenti souvent, dans la partie consacrée au procès, où même les parenthèses amusantes sur les déboires sentimentaux ou la passion pour les saucisses de l'auteur m'ont paru non plus d'hilarants apartés entre lui et nous, mais de pesantes et épuisantes diversions...

Reste un beau portrait de jeune fille, nuancé, et complexe- voyez les titres des chapitres en table des matières!- née trop tôt, dans la mauvaise famille et au mauvais moment, figure moderne et tragique d'une liberté de choix refusée aux femmes, fussent-elles de ravageuses petites femelles...


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critiques presse (6)
Elle
05 août 2021
Un livre immense à tous points de vue, par le minutieux travail d’enquêteur et d’historien qui le sous-tend, mais aussi par la manière unique de son auteur de s’impliquer avec drôlerie et sincérité.
Lire la critique sur le site : Elle
Culturebox
13 décembre 2017
En avocat bosseur et minutieux, l'écrivain décrit une défense qui ne sera jamais à la hauteur et une héroïne trop affranchie pour une époque corsetée. Un bonheur de lecture continu.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Bibliobs
16 décembre 2015
Philippe Jaenada arrache Pauline Dubuisson aux calomnies dont cette jeune meurtrière fut victime. Remarquable.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
03 novembre 2015
Denses, drôles ou dramatiques, les six cents pages de "La petite femelle" se lisent avec un triple plaisir.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LePoint
21 septembre 2015
Comme dans Faites entrer l'accusé, on retrouve une tendance à la mise en scène de soi, avec une prédilection pour les décors de bistrot. Sauf que c'est nettement plus drôle.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
21 août 2015
Eriger un fait divers en objet littéraire réussi tient toujours de la prouesse. Inutile de convoquer les éternels grands noms - Hugo, Capote, etc. Philippe Jaenada a fait ce qu'il sait faire le mieux: du Jaenada.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
Dans la nef principale de l’église de Rosendaël, au matin de ce 27 mai (1940), un officier français est agenouillé, seul, priant pour je ne sais quoi (...). Le curé est sorti sur le parvis, il attend un convoi funèbre qui ne viendra sans doute jamais, étant donné ce qui tombe sur la ville – même les croque-morts ont un petit faible pour la vie. Un obus traverse le toit de l’église et tombe pile sur le gradé en prière – en tout cas pas loin : il le tue, et seulement lui. Soit Dieu a déjà compris que c’était plié pour les Français, du point de vue militaire (c’est probable : ce genre de pronostic, c’est le b.a.-ba pour Dieu), soit l’officier s’est planté quelque part – “Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre volont... Que votre règne ? Grrr, chaque fois j’inverse. Enfin bref...”
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La hyène, la salope. Une misérable petite putain. Une fille sans âme, une garce, un monstre. Une meurtrière qui a tué plus qu’un homme, qui a tué la pureté. Mauvaise, féroce, perverse, diabolique, insensible, amorale, tous ces mots lui ont été appliqués, plutôt jetés dessus, dans la presse et dans les rues, partout en France. Madeleine Jacob, chroniqueuse judiciaire sans pincettes ni scrupules, a écrit dans Libération (le journal qui a été créé dans la clandestinité en 1941 et a couvert l’après-guerre jusqu’en 1964, pas celui de Sartre et July) : « Orgueilleuse, obstinée, sensuelle, égoïste, méchante et comédienne. Tout cela se lit au premier regard sur le visage pâle, émacié, de Pauline Dubuisson. »
C’est bien, de se contenter du premier regard, Madeleine, ça évite de perdre du temps avec les traînées dans son genre.
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J'ai donc tapé saucisse dans la zone de recherche du dossier qui contient tous mes livres dans mon ordinateur. Mes yeux se sont écarquillés comme des soucoupes volantes [...] je n'ai pas publié un seul roman qui ne contienne pas le mot saucisse...
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{sur le tournage du film "La vérité"}
Dans la scène du matin après la dernière nuit avec Gilbert-Félix, Bardot n’arrive pas à pleurer suffisamment (..) – au contraire, elle rigole. Pour la remettre sur la bonne voie, {le réalisateur} Clouzot la gifle violemment devant toute l’équipe. La petite femelle lui rend sa baffe aussi sec et fort. On n’a jamais fait ça au maître, personne. Elle est en peignoir, pieds nus. Il lui écrase les orteils d’un coup de talon et crie : « Moteur ! » Mais elle refuse de jouer, elle quitte le plateau, en pleurs et boiteuse mais la tête haute. Il ne lui pardonnera pas et se montrera despotique et féroce jusqu’à la fin du tournage.
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(...) à un magistrat qui, profitant d’un dîner avec lui pour tenter de lui soutirer une consultation gratuite, lui expliquait qu’il ressentait une douleur vive quand il appuyait sur son foie et lui demandait ce qu’il devait faire, (le légiste Charles Paul) a accepté de donner un aperçu de sa science : « N’appuyez plus. »
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Videos de Philippe Jaenada (64) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Jaenada
Son rapport à la famille, au VIH SIDA, sa réussite personnelle, la plus belle remarque qu'on lui a faite sur son livre, découvrez l'entretien avec Anthony Passeron, dixième et dernier épisode de cette première saison Filature.
Anthony Passeron enseigne les lettres et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel. Il est né à Nice en 1983, une région qui est au coeur de son premier roman, paru aux éditions Globe, dans lequel il revient sur l'histoire familiale et la figure de son oncle Désiré, mort prématurément du sida et dont le destin tragique a longtemps été occulté. Une véritable révélation littéraire.
Filature, la nouvelle série du Média de la Fête du Livre de Bron présente 10 podcasts où Florence Aubenas, Sébastien Joanniez, Victor Hussenot, Jeanne Macaigne, Corine Pelluchon, Michka Assayas, Kamel Benaouda, Seynabou Sonko, Philippe Jaenada, Anthony Passeron se laissent aller au fil des mots. 10 formats courts de 4 minutes à écouter sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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