Il y a quelques semaines je découvrais les romans de
Peter James au travers de son best-seller,
La maison des oubliés. Une histoire de manoir hanté à faire parfois dresser les cheveux sur la tête. J'ai adoré son style à la frontière entre
Shirley Jackson et
Stephen King, une intrigue prenante, qui se lit très facilement et qui fait froid dans le dos. Impeccable. J'ai donc récidivé avec un de ces romans plus ancien trouvé à la médiathèque, dans l'espoir de renouer avec une ambiance un peu fantastique, idéale pour se changer les idées. Je vous fais donc aujourd'hui un retour d'impression sur un livre paru en 1990,
Hypnose de
Peter James.
« Il se tourna vers elle, gémit, puis donna un nouveau coup de patte à la porte. Elle s'agenouilla, attrapa son collier furieusement, puis senti une ombre s'abattre sur son épaule. Elle se retourna, mais ce n'était que la porte d'entrée, bougeant nerveusement dans la brise. L'odeur était plus forte ici, infecte. » p. 13
Charley et Tom Witney forment un couple qui traverse une mauvaise passe. Ensemble depuis l'adolescence ils tentent désespérément d'avoir un enfant et pour le moment rien de ce qu'ils ont mis en place n'a fonctionné. Lui est avocat spécialisé dans les divorces et elle vendeuse à mi-temps dans la boutique d'une amie, elle a quitté un travail qui la passionnait pour consacrer toute son énergie à leur projet parental. Ils vivent à Londres dans un petit pavillon mais sentent bien qu'ils ont besoin de renouveau pour ranimer leur histoire. D'autant plus que des difficultés financières se font sentir et que Charley, jeune femme fragile, prend sur elle toute la responsabilité de leur situation inconfortable, son mari ne manquant pas une occasion de la culpabiliser. La médecine ne parvenant pas à les aider, Charley envisage de se tourner vers des thérapies parallèles, sur les conseils d'une amie, qui pense que certains blocages pourraient provenir de situations non résolues dans des vies antérieures ou dans l'histoire familiale. Seulement Charley a été adoptée quand elle était bébé, et ne connait rien de ses aïeux. Sans être convaincue, un peu par dépit, elle décide de tenter l'expérience de l'
hypnose régressive, juste pour voir.
« - du velours, Charley. Je veux que vous pensiez à du velours, tellement doux, partout autour de vous. Vous vous trouvez sous une tente en velours. Vos yeux sont lourds. Tout est doux, Charley dit-il de sa voix monocorde. Vous êtes en sécurité. » p. 113
Dans le même temps, le couple décide de déménager pour partir sur un nouveau projet. Une vie à la campagne leur semble plus appropriée pour fonder une famille. Ils visitent un propriété habitée encore il y a peu, et à restaurer, dans le Sussex à petite distance de la capitale. C'est le coup de foudre immédiat pour ce vieux moulin qui a le charme des anciennes demeures anglaises, toutefois, Charley a rapidement des impressions de déjà-vu. Tom et sa femme emménagent quelques semaines plus tard. Les travaux débutent en même temps que la première séance d'
hypnose de Charley, et, évidemment, cette introspection va grandement perturber la jeune femme. La découverte des lieux se fait en même temps que celle du voisinage qui va leur faire un accueil chaleureux mais teinté d'une étrange curiosité.
« le couvercle de la plaque chauffante était levé, et le cadre de leurs photos de vacances, ou ce qui en restait, était posé sur le recto, déjà ramolli, en train de fondre. À l'intérieur, les photographies n'étaient plus que des gouttelettes figées de couleurs délavées. » p. 245
Ma première impression concernant ce roman de
Peter James est celle d'une certaine similitude avec
La maison des oubliés. Je voulais aller sur le même type de terrain, ça a été le cas. J'ai même pu retrouver deux-trois détails de cette histoire qui ont re-servi de manière évidente dans son roman plus récent - je rappelle qu'
Hypnose a été écrit 25 ans auparavant. Ça ne m'a pas gênée dans ma lecture car quelques semaines se sont écoulées entre les deux livres et je me suis laissée emportée avec facilité dans cette nouvelle intrigue.
Il s'agit là d'un roman où le doute plane longtemps entre un vécu de phénomènes surnaturels et une entrée dans la folie pour son personnage principal, cela amène une intrigue intéressante. La plume de l'auteur est limpide, le suspense omniprésent et le récit prenant. J'ai lu les presque 400 pages à toute vitesse avec envie de connaître le dénouement. le personnage de Charley, entre force et fragilité est très attachant, et lorsque la situation a commencé à la dépasser, j'ai espéré que l'écrivain lui amènerai un protecteur ou du moins un guide.
Le thème de la régression vers des vies antérieures m'a intéressée, d'autant plus qu'on se pose la question de la véracité des « voyages » qu'elle réalise. Il sert de fil conducteur à cette histoire qui au final est plus une quête identitaire que la recherche d'explications de phénomènes étranges. J'ai donc trouvé que l'aspect fantastique n'était pas lourd, immiscé dans l'exploration des relations entre les personnages l'intrigue se déroule tranquillement, sans heurts.
«Son visage était une masse de chair noircie. Il avait les yeux ouverts, exorbités, vides d'expression. Alors qu'elle le regardait, une bande de peau se détacha, se courbant vers le haut, comme la peau d'un poulet resté trop longtemps sur un barbecue.» p. 366
J'ai apprécié la lecture de ce roman qui m'a fait voyager dans un domaine que j'affectionne. Cette lecture est simple, accrocheuse, je n'y vois pas un chef d'oeuvre mais des heures passées très agréablement. Quelques moments sont plus percutants avec des scènes de suspense mêlé d'un peu d'horreur, distillées au compte goutte et qui relancent efficacement l'histoire. Je confirme ici mon goût pour les écrits de
Peter James et ne manquerai pas de lire d'autres opus de cet auteur à la bibliographie conséquente.
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