La course du lièvre à travers les champs

Caprice de cinéphile . On lit ce roman (?) de Japrisot après avoir vu sur le générique du film de René Clément qu'il en est le scénario. Pour les curieux, le lien vers la bande annonce du film :
https://www.youtube.com/watch?v=utXODw6_WXg
L'histoire respecte le cahier des charges des romans de Japrisot. Un certain mystère. Des références au passé et à l'enfance, le sac de billes, le petit couteau rouge, des gitans, Marseille et Montréal.
L'histoire et simple.
Antoine Cardot dit Tony est poursuivi par deux gitans qui veulent lui faire la peau. On ne parvient pas à comprendre pourquoi, « C'était un accident...Nos lois sont différentes »
Antoine parvient à semer ses poursuivants. Poursuites. Coups de feu. Police. Une autre bande...
Tony se retrouve dans une île où une bande de malfrats sympathiques, Charley, Rizzio, Matonne et une femme Sugar le prennent pour quelqu'un qu'il n'est pas. Chantage autour du fric d'un braquage . Tony joue les affranchis et les fait marcher. C'est un joueur.
Ils l'adoptent. Il est embarqué dans un gros coup dont ils ignorent tout. Les gitans ressurgissent mais laissent faire, sûrs de leur chance de coincer Tony.
Dialogues tronqués. Amours trahies. Fin tragique.
On a du mal à imaginer qui d'autres que Trintignant aurait pu jouer le rôle de Tony. Cet air de ne pas y toucher, de ne pas terminer ses phrases, d'utiliser le silence comme une parole qui s'ignore. On se demande si Japrisot savait qu'il jouerait ce rôle.
Un roman (?) à lire si on veut...

Bon, comment dire ? Je n'ai pas vraiment été séduite par ce livre pour ma seconde rencontre avec Sébastien Japrisot – la première, c'est quand j'avais essayé de lire Un long dimanche de fiançailles à sa parution, et ce n'était pas tout à fait le moment pour moi de lire ce livre. J'ai appris après coup que ce roman était l'adaptation d'un scénario de film, et je dois dire que cela se ressent, dans le découpage de l'action.

Nous partons de Marseille – ville natale de l'auteur – et nous nous retrouvons après en Amérique, avec Tony, qui fuit. Que fuit-il ? Non pas la justice, nous le saurons après, mais il fuit ceux qui estiment que justice n'a pas été rendu à la mesure de leur douleur. Tony, en tentant de se cacher, tombe sur des braqueurs, et s'il a été un temps leur otage parce qu'il en a trop vu, il intègre peu à peu leur bande.

S'il faut retenir des figures marquantes dans ce récit, ce n'est pas tant les personnages masculins, que ce soit Tony, un peu falot, ou Charley, qui ont réussi à retenir mon attention, ce sont Sugar et Pepper, les deux personnages féminins, qui à elles seules parviennent à faire tourner la boutique. On sent qu'elles ont de fortes personnalités, et je regrette qu'elles n'aient pas été davantage présentes. Etre hors-la-loi, ce n'est pas seulement une affaire d'hommes.

C'est par une sorte de hasard que je suis tombée sur le format numérique de ce roman de Japrisot que je ne connaissais pas, qui a servi de scénario au film éponyme. En épigraphe, cette jolie phrase de Lewis Carroll : « Nous ne sommes, mon amour, que des enfants vieillis qui s'agitent avant de trouver le repos. » Tout commence dans le Vieux Port de Marseille, où un petit garçon, qui vient d'emménager dans le quartier derrière la Cathédrale, est encouragé par sa mère à aller se faire des amis... Puis l'action se déplace au Québec, à Montréal et dans ses environs, où Tony fuit des gitans qui ont l'air de lui en vouloir sérieusement. Il leur échappe... pour se retrouver entre les mains de truands, imbriqué malgré lui dans leurs affaires. J'ai trouvé les personnages attachants, notamment les personnages féminins, et été amusée des éléments de merveilleux qui surgissent tout-à-coup dans le roman, bien que je n'aie pas toujours trouvé l'effet bien réussi. Somme toute, j'ai bien aimé cette histoire, empreinte de la nostalgie de l'enfance, et de la déception de ces petits garçons et ces petites filles qui n'en sont plus... Cela m'a donné envie de lire plus de romans de cet auteur.

Il s'agit en fait du scénario du film éponyme que je n'ai jamais vu. Bien que les protagonistes ont tous des traits de caractère très intéressants, ils souffrent tous de manque de développement. de plus l'intrigue m'a laissé de marbre. Beaucoup de coquilles dues à un livre trop court qui aurait mérité beaucoup plus.

Erreur de casting: autant j'ai aimé lire plusieurs Japrisot (L'été meurtrier, un long dimanche ...) autant je ne m'attendais pas à ouvrir un scénario: on "voit" bien les images du film à la lecture, mais c'est froid ... j'ai vite arrêté, je ne sais pas (ou je n'aime pas) lire ce genre d'ouvrages. Pas de notes, il n'était pas fait pour moi tout simplement.