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EAN : 9782070380343
470 pages
Gallimard (23/06/1988)
3.53/5   182 notes
Résumé :
Sur une plage déserte, à la fin d'un bel après-midi d'été, un jeune homme tombe, blessé d'un coup de fusil en pleine poitrine. Tour à tour, les femmes qui ont compté dans sa vie racontent l'aventure qu'elles ont partagée avec lui, qui les a conduites à l'abattre. Mais qui dit la vérité ? Emma, l'angélique mariée enlevée la nuit de ses noces ? Bélinda, la splendide prostituée de « La Reine de Coeur » ? Zozo, la pensionnaire du même endroit ? Caroline, la trop jeune v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Rien que le titre de cette oeuvre de Sébastien Japrisot de 1986 mérite déjà 5 étoiles.
Comme beaucoup d'entre vous, je présume, j'ai passé des heures mémorables à lire des histoires et voir des films inspirés par Jean-Baptiste Rossi, de son vrai nom, né à Marseille en 1931 et mort à Vichy en 2003.
En haut de la liste figurent "L'été meurtrier" et sa version filmée avec une inoubliable Isabelle Adjani.

Cet ouvrage-ci de Japrisot je me le suis commandé séduit par le titre et en hommage à un de mes grands favoris.

Le livre démarre à 20h15 et se termine à 21h10. Entre ces deux moments, 8 récits nous sont contés de femmes qui ont traversé la vie de l'homme qui est en train de mourir sur une plage abandonnée d'un coup de fusil en pleine poitrine. En somme, un recueil original de nouvelles liées entre elles sur quelque 411 pages.

Le premier récit porte comme titre le prénom de l'héroïne "Emma". Une jeune dessinatrice de publicité qui épouse à 18 ans bêtement son chef, un quarantenaire déplaisant. En route pour la côte en voyage de noces, leur véhicule, une ambulance d'avant-guerre aménagée et peinte en "jaune artistique", surnommée "nid d'amour", est détournée par un bel évadé de prison, Vincent, avec Emma à bord.
La course contre la montre de ce couple insolite pour échapper à la police se lit comme un conte noir haletant pour finir dans le drame.
Un Japrisot du genre "La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil".

Dans les 2ème et 3ème conte nous faisons la connaissance de Bélinda et Zozo. Bélinda, Georgette de son vrai nom, a été trouvé comme bébé dans une cabane de plage à côté de sa mère morte.
Un début difficile pour un parcours problématique, comme la star du bordel "La Reine de Coeur", où elle a le malheur de tomber folle amoureuse du séduisant Tony, Antoine De son vrai nom. Un amour qui finit plutôt mal...
Zozo, en fait Zusanne, est la noire de service au lupanar de Bélinda, car "il y a plus de bordels en Charente que de filles au Sénégal". La pauvre doit ainsi appliquer tous les jours une mixture au brou de noix pour avoir l'allure exotique souhaitée. Son sort dramatique c'est le bellâtre Francis.

4) Caroline, 25 ans, veuve depuis 4 ans est directrice d'école et enseignante, surnommée "Gambettes" par ses élèves. Rentrant des courses, elle trouve l'évadé de la citadelle chez elle et bientôt sa maison encerclée par les forces de l'ordre sous la conduite du capitaine Malignaud, surnommé Malignoble par l'évadé, qui se fait appeler Eddy maintenant.
Caroline + Zozo + Eddy + Malignoble et ses hommes + la moitié du bled en spectateurs + un coup de feu.....

La numéro 5 "Frou-Frou", de son vrai nom Germaine, est une actrice de cinéma qui se considère "nulle" comme actrice, mais a reçu 2 oscars : un pour "Lips" et un pour "Legs". Une carrière de rêves après avoir tourné en France 4 ou 5 bouche-programmes en noir et blanc, de vrais barbituriques. Pour se reposer, elle fait une croisière sur un yacht privé et lorsque son "Pandora" accoste au bout d'une presqu'île entre Oléron et Royan, voilà que surgit tout à coup de la mer un bel homme. Vous l'avez deviné, il s'agit bel et bien de notre fameux évadé, qui se nomme Fred, de Frédéric, pour l'occasion...
Dans cette histoire l'auteur se moque du monde du cinéma et d'Hollywood, et je dois dire que j'ai été fort surpris de découvrir que Sébastien Japrisot avait un tel sens de la dérision et d'humour.

Yoko, de père japonais, directeur du port de Yokohama, et de mère chilienne, une chanteuse de Talcahuano, part en Australie pour apprendre la langue anglaise et ensuite en France, où elle rencontre l'inévitable Fred-Eddy-Tony-Vincent...

Chers amis, il va bientôt être 21h10 et je vous laisse avec les 2 dernières dames, Toledo et Marie-Martine, parce que le blessé sur la plage de Saint-Julien de l'Océan souffre et me fait trop pitié.
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Dans ce livre, l'auteur s'amuse à dresser le portrait de Vincent, un séducteur, au travers d'un récit composé d'une suite de témoignages de femmes ayant connu l'intéressé chacune sous un nom et un jour différent. Au fil des chapitres, on entre dans un univers rocambolesque agréable, bien qu'emberlificoté, déroulé au fur et à mesure par un conteur plein d'idées, qui aime à jouer avec nous. Les premiers récits de femmes, je les ai trouvés extraordinaires, poétiques, avec le côté argotique pour Belinda la prostituée, ainsi que Zozo. Tout se passe dans une maison close pour une grosse partie du roman, Vincent y échouant lors d'une escapade, sinon amoureuse, du moins judiciaire. Puisque les femmes ont toute une vision différente de Vincent, comment le cerner, nous simples lecteurs ? D'où vient-il ? Ce serait un bagnard en fuite. Mais est-ce bien certain ?

Par la suite, on change de décor et Vincent, supposé fuir la police, se cache sur un bateau grâce à une actrice nommée Frou Frou. C'est ici que j'ai été un peu ralentie dans ma lecture. En effet, tout ce qui se passait sur le bateau ressemblait à ce qui se passait dans la maison close et je ne m'y retrouvais plus. Peut-être y ai-je mis plus de degré que de nécessaire pour une fois, inutilement pourtant. Toujours est-il que l'écriture de Sébastien Japrisot est bien-sûr enlevée, pleine d'images, pétillante et drôle. Mais à un moment donné, on ne sait plus sur quel pied danser, et par conséquent, ça alourdit le train du roman.

On découvre évidemment la vérité, et toujours au travers des paroles de toutes les femmes que Vincent a séduites. Son personnage et sa psychologie change au fur et à mesure. C'est d'ailleurs ce qui est très amusant dans ce livre, ce prisme déformant par lequel on croit entrapercevoir Vincent. Tout un art.

J'ai passé un bon moment de lecture.
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20h15. Un jeune homme titube au soleil couchant sur une plage. Il a une large tache rouge sur le torse. Près du même océan vit Emma, 20 ans. Lors de sa nuit de noce, un jeune homme la kidnappe. Elle apprend que celui-ci vient de s'évader de la citadelle où il purgeait une peine pour viol et meurtre. D'abord terrorisé par cet homme, elle se montre très vite séduite. La relâchera-t-il saine et sauve ? Doit-on croire Emma ? Que nous apportera le témoignage de 8 autres femmes sur le même jeune homme ? 21h10. Que devient le jeune homme sur la plage ?

C'est le troisième roman de Japrisot que je lis après « La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil » et « Piège pour Cendrillon ». J'apprécie bien ses romans et « La passion des femmes » m'a été recommandé lors d'une rencontre de lecteurs dans une bibliothèque.

Voici un roman de Japrisot un peu inégal, avec un début vraiment captivant et original où culmine le mystère. le roman débute par le portrait d'un homme qui n'est plus manifestement maître de lui. On sait peu de choses de lui, on ignore même son nom. Que lui est-il arrivé ? Va-t-il, comme il le pense, mourir ? Puis survient un premier témoignage d'une jeune femme, Emma. L'auteur en dresse un portrait exhaustif. Ensuite, il nous décrit la rencontre inopinée d'Emma avec notre jeune homme qui dit se prénommer Vincent. Cette jeune femme est victime du syndrome de Stockholm, Vincent ne la laissant pas indifférente. Ce premier témoignage est vraiment passionnant : le lecteur s'attache beaucoup au sort d'Emma et aux rapports ambivalents qu'elle tisse avec l'évadé. Lorsque survient le second témoignage, le lecteur est encore davantage captivé puisqu'il comprend mieux l'histoire du jeune homme, qui porte alors un autre prénom et puisque – fait intéressant – les témoignages ne se recoupent pas entièrement. Certaines vérités sont recontextualisées. Cela a attisé ma curiosité : qui dit vrai ? Qui ment ? Quelle est la vérité ? Chaque témoignage d'une femme différente apporte la suite des pérégrinations de notre évadé et éclaire sa destinée d'une lueur nouvelle.

Des constantes apparaissent au fil des témoignages : le jeune homme est un véritable séducteur sous le charme duquel tombe chaque jeune femme qui essaie de lui venir en aide dans son évasion. Un événement tragique clôt chaque témoignage. le prénom du jeune homme se modifie à chaque fois : identité floue, insaisissable, volonté d'abuser les jeunes femmes, de ne pas laisser une empreinte trop profonde ? Japrisot explore la passion des femmes du point de vue d'un homme séducteur et peu fidèle. Il mêle aux sentiments des épisodes (parfois crus) de sexe. Au final, la trame peut paraître un peu lassante.

J'ai moins aimé le témoignage de Frou-Frou, richissime actrice en croisière sur les océans du monde alors que la guerre fait rage. le discours de l'actrice me semblait convenu et un peu trop éloigné de l'intrigue et des pérégrinations du jeune homme.

J'ai bien apprécié le témoignage de Yoko, une jeune femme japonaise qui maîtrise mal le français parlé et écrit. Japrisot a réussi un tour de force en écrivant ce témoignage : il a produit un texte rempli d'erreurs syntaxiques, de maladresses d'expression, sans que le contenu en pâtisse : d'ailleurs la forme du récit embellit le fond.

Un mot sur le final (21h10). le procédé qu'emploie Japrisot semble un peu facile et dessert la qualité intrinsèque du roman et de l'histoire tissée au fil des 8 témoignages. Je n'ai guère apprécié ce rebondissement, mais j'avais été prévenue, aussi ma déception a été atténuée.

Un bon roman, un peu inégal, avec un début fracassant, une écriture agréable à lire, mais une fin assez décevante qui dessert la qualité de l'ensemble.
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Et voilà un « Japrisot » que je ne connaissais pas encore. Quel plaisir ! Et plaisir supplémentaire de découvrir un style nouveau, différent, un exercice de style devrais-je dire.
Le héros principal., Vincent, séducteur un peu marginal et rebelle va nous accompagner tout au long des chapitres. Des chapitres bien différents les uns des autres puisqu'ils consistent chacun en un témoignage d'une des femmes l'ayant fréquenté dans les dernières années.
Tous ces récits sont écrits dans des styles différents avec des dialogues et des phrases correspondant au caractère et à l'extraction sociale de chacune des vces femmes. Il y a des prostituées, une institutrice, une avocate, une actrice, une chercheuse japonaise, etc...). Il faut lire par exemple le témoignage de Yoko, avec son Français hésitant et mal construit pour mesurer le talent de l'auteur.
Ces témoignages se contredisent parfois, se confirment ou s'infirment. Qui dit la vérité ? le lecteur est tenu en haleine jusqu'au dernier chapitre.

Belle performance, vraiment agréable à lire, et qui a bien égayé une partie des vacances.
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Commentaire écrit en deux fois : la première où j'abandonnai définitivement le livre ; la seconde où, sans beaucoup de suite dans les idées, je le repris.
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Premier temps :

A un peu plus du mitan du livre, j'abandonne !

Certes, "La passion des femmes" c'est du vrai Japrisot : bien écrit, bien agencé.

Mais Japrisot aime trop les puzzles.

Le lecteur ne doute pas que les histoires individuelles de toutes ces femmes (pas moins de huit), d'apparence incohérente, ne finissent par faire un tout et expliquer la mort du jeune homme sur la plage.

Mais c'est long, trop long. Il aurait fallu (à mon humble avis), moins de narratrices : cela aurait rendu l'intrigue plus percutante. On se noit dans tous ces récits de vie, je me suis surprise à sauter des lignes, puis des paragraphes entiers, ce qui est toujours mauvais signe...

Et puis quoi ? Nul doute que l'auteur retombera sur ses pieds avec son fantastique sens de l'équilibre de grand trapéziste. Et que dans dix jours je me demanderai, le doigt sur la joue : "Comment ça s'est terminé, déjà ?"

"L'été meurtrier" est d'une autre trempe, "Piège pour Cendrillon" aussi. Ou alors c'est que je me suis lassée.

Pourtant, on reconnaît encore la pâte du bon thriller : les amateurs du genre peuvent l'aimer, et puis, comme toujours, il y a une sacrée bonne dose d'atmosphère et de tableau de société : j'en ai sans doute lu trop d'un coup.

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Second temps :

Allons, bon, après avoir bâclé ce commentaire, prise de remords, j'ai continué le roman et vraiment on peut le dire : la fin est GÉNIALE. Il est génial.

Et n'a rien à voir avec ce que je subodorais : un dénouement tiré par les cheveux réconciliant poussivement les contradictions des récits successifs.

Et pour cause : il n'y a rien à réconcilier.

Et contrairement à ce que j'affirmai plus haut dans ma totale ignorance de l'ensemble, je n'oublierai pas de sitôt le dénouement.

Quel jugement téméraire fut le mien ! J'en rougis.

De vraies longueurs, alors, ou une impatience de ma part ? je ne saurais dire, car ça dépend de tant de choses : état d'esprit, circonstances, lectures trop répétées du même auteur en un laps de temps trop bref.... Je penche pour la dernière hypothèse, et là-dessus, je me suis bien fait avoir, car Jean-Baptiste Rossi a plus d'un tour dans son sac et a changé son modus operandi habituel avec "La passion des femmes".

Donc les longueurs étaient mises là sciemment et faisaient partie de la conception de l'oeuvre même : elles en étaient la pâte, le négatif et le produit contrastant.

Pour éclairer mon commentaire (ou l'obscurcir encore un peu, c'est selon), je reproduis la citation mise en exergue de son roman par l'auteur, extraite de "Alice au pays des merveilles" (Lewis Carroll) - et je change ma notation qui passe ainsi de deux à quatre.

"Et s'il cessait de penser à vous, où pensez-vous que vous seriez ?
- Là où je suis en ce moment, bien sûr, dit Alice.
- Pas du tout ! répliqua Tweedledee avec dédain. Vous ne seriez nulle part, car vous n'êtes rien qu'une espèce de chose dans son rêve."
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Moi, je suis rien, rien du tout.
Je vis toute mon enfance très contente avec mes parents, à Yokohama. Mon père est monsieur japonais très sévère et directeur du port et ma mère naît à Talcahuano, Chili, et elle chante tout le jour et elle rigole. Mon père dit : « Assez, femme sans cervelle ! » Mais il rigole aussi en cachant sa bouche et il est plein de contentement avec elle parce qu’elle fait de la bonne nourriture. C’est pourquoi mes yeux sont pas collés comme mes compatriotes. A l’école, des filles bourriques me disent Œil du Petit Veau, mais je suis pas haineuse, je jette par-dessus l’épaule.
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Quand c’est arrivé, j’allais sur mes 24 ans. C’était en août et je suis née en septembre, le 28 ou le 29, on l’a jamais su. On m’a trouvé bébé près de ma mère morte, dans une de ses cabanes de plage où l’on range les transats et les matelas Elle m’avait mise au monde toute seule. Je braillais miam-miam depuis si longtemps que j’en pouvais plus. Bref, ils ont marqué sur la déclaration 28 ou 29, ils se sont pas encombrés des détails. N’empêche que j’ai eu deux fois dans ma vie mon nom dans le journal, et c’était la première.
Pendant vingt-quatre ans, j’ai plus fait parler de moi. Un ange. Quand la célébrité m’a touchée de nouveau, j’étais pute dans une maison, mais très chic, très bien fréquentée. Fleurs dans les vases par bouquet d’un louis. Salle de bain personnelle en céramique turquoise et tous les robinets en argent. Chambre avec baldaquin entouré de voiles, pour la poésie et contre les moustiques. Et mon balcon sur l’océan. C’était « la Reine de cœur ». Si vous n’avez pas connu, vous n’avez rien connu.

(Belinda)
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Quand un homme qui vous a aimée de toutes les manières, pendant des mois, commence à fatiguer, ne vous creusez pas la tête à chercher des raisons. Il n’en existe que deux : ou bien il est allé voir ailleurs, ou bien il n’y est pas allé depuis trop longtemps.
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Mon rêve, depuis que je me suis faite à l’idée que ça ronfle la nuit, c’est un bonhomme, peu importe finalement lequel, grand ou petit, beau ou moche, riche ou pauvre, con ou pas, pourvu qu’il soit à moi, pas trop casse-machins et très, très gentil.
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Les secrets sont d'autant moins lourds et moins encombrants qu'on les ignore.
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