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EAN : 9782070408160
219 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.83/5   336 notes
Résumé :
Mon nom est Michele Isola.
J'ai vingt ans.
L'histoire que je raconte est l'histoire d'un meurtre.
Je suis l'enquêteur.
Je suis le témoin.
Je suis la victime.
Je suis l'assassin.
Je suis les quatre ensemble, mais qui suis-je?
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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Sébastien Japrisot réalise un travail d'orfèvre. Ses romans fonctionnent avec la précision d'un mécanisme d'horlogerie qui entraîne le scénario vers son dénouement inéluctable. Mais les pièces du dispositif (des éléments anodins de contexte, des phrases sibyllines prononcées …) ne sont pas si apparentes et leur fonction échappe le plus souvent au lecteur, sauf une fois la lecture du livre terminée. Encore faut-il que le lecteur – comme dans mon cas – effectue un salutaire travail de recherche des indices passés inaperçus pour vérifier certaines hypothèses, lorsque la vérité (une vérité ?) finit par être suggérée. Bref, les romans de Japrisot sont complexes, cérébraux, troublants, autorisent plusieurs lectures, sont truffés de chausse-trappes et de miroirs déformants, et celui-ci comporte encore plus de pièges que les autres.
Piège pour Cendrillon démarre comme une comptine : « il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. »
Ces trois petites filles ont été élevées par leur marraine Midola, en réalité une richissime industrielle italienne, la Raffermi, qui a fait fortune dans la chaussure. Arrive le jour où la Raffermi décède et c'est sa nièce Mi (Micky ou Michèle Isola), la seule des trois filles faisant réellement partie de la famille, qui doit hériter de son immense fortune.
Mi se réveille à l'hôpital, telle une momie entourée de bandelettes, totalement amnésique. Elle vient d'échapper à un incendie. Son ami d'enfance Do (Domenica Loï) n'a pas eu cette chance car elle n'a pas pu être sauvée. A grand renfort de chirurgie esthétique et de greffes de peau, Mi va pouvoir retrouver un visage tout neuf et des mains. A son réveil, Mi est prise en charge par Jeanne Murneau, l'assistante de la Raffermi, qui va l'aider à retrouver ses souvenirs et son passé. Mais Mi va se rendre compte rapidement que certaines choses ne collent pas. Jeanne Murneau lui dit-elle toute la vérité ? Certains indices vont faire penser à Mi qu'elle est peut-être Do…
Sébastien Japrisot se joue des codes du polar et aime brouiller les pistes. Il reprend ici les rôles traditionnels inhérents à tout bon polar et distribue toutes les cartes… à la même personne ! Même Agatha Christie, coutumière de la falsification des rôles, n'était pas allée aussi loin. La couleur est annoncée sur la quatrième de couverture : la narratrice assume les quatre rôles à la fois (« Je suis l'enquêteur, je suis le témoin, je suis la victime, je suis l'assassin ; je suis les quatre ensemble, mais qui suis-je ? ») Ceci fonctionne car l'identité de la narratrice reste incertaine, pour elle-même comme pour le lecteur.
Deux grandes thèses s'affrontent. L'incendie est criminel et il y a une victime : un meurtre a bien été commis. Mais la victime visée était-elle Mi ou Do ? En quête de son identité réelle, ne faisant aucune confiance à Jeanne, la jeune femme poursuit ses investigations (enquêtrice), fouille son passé (témoin), comprend qu'elle est manipulée (victime) et qu'elle est peut-être complice et coupable d'un meurtre (assassin). Les personnages secondaires qui apparaissent successivement, témoignent et contribuent à la résolution de l'enquête, mais leurs récits contradictoires favorisent l'une ou l'autre des hypothèses, ajoutant à la confusion de la narratrice (et du lecteur).
Sébastien Japrisot construit son récit en sept parties : J'aurai assassiné, j'assassinai, j'aurais assassiné, j'assassinerai, j'ai assassiné, j'assassine, j'avais assassiné. Cette conjugaison obsessionnelle guide le récit sans le guinder. Sébastien Japrisot déroule son roman sur plusieurs époques (avant et après le meurtre) et change de narratrice en alternant les points de vue de Mi et de Do. Jusqu'au bout, l'identité de la nouvelle Mi restera incertaine, y compris pour elle.
Le lecteur peut en première lecture choisir de rester dans cette indécision, ce qui est quand-même un peu frustrant, avouons-le. Mais il peut également prendre en compte la toute dernière phrase du roman (page 220), qui renvoie à un petit détail (page 183) et à un énorme indice (page 200) qui n'ayant pas été placés là au hasard par Sébastien Japrisot, donnent à mon avis, par recoupement, l'ultime clé du roman. Un véritable tour de force !
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Il était une fois trois petites filles, Mi, Do et La.
Elles ont une marraine, une vieille dame riche. On appelle cette marraine, marraine Midola.
La meurt, Mi devient Michèle et Do, Dominique.
Marraine Midola est la grand-mère de Mi, apparemment et Do, la cousine de Mi mais est-ce vraiment vrai? C'est peut-être le contraire, qui sait.
Et puis quand la marraine meurt qui va hériter? Mi a grand train, Do lui colle aux basques et profite des bontés de sa cousine jusqu'au drame.
Le drame c'est un incendie dans la villa du Cap Cadet.
L'une des fille meurt et l'autre est grièvement brulée à tel point qu'il est impossible de savoir qui est morte et qui survit. Plus d'empreinte, rien.
De plus la survivante est amnésique. Une amnésie passagère dit le médecin.
Jeanne, la bonne Jeanne, la femme de confiance de marraine est là.
Elle aide la survivante a se souvenir, elle lui donne même une identité mais est-ce la bonne ?
Magicien de chez magicien, Japrisot, nous mène par le bout du nez. Qui est qui, comment est le testament, qui hérite et qui est deshéritée? Pourquoi l'incendie, criminel ou pas?
Bref du grand, du bon roman, du bon thriller à tel point que l'on finit par se demander si l'auteur sait qui est qui? Qui est décédée et qui est sauvée, amnésique. Et puis la gouvernante dans tout ça, pour qui roule t-elle ? Pour elle ? Ce qui est sûr c'est qu'elle est championne du monde du dos rond.
On l'aura compris j'ai été épaté par ce bouquin, qui a été lu en deux temps, trois mouvements. Mais gare, il faut parfois revenir et relire sinon le cerveau est troublé et je me sui demandé où cela me menait, mais bon, il ne fallait pas chercher mais lire, lire oui et ne pas chercher.
A la fin je me demande toujours si je n'ai pas rêvé et mon idée, car j'en ai une, est la bonne et, non, je ne la révélerait pas ici.
Elle est certainement pas la bonne.
Il y a un goût de reviens-y dans cette histoire.
C'est bien écrit et les personnages et leurs caractères sont emballés dans du papier doré.
On y rencontre aussi quelques profiteurs mais bon, c'est ambiant.
Du luxe!
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Un roman noir à l'atmosphère énigmatique, angoissante et un peu malsaine. La narratrice, une jeune fille, allongée sur son lit d'hôpital, se réveille dans une chambre au décor aseptisé où tout est blanc. Rescapée de l'incendie d'une villa du sud de la France, telle une momie, comme la surnomme gentiment le médecin, elle est enveloppée de bandages qui couvrent ses brûlures et sa grave blessure à la tête tandis que ses mains sont enfermées dans de fins gants blancs. Qui est-elle ? Elle ne le sait pas elle-même. Tous ses souvenirs se sont envolés, ses empreintes digitales ont été effacées et son visage reconstitué par la chirurgie esthétique. Est-elle Michèle Isola dite Mi, une riche héritière qui mène grand train ou bien serait-elle Domenica dite Do, son amie, une jeune fille simple, employée de banque ?

Mystères de l'amnésie qui fait disparaître les souvenirs en même temps que l'identité. A qui faire confiance pour retrouver la mémoire ? Jeanne, une femme mystérieuse, apparemment son ancienne gouvernante, la materne et essaie de lui raconter quelques épisodes de son existence passée ; elle lui dresse un portrait qu'elle ne reconnait hélas pas. Au fil de l'histoire Mi ou Do tente de reconstituer le puzzle de sa vie mais les morceaux ne concordent pas.

L'énigme reste entière. On sait que dans l'incendie de la maison une des deux jeunes filles a péri. Est-ce un tragique accident ? Un meurtre ? Y-a-t-il eu complot et préméditation ? Au fur et à mesure, Sébastien Japrisot sème quelques indices, introduit de nouveaux personnages à double facette, brouille les pistes. Les relations entre les trois femmes sont assez tumultueuses, vénéneuses. On sent l'avidité, la jalousie, la manipulation. Qui doit-on croire ?

Les sept chapitres de ce roman se succèdent de plus en plus rapidement, chacun conjuguant le verbe « assassiner » à la première personne du singulier…, et aiguisant la curiosité du lecteur, qui ne comprendra la vérité que dans les toutes dernières pages. Mais est-ce bien la vérité ? L'auteur joue sur les flous jusqu'au bout !

Voilà donc un polar intéressant et subtil. Ecrit au début des années 60, il n'a pas vraiment pris de rides. Je connaissais Sébastien Japrisot seulement de nom et principalement pour les adaptations cinématographiques réussies de certains de ces romans comme Compartiment tueurs, L'été meurtrier ou encore Un long dimanche de fiançailles. C'est grâce au Challenge solidaire 2023 que je me suis lancée dans la lecture de Piège pour Cendrillon et c'était une excellente idée de proposer cet auteur aujourd'hui disparu.

#Challenge solidaire 2023
#Challenge ABC 2023 / 2024




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Si vous parvenez à ne pas vous mélanger les pinceaux avec Mi, Do, La, et Midola, dans le prologue 'J'aurai assassiné', ça devrait aller pour la suite.
Sauf qu'il y aura l'effet lassitude en plus. Et si vous avez la tête embrhumée, ça n'aidera pas à avoir envie de vous accrocher pour suivre les questionnements d'une Mi amnésique au sortir du coma.

L'auteur a fini de rédiger cet ouvrage en 1962.
On situe dans le contexte des thrillers de la littérature (Boileau-Narcejac, Irish) ou du cinéma (Hitchcock, Clouzot) de l'époque, et on voit déjà quelques rebondissements venir.
De plus, depuis soixante ans, on peut avoir lu d'autres romans de Japrisot/Rossi, les auteurs de romans noirs se sont multipliés, le thème de l'amnésie a été exploité dans tous les sens.
Il est donc difficile d'être surpris et bluffé par cette intrigue comme ont pu l'être les lecteurs qui l'ont découverte à sa parution.

C'est la préface d'Ingrid Astier (lue après le roman) qui m'a un peu réconciliée avec cette histoire téléphonée, où certaines ficelles sont aussi grosses que dans les films d'Hitchcock qui n'ont pas bien vieilli (ah les traits de fourchette sur la nappe blanche dans 'La maison du Dr Edward', merci Dr Freud pour les guérisons miraculeuses !).

Ingrid Astier : « [...] un roman virtuose où le monde est un vêtement trop grand pour soi, et l'identité un corset trop étroit. Ce regard tourné vers soi, dans l'impossible introspection, a la beauté cruelle d'un huis clos. Le 'Connais-toi toi-même' des Grecs vire à l'enfer. »
Dit comme ça, oui, ça semble valoir le détour.
Nul plaisir pour moi à la lecture, parasitée par une impression de déjà-vu.
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Quel parfum !

Ce polar traîne une odeur de souffre de la première à la dernière page. Difficile de respirer dans ce huit-clos essentiellement féminin. C'est excellent et la composition des séquences est brillante : « J'aurai assassiné, J'assassinai, J'aurais assassiné, J'assassinerai, J'ai assassiné, J'assassine, J'avais assassiné »

Une femme enfermée dans un corps de femme, ne sachant pas à son réveil qui elle est. Comment vivre dans cet enfermement surtout quant Sébastien Japrisot vous enfume, tenant les rênes de mains de maître d'une destinée qui vous échappe continuellement.

« Tant pis pour l'autre, puisque j'étais celle-là.» Moi je veux bien mais laquelle ? Do ou Mi ? Sachant que « des trois petites filles, Mi est la plus jolie, Do la plus intelligente, La est bientôt morte. »

Si vous aimez jouer avec le feu, ce roman vous attend. Prenez une petite MG et suivez la route de Cap Cadet en fredonnant la Mélodie du bonheur...
DO le do il a bon dos
RÉ rayon de soleil d'or
MI c'est la moitié d'un tout
FA c'est facile à chanter
SOL la terre où vous marchez
LA l'endroit où vous allez
SI c'est siffler comme un merle
Ce qui nous ramène à Do


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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Les jours qui suivirent, je fus quelqu'un qu'on déplace, qu'on alimente, qu'on roule dans les couloirs qui répond oui en fermant les yeux une fois, non deux fois, qui ne veut pas crier, qui hurle quand on refait ses pansements, qui essaie de faire sortir par ses yeux les questions qui l'oppressent, qui ne peut ni parler, ni bouger, une bête dont on nettoie le corps avec des crèmes, l'esprit avec les piqûres, une chose sans mains, sans visage : personne.
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- Je veux que tu m'expliques maintenant. Il y a des semaines qu'on me dit : 'Plus tard !'. Hier soir, tu prétendais que je n'aimais pas ma tante. Dis-moi pourquoi.
- Parce qu'elle n'était pas aimable.
- Avec moi ?
- Avec personne.
- Si elle m'a prise avec elle à treize ans, elle devait bien m'aimer.
- Je n'ai pas dit qu'elle ne t'aimait pas. Et puis, ça la flattait. Tu ne peux pas comprendre. Aimer, pas aimer, tu juges tout ainsi.
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Ou bien encore, je retrouvais sur moi l'odeur écœurante de cette eau de Cologne bon marché dont il inondait ses cheveux. Micky, elle aussi, l'avait remarquée. Votre signature, m'avait-il dit, était très correcte, j'ai vérifié tout de suite à la lumière du tableau de bord. Même que vous m'avez demandé ce que je mettais sur les cheveux. C'est un truc spécial, ça vient d'Algérie j'ai fait mon service là-bas. Vous voyez, je n'inventerais pas ça !
Il avait peut-être dit la marque de cette eau de Cologne à Micky. Mais à moi, dans le garage, il ne l'avait pas dite - ça n'avait pas de nom. Plus que la pensée du mal qu'il pouvait nous faire, à Jeanne et à moi, cette odeur que je retrouvais ou croyais retrouver sur mes gants, sur mes bras, m'angoissait au point de devoir allumer ma lampe. Le maître chanteur devait rôder autour de la maison, autour de moi. Il me surveillait comme son bien : une mémoire, un esprit qui lui appartenait.
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Son visage, son attitude ne m'étaient pas réellement inconnus. Et une seconde, je crus que le passé allais resurgir, en une seule lourde vague qui m’assommerait. Ce devait être l'étourdissement d'avoir tourné, ou la présence inattendue, devant moi, d'une femme qui m'était familière comme un personnage rencontré dans un rêve.
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C'est juste avant le sommeil, dans cette frange d'inconscience où tout est absurde, où tout est possible, que l'idée me vint pour la première fois que je n'étais rien, sinon ce que Jeanne disait de moi, et qu'il suffisait d'une Jeanne menteuse pour que je fusse un mensonge.
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