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sur 608 notes
J'ai commencé plusieurs fois ce Goncourt 2011. le titre, à la fois m'appelait et me hérissait. Comment parler d'un art (terme noble à mes yeux) et de la guerre ? Associer ces deux notions est antinomique pour moi. En revanche, comme la quatrième de couverture semblait me le dire, habiller de mots le récit de l'un tandis que l'autre habille de couleur, même noire, les perceptions de l'autre, mélanger, échanger l'art et le récit d'une vie de guerre me semblait un beau défi, un pari tenable.
J'ai donc tenté plusieurs fois la poursuite de ma lecture. Petit à petit, je suis rentré dedans mais de manière pénible, forcée, je dirais « scolaire » … J'ai lu, je me suis appliqué à percevoir le fond, la forme, à entrer en réflexion avec les ‘commentaires', à vivre le témoignage de vie avec le ‘roman'. J'ai compris, je crois, l'idée globale du message : Tant que la notion de race, cette fausse vérité malheureusement bien ancrée, tiendra le haut du pavé, le Français lambda (le Belge, l'Allemand, l'Italien…) restera le Français moyen (le Belge, l'Allemand…) capable d'accepter toutes les guerres au nom de l'Identité, la sienne, la seule qui vaille d'être défendue et posée en valeur suprême.

Mais diable, pourquoi quasi 700 pages pour nous dire cela !
Le style – ou plus exactement, l'absence de style – de Alexis Jenni m'a proprement insupporté ! La construction de son livre en commentaires et partie romanesque m'a fait penser aux analyses lourdes, fastidieuses et très peu productives telles celles que m'imposaient les vieilles fiches scolaires proposées pour les lectures imposées du programme. Tout cet ouvrage m'est apparu brouillon et je n'y ai trouvé aucun plaisir de lecture même si, comme toujours, j'ai aimé qu'un livre me pousse à réfléchir sur notre humanité… mais, comme avec les ados, il n'est pas bon de toujours insister sur ce qu'on veut défendre, cela finit par agacer !
Deux, trois idées à retenir, un livre à oublier !
Lecture finalisée dans le cadre du Défi de Madame lit !

Lien : https://frconstant.com
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1991.Alors que le narrateur, "en pleine irresponsabilité professionnelle", se la coule douce sous la couette avec sa tendre et chère, et s'abreuve de télé ou d'autre chose non stop entre deux ébats, il neige sur Lyon, l'Irak est à feu et à sang et l'armée occidentale s'ébranle.
La guerre du Golfe s'annonce comme un début de troisième guerre mondiale.
Et, lui, dessinateur de pub largué par sa boite,scotché à son écran ou au ventre de sa copine, file du mauvais coton.
Voilà l'état d'esprit dans lequel il croise Victorien Salagnon,un ancien d'Indochine "au regard d'acier",qui "ne porte ni émotion,ni profondeur". Rencontre dans un café, puis en bord de Saone où l'officier parachutiste vend ses encres de Chine. Ce dernier peint et va donner des cours à son cadet.
Alexis Jenni,dont L'art de la guerre est le premier roman(un pavé de 633 pages!!!) va alors alterner les chapitres quotidien du narrateur des années 90 et explosion de violence de la jeunesse française avec le passé du militaire qui, à 17 ans, avait honte de la stupidité de sa vie!!!
Guerre de 20 ans, de 1942 à 1962.
France libre et résistance, Indo, djebel et Algérie, un peu de taule et puis plus rien depuis.Enfin si,sa vie avec la belle Eurycide Koloyannis, "une judéo-grecque de Bab-el oued" ramenée de l'enfer,qu'il aime.
Confidences choc du para sur "le bonheur de tirer", la peur,la sueur et le sang du "là bas où on laisse sa peau",l'Indochine mêlée de sale et de boue du delta, les têtes coupées des viets sur les bambous pour apeurer l'ennemi,l'espérance de vie des officiers français qui ne dépassait pas un mois,l'amitié avec Mariani qui l'a brancardé,"Tonkin perdu dans le vide mais à l'horizon étroit" puis,le "ratissage" des Arabes,les tortures en sous-sol pour faire lacher le morceau même aux innocents!!!
L'horreur balancée sur le papier pour dire:c'est de le folie,plus jamais ça, où va-t-on?
Constat désabusé d'Alexis Jenni, dont le narrateur souffre "d'angine nationale", dont "Mariani", l'ami de Salagnon, redoute les immigrés et veut s'en débarasser à tout prix, constat d'un monde où "les gifles donnent la paix", constat du "corps social malade", constat des "policiers terrorisés" par les jeunes des cités(Vénissieux suite des incidents des Minguettes en 1981) et de la situation explosive, constat du racisme qui croit sous le joug de l'éradication.
Avons nous perdu, nous Français, toutes nos guerres?
Que sont nos soldats d(r)evenus? Manipulés? Cassés? Pourris?A qui la faute?
Sommes nous actuellement en pleine guerre civile occultée?
Chienlit,débacle?
Un excellent livre, bien que long-long-long pour moi qui ne suis pas trop "histoire"!
Ne vaut-il pas mieux peindre tout court que peindre comme Salagnon pour endiguer la folie en sublimant l'art de la guerre?
L'art de la guerre d' Alexis Jenni, montre, dénonce la barbarie, car ainsi que le dit l'auteur "dire ne suffit pas,montrer est nécessaire", et secoue bien des poux. En tous cas il a été sélectionné pour le prix Goncourt 2011 et (à mon avis) de grandes portes s'ouvrent devant lui.

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J'ai lu 100 pages….. et puis j'ai abandonné.
Pourquoi ?
Je ne sais pas.
L'histoire est intéressante : la rencontre entre ces deux hommes et le lien qui se tisse entre eux.
Le style est agréable.
Peut-être les 600 pages qui m'attendent encore.
Je sors de deux pavés, c'est peut-être celui de trop. (D'autant que c'est très inconfortable à lire au lit !)
Et puis le sujet est grave.
Envie de légèreté, voire de facilité.
J'espère pouvoir le reprendre un jour.
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Dieu, que cette montagne est haute à gravir et comme il est apaisant d'atteindre le sommet .Il fallait sans doute attendre l'été. Tourner les pages tranquillement installé à l'ombre des muriers, dans le silence du mont Ventoux, dans le sud de la France, ou mieux encore aux petites heures du jour dans la paix ouatée du lit . le dernier chapitre comme une dernière prière pour qu'on ne se trompe pas de sujet. La dernière page qu'on regrette d'avoir tournée, parce que c'est la dernière et qu'on était si bien avec cette épopée magnifique.
Ce livre est tout bonnement sublime, qui nous fait en vingt ans traverser trois guerres. Après l'Allemagne, le maquis presque innocent où le héros endure et assume ses dix-sept ans, l'Indochine s'étire dans les boues et les rougeoiements des armes et du sang qui coule dans les rizières, et puis vient l'Algérie, blessure à jamais ouverte , où à aucun moment Alexis Jenni ne tombe dans l'ornière nauséeuse de la complaisance.

Jenni parle (p 592) de cet horrible film de Robert Enrico « le vieux fusil » , que je n'ai jamais voulu voir même si c'était le film préféré des français en 1975 (au même titre que l'odieux « 1900 » de Bertolucci en 76 qui m'a fait fuir la salle). Ce film qui flattait les bas morceaux du peuple français oublieux de ses traitrises me faisait vomir moi aussi, et aujourd'hui j'ai de la reconnaissance pour cet écrivain qui rejoint enfin mes hantises.

Je n'ai pas fait la guerre, mais j'admire ceux qui – n'ayant pu s'en affranchir - ont assumé et ont réussi à en réchapper en se battant courageusement. Ce n'est pas d'eux dont il faut avoir honte. C'est des menteurs qui ont organisé la confusion en faisant couler le sang des autres. Tant de sang.

Et cela n'est pas fini.

Salagnon est un artiste, il me fait penser au début à Soulages qui aime l'encre et la lumière. Mais Salagnon est pauvre et le reste : Il vit son art, il ne le vend pas. A vingt ans avec son ami aventurier et son ami prêtre ils représentent l'art, le courage et la spiritualité dans la même idée de pauvreté.
Salagnon ne s'enrichit que du regard qu'il a sur les autres. Et d'une certaine manière sur leurs vaines croisades.
Pire que la torture, c'est la division entre sujet et citoyen dont il se sent coupable. Moi, je vous acquitte cher Victorien. Plus, tel Eurydice, je vous aime.

A vous cher Alexis/ Victorien, cette définition du « romancier », général sans armée, surtout sans majuscule. J'ai eu vingt ans sous ses mensonges et je savais qu'il ne faisait rien d'autre que mentir avec ses commensaux à particule.
A l'énoncé des rodomontades du jury de Drouault, tout juste après le dernier pet des notables, on vous a donné le prix tant convoité par honte de soi.

Je vous le donne par amitié et par respect.

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Difficile d'avoir un avis tranché sur ce copieux prix Goncourt tant il fascine et repousse à la fois. le style littéraire est un peu mis à mal notamment par la narration et l'emploi d'une langue inégale. Par exemple, l'alternance entre le récit romanesque, qui décrit au passé l'expérience militaire de Victorien Salagnon, avec celui au présent du narrateur est relativement classique mais un peu lassante. Il y a parfois des envolés lyriques et parfois des tournures si mal embouchées qu'on doit s'y reprendre à deux ou trois fois pour les comprendre. Bref, ce gros pavé m'a semblé un peu décousu.

L'intrigue a su toutefois maintenir mon attention et j'ai très vite fini ce roman.
La vie de Victorien Salagnon a été marquée par la deuxième guerre mondiale quand il s'est engagé dans les forces armées résistantes à l'occupant. Après l'armistice, il devient militaire de carrière chez les paras et poursuit les combats en Indochine. L'horreur poisseuse de la guerre lui apparaît contre un ennemi moins bien équipé (en pyjama noir et bicyclette) mais innombrable et quasi invisible. Lui apparaît aussi la fraternité militaire, la peur, la chance et l'art de la peinture à l'encre de Chine. Il pratique chaque jour cet art de peindre qu'il développe auprès d'un maître. Ce dernier lui enseignera finalement ce que représente la France pour ses citoyens et ses « sujets ». Là est peut-être le thème principal du livre : qu'est-ce que l'identité nationale ? Qu'est-ce qui différencie un homme d'un autre ? Qu'est-ce qui fait qu'on s'identifie comme ami ou ennemi?

Après la défaite, les parachutistes qui constituent à l'époque les meilleurs soldats du monde sont envoyés en Algérie. L'armée y développe L'art Français de la guerre, le combat contre un ennemi qui nous ressemble mais qui n'est pas nous. La recherche de la Victoire par la Terreur. Mariani, le frère d'arme de Salagnon, représente l'étape finale de la dérive militaire en Algérie. Il devient une machine à torturer et à tuer sans plus chercher à savoir s'il frappe un suspect ou un innocent. Comment un tel homme pourra-t-il revenir à la vie civile ?
Comment une telle stratégie appliquée à un peuple entièrement terrorisé et révolté peut-elle aboutir à une victoire ? On peut se poser la question au regard de la situation actuelle en Syrie par exemple.

Ce livre laisse un gout bizarre, il aurait peut-être gagné à être raccourci et construit différemment. On ne lui ôtera pas l'intérêt de nous pousser à réfléchir.

25 mai 2012
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J'aime les titres mystérieux de romans et qui laissent à penser...L'art français de la guerre m'a charmé par son titre. Mais est-ce encore un roman ? C'est déjà une oeuvre pleine de toute une époque, inclassable prose poétisée qui nous mène aux confins vertigineux d'une réalité effroyable.

"On ne s'entretue bien qu'entre semblables"

L'art français de la guerre parle de nous Français ou plutôt de ce qu'il en reste après une guerre de 20 ans. le narrateur : "qu'est-ce qu'être français ? le désir de l'être, et la narration de ce désir en français, récit entier qui ne cache rien de ce qui fut, ni l'horreur, ni la vie qui advint quand même." Car nous avons mené une guerre, qui longtemps n'a pas été nommée, de 1945 à 1962 sans percevoir ce qu'elle bouleversait au plus profond de nous-mêmes. Alexis Jenni sait mieux que quiconque rendre cette putréfaction intérieure de la nation française. Ce qui lui ronge les os, ce sont les colonies devenues indépendantes, ce sont ses défaites indochinoise et algérienne. Toujours le narrateur : "nous nous sommes brisés en ne reconnaissant pas l'humanité pleine de ceux qui faisaient partie de nous. On a ri de n'avoir pas osé nommer 'guerre' ce que l'on évoquait comme 'les événements'. On a cru que parler de 'guerre' marquerait la fin de l'hypocrisie. Mais dire 'guerre' renvoie là-bas à l'étranger, alors que ces violences avaient bien lieu entre nous. Nous nous comprenions si bien ; on ne s'entretue bien qu'entre semblables".

La réécriture de l'histoire nous guérira de l'infection

de l'Indochine à la banlieue lyonnaise en passant par Alger, Victorien Salagnon a tout vécu de cette période, lui qui s'était engagé tout jeune pour défendre la France occupée par des barbares. Tout vécu et surtout le pire : la forêt indochinoise où il a transpiré et où sa vie n'aura tenu qu'à un rien, la casbah et les hauteurs d'Alger où la torture et les bombes allaient bon train. Victorien Salagnon, devenu peintre grâce l'enseignement d'un vieil aristocrate asiatique, termine sa vie à Voracieux-les-Bredins, banlieue lyonnaise. Une vie glauque aux côtés de sa compagne, Euridyce, aimée sous les bombes allemandes, perdue de vue, puis retrouvée et sauvée de l'enfer de la guerre d'Algérie.

Victorien Salagnon, revenu de cette guerre de 20 ans, où il aura tout vu et tout fait, n'en finit pas de peindre et d'enseigner au narrateur son art du pinceau. Mais peut-on vraiment faire autre chose que la guerre quand on a été parachutiste pendant 20 ans ? Certains, comme ce Mariani, qui a été aux côtés de Salagnon depuis l'Indochine, se sont enfermés dans leur pensée destructrice. Pour Mariani, qui habite aussi Voracieux-les-Bredins, il faut employer les mêmes méthodes avec les populations immigrées qu'avec les Algériens colonisés : la force. le narrateur : "les violences au sein de l'Empire nous ont brisés ; les contrôles maniaques aux frontières de la nation nous brisent encore."

Car ce qui est génial et effrayant dans ce roman, c'est justement ce parallèle entre les méthodes d'antan pour mâter les colonies et ce que nous faisons aujourd'hui à tous ceux qui sont étrangers. Comme le pressent si bien le prix Goncourt 2011, tout ceci conduira aux mêmes désastres : nous invoquons toujours la force mais elle nous échappe depuis bien longtemps. Ce n'est pas simplement un parallèle, c'est une infection qui nous ronge et qui nous détruira si nous ne nous efforçons pas de réécrire notre histoire en plus grand. Et pour cela nous avons besoin de romanciers du talent d'Alexis Jenni
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Ce livre très dense de 630 pages a retenu toute mon attention.

Comme je l'ai emprunté à la bibliothèque j'ai dû me dépêcher un peu et je le regrette car c'est un livre qu'on ne peut pas avaler d'une traite.
Il s'est passé un phénomène bizarre avec ce roman si je m'obligeais à le lire vite il me lassait mais dès que je le reprenais je le trouvais passionnant.

Deux destins d'homme se croisent , l'un jeune qui vit une grave dépression et un vieil homme peintre et ancien parachutiste ayant fait trois guerres : la libération , l'Indochine et l'Algérie .
Les récits et les réflexions sur les guerres sont passionnants et bouleversants.

Le monde contemporain en particulier la banlieue lyonnaise est aussi pour l'auteur en état de guerre je trouve cela plus discutable mais je ne vis pas en banlieue. J'ai trouvé sa peinture du monde d'aujourd'hui beaucoup moins bien réussi que les passages sur les conflits du passé.


Les personnalités des anciens parachutistes sont minutieusement disséquée, on a l'impression de mieux comprendre ce qui amène les hommes à savoir se battre.

Les guerres coloniales sont une pure horreur et la défaite semblait inscrite dans la nature même du conflit. Mais c'est plus facile d ele dire aujurd'hui qu'à l'époque.

Jamais un livre n'aura aussi bien fait ressortir l'horreur de la guerre et je me demande ce que pense les militaires français de ce livre.


Pour le style j'ai été un peu déçue , les répétitions sont insupportables et les relâchements vers la langue orale sans aucune justification un peu étrange.

Je pense que ce roman aurait supporté quelques coupures qui aurait allégé la lecture.


Lien : http://luocine.over-blog.com..
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Je suis ambivalent sur ce livre. J'en ai lu à peu près 150 pages cet été car je voulais avoir un avis dessus. Au cours de cette lecture j'ai relevé beaucoup de très bons passages, mais je me suis aussi passablement ennuyé.

J'ai décidé d'arrêter car je croule sous les lectures et je préfère poursuivre celles qui m'emportent inconditionnellement.

Ce que l'on choisit de ne pas lire est tout aussi important que ce que l'on choisit de lire.

L'année dernière j'avais commencé la carte et le territoire de Houellebecq et je m'étais arrêté à la 80 ème page. Il a par la suite obtenu le Goncourt!

J'ai peut-être trouvé un moyen de prévoir le fameux prix!?
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J'aurai mis plus d'un mois à lire "L'art français de la guerre". C'est peu dire que le Goncourt 2011 m'aura deçu. C'est à croire que les jurés ne l'ont pas lu et lui ont décerné leur récompense en pensant avoir à faire à un nouvel avatar des Bienveillantes. Là où Jonathan Littell dynamitait l'art du roman, Alexis Jenni écrit un livre ennuyeux et prétentieux au message caricatural : "La guerre, c'est laid ; l'amour c'est beau". Sa structure est d'une banalité crasse, qui alterne le passé (un peintre de guerre ballotté entre la Résistance, l'Indochine et l'Algérie) et le présent (le narrateur, lyonnais, a mal à la gorge et sors acheter des médicaments à la pharmacie de garde).
On imagine le prof de SVT qui traite sa crise de la quarantaine en ciselant sa prose à coup de passé simple et d'imparfait du subjonctif, et s'imaginant écrire un chef d'oeuvre. Il est bien triste que les jurés du Goncourt l'ait conforté dans ce sentiment. Dans 50 ans on lira encore "les Bienveillantes" ; "l'Art français de la Guerre" n'aura d'autre destin que de jaunir dans nos greniers.
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Il y a toujours de l'appréhension chez le lecteur que je suis quand je reçois un livre commandé est qu'il est au format poche, comportant plus de 500 pages, avec une écriture minuscule et que le roman a été primé au Goncourt. le roman d'Alexis Jenni répond à ces critères. Aïe ! pensais-je, ça va être dure.

Le sujet est intéressant bien qu'il ne soit pas original. L'histoire d'un homme qui a achevé son adolescence dans le maquis et sa vie d'adulte pendant la Guerre d'Algérie. Vingt ans de conflits ininterrompus.

L'écriture de Jenni est parfois pleine de poésie, ce qui a rendu la lecture plus agréable. Mon niveau de saturation a été également réduit par une alternance de chapitres entre un « monologue idéologique » du narrateur-auteur et la biographie du deuxième personnage qui sert d'illustration au thème.

L'Art français de la guerre est un roman pioché dans une liste de livres suggérés pour la préparation au concours d'entrée à l'Ecole de guerre. Je suis très surpris par cette sélection, car le roman est quand même teinté d'antimilitarisme. L'auteur ne fait pas la part belle à l'Armée même si nous reconnaissons tous qu'elle s'est perdue d'abord en Indochine puis en Algérie. Je pense que Jenni a voulu, avant tout, présenter ces anciens militaires comme des êtres définitivement brisés par ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont fait ou pas voulu faire, par la trahison des autres. Seul ne subsista pour eux que l'esprit de corps, coupables mais solidaires dans leurs actes, ils ne pouvaient conserver qu'une part d'humanité en restant soudés dans le groupe auquel ils appartenaient.

Alors, si je n'ai pas vraiment apprécié ce livre, je reconnais que l'auteur a su mettre de côté ses idées politiques personnelles pour ne pas blâmer ces hommes qui ont parfois tout perdu alors qu'ils ont tout sacrifié à la Nation en faisant les guerres que les autres citoyens français ne voulaient pas faire et réaliser des actes qui arrangeaient bien les donneurs d'ordres avant que ces derniers ne les présentent au pilori pour se dédouaner.
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