Comedia

c'est ainsi qu'un jour,par hasard,nous nous rappelons tant de visages,
tant de choses,mais il n'y a plus personne pour se souvenir de nous ,et nous sommes encore vivants .

Les gens se pressent devant le théâtre, tous ne peuvent entrer, la salle est trop petite. À l’intérieur, c’est le délire, les spectateurs hurlent, participent à la revue, encouragent les bons, fustigent les méchants ; c’est une sorte de guignol sanglant, pour adultes. Sur la scène, on voit un capitaliste obèse, fumant un énorme cigare, portant le haut-de-forme, gruger de pauvres ouvriers criant famine. Ridicule ? Non, la haine se lit dans les regards, ce n’est plus du théâtre, c’est la vie, les personnages de la réalité et de la fiction ressemblent aux caricatures de Grosz. Et Piscator se démène au milieu de cette masse excitée. Le

Il haïssait ces gens, qui passaient leur vie à raconter des histoires, à triturer des souvenirs, à s’inventer des vies. Sganarelle B ne connaissait rien à la commedia. Intrigué par ce pseudonyme dont on l’affublait lui et ses collègues, il avait feuilleté les classiques Larousse de son fils et retrouvé les personnages de Molière : Harpagon, Scapin, Léandre et Sganarelle, bien entendu. La bibliothèque du gosse contenait également Le Capitaine Fracasse : les aventures du baron de Sigognac, abandonnant son manoir pour partir à l’aventure en compagnie d’une troupe de baladins, éveillèrent en lui des réminiscences enfantines ; il n’avait cependant plus l’âge de se passionner pour les duels au clair de lune, et les simagrées des saltimbanques le laissaient froid. Il ne comprenait pas bien le sens de toute cette mascarade. L’idée l’effleura que tout cela était peut-être gratuit. Le capitaine Matamore, le personnage de Théophile Gautier, meurt de froid, lors d’une marche forcée à travers une forêt enneigée.

… c’est avec nostalgie que tu me parlais de ce cours de théâtre, boulevard de Belleville. Bien sûr, tu y avais fait la rencontre de Juliette, mais il y avait autre chose, la joie de jouer, d’apprendre les vieux trucs du métier à des amateurs passionnés.
Ils venaient là après leur journée de travail, s’offrir un peu de rêve. Certains étaient employés de bureau, d’autres coursiers ou représentants de commerce ; il y avait des vendeuses, des secrétaires, des mères de famille.

Tu es le héros du film : lucide, comme tous les émigrés, comme tous les héros. Tu le sens bien, la situation tourne au vinaigre, mille signes en témoignent. Le gouvernement Blum va de capitulation en capitulation ; en Espagne, les nazis interviennent ouvertement.
Il me faut montrer cela. Choisir des situations, condenser au maximum. C’est un problème de narration, au cinéma, on n’a pas le temps de musarder.