Dans
Hiver,
Mons Kallentoft dresse le portrait de deux familles que tout oppose. Il y a d'abord la famille de Malin Fors, commissaire à Linkoping. Sa fille Tove - 14 ans - est amoureuse de Markus. Mais Malin a du mal à admettre que sa fille encore si jeune fréquente un garçon. Il y a les parents de Malin, expatriés à Tenerife, qui eux aussi, dans un premier temps, n'accepte pas cette situation. Après avoir invité leurs petite fille, apprenant qu'elle veut venir avec Markus, ils retirent leur invitation. Mais Markus est un garçon tout à fait fréquentable avec ses deux parents médecins. Et puis il y a Jan le père de Tove, qui vit séparé de Malin et accepte tout de la part de sa fille. Ah j'oubliais Daniel, l'amant de Malin, amant d'un jour semble-t-il. Bref une famille tout à fait normale, avec les préoccupations d'une famille d'aujourd'hui.
L'autre famille, c'est la famille Murvall. Ou plutôt « le clan Murvall. Des hommes, des femmes et d'innombrables enfants. »Avec la mère, Rakel, matrone intelligente et méchante, qui dirige d'une main de fer ses trois fils adultes : Adam, Elias et Jakob. Ils ont tous les trois un passé de mauvais garçons particulièrement violents. Ils vivent en marge de la société, gérant un casse automobile et une station service. Il y avait aussi le père, mais il est mort, sans doute parce que quelqu'un a poussé son fauteuil roulant du haut de l'escalier de la maison. Qui? Il y a aussi la fille, Maria, qui depuis qu'elle a été violée dans la forêt par un inconnu, ne parle plus et passe sa vie dans une chambre d' hôpital. Une famille abimée, unie cependant, mais avec la violence à fleur de peau. Et plus on avance dans la lecture, plus on va découvrir cette violence.
Le récit débute avec un meurtre : un homme est retrouvé, nu, pendu à un arbre. C'est Bengt, un homme mal dans sa peau, suivi par une assistante sociale. Il n'a pas pu se pendre tout seul. Il a donc été tué. Toute l'équipe du commissariat travaille sur ce meurtre, mais faute d'indices et de motif évident, l'enquête piétine, et ce jusqu'aux toutes dernières pages, qu'il faut d'ailleurs relire plusieurs fois pour comprendre les motivations du meurtrier. Entre temps, il y aura pléthore de fausses pistes et de coupables potentiels interrogés et ré-interrogés par l'équipe de policiers. Ce qui frappe dès les premières pages du roman, c'est le style très particulier de l'auteur. Un style fluide. Une écriture facile à suivre. Des morts qui commentent ce qui se passe et encouragent les enquêteurs. C'est rare, mais dans ce roman, la mort y est heureuse. « C'est bon, tellement bon, d'être débarrassé de tous les soucis des vivants » dit Bengt, l'homme pendu.