Petite excursion dans le monde si particulier des geishas ; un voyage rendu très agréable et poétique grâce aux traits précis et délicats de Kazuo Kamimura.
Le mangaka a construit ce qui pourrait être un roman d'apprentissage des splendeurs et misères des geishas, des petites filles issues de familles pauvres que l'on éduque aux arts (musique, danse, chant, conversation, etc) pour divertir les hommes riches lorsque leurs femmes ne sont pas là.
Loin des images assez romantiques ou romanesques, Kamimura nous montre une petite qui se suicide, ou de jeunes geishas contrariées avec leurs amants voyageurs par leurs protecteurs qui reviennent bien trop tôt.
Les scènes décrites se déroulent une dizaine d'années avant la Seconde Guerre mondiale, mais avant la fin du récit, on voit ce monde raffiné vaciller progressivement comme le reste du Japon...
Le traducteur a pris soin d'ajouter quelques notes explicatives sur le vocabulaire relatif aux geishas afin que ceux qui s'y confronteraient pour la première fois ne soient pas noyés sous tous ces termes. Ce qui donne à ce manga un aspect assez pédagogique.
Ce fut une lecture agréable qui m'a rappelée celle du roman d'Arthur Golden ; avec la particularité que ce manga invite à la compassion d'une manière bien plus pudique.
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Vendue pour un sac de riz comme apprentie Geisha,
c'est ainsi que la vie de Tsuru semble se terminer mais elle prévient tous ceux qui seraient tenté de s'apitoyer sur son sort.
Sa patronne elle-même se demande « ce que représente la vie pour une gamine comme elle ».
C'est justement ce que Tsuru va montrer dans ce manga.
Gamine, elle s'applique naturellement avec le plus grand sérieux à son apprentissage des arts d'agrément. C'est une tradition importante au Japon et je me souviens de la douceur subite ressentie un jour à Kyoto alors que l'aubergiste nous adressait un salut très appuyé se terminant la tête contre le tatami.
En grandissant, la jeune apprentie s'approche du jour du premier lit, et tout cet apprentissage ne semble alors plus autre chose qu'un long prélude à une vie de prostituée. C'est pourtant en excellant dans ces arts d'agréments que Tsuru échappe à l'abattage. D'ailleurs sa patronne s'en frotte les mains car elle pourra être vendue plus chère à un seul protecteur.
Dans cet univers de soumission presque totale, Tsuru trouve les infimes espaces de liberté et les vit à fond tout simplement. Ce sont des rencontres, avec l'apprenti acteur, l'étudiant tireur de pousse-pousse, le pêcheur, et c'est l'amour que réclame tout son être.
Geisha accomplie, sa voix « douce et poignante » s'élève contre ceux qui tendent à s'apitoyer, ceux qui sombrent dans la tristesse ou dans la violence - une voix qui prend une résonnance particulière dans cette période où le Japon est déjà en guerre en Mandchourie et rentre tout juste dans la 2ième guerre mondiale.
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Nous suivons dans ce manga Tsuru, vendu par ses parents pour un sac de riz à une okiya, une maison de geisha.
Pour avoir lu les mémoires d'une geisha, je peux dire que j'ai retrouvé quasiment la même histoire.
Mais il est vrai que les vies des geishas doivent se ressembler.
Vendue par leurs parents, elles deviennent shikomikko, celles qui font les commissions, le ménage et accompagnent les geishas à leurs RDV.
Puis, elles sont en apprentissage pour enfin, devenir geisha où elles doivent trouver un protecteur.
Un homme qui est le "seul" à pouvoir coucher avec elles en échange d'argent qui servira, par exemple, à subventionner leur cérémonie de présentation en tant que geisha.
J'aime bien lorsque nous pouvons suivre un personnage de son enfance à l'âge adulte. Voir son évolution.
Tsuru est une petite demoiselle attachante et amusante qui devient une jolie jeune femme ayant du succès comme geisha.
Il y a aussi dans ce manga de jolies et touchantes anecdotes.
A découvrir donc!
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Il ne faut jamais vendre ton corps et ton cœur... Quand tu t'en rends compte, il est déjà trop tard.
[...] les geishas doivent apprécier la danse et le shamisen bien sûr, mais aussi la poésie, l'arrangement floral et même la peinture.
Elles ne peuvent servir de compagnes de divertissement à leurs protecteurs si elles ne sont pas plus cultivées que les épouses distinguées assises dans leurs salons.
[...] il est difficile de refranchir le seuil d'un monde qu'on a quitté.
Il n'y a que les gens qui ne connaissent pas l'adversité qui éprouvent de la compassion et plaignent les autres, alors qu'en réalité ceux qui traversent ces épreuves ne s'apitoient pas sur leur sort !
De la même façon que l'écriture est révélatrice du corps, le corps aussi manifeste des signes.
"Un titre TRES particulier de KAMIMURA ou la perversion et le côté malsain atteignent certainement des hauteurs un peu trop exacerbées à mon gout."
Salut à toi !
Voici une nouvelle fois un Mangado - La voie du manga sur Les fleurs du mal de KAMIMURA Kazuo et OKAZAKI Hideo.
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