Bon, me voilà à nouveau déçue face à l'immensité de mes attentes …
Laura Kasischke est un auteur que j'adore, que je suis depuis des années, dont j'ai lu et aimé tous les livres. Un nouveau roman d'elle, c'est comme Noël pour moi (idem pour
Kate Atkinson et
Delphine de Vigan). Je me suis donc ruée sur celui-ci, alléchée par le pitch qui semblait si bien coller à son univers. Je l'ai lu en une heure à peu près … et j'en suis ressortie un peu déconvenue …
D'abord, ceci n'est pas un roman, mais une « novella », un peu plus qu'une nouvelle si j'ai bien compris, basée sur des faits réels : l'histoire de Benjamin Purcell, un prédicateur des années 20, qui a créé une secte, entouré de jeunes filles qui l'idolâtrent, et à qui il promet la vie éternelle. Il a créé « La maison de David », où la communauté vit, ainsi que le premier parc d'attraction des USA,
Eden Springs, qui donne son titre au roman. Tout irait bien si un cadavre de jeune fille étranglée n'avait pas été trouvé dans un cercueil censé abriter le corps d'une vieille dame …
Tout dans ce fait divers était parfait pour une intrigue de
Laura Kasischke : l'atmosphère vénéneuse, envoûtante, l'homme qui ensorcelle les pauvres vierges, les jeunes filles en blanc qui se pâment et se jalousent, le sexe, la drogue, la mort. Même les petits « plus » du bouquin me réjouissaient : des extraits de journaux d'époque consacrés à l'affaire, des photos vintage montrant une sorte de paradis terrestre …
Mais, j'ai refermé le livre en pensant « c'est tout ? ». Quelle frustration que la minceur du volume ! Toute l'histoire aurait pu être développée, creusée plus profond, car elle est fascinante, et
Laura Kasischke a choisi de donner la parole, en autant de chapitres courts, à plusieurs femmes qui ont côtoyé la secte. Il y a celle qui s'est enfuie, celle qui vieillit et se voit dédaignée, celle qui espère être élue parmi les autres, celle qui est enceinte, …
L'écriture de
Kasischke est toujours aussi envoûtante et maîtrisée, mais c'est trop court, et j'ai eu l'impression que tout a été survolé, j'aurais aimé un bon gros roman fourni, plutôt que cette « novella ». le sujet le méritait et se prêtait parfaitement à l'univers de
Laura Kasischke. J'en suis ressortie avec un sacré goût de trop peu.
Dommage …
«
Eden springs »,
Laura Kasischke, trad. de
Céline Leroy, éditions Page à Page, 2018, 170 p. Postface de
Lola Lafon.
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