Il s'agit de plusieurs textes, autobiographiques, dans lesquels l'auteur évoque son enfance et adolescence. Ses parents sont morts lorsqu'il était très jeune, au point de ne garder aucun souvenir d'eux. Il a été recueilli par ses grand-parents paternels, mais sa grand-mère est morte assez rapidement, et son grand-père quelques années plus tard. Kawabata a été un ballotté chez d'autres membres de sa famille, puis très vite mis en pension.
Les cinq textes de ce volume sont disparates, quatre plus courts concernent plutôt l'enfance de l'auteur, et ses souvenirs de ses grands-parents, et un peu d'une soeur plus âgée, morte à 16 ans, mais dont il a été séparé à la mort de ses parents, donc qu'il a peu connue. le texte le plus long, et qui donne son titre au livre, évoque une relation très privilégiée qu'il a entretenu avec un camarade de collège, dont il a été amoureux, même si cet amour est resté platonique. Dans ce texte, Kawabata reprend le journal qu'il écrivait à l'époque, intègre des morceaux de lettres que son ami, Kiyono, lui a écrit. Tout cela donne un aspect brut à l'ouvrage, les autres textes ont un poli littéraire plus affirmé. Les même éléments étant évoqués plusieurs fois, repris, des répétitions et redites sont inévitables.
Ce livre est vraiment destiné aux amateurs de Kawabata, qui ont lu et apprécié toutes ses oeuvres ou presque. L'intérêt principal est de mieux connaître l'auteur, de première main, puisque par lui-même et ses souvenirs. Une enfance difficile, avec le poids de la mort de ses deux parents (de tuberculose), une vie avec les grand-parents âgés, qui meurent alors qu'il était encore au collège, précédée par les maladies du grand-père, qu'il a du prendre en charge. La solitude, l'impression d'être en mauvaise santé, des difficultés matérielles. Et très tôt la vocation d'écrire. Cela permet d'enrichir les lectures des grandes oeuvres de l'immense auteur japonais. Mais je ne conseillerais pas de commencer par cet ouvrage, qui reste un complément, et non pas un livre essentiel.
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Récits autobiographiques
L'ouvrage est composé de lettres (1932) , de nouvelles (1921, 1926, 1948) et d'un journal intime (1925) . Yasunari Kawabata parle surtout de ses années d'adolescence. L'ensemble est d'abord éclairant pour celui qui s'intéresse à son oeuvre. J'ai mieux compris ses tendances morbides, son voyeurisme, son obsession de la beauté des corps, antidote à son dégoût de la vieillesse qui m'avaient tant troublée à la lecture des Belles endormies. Ensuite ce sont des récits autobiographiques sans complaisance et sans pathos. Avec une sincérité étonnante, souvent féroce mais douce aussi, Kawabata se livre et touche au coeur.
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Né prématurément de parents en mauvaise santé, personne ne croyait que je pourrais vivre et grandir.Quand j'étais petit, mon aspect physique était lamentable. Je ne me souviens pas avoir pris un repas régulièrement avant l'âge de huit ans. C'est la volonté de grand-mère qui a réussi à m'attacher un peu à la vie.
Il est très difficile pour un homme qui ignore ce qu'est l'amour de ses parents, de croire à sa propre capacité d'aimer.
Père et Mère, reposez en paix, vous qui êtes morts sans avoir laissé à votre unique fils aucun moyen de se souvenir de vous.
Extrait du livre audio "Les Belles Endormies" de Yasunari Kawabata lu par Dominique Sanda. Parution CD et numérique le 10 août 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/les-belles-endormies-9791035404031/