Après avoir refermé cet ouvrage, je suis presque sûre que la plupart des lecteurs ne regarderont plus les "bons samaritains" de la même façon. Car ce qui aurait dû être une aubaine, une chance presque, pour Paul Sheldon s'est avérée être son pire cauchemar.
Paul Sheldon est un auteur très connu, ayant gagné pas mal d'argent en écrivant une série littéraire avec pour héroïne une certaine
Misery. Sauf que, pour lui, il s'agit presque de sous-littérature, ce qui lui permet de gagner du fric en attendant de sortir un vrai chef d'oeuvre qui sera, il l'espère, encensé par la critique et lui permettra, enfin, de devenir un "grand" et un "vrai" écrivain. Et pour y parvenir, il décide de se débarrasser littéralement de son héroïne, en la "tuant" dans son dernier opus.
Sauf que... Sauf que par une journée particulièrement glissante, notre auteur a un accident de voiture, se retrouvant en bien mauvaise posture et risquant bien de mourir de froid.
Sauf que... Sauf que, sur la route, il a la (mal)chance de tomber sur Annie Wilkes qui se trouve être sa fan numéro un, enfin, surtout, une fan de
Misery. Et elle ne va pas du tout apprécier le sort qu'il a réservé à sa tendre héroïne dans son dernier roman. Pour essayer de (sur)vivre, Paul n'a pas d'autre choix que de réécrire son roman avec, cette fois, souhaitons-le, une fin qui plaira à son admiratrice préférée.
Je me suis fendu d'un petit résumé mais, en soi, cela n'était certainement pas indispensable,
Misery étant certainement l'un des romans les plus connus de
Stephen King. Même sans l'avoir lu, tout lecteur, ou presque, sait de quoi il en retourne. C'était mon cas, évidemment. Je n'avais jamais non plus vu l'adaptation cinématographique, uniquement quelques scènes, suffisamment en tout cas pour donner vie à Annie Wilkes, formidablement interprétée par Kathy Bates (une actrice que j'apprécie beaucoup pour ma part).
Et ce roman, il fout les chocottes. Point d'horreur ou de fantastique ici, si ce n'est l'horreur humaine, et c'est certainement en cela qu'il est terrifiant. Car cela pourrait arriver. Bon, il faudrait vraiment ne pas avoir de bol mais quand on sait ce dont l'esprit humain est capable...
Sincèrement, je n'ai pas vu les 500 et quelques pages passer, je ne me suis pas ennuyée une seconde avec ce livre qui se déroule pourtant en huis clos avec uniquement deux personnages. Et c'est aussi là qu'on peut voir à quel point
Stephen King est génial: il arrive à créer tellement de densité que ce face à face est suffisant.
Un beau tour de force pour ce roman que j'oserai qualifier de classique, un passage dans la psyché humaine, dans ce qu'elle a de plus sombre, en passant par le sujet de la créativité et d'une question fondamentale pour moi, encore aujourd'hui: une fois écrit, le roman appartient-il encore totalement à son auteur?
En bref, un classique du King que je vous invite à consommer, en jetant un coup d'oeil par-dessus votre épaule quand même.