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EAN : 9782384820054
Philippe Rey (01/02/2024)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Un premier roman qui rend hommage aux rêves déraisonnables, au courage d'une héroïne quittant le Cameroun pour s'accomplir en France. Depuis son plus jeune âge, Andoun rêve d'un ailleurs. Son père le lui a suffisamment répété : elle est spéciale. Alors elle a fini par le croire. Ses nuits sont peuplées de champs aux fleurs étranges, des boules d'un jaune hypnotisant qui la poussent à imaginer d'autres vies, loin du chemin connu.
Quand elle quitte le village d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Andoun, tu n'es pas comme les autres ». Dans ce village, reculé du Cameroun, dans les années 50, cette phrase répétée par son père n'est pas forcément un compliment. Pourtant, cette sentence, qui signe sa singularité, elle y puisera une force qui lui permettra de s'extraire de la destinée toute tracée de ces femmes villageoises pauvres. Elle y trouvera aussi la force de dire « non ». Non aux travaux des champs, pour partir à Douala chez sa soeur et son beau-frère. Non à la fatalité, quand elle se retrouvera fille-mère. Non à un mariage sordide imposé pour sauver la réputation de sa famille. Non à la résignation, quand la vie qu'elle avait rêvé en France, s'avèrera grise et terne.
Portrait lumineux et plein de tendresse d'une femme déterminée à faire refleurir sa vie et à faire vivre ses rêves.
.
Inspirée à l'autrice par la vie de sa grand-mère, ce texte est un très bel hommage aux femmes qui se battent. Contre le déterminisme social, contre le machisme ordinaire, contre la misère ou contre le carcan des traditions, contre le patriarcat et le racisme aussi. Il serait réducteur de le résumer au combat de la femme africaine. Andoun/Anne Marie, incarne avec majesté, toutes les femmes seules et sa couleur de peau qui renforce ses difficultés, n'atténue en rien l'universalité de son message. Avec un tel sujet, on pourrait craindre un texte plombant, il n'en est rien. C'est au contraire, lumineux, en grande partie, grâce aux pages en vers qui croisent le récit. Une poésie qui avec délicatesse vient apporter de la douceur aux épisodes les plus sombres ou de la profondeur à des émotions que le récit suggère. Et cette originalité donne toute la beauté du texte.
Je suis tombée sous le charme de cette belle lecture. Un très beau texte aux multiples sujets, la résilience, la maternité, la transmission et l'exil. Un roman au message féministe fort et un hommage vibrant à sa famille. Les jurés des prix ne s'y sont pas trompés. @kiyemis est en lice pour le prix Orange et elle a obtenu cette semaine le prix Régine Desforges. Bravo à elle et aux @editions_philippe_rey pour leur flair à nous offrir toujours de beaux textes. Longue vie à ce beau roman
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Kiyemis s'est inspirée de sa grand-mère maternelle et camerounaise pour dresser ce portrait.
Une femme déterminée sur un parcours souvent raconté : le désir d'école, la grossesse non désirée, le mariage forcé, les espoirs, les rêves, les désillusions, la résilience.

Ce que j'ai aimé dans ce récit, c'est l'absence totale de mélo et la volonté de rebondir après chaque échec.
Ce que j'ai aimé aussi, et qui nous la rend très proche, ce sont ses illusions souvent déraisonnables par rapport à la réalité. Souvent tiraillée entre le besoin et l'envie d'une vie amoureuse et les hommes qu'elle rencontre.
Sa mère, qui est pourtant restée au pays, le lui explique, en toute franchise :
« Ne crois pas que les hommes de la ville sont si différents de ceux du village ma fille. Ils sont les mêmes, partout à Douala, à Nyokon, et je suis sûre que dans ton pays de Blancs, c'est la même chose.(…)
Audoun, croie-le ou non, j'ai vécu ça. Ton père avait d'autres familles, tu le sais autant que moi. J'ai passé mon temps à être jalouse et à être jalousée. »

Ce que j'ai moins aimé, c'est cette impression de « déjà lu ». Les extraits poétiques insérés dans le récit auraient pu constituer la touche originale mais, en fait, je les ai trouvés un peu laborieux et surtout beaucoup trop systématiques.

En conclusion, un roman bien maîtrisé, mais qui ne m'a pas touchée.

Lu dans le cadre du prix Orange 2024.
Merci à Lecteurs.com et aux Editions Philippe Rey.

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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MEGA COUP DE COEUR INTERGALLACTIQUE

Andoun grandit dans un petit village de campagne au Cameroun. Depuis qu'elle est toute petite, son père lui répète qu'elle n'est pas comme les autres. Et pour cause, la jeune fille a des rêves qui vont au-delà des champs et de la culture d'arachides. Et c'est la tête pleine de rêves et d'ambition, qu'elle partira vivre chez sa soeur qui a fait un "beau mariage" et qui habite en ville. Mais une fois sur place, Andoun déchante : entre sa volonté d'étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, la jeune femme ne cessera de se battre pour faire affirmer son droit d'exister et de rêver toujours plus grand.
De Nyokon à Paris en passant par Douala, Andoun sera tiraillée entre ses désirs de flamboyance et ses racines familiales.

Voilà une histoire qui m'a touchée en plein coeur

D'abord parce qu'elle aborde des thèmes qui me sont chers : la résilience, l'intégration, la liberté, la maternité, les racines, la construction personnelle... J'ai lu que l'autrice s'était inspirée de l'histoire de sa grand-mère pour rédiger ce roman. Bien évidemment, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec ma propre histoire familiale, étant moi-même fille d'immigrée.
J'ai pensé aux combats qu'il a fallu mener contre les préjugés, à l'abnégation dont il a fallu faire preuve pour permettre aux générations futures d'accéder à l'école et de leur donner une chance de réussir dans la vie, au courage et à la détermination qu'il a fallu montrer parce qu'on attendait d'eux "toujours plus".

L'écriture de Kiyémis est particulièrement brillante, d'autant plus que chaque chapitre est ponctué de poésies que je trouve particulièrement belles et touchantes. Elle nous raconte le destin d'une femme hors du commun. Tantôt Andoun, tantôt Anne-Marie, tantôt Coco, on ne peut qu'être ému par cette femme qui ne cherchait qu'à vivre à sa façon.

Cette histoire rend hommage à celles et ceux qui rêvent plus grand, à ces parents qui ont du lutter pour une vie meilleure, aux enfants qu'ils ont fait passer en premier, à la résilience infinie, à l'amour d'une petite fille pour sa grand-mère.
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Je remercie les éditions Philippe Rey et Babelio pour m'avoir envoyé ce livre dans le cadre d'une opération masse critique de janvier 2024. le livre, en tant qu'objet, est d'ailleurs très beau, avec une couverture à la fois sobre et originale, colorée, qui évoque parfaitement l'univers du roman.
Andoun, alias Anne-Marie, grandit dans un village du Cameroun dans les années 50. Très jeune, elle se montre déjà assez anticonformiste et déterminée à ne pas suivre la voie qu'on lui assigne : se marier et travailler la terre pour assurer sa subsistance, faire des enfants et servir sa famille. Soutenue par son père qui la considère « différente des autres », elle quitte le village pour rejoindre sa soeur mariée en ville à Douala : elle espère pouvoir y aller à l'école, étudier et s'extraire de sa condition. Mais, la vie en ville n'est pas aussi idyllique que ce qu'elle s'était imaginé : la domination masculine y règne, sa soeur vit sous l'emprise de son mari qui se montre violent à l'occasion, la pauvreté rend la vie plus difficile encore qu'au village… Andoun découvre aussi un mépris de la part des femmes issues de milieux plus favorisées, et un racisme systémique entretenu par les colons français. Elle se retrouve enceinte, et abandonnée du père de sa future fille. Elle rentre au village, sachant qu'elle apporte avec elle la honte pour toute sa famille, en devenant mère sans être mariée. Son père la recueille et la soutient malgré tout…Mais Andoun n'a pas renoncé à ses rêves de grandeur et de richesse…Sa fille lui donne encore plus l'envie de sortir de sa condition et elle va se démener pour lui offrir ce qu'elle n'a pas eu. Elle retourne en ville, travaille d'arrache-pied pour gagner sa vie et élever sa fille. Peu à peu, elle réalise que ça ne sera pas possible pour elle au Cameroun et elle décide de partir pour Paris où son frère aîné s'est installé. Pour elle, Paris, c'est la belle et grande vie à portée de mains…Elle va se confronter à une réalité tout autre…
Le récit de Kiyémis lui a été inspiré par la vie de sa grand-mère, et elle rend un bel hommage à sa détermination, à son courage à tout épreuve. C'est un témoignage du parcours de ces femmes, ou de ces familles qui ont refusé le fatalisme et ont tout risqué pour une vie meilleure…si ce n'est pour eux, au moins pour leurs enfants. Les poèmes qui font les transitions entre les différents chapitres sont très beaux, sensibles et émouvants, souvent percutants. Je les ai beaucoup aimés et ils sont vraiment une valeur ajoutée au récit.

Lien : https://deslivresetmoi72.wix..
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Un très joli récit qui nous fait plonger dans la vie d'une femme africaine, de son enfance et son adolescence au Cameroun à son arrivée en France. Nous découvrons au travers de ses yeux la réalité de la colonisation, l'impact de la domination de l'homme blanc sur l'ensemble de la société camerounaise. J'ai été particulièrement touchée par le courage et la combativité de l'héroïne.
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critiques presse (2)
MadmoizellePresse
12 avril 2024
Cette fresque épique et onirique se concentre sur la vraie vie de sa grand-mère Andoun, du village de Nyokon au Cameroun en 1954 jusqu’à Paris aujourd’hui, en passant par Douala. Grossesse involontaire, mariage forcé, parcours migratoire semé d’embûches, jobs alimentaires déconsidérés, mais surtout beaucoup de rêves : c’est une histoire de résilience sans aucune once de misérabilisme face au sexisme, au classisme et au racisme, qu’on trouve rarement en littérature française.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LeMonde
04 mars 2024
A 32 ans, la poète, essayiste et animatrice de l’émission en ligne « Rends la joie » publie un roman, « Et, refleurir », sur le destin de sa grand-mère, du Cameroun vers la France.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ne crois pas que les hommes de la ville sont si différents de ceux du village ma fille. Ils sont les mêmes, partout à Douala, à Nyokon, et je suis sûre que dans ton pays de Blancs, c’est la même chose.(…)
Audoun, croie-le ou non, j’ai vécu ça. Ton père avait d’autres familles, tu le sais autant que moi. J’ai passé mon temps à être jalouse et à être jalousée.
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Elles se taisent beaucoup, les mères. Leurs silences sont des offrandes.
Elles ne disent pas qu'une partie de leur métier de mère, c'est tisser des bâillons pour soi-même. Alors on se muselle, pour le bien de ceux qu'on aime. On accepte, un instant seule-ment, d'abandonner son droit à la parole. On offre sa voix à la terre en espérant voir ses enfants fleurir. Comme toutes les mères avant elle, c'est ce que fit Anne-Marie. Puisqu'il le fallait, elle s'enracinerait elle aussi, pour voir sa fille grandir.
Même si la terre était friable.
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— Tu sais que dans ce monde, être libre, ce n'est pas facile pour nous. Que parfois, pour manger, il faut se bagarrer. Qu'il faut garder la tête hors de l'eau, coûte que coûte. Si nous devons nous bagarrer pour vivre, nous les femmes, alors je jetterai tout mon corps dans la bataille. Tout plutôt que se laisser mourir. Je ne me laisserai pas écraser, pas mourir, veuve ou non. Car la vie, ça vaut le coup, Andoun, ça vaut le coup.
Et dans la vie, rien n'est plus beau, rien n'est plus doux que la liberté. Tu le sais ça, pas vrai?
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Anne-Marie s’assit. Elle avait toujours détesté décevoir son père. Elle détestait voir son regard honteux posé sur elle. Avant Douala, avant le départ, avant tout, il ne l’avait jamais regardée comme ça. Derrière la rage et les cris, elle savait la déception. Elle enfouit sa tête dans ses mains et sentit une main sur son épaule. C’était sa mère, restée silencieuse le temps qu’avait duré la conversation.
- Sois courageuse, Andoun. Donne-lui du temps. C’est un homme. Il va se souvenir qu’un enfant est une bénédiction.
Anne-Marie hocha la tête, peu convaincue.
- Laisse-lui le temps, la rassura sa mère. Tu ne peux pas être trop inquiète, hein, le bébé va sentir ça.
La jeune fille restait prostrée sur sa chaise. Et si son père n’acceptait jamais ?
Et s’il choisissait de la jeter dehors comme une malpropre ? Sa mère ne pouvait pas la convaincre de l’héberger, et elle n’avait pas les moyens d’aller ailleurs.
Le temps lui sembla long mais en effet son père finit par revenir. La mère courut à sa rencontre une bière à la main, comme pour essayer de l’amadouer. Seuls les bruits du village venaient briser le silence qui s’était installé dans la pièce.
- Bon. Ce qui est fait est fait, Anne-Marie, lâcha finalement le père d’un ton bourru.
La jeune fille s’approcha de lui. Il lui tendit la main :
- Si c’est un garçon, il portera mon nom, Anyam Lucas. Si c’est une fille, on l’appellera Freya. Comme ma sœur.
Elle prit sa main et sourit. En elle, la solitude refluait. Son père avait toujours su trouver les mots pour la ramener près de lui.
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Anne-Marie n’était pas faite pour les vies sans lumière. Elle n’était pas faite pour les chemins tracés, et devenir la femme d’un poissonnier était un chemin qu’elle n’était certainement pas prête à emprunter. Peut-être que les autres pouvaient accepter de perdre très jeune les étoiles dans leurs yeux. Peut-être que les autres s’en suffisaient, pensait-elle en se levant du lit. Elle, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait plus. Cette vie allait l’étouffer, s’encourageait-elle en nouant son pagne et accrochant Freya dans son dos. Elle suffoquait déjà. Elle allait se noyer, comme les autres, ses belles-sœurs, ses tantes, ses belles-mères, toutes ces femmes-poissons qui ne se rendaient plus compte qu’elles pourrissaient lentement au soleil. Des femmes que s’étaient prises dans les mailles du filet et n’avaient pas encore compris que c’était trop tard, que leur fin était proche, qu’elles finiraient vendues, troquées, emprisonnées dans les étals-maisons des poissonniers alcooliques. Elle ne se laisserait pas enterrer là, martelait-elle d’un pas déterminé dans la cour intérieure. Alors qu’elle atteignait enfin la porte, Freya eut un hoquet et Anne-Marie se figea.
Si le bébé se réveillait maintenant, c’en était fini de sa fuite !
Mais la petite se rendormit presque immédiatement.
Ce soir-là, Anne-Marie, seize ans, mère de Freya, ouvrit en grand la porte d’entrée.
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Vidéo de  Kiyémis
Kiyémis : " L'oppression des femmes noires, c'est l'oppression de l'humanité"
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