Je dois avouer que cela me fait parfois mal au coeur de voir que certains ouvrages ont si peu de lecteurs. Dans ce cas précis, je pense que la couverture immonde de l'édition française et la publication du livre dans une collection de fantastique-horreur quand aucune de ces étiquettes ne convient au roman, n'ont pas dû l'aider à trouver son public. Je suis aussi tentée de penser que le style de
Kathe Koja doit mal se prêter à la traduction, mais je n'ai pas eu l'occasion de comparer VO et VF. Ce que je peux confirmer en revanche, c'est que la forme très orale qu'elle donne au texte, en le constituant principalement de monologue intérieur, se prête à merveille au format audio, l'écoute étant d'autant plus agréable que c'est l'excellent Matt Godrey qui assure la narration.
Le roman traite des liens entre art, folie et obsession. Grant, un photographe entre deux jobs, frustré de n'être jamais parvenu à devenir lui-même artiste, s'y prend de passion pour les dessins de Robin, un jeune schizophrène, alors patient de sa compagne art thérapeute. Cette passion excessive, malsaine, justifiera l'ensemble des actions de Grant, des plus discutables, aux plus cruelles. Comme dans
Corps outragés, le roman est le récit d'une catastrophe inévitable, le lecteur s'en rend très vite compte, comme un crash qui survient au ralenti. La lente dégradation de l'état psychologique des personnages, la façon dont ils vont s'extraire du monde et de leurs vies passées pour s'isoler dans un univers bâti à partir de leurs obsessions est quelque chose d'infiniment triste à observer. Cette lenteur est nécessaire à une étude psychologique tout en finesse qui fait la réussite de l'ouvrage, elle permet de justifier des cheminements de pensée incohérents en en exposant patiemment la logique. J'ai trouvé le roman captivant, mais les lecteurs en quête d'action et de rebondissements feront peut-être mieux de passer leur chemin.
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