Mais quand l'âme quitte le corps, elle devient celle de ses parties qu'elle a développée le plus. C'est pourquoi il faut "fuir vers le haut" pour éviter de descendre au niveau de l'âme sensitive en nous laissant conduire par le désir d'engendrer et par un attachement excessif pour la bonne chère, dans le but, au contraire, de parvenir au niveau de ce qui est intelligent, de l'Intellect et de Dieu. Tous ceux, donc, qui ont préservé "l'homme" redeviennent des hommes en une autre existence. Ceux, par contre, qui n'ont vécu que par la sensation deviennent des animaux. Mais si aux sensations se joignent l'irascibilité, ils deviennent des animaux sauvages, et la différence entre les animaux sauvages qu'ils deviennent est fonction du rapport entre sensations et irascibilité. Tous ceux chez qui cette vie allait avec le désir et le plaisir propre à la vie désirante deviennent ces animaux qu'on dit intempérants et goulus. Mais si avec le plaisir et le désir ils n'ont même pas de sensation, ou si celle-ci reste dans un état de léthargie, alors ils deviennent des plantes. Car c'était cette faculté végétative qui agissait en eux exclusivement ou de façon prédominante, et ces hommes s'appliquaient en fait à se transformer en arbres. Et les amis des Muses, si par ailleurs ils sont purs, deviennent des animaux chanteurs. Les rois déraisonnables, eux, deviennent des aigles, s'ils n'ont pas quelque autre vice. Ceux qui étudient les phénomènes célestes sans y adjoindre la réflexion, toujours tendus vers le ciel, se réincarnent en oiseaux qui gagnent les hauteurs à tire-d'aile. Celui qui possède la vertu civique redevient un homme, et celui qui participe à la vertu civique mais dans une moindre mesure devient, lui, un animal civique : une abeille ou une bête de ce type.
Mais cette raison qu'est l'Âme est obscure, car elle n'est qu'un reflet de l'Intellect, et c'est pourquoi elle doit garder son regard posé sur l'Un ; de même l'Intellect doit garder son regard posé sur l'Un, pour être Intellect. Mais il le voit sans être séparé, et cela parce qu'il vient après lui et qu'il n'y a aucun intermédiaire entre eux, comme il n'y a aucun intermédiaire entre eux, comme il n'y en a aucun non plus entre l'Âme et l'Intellect. Toute chose désire ce qui l'a engendrée, et en jouit, surtout quand ce qui engendre et ce qui est engendré sont seul à seul ; de surcroît, quand ce qui engendre est ce qu'il y a de meilleur, ce qui est engendré reste nécessairement avec lui, pour ne plus être séparé de lui que par la différence.
Il en va comme pour un chœur : en chantant, il fait toujours cercle autour du coryphée, mais il lui arrive de diriger son regard vers l'extérieur. En revanche, lorsqu'il tourne son regard vers le coryphée, il chante bien et il est vraiment autour de lui. De la même manière, nous sommes toujours autour de lui - et si tel n'était pas le cas, nous serons entièrement détruits et nous n'existerions plus -, mais nous ne sommes pas toujours tournés vers lui. Au contraire, chaque fois que nous regardons vers lui, nous trouvons alors « notre fin et notre repos », et le chant n'est plus discordant pour nous qui dansons vraiment autour de lui une danse inspirée par la divinité. (p. 91)
Car l'enseignement ne peut indiquer que la route et le chemin; la contemplation elle-même, c'est à celui qui veut contempler qu'il revient désormais de la mettre en oeuvre. ( Traité 9, 4-15 )
Qu?enseignaient ces professeurs du IIIe au VIe siècle ? Ce qui est à l?origine de notre civilisation. Hypatie avait eu le courage de la vérité jusqu?au martyre. Dans ses recherches sur la science, sa philosophie, ses cours et ses commentaires de Plotin, elle gardait sa liberté de parole. A Rome, Plotin enseignait une psychologie, et en plus de l?idée platonicienne d?homme ajoutait celle d?individu, le faisant progresser par l?éducation libre vers le Bien. Jamblique lui retourne à Pythagore : dans la sagesse, une vie libre allant vers la vérité. Proclus, commentant Platon, suit l?éducation d?Alcibiade, dans la dialectique socratique, et lui apprend la science nécessaire avant d?envisager l?action politique.
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