Je te raconte l'histoire d'un petit garçon juif de Hongrie qui a fuit Bucarest avec ses parents – ne pas passer par la case Auschwitz.
Je te parle aussi d'un quinquagénaire sur un lit d'hôpital, lui n'a pas évité la case Cancer.
Cancer du Tropique, j'ai pris un billet pour Cuba.
Je me vois dans la peau d'un jeune étudiant, premiers amours, souvenir de dépucelage, Paris peut-être.
Le petit garçon arrive à New-York, quartier du Bronx.
Un quadra travaille dans une boite de publicité avant de se faire virer.
Le jeune étudiant rêve d'être écrivain.
Et si je cherchais une maison d'édition, pour son livre. le Serpent à plumes serait une bonne idée, faire entrer le jeune écrivain dans le panthéon des auteurs publiés. Et quel écrivain ! Foi de lecteur.
Un homme d'âge moyen, fraîchement divorcé ou bientôt marié, suivant comment je prends les épisodes – dans l'ordre ou le désordre, pire qu'un tiercé sur la pelouse d'Auteuil. Parce qu'il n'est pas juste question de trois bourrins sur un hippodrome. Non, là je te parle de quatre-vingt-dix chapitres d'une vie, putain de vie. Deux enfants qu'il voit, puis qu'il ne voit plus, le silence avant la mort...
Des chapitres qui se succèdent comme autant de bières que je prends seul, avant de finir moi même en bière. Cynique, cynisme d'une vie. J'adore. Ce côté, drôle et crue, triste et décalé, décrit dans des mini scénettes, une page ou deux, genre nouvelle à la Richard Brautigan ou à la Raymond Carver. Pas de longs discours, un bout de vie, une tranche de rien, du vide et de l'amour, quelques gouttes de sperme qui perle comme une goutte de sueur sur la tempe de Mick Jagger pendant que Keith Richards se fait un shoot entre deux titres. Magnifique, j'ai envie de dire. Un coup de coeur, pour originalité et le cynisme.
Original ? Qu'est-ce qu'il me sort... Qu'y-aurait-il d'original dans ces histoires juxtaposées ?
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Le jeune étudiant qui rêve de devenir écrivain travaillera dans la publicité tout en écrivant le soir, il était ce petit enfant juif il évitera les nazis mais pas les moqueries de la vie, dans son école, dans son agence de publicité, sur une table d'opération. Toutes ces personnes n'en font qu'une, toutes les scénettes ne représentent qu'une seule et même vie, celle de « l'homme qui se croyait plus beau qu'il n'était ». Je te rassure, ce n'est pas moi, même si ces putains de vie qui n'en feront qu'une au final, lorsque l'on remet dans l'ordre, furent une révélation pour moi. Un bouquin pour moi. Parce qu'il y a du moi dedans.
J'ai fermé la dernière page de ce roman hier. J'ai déjà envie de le relire, de lire de nouveau tous ces quatre-vingt-dix chapitres, de les imprimer et de les remettre dans le bon ordre. Quelle idée a eu l'auteur, Mickael Korvin, de m'écrire et de mélanger ses feuillets avant de les donner à son éditeur. Tiens l'auteur vit entre New-York et Paris, il est né en Hongrie et son livre est édité chez le serpent à plumes. Un récit par conséquent que je vois sous un autre oeil, celui de l'autobiographie romancée et totalement décalée. J'aime son cynisme.
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