Contrairement à bon nombre de compositeurs dépourvus de tout appui financier et obligés de travailler dans une administration ou dans l'enseignement pour gagner leur vie, Jan Sibelius a eu la chance de bénéficier d'une rente de l'état pour se consacrer entièrement à la musique et cela quatre ans seulement après avoir achevé ses études. Grâce à ce mécénat intelligent, le monde des arts s'est enrichi d'une personnalité incontournable, dont l'oeuvre reste empreinte d'une atmosphère immédiatement identifiable, qui évoque les paysages nordiques à la merci des éléments. Adulé de son vivant, il est devenu en l'espace de quelques décennies LE plus grand compositeur finnois.
Eric Tanguy, lui-même compositeur, propose avec Nathalie Krafft (qui l'a aidé pour la rédaction) non pas une énième biographie ou une étude docte, mais une piste d'écoute pour se familiariser avec le travail de celui qui a enchanté le XXIe siècle autant qu'il a été présenté comme un esthète des salles de concert tout au long du XXe. L'idée a donc été de proposer neuf pièces connues (ou qui le sont moins !) de manière totalement subjective, afin d'immerger le lecteur dans un univers d'harmonies et de mélodies qui resteront durablement ancrées dans l'oreille. Au cours de chapitres brefs, l'auteur et sa cosignataire analysent « Malinconia, opus 20 pour violoncelle et piano », « Kullervo, opus 7 », « L'Impromptu pour piano en si mineur, opus 5 », « La Suite de Karelia, opus 11 », « le Quatuor à cordes, n°4 en ré mineur », « La cinquième symphonie », « Norden, opus 90 pour voix et piano », « le concerto en ré mineur pour violon et orchestre » et « Surusoito, musique funèbre pour orgue ». de caractères très variés, toutes ces pièces ont en commun une architecture en forme de mosaïque, avec des motifs brefs et une solidité semblable au roc des montagnes finlandaises. A travers ce parcours alternant les genres musicaux, le lecteur entre dans l'intimité d'un génie de la musique moderne et assimile lentement ce qui fait sa spécificité