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Raoul de Roussy de Sales (Traducteur)Philippe Garnier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020505628
192 pages
Seuil (16/04/2004)
3.97/5   48 notes
Résumé :
" Le 4 mars 1934 paraissait chez Knopf un livre à couverture orange avec un titre aussi brutalement
désespéré que son contenu : Waiting for Nothing. Le
lettrage était épais et noir ; la seule dédicace était tout
un programme : " pour Jolene, qui a fermé le gaz. " Le
livre reçut un accueil critique favorable mais clairsemé,
le modeste premier tirage ne se vendant que
médiocrement, ce qui n'est guère étonnant puisque qu'il
>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Waiting for nothing tel est le titre de ce roman paru en mars 1934 aux U.S.A Un roman désespéré et désespérant sur ces vagabonds de la faim, les stiffs, tous ces hommes et femmes laissés au bord de la route après la Grande dépression. Pas d'argent, pas de travail, pas de toit les voilà sur la route la faim au ventre :«  Jour après jour, semaine après semaine, d'année en année, toujours la même chose : tâcher de bouffer et tâcher de dormir. »
Tom Kromer est l'un de ces stiffs il a cloué les "durs" d' Est en Ouest , crevé la dalle , cherché un abri pour pouvoir dormir. Sorti de l'ombre et de la mouise il nous livre ces pages écrites au cours de ses années d'errance. le style est sec, efficace, sans pathos mais on en prend plein la gueule.
Et si seulement on pouvait se réjouir et clamer haut et fort c'est de l'histoire ancienne cela n'arrivera plus , si seulement.. mais voilà ce n'est pas le cas.

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Un livre de 1934, célèbrement sombre, un classique presque, sous le titre original de "Waiting for nothing", pour expliquer la vie difficile des "stiff" (sorte de clochards) lors de la crise de 1929, ces gens qui ont tout perdu. le personnage est, en réalité, l'auteur lui-même qui a vécu ce triste sort, et son style est aussi fluide qu'il est rude dans les faits qui s'accumulent : le bonheur est (très) rare, sauf si on se contente de vraiment pas grand chose ; et encore pendant pratiquement toute cette lecture, il n'est pas le plus à plaindre (et je me dis que c'est terrible d'écrire ça en même temps que de... l'écrire). Témoignage grave et historique qu'on ne souhaite à personne.
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Tom Kromer (1906-1969) relate son quotidien, pris dans cette vie nouvelle, où le ventre reste creux et le corps souffre. Il est devenu un stiff (argot américain désignant les pauvres hères, les vagabonds) comme tant d'autres que la Grande Crise a privé de tout ce qu'ils possédaient. Plus un dollar en poche et plus de quoi se nourrir, pas d'emploi et des nuits dans les squats et sur les bancs du parc. Sa colère gronde et son moral s'effrite. Il n'est plus personne et plie pour survivre acceptant même de se vendre « Pour ce qui est de payer de sa personne, vous pouvez toujours compter sur un stiff ».
Sombre, dur, ce texte fortement autobiographique à la langue rude et saisissante partage la rue et la misère, le désespoir des jours sans but. Son titre original « Waiting for Nothing » exprime d'ailleurs toute l'affliction teintée d'amertume de cette triste déambulation.
Une lecture déchirante.

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Un classique sur la Grande Dépression que je souhaitais lire depuis longtemps. La sortie dans la collection Titres de chez Christian Bourgois m'en a donné l'occasion ; il s'agit sans doute du livre le plus noir et le plus brutal que j'ai lu sur le sujet.

« Les vagabonds de la faim » (le titre original est « Waiting for Nothing »…) a été publié pour la première fois en 1935. C'est un récit autobiographique dans lequel l'auteur raconte sa vie d'errance durant les années 30. A travers toute l'Amérique, Tom dort dans des parcs et des abris débordant de poux, mange dans les poubelles et roule dans des trains de marchandises. Il décrit ses voyages, ses rencontres avec de petits escrocs, des prostituées, des homosexuels, sa recherche sans fin de nourriture et d'un endroit chaud pour dormir. Tout au long du livre, Kromer raconte avec résignation le dénuement perpétuel et le sort d'une vaste armée de chômeurs, livrés à eux-mêmes dans une société largement indifférente.
Car si la situation est dure, ce qui semble le plus insupportable c'est la façon dont les gens le traitent, comme si la pauvreté était sa faute, comme si ne pas trouver de travail quand il n'y en a pas, est un acte de paresse. Tom est agressé, emprisonné, écrasé, encore et encore, par d'autres êtres humains. le récit de sa survie traduit en mots la misère sociale de ces années de crise nord-américaine. Dans le sillage d'une économie effondrée par la spéculation de Wall Street, ce sont des milliers d'hommes et de femmes qui se retrouvent privés de droits et l'on ressent brutalement l'oppression féroce que la société exerce sur les marginalisés.

Tom Kromer a fait un passage éclair dans la littérature américaine. Mis à part deux ou trois nouvelles et une demi-douzaine de critiques de livres, Kromer n'a rien écrit de plus. Il a développé un cas grave de tuberculose peu de temps après la publication de ce roman et est devenu invalide. Son état de santé est une explication plausible pour que ce travail soit son seul livre. D'autres ont noté que « Les vagabonds de la faim » était peut-être sa déclaration définitive sur le sujet et qu'une fois fait, l'écrivain sentit qu'il n'y avait plus rien à dire.

Un reportage sec sans aucun ornement qui  résiste à l'épreuve du temps et est, après le chef-d'oeuvre de Steinbeck, « Les raisins de la colère », le récit le plus saisissant et le plus troublant de cette période cruelle de l'histoire américaine. Si le sujet vous intéresse, vous ne pouvez pas faire l'impasse sur cette lecture.

Traduit par Raoul de Roussy de Sales
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C'est avec un style simple et fluide que Tom KROMER raconte l'extrême dureté de la vie de ces laissés pour compte par la crise de 29 aux Etats-Unis.
Ce qu'il raconte dans " Les vagabonds de la faim" est d'autant plus marquant qu'il l'a lui même vécu plusieurs années. de toute façon, pour raconter de telles situations, il ne peut que les avoir vécues, cela ne s'invente pas.
C'est un livre très noir, très dur où la dignité de ces hommes et femmes est complètement niée.
Cette terrible crise leur a fait tout perdre et puis, c'est l'engrenage du cercle vicieux qui s'enclenche dans lequel l'homme devient un loup pour l'homme...
Ce qui est encore plus violent, c'est de réaliser en fermant le livre, que les situations vécues par ces hommes et femmes sont encore d'actualité!
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
« Contempler ces stiffs autour de leurs feux, c’est regarder un cimetière. C’est à peine s’il y a de la place pour circuler entre les tombes. Pas d’épitaphes gravées dans le marbre par ici. Ces tombes sont des hommes. Les épitaphes sont ces sillons qui creusent leurs joues. Ces hommes sont des morts. Le jour, ce sont des fantômes qui errent dans les rues. La nuit, ce sont des fantômes qui dorment enveloppés dans le journal d’hier, en guise de couverture. »
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Quelquefois quand je dors dans un parc, la nuit je me réveille. J’allume ma pipe et je regarde les étoiles dans le ciel. « Je suis un homme, que je me dis. Ca n’est pas une vie pour un homme celle que je mène. Demain je trouverai du boulot. Je quémanderai jusqu’à ce qu’on m’en donne. Je les obligerai à me donner du boulot. » Je tire sur ma pipe toute la nuit et je n’y tiens plus d’attendre que le matin arrive. Quand le matin arrive, il fait froid. Je frissonne dans la rue avec mon veston de croque-mort. Je vais du côté des usines l’estomac vide. Je vais du côté des boutiques et restaurants. « Donnez-moi du travail, je leur dis. N’importe quel travail. Je travaillerai pour n’importe quel salaire. Je travaillerai pour presque rien. » Ils secouent la tête. Il n’y a pas de travail. Finalement je ne sais plus où m’adresser. J’ai trop faim. Quand un homme a faim il n’a plus assez de cran pour demander du travail. Du reste il fait jour. Les choses paraissent différentes à la lumière du jour. La nuit, quand on est couché dans le parc à regarder les étoiles, c’est facile de trouver du travail. Le jour, dans la chaleur et sous le soleil aveuglant, ça n’est pas si facile. C’est dur.
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Le type s’envoie une autre cuillerée. Il lape ça et s’étrangle. Il s’enfonce les doigts dans la gorge et en retire un bouton de pardessus jaune. Pourquoi ces salauds mettent-ils des boutons de pardessus jaunes dans le ragoût ? Est-ce qu’ils n’ont plus de carottes ? Savent pas qu’on ne peut pas faire un bon ragoût avec des boutons de pardessus jaunes ?
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Contempler ces "stiffs" autour de leurs feux, c'est regarder un cimetière. C'est à peine s'il y a de la place pour circuler entre les tombes. Pas d'épitaphes gravées dans le marbre par ici. Ces tombes sont des hommes. Les épitaphes sont ces sillons qui creusent leurs joues. Ces hommes sont des morts. Le jour, ce sont des fantômes qui errent dans les rues. La nuit, ce sont des fantômes qui dorment enveloppés dans le journal d'hier, en guise de couverture.
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Un drôle de monde avec de drôles de gens dedans. J'aurai au moins appris ça, depuis que je suis dans la mouise.
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