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3,95

sur 1726 notes
Il ne vous dit peut-être pas grand-chose, ce recueil de nouvelles rédigées au cours des années soixante, et pourtant l'essentiel de son auteur est là.

« Risibles amours » c'est un peu l'oeuvre à part. La quasi première de Kundera. Aboutie pourtant, et remarquablement construite, elle signe la genèse de sa vocation d'écrivain ainsi que l'éclosion des thèmes qu'il scrutera plus tard au fil de ses livres.

Pas totalement captivée au départ, j'avoue, je me suis finalement laissé séduire par la succession de ces nouvelles singulières et par l'intéressante cohésion qui les unit l'air de mine de rien, chacune, en outre, augurant clairement d'un roman à venir, tel « La valse aux adieux » dont je me suis régalée il n'y a pas si longtemps.

La comédie humaine est son terrain de jeu et à travers l'apparente légèreté de sa prose Kundera me fait souvent l'effet d'un enfant moqueur, contemplant la société des adultes d'un oeil sarcastique et terriblement lucide. Une philosophie déjà bien présente dans ces sept nouvelles, comme un subtil condensé des oeuvres qui suivront.

Alors si l'on ne devait lire qu'un seul Kundera, finalement, ce serait peut-être bien celui-là.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
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7 nouvelles ayant souvent pour thème le mensonge, le sexe, la manipulation. Paru en 1970 après son roman La plaisanterie. C'est souvent drôle, des fins réussies, très agréable à lire. Travers de la société, jeunes tombeurs, corps vieillissant, jeux de l'amour, plaisanteries. Voici le Kundera que j'aime.
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Outre le style inimitable de Kundera, ce qu'il est essentiel de relever dans ce livre, c'est la toute petite phrase de fin : "Écrit en Bohème entre 1959 et 1968". En les resituant dans leur contexte, elle donne tout leur sens à ces (pas si) "risibles" nouvelles pragoises.

Entre 1953 et 1968, la République Socialiste Tchécoslovaque, qui fait partie du Bloc Soviétique, est dirigée par Antonin Novotny qui se trouve également à la tête du Parti Communiste Tchécoslovaque.
Ce dernier entame un processus de déstalinisation moins rapide que dans les autres pays d'Europe de l'Est. le régime se caractérise par l'absence de démocratie, un parti unique et une répression des opposants par la police et le service des renseignements, la Sécurité d'État tchécoslovaque. La censure frappe les écrivains et les artistes;
1968, Printemps de Prague - Alexandre Dubcek, qui devient premier secrétaire du Parti Communiste Tchécoslovaque en Janvier 1968, engage une série de réformes libérales. le 5 Mars 1968, la censure est supprimée. En Avril est accepté le principe d'un "socialisme à visage humain". Des écrivains emprisonnés pour délit d'opinion sont libérés. L'attitude de l'état vis-à-vis de l'Église devient plus conciliante. Mais cette politique est très critiquée dans les autres pays du Bloc de l'Est qui craignent que la Tchécoslovaquie ne serve d'exemple.
Dans la nuit du 20 au 21 Août 1968, les troupes du pacte de Varsovie entrent en Tchécoslovaquie. C'est la fin du Printemps de Prague.

Pardon pour cette petite page d'Histoire (puisée dans Encyclopædia Universalis) mais elle n'est pas superflue pour apprécier pleinement ces "Risibles amours".

Ce fût incontestablement un agréable moment de lecture (même s'il ne m'a pas non plus transcendée) car il m'a, pour le moins, fortement intéressée.
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Comme Milan Kundera le précise à la fin, « Risibles amours » est « écrit en Bohême entre 1959 et 1968 ». Il parait pour la première fois en France en 1970 avec une traduction de François Kerel. L'auteur reprendra cette version pour en restituer une ultime et définitive en 1986.
« Risibles amours » est un recueil de sept nouvelles décrivant les mécanismes de la relation amoureuse entre des personnages lambda, sans distinction de classe sociale. L'auteur propose l'étude critique de cette construction ou déconstruction du rapport interhumain, un échantillonnage de cet art de la séduction et l'inventaire de ses composantes, le hasard de la rencontre, le rapport de force (manipulation, possession, ascendance, mépris, ignorance…), l'illusion par le mensonge ou la mauvaise interprétation, la lutte des sentiments, les besoins charnels…
« Risibles amours » bien que paru après « La plaisanterie », va servir de creuset pour l'ensemble des romans de Milan Kundera.
Encore une fois, l'écriture magistrale de Kundera subjugue, ses idées fédèrent, c'est un grand moment de lecture et une rencontre littéraire importante et captivante.
Mais mieux que de lire ces quelques lignes, il faut lire la postface de François Ricard qui propose une analyse beaucoup plus érudite de cette oeuvre.
Traduction de François Kerel, postface de François Ricard, édition revue par l'auteur.
Editions Gallimard, Folio, 316 pages.
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François Ricard, l'un des plus fins connaisseurs de l'oeuvre de Milan Kundera, insiste sur le fait que le recueil de nouvelles Risibles amours est la matrice de l'oeuvre à venir, mais qu'on ne saurait le réduire à une oeuvre de jeunesse car c'est au contraire une oeuvre d'une grande maturité. Dans un entretien de 1988, Kundera rappelle le rôle décisif qu'a joué dans son évolution artistique l'écriture de Personne ne va rire, la première nouvelle du recueil. En effet, jusque-là, il s'essayait à toutes sortes de genres littéraires : musique, poésie, pièce de théâtre. « Avec le premier récit de Risibles amours (écrit en 1959), j'ai eu la certitude de m'être trouvé. Je suis devenu prosateur, romancier, et je ne suis rien d'autre. » Kundera revient dans Testaments trahis sur cette époque de sa vie. « La seule chose que je désirais alors profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un « genre littéraire » parmi d'autres; ce fut une attitude, une sagesse, une position. »
C'est pour son regard lucide et désabusé, pour son humour désespéré aussi, que j'aime tant l'oeuvre de Kundera. Elle est pour moi à la fois un stimulant puissant et une boussole m'aidant à m'orienter dans l'existence.

Je désire à cet égard mentionner trois des sept nouvelles qui composent le recueil :
- Dans Personne ne va rire, le narrateur, en même temps qu'il fête son récent succès (être enfin édité dans une revue prestigieuse), reçoit une lettre d'un prétendu admirateur sollicitant de sa part une faveur. Cette requête émanant d'un personnage obscur va entraîner le narrateur dans un engrenage infernal et le mener à sa perte : « Je m'imaginais, ce soir-là, boire à ma réussite et je ne me doutais pas le moins du monde que c'était le vernissage solennel de ma fin ». C'est un procédé analogue à celui que Kundera mettra en oeuvre, quelques années plus tard, dans La plaisanterie : un incident dérisoire, une carte postale à l'humour douteux dans La plaisanterie, une lettre quémandant une faveur dans Personne ne va rire, entraînent des conséquences dramatiques pour le héros, éjecté de sa propre vie et condamné au bannissement. J'ai vu un écho de ce procédé dans La tache de Philip Roth. Là encore, un incident minuscule, en l'occurrence une expression ironique prononcée par un éminent professeur d'université à l'égard d'un de ses étudiants, déclenche une monstrueuse polémique à l'origine de l'éviction du professeur.

- Dans Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts, deux voix, celle d'une homme et celle d'une femme, font avancer en alternance le récit. Une femme se rend dans une petite ville de Bohème où son mari, mort dix ans plus tôt, est enterré. Elle a oublié de renouveler la concession et espère, en se rendant sur place, réparer son erreur, en pure perte : « Elle leur reprocha de ne pas l'avoir avertie qu'il fallait renouveler la concession, et ils lui répondirent qu'il y avait peu de place au cimetière et que les vieux morts devaient céder la place aux jeunes morts. » Bouleversée et indignée, elle se promène alors, sans but, dans la ville en attendant l'heure du train qui doit la ramener à Prague, quand elle rencontre par hasard un homme encore jeune avec qui elle eut une brève liaison quinze ans plus tôt. L'homme était alors un tout jeune homme et elle, une femme ayant dépassé la quarantaine. Il l'invite dans son studio et, en dépit ou à cause de son aspect vieilli (qui l'attire et le dégoûte à la fois), souhaite reprendre et approfondir avec elle l'acte sexuel consommé quinze ans plus tôt. Elle résiste, au motif qu'elle ne veut pas souiller l'image iconique qu'il a conservée d'elle durant toutes ces années, puis finalement cède à son désir.

- Dans Edouard et Dieu, à l'humour féroce, on retrouve le procédé qui consiste à rendre responsable d'un engrenage qui le dépasse une décision a priori mineure prise par le héros. Edouard, un peu perdu dans une petite ville de Bohême, se consume de désir pour Alice, une jeune fille pieuse qui croit avec ferveur en Dieu et obéit scrupuleusement à ses commandements. L'un d'entre eux en particulier désespère Edouard : ne pas avoir de relation sexuelle hors mariage. Et Edouard, bien sûr, n'a qu'une obsession : faire céder la dévote Alice. Pour ce faire, il use de divers stratagèmes dont celui de faire semblant d'être un fervent croyant. Hélas, il ne fait pas bon être croyant dans un pays communiste et son zèle finit par lui causer des ennuis dans l'école où il occupe un poste d'instituteur. Il est convoqué par un Conseil composé de la directrice, une femme laide et sèche qui l'a embauché et qui éprouve un net penchant pour sa jeunesse, de la concierge, d'un instituteur et d'un inspecteur. le premier réflexe d'Edouard est de leur avouer la supercherie, mais il se ravise aussitôt :
« Il comprenait qu'en leur disant cela il ne ferait malgré lui que tourner en dérision leur sérieux; il comprenait que ces gens n'attendaient de lui que des faux-fuyants et des excuses, et qu'ils étaient prêts à les rejeter. Et il comprit (d'un seul coup, car il n'avait pas le temps de réfléchir) que le plus important pour lui, à cet instant, c'était de demeurer semblable à la vérité, ou, plus exactement, semblable à l'idée que ces gens s'étaient faites de lui. »
Il leur avoue donc qu'il croit vraiment en Dieu. Et c'est cette « franchise » qui le sauve, enfin, si l'on peut dire. Car désormais, il s'engage à se faire « rééduquer » par la directrice ce qui, en réalité, revient à coucher avec elle. Ce faisant, l'écho de son « martyr » et de sa résistance à ses « bourreaux » a fait le tour de la ville et est parvenu aux oreilles d'Alice qui, de froide et distante, devient tendre et aimante. Edouard réussit enfin à obtenir de la jeune femme qu'elle se donne à lui. Mais, las, au lieu de le faire accéder au bonheur tant espéré, sa volte-face met fin à son désir pour elle. Ce thème de la fin du désir celui-ci aussitôt consommé n'est pas franchement nouveau, mais il prend, sous la plume de Kundera, une connotation singulière qui le rend à mes yeux tout à fait intéressant :
« Et il comprenait avec tristesse que l'aventure amoureuse qu'il venait de vivre avec Alice était dérisoire, faite de hasards et d'erreurs, dépourvue de sérieux et de sens (…); et il se dit tout à coup que tous les gens qu'il côtoyait dans cette ville n'étaient en réalité que des lignes absorbées dans une feuille de papier buvard, des êtres aux attitudes interchangeables, des créatures sans substance solide; mais ce qui était pire, ce qui était bien pire, c'est qu'il n'était lui-même que l'ombre de ces personnages-ombres, car il épuisait toutes les ressources de son intelligence dans le seul dessein de s'adapter à eux et de les imiter, et il avait beau les imiter avec un rire intérieur (…) cela ne changeait rien, car même une ombre qui ricane est encore une ombre, une chose seconde, dérivée, misérable. »
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Quel bonheur de retrouver mon cher Kundera avec ce recueil de nouvelles dans lequel je replonge pour la troisième fois et toujours avec une vision différente.

Dans sa postface, François Ricard, ce remarquable essayiste québécois décédé en février de cette année, et qui fut, entre autres, l'exégète éminent de l'oeuvre de Kundera, nous dit que ce recueil, qui fut le premier écrit par Kundera, bien que publié après La plaisanterie et La vie est ailleurs, « est le point de départ de toute l'entreprise romanesque de Milan Kundera. »
En effet, ce regard lucide, ironique et désabusé, ce détachement, cette attitude désenchantée mais si profondément humaine, tout cela est dans ce recueil, ainsi que les thèmes récurrents de l'auteur, l'amour et la fidélité, les question de l'identité, de la vérité, du paraître et de l'être, de la vie que l'on ne contrôle pas., etc..

Et puis, cette postface m'a fait toucher du doigt un aspect que je n'avais pas vu, ou bien oublié, c'est la beauté de la construction, sa structure symétrique dans laquelle la première nouvelle Personne ne va rire et la dernière l'incroyable Édouard et Dieu, se répondent en abordant le même thème « politique », celle du monde communiste où l'on ne peut plus rire de tout, mais auquel on peut échapper à l'aide de la dérision, du recul amusé sur la situation.
Et de même la deuxième et l'avant-dernière ont pour sujet une certaine forme de Donjuanisme qui est celle du jeu de la séduction devenu comme un but en soi, bien plus que son résultat.
Il en est de même pour l'extraordinaire et ambiguë nouvelle le jeu de l'auto-stop, et Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts, deux nouvelles qui abordent le thème de l'illusion amoureuse.
Et ces six récits enchâssent la formidable nouvelle « centrale » ( au total 7 récits, un des chiffres fétiches de Kundera) le colloque, traitée comme une pièce de théâtre en cinq actes et à cinq personnages ( cinq, encore un chiffre Kunderien!), et dans laquelle les dialogues sont prépondérants. Dans cette nouvelle, derrière l'apparence de légèreté d'un vaudeville, toute une série de thèmes existentiels sont évoqués, avec une extraordinaire profondeur que je redécouvre, entre autres, la vérité et le mensonge, l'identité des êtres, l'amour, la vieillesse, etc…

En conclusion, une oeuvre bien plus aboutie que je ne l'avais gardée dans mon souvenir.
Mention spéciale pour le jeu de l'auto-stop qui m'a bouleversé, une fois de plus. Jeu où chacun dans ce couple de jeunes gens se crée, par jeu, une identité différente de ce qu'il est, lui le jeune homme très amoureux transformé en séducteur cynique, elle, timide et réservée, devenant une aguicheuse, une « putain ».Mais ce jeu qui était vécu initialement comme libérateur devient un piège redoutable dont les deux n'arrivent plus à se libérer, jusqu'à ce que, à la toute fin, la jeune fille éclate en sanglots en criant « je suis moi, je suis moi » et que le jeune homme allant chercher loin en lui-même la compassion, ne revienne vers elle; mais, est-ce que leur vie redeviendra comme avant, l'énigme reste entière. C'est magnifiquement écrit et décrit.
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Cela faisait une éternité que je n'avais pas relu du Milan Kundera. Et quel dommage ! Dans ce recueil de 7 nouvelles j'ai retrouvé son style et, encore plus son ton, sa manière de jeter un regard lucide et en même temps légèrement décalé sur les relations humaines. Ici il explore les relations entre hommes et femmes, et, sous son regard sarcastique les hommes ne s'y présentent pas souvent à leur avantage, en particulier dans les deux qui mettent en scène le pathétique docteur Havel (Le colloque et le docteur Havel vingt ans plus tard). Ce ne sont cependant pas mes préférées, elles sont un peu longuettes. Une troisième, bien plus réussie, aborde le même thème du jeu de la séduction (La pomme d'or de l'éternel désir), avec un personnage plus jeune cette fois.
Dans deux des nouvelles (Le jeu de l'auto-stop et Que les vieux morts cèdent la place aux jeunes morts) Kundera s'intéresse bien plus à l'image que l'un à de l'autre, à la construction de cette image, au paraître et à l'illusion amoureuse. Dans ces deux nouvelles regard et image de l'homme comme de la femme sont explorés en parallèle.
La première et dernière nouvelle (Personne ne va rire et Edouard et Dieu) mettent toutes deux en scène un personnage qui se retrouve piégé dans un engrenage à partir d'un banal mensonge qui avait l'air mineur et sans conséquence au départ. Ces deux nouvelles sont aussi prétexte à aborder un thème plus politique avec une critique du régime communiste qui se targue de valoriser la sincérité des convictions et qui en fait incite les individus à l'hypocrisie. En fait ce ton de dérision, cet humour qui naît d'un pas de côté pour échapper à un univers où l'on ne peut plus rire de grand-chose, traverse toutes les nouvelles et est typique de la plume de Kundera. Et ça m'a donné une folle envie de lire ou relire d'autres livres de Milan Kundera.
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Le texte est composé de sept nouvelles. Toutes pour moi n'ont pas la même saveur, j'ai préféré certaines mais toutes posent des questions autour du mensonge (à soi, aux autres), du jeu de dupe (envers soi, envers les autres), etc.... Des questionnements très intéressants car qu'est-ce que la sincérité, l'honnêteté? Qu'est-ce que le mensonge? Quel(s) rôle(s) joue-t-on en société, adapte-t-on ce rôle en fonction des personnes rencontrées?

Parmi les histoires:


Personne ne va rire: Comment un jour, par manque de courage, de franchise, ou par jeu (allez savoir?) un professeur voit sa vie (ses projets, ses amours, ses espoirs) brisée. Un simple refus (ou plutôt un refus qui ne dit pas son nom) face à un homme qui venait vers lui chercher un soutien éditorial transforme jour après jour sa place dans la société, transforme sa relation amoureuse, transforme ce qu'il projetait. On assiste à la chute du narrateur. Il faut ajouter que la situation prend place dans un pays "communiste".

Le jeu de l'auto-stop: Un couple part en vacances. Elle est plutôt timide, rougissante, réservée, il s'en amuse. Mais après une "pause-pipi", alors qu'il est au volant, qu'il l'attend, elle le rejoint, monte dans la voiture... Et s'installe alors un jeu entre eux. Elle joue le rôle de l'auto-stoppeuse. Un autre dialogue se glisse, il ne la connaissait pas ainsi, femme "libérée", femme prête à l'accompagner à l'hôtel, à coucher avec cet homme "inconnu"? Jusqu'où peut-elle jouer ce rôle? Quand le jeu va-t-il s'arrêter? Qui voudra le stopper?
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Le caractère dérisoire de l'existence se renouvelle au quotidien.
Les êtres de papier (dés)illusionnés de Kundera jouent leurs rôles et, spectateurs de leurs vies, ils cherchent leur reflet dans le miroir que l'autre leur tend comme dans le miroir de la salle de bains. Ils découvrent qu'ils ne sont pas à leur avantage dans le jeu de la séduction, aussi multiplient-ils leur image dans d'innombrables aventures amoureuses, s'adonnent-ils à de risibles amours. Les rendez-vous et les promesses n'étant pas toujours tenus, ils se retrouvent parfois en plan, désillusionnés, libérés de la prison de l'illusion amoureuse.
Repérages, abordages et sabordages des séducteurs et séductrices, le jeu de l'amour est une "histoire dérisoire, et d'autant plus joyeuse" mais plus encore sérieuse parce qu'il s'avère que chacune des pièces du recueil, des nouvelles amours, sont tout autant tragiques que comiques sinon plus.
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Risibles amours est une oeuvre de jeunesse de Kundera. La lire sans le savoir est sans doute une erreur. Qui recherche la maîtrise de ce fabuleux écrivain parvenu à maturité ne saurait qu'être déçu sans doute.
*
Je lui donne pourtant 5 étoiles et l'assume pleinement. J'étais à Prague lorsque j'ai trouvé ce livre chez un bouquiniste du centre-ville puis me suis plongé dans cette découverte sur un banc public, avec l'ombre dure et froide du Château en perspective. Je quittais juste la ruelle d'or, pensant avec émotion à Kafka, et vivais alors un premier amour fort compliqué. Je n'étais pas vieux non plus. Je n'oublierai jamais l'émotion intense que j'ai alors ressentie, cette impression qu'un homme un peu plus âgé et expérimenté me parlait directement, d'âme à âme. C'est comme si un ami cher avait su me communiquer directement et sa sympathie et son intelligence sensible, tout en délicatesse.
*
Ma situation était sans doute singulière mais, au-delà du cas particulier, je crois vraiment que ce petit ouvrage simple d'un jeune auteur qui allait ensuite devenir un romancier majeur du XXe siècle peut toucher un large public, en particulier de personnes jeunes.
*
Pour un adulte mûr, avec des émotions posées, une vie stable et des milliers d'ouvrages majeurs derrière lui je ne suis pas certain que cet ouvrage est indispensable. Mais jugerions-nous des albums de jeunesses de façon strictement froide et cérébrale ? Je suis convaincu que « Risibles amours » est une lecture de qualité pour un individu sortant de l'adolescence et voulant avoir sur l'amour un regard à la fois accessible pour lui et infiniment plus riche que les naïvetés et autres pauvretés si faciles à croiser. Et, bien entendu, pour qui veut comprendre Kundera, l'art du roman, le cheminement d'un génie de la littérature, c'est aussi un incontournable.
*
Merci Mr Kundera, et bravo !
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