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sur 5922 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman exemplaire, premier roman au sens moderne, roman classique par excellence… Il faut lire et relire La Princesse de Clèves !

Mme de la Fayette destinait ses oeuvres à un lectorat essentiellement féminin, plutôt aristocrate et précieux et n'osait pas signer de son vrai nom ses récits romanesques en prose à une époque où ce genre était encore un peu méprisé : avouer un roman aurait été une grave compromission pour cette femme savante, ancienne élève du grammairien Ménage, amie d'Henriette d'Angleterre, de Mme de Sévigné et De La Rochefoucauld.
La Princesse de Clèves paraît donc anonymement en 1678 ; ce roman historique à l'analyse subtile a rapidement connu un grand succès et a été traduit en anglais seulement un an après sa publication. Il faut dire que ce récit marque une vraie rupture avec toute la tradition véhiculée par Honoré d'Urfé, Melle de Scudéry ou encore Scarron : c'est une oeuvre beaucoup plus courte, avec assez peu de personnages et d'une redoutable efficacité dans l'écriture. L'intrigue amoureuse s'enchâsse dans un récit précisément daté, en 1558-59, et compte des personnages référentiels et des évènements avérés connus de tous ; cette dimension historique donne une caution sérieuse et réaliste aux personnages qui s'appuient sur les évènements pour vivre leurs histoires amoureuses.

Aujourd'hui, nous trouvons les personnages un peu trop idéalisés, uniformément beaux et nobles de coeur et d'extraction et nous avons un peu de mal à nous situer dans la Carte du Tendre entre reconnaissance, estime et inclination. Disons que l'intérêt primordial réside dans l'analyse des progrès et des effets désastreux de la passion dans la grande âme de l'héroïne. Tout commence par un véritable coup de foudre dès la première rencontre entre la princesse et le duc ; croyant que ce dernier a une liaison avec la dauphine, le princesse souffre de jalousie, réalise qu'elle est tombée amoureuse et réussit cependant à cacher cette inclination. Mais les péripéties s'enchainent avec le vol du portrait, le quiproquos de la lettre au Vidame et l'accident de cheval du Duc, et mènent la princesse à l'aveu. L'intrigue est servie par une écriture recherchée, des personnages travaillés dans une forme d'exemplarité
L'aveu constitue le noeud thématique du récit : c'est une péripétie assez extraordinaire, longuement amenée, préparée et en quelque sorte justifiée par l'auteure. Cette logique narrative nous embarrasse encore aujourd'hui comme elle a pu interroger les lecteurs contemporains ; cet aveu reste un mystère dans le refus du compromis dans une ambiance de cour, d'influences et d'intrigues féminines. La princesse apparaît anormalement vertueuse au milieu des tentations de la vie de cour. Face à cette femme admirable, le duc de Nemours se cantonne dans un rôle de héros galant, qui fait sa cour de manière discrète mais empressée, ne laissant aucun répit à la femme aimée ; la princesse a sans doute raison de refuser un amour qui, tôt ou tard, l'aurait déçue...
Les conséquences de l'aveu sont désastreuses pour le prince de Clèves, miné par la jalousie ; une méprise lui fait croire que son épouse a pu lui être infidèle et il meurt, victime collatérale de cet aveu qu'il aurait préféré ne jamais entendre.
L'influence de Corneille est sous-jacente : la princesse possède une grande volonté stoïque et sait rester lucide car elle est consciente de sa condition et de son devoir… Mais Racine n'est pas loin avec les ravages de la passion tandis que l'ombre janséniste teinte l'ensemble d'un pessimisme inévitable. Victime de son sentiment de culpabilité, la princesse est persuadée qu'elle n'a pas le droit d'être heureuse

Personnellement, ce roman me fascine et me provoque à chacune de mes lectures… Pourquoi l'héroïne a-t-elle peur de l'amour ? À quoi renvoie sa façon de fuir le bonheur ? L'analyse des sentiments des trois personnages principaux est très subtile et laisse tout un éventail de possibilités.

Les moeurs galantes du XVIème siècle, loin de provoquer un décalage défavorable à un intérêt toujours actuel, laissent une place à l'imaginaire et à la morale des contes de fées quand les héros cultivent une forme d'innocence et des valeurs de sincérité et de modestie dans des univers impitoyables.
Je recommande encore et toujours ce roman qui pousse l'introspection à ses ultimes limites, dans une intimité rare entre l'auteure, son personnage et ses lecteurs. Quel était donc le but de Mme de la Fayette en livrant cette histoire à la postérité ?
À lire et à relire.
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Il m'en aura fallu du temps avant de m'atteler à la lecture de la Princesse de Clèves (et les autres romans que contiennent mon édition, dont La Princesse de Montpensier). Mais comme j'ai bien fait d'attendre, car je ne suis pas certaine que j'aurais pu apprécier cette lecture à sa juste valeur si je m'étais lancée plus jeune. Il y a des livres qui méritent d'attendre quelques années avant d'être savourés...
Quelle finesse et quelle subtilité dans l'écriture de Madame de la Fayette ! Cette grande dame parvient à nous faire ressentir des choses sans les écrire noir sur blanc, à nous faire apprendre des pans d'histoire de France en nous parlant d'amour, de donner une morale à ses histoires sans en avoir l'air. Certes, la morale en question est assez austère puisque, si l'on devait trouver un point commun aux différents destins dont Madame de la Fayette nous parle, ce serait celui-ci : l'amour rend malheureux et plonge les amoureux dans la souffrance la plus extrême. Le destin des amants que l'on suit tout au long de ces romans n'est pas heureux et la fin de chacun est en général assez abrupte.
Mais même si les histoire de Madame de la Fayette ne se terminent jamais bien, que ces romans restent extrêmement agréables à lire, à la fois pour leur contexte historique passionnant, pour la grande qualité de son écriture, et pour les histoires d'amour elles-mêmes : de tels récits se démarquent tellement des romances modernes souvent niaises et creuses !
A lire !
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Il n'est pas toujours aisé de comprendre comment un livre devient un classique.
A quel moment le grand chambardement s'opère-t-il?
Qui est à l'oeuvre dans l'acquisition de ses lettres de noblesse ?
Je crois bien d'ailleurs, que la plupart du temps, cela ne soit réellement su de personne. Au pire subodore-t-on. Au mieux, émet-on quelques conjectures. Mais jamais ne peut-on s'établir sur une version, aussi ramifiée soit elle.
Quoiqu'il en soit, le livre devenu classique, tire la couverture à lui, s'installe dans toutes les bibliothèques et prend ses quartiers dans les manuels scolaires de nos petits.

Le classique, on se doit de l'avoir lu, relu même. On ne se souvient plus bien quand. Peut-être au collège, avec Mme Grandjean, ou pour les oraux du Bac, on était d'ailleurs « tombé dessus » comme on disait alors.
Mais après tout, on peut très facilement mentir ! Baragouiner trois mots sur la figure de Gavroche et broder quelques phrases bien senties sur Mme Bovary. Les héros des romans classiques sont tellement bien entrés dans l'imaginaire collectif que l'on juge bien souvent que l'on peut aisément se passer de la lecture des romans. Avec un peu de chance, un film sera né de leurs pages, et en une heure ou deux, on aura rattrapé le "retard".

Mais il est difficile de procéder ainsi pour tous les romans que l'on qualifie de classiques. Car si l'on peut se débrouiller avec les films issus des romans Anna Karenine de Tolstoï ou Orgueil et Préjugés de Jane Austen, il semble nettement plus compliqué de s'approprier La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette en faisant l'économie du papier. Cette histoire est si datée, si surannée, si délicieuse, qu'elle n'a de saveur qu'en s'étalant sur les pages jaunies d'un vieux roman.

Cette histoire, c'est celle d'une femme qui aime un homme et qui est aimée par lui mais qui toujours se refuse à cette passion. Publiée en 1678, d'abord de façon anonyme, La Princesse de Clèves prend pour cadre la cour des Valois, durant les dernières années du règne d'Henri II. Bien campé dans un univers extrêmement bien décrit et documenté, le roman a tout d'une fresque historique et galante. Pourtant, nombreux sont les éléments qui transcendent le genre, faisant de la princesse de Clèves une tragédie racinienne, une nouvelle psychologique et le premier roman d'analyse.

Mais nul besoin ici de faire un énième commentaire de ce texte maintes fois expliqué, traduit et épluché.
Nul besoin de s'appesantir sur l'impact qu'eut ce roman, sur ce qu'il induisit comme bouleversement sur le plan littéraire.
Nul besoin enfin de chercher à le faire entrer dans un genre, une catégorie, rassurante s'il en est.
Besoin en revanche de le mettre entre des mains. Toutes les mains.
Besoin de continuer à le faire vivre, à le faire lire, à le faire aimer.
Besoin de se réapproprier sa chair, de sentir à nouveau son parfum.

Alors je propose une critique amoureuse de la princesse de Clèves, radicalement subjective, résolument personnelle et peu documentée. Car les grands textes ne méritent pas seulement une place dans nos bibliothèques et sur nos étagères, ils ont le droit de siéger dans nos coeurs et de régner sur nos âmes, avec panache, fougue et passion. Ils doivent être défendus, moqués, attaqués, aimés et surpris avec des yeux d'aujourd'hui. Ils doivent être laissés sur les bancs et devant les écoles, dans le tiroir d'un collègue ou dans le sac d'une amie. Ils doivent être lancés dans le vent, se dilater, et disparaître dans les âmes de tout un chacun.

La princesse de Clèves c'est l'image d'un amour comme on n'ose plus la montrer aujourd'hui.
C'est le cri d'un coeur qui saigne, la résignation d'une âme qui pleure.
C'est un carcan de règles morales et de normes qui détruisent et élèvent, qui transforment la plus belle émotion en un rêve doux et inaccessible.
C'est le feu d'une passion, la rage de la voir s'épanouir, la peur de la voir disparaître.
C'est un faisceau de sentiments magnifiques et troublants, sagaces et bouleversants.
C'est beau et regrettable.
Chaque mot est taillé, ciselé, arraché au corps d'une pièce de métal en fusion et posé là, devant nous, scintillant et dévorant. Qu'il est doux de sentir que les mots (que l'on croit souvent trop faibles à exprimer les plus grandes émotions) sont capables de faire émerger un amour dans le plus simple des appareils et la plus majestueuse des formes!

Face à nous, entre les pages de la princesse de Clèves,
palpitante,
une merveille de puissance, de folie et d'abnégation.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Que dire de plus que les innombrables critiques.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, vu l'énumération de nobles personnages, parmi lesquels je me perdais.

Mais une fois cette introduction dépassée, l'analyse des soubresauts de la morale (je ne parlerai pas personnellement de raison) sur les sentiments, les émotions et le ressenti sont d'une finesse peu commune. Une immense impression de déjà lu en repensant à la courses d'obstacles ou aux amours impossibles de grands noms de la littérature et pourtant, madame de Lafayette, c'est évidemment avant, c'est elle la précurseuse, avec en plus le fait que ce soit une femme, quand, même bien après, tant de femmes vont se cacher sous des pseudos masculins pour pouvoir écrire.

C'est donc une lecture obligatoire à plus d'un titre. Même si effectivement, la fin laisse sur sa faim. Mais pour le reste de l'ouvrage, vraiment, si vous ne l'avez point encore lu, dépêchez-vous. Il n'est jamais trop tard. La preuve.
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● Tout le talent de madame de Lafayette éclate dans "La Princesse de Clèves", roman passionnant où le style simple et élégant de la célèbre écrivaine fait merveilles.
Avec cette sobriété, cette simplicité et cette élégance, cette hauteur de vue qui la caractérise, la grande auteure française, nous livre un beau roman, plein de réflexions psychologiques et sociales subtiles.
Ce qui m'émerveille surtout, c'est l'art avec lequel madame de Lafayette raconte ces histoires… Elle sait m'envoûter avec ce style simple, beau, élevé, élégant…
Un excellent roman de madame de Lafayette !...

● Quel roman, oh, quel roman ! Novateur, comique, tragique… Et quelle façon de raconter a Madame de la Fayette !... Quelle façon admirable ! Ah, qu'elle me plaît, qu'elle me plaît, La Princesse de Clèves ! Que j'ai eu de plaisir à la lire, La Princesse de Clèves ! Que c'est plaisant ! Que c'est plaisant, que c'est plaisant, de lire ce roman extraordinaire ! Quel délice, tout simple ! Comme quoi, les grands artistes ne sont pas forcément ceux qui font les livres les plus élaborés. Steinbeck me l'avait déjà montré avec Des Souris et des Hommes et Madame de Lafayette me le prouve encore avec son très, très beau roman.
Magnifique !
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J'ai adoré ce roman lu il y a quelques années déjà... Les personnages de haut rang de cette société évoluant à la cour du roi Henri II sont en fait des jeunes gens qui n'ont pas toujours pu choisir leur destin. Les sentiments passionnés et interdits qu'ils éprouvent les uns pour les autres leur font courir à tout moment des risques inconsidérés. Dangereuses liaisons ! Perdre son honneur ou sa réputation à cette époque et dans ce milieu est le pire qu'il peut leur arriver.
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Voici un classique indémodable, au-delà de toute polémique et hors du temps. Un roman psychologique, historique, social, publié en 1678 par une femme, Madame de la Fayette. Et une fois franchie la barrière de la langue – ici aussi – on ne le lâche plus jusqu'à la dernière page.
Car le plus difficile est d'y entrer. le langage de cette fin du XVIIIème siècle, les conventions de l'époque, la description des codes de comportement nous sont aussi étrangers que le langage des cités et les modes vestimentaires des jeunes d'aujourd'hui. Passées les premières pages, on entre rapidement dans le vif des sentiments, des émois, des regards, des brusques rougissements, des larmes et des soupirs des jeunes gens de la plus haute noblesse, pleins d'énergie et de fougue.
Mademoiselle de Chartres a seize ans lorsqu'elle est présentée à la cour d'Henri II, ce roi élégant et doué, amoureux depuis très longtemps de Diane de Poitiers, comtesse de Vermandois, pourtant largement plus âgée que lui. La reine Catherine de Médicis la hait. La Cour se répartit en deux camps irréconciliables : les partisans des Guise, princes de Lorraine et ceux du Connétable de Montmorency, plus proches de la nouvelle religion réformée.
Mademoiselle de Chartres, coachée par sa mère, est d'une rare beauté. Tous les jeunes hommes qui l'aperçoivent en tombent amoureux, et en particulier le Prince de Clèves qui conçoit envers elle une passion dévorante. Elle, blonde et gracile, l'épousera bientôt mais sans amour, ce qui est le lot des jeunes filles de l'époque. Cependant, elle va tomber follement amoureuse du séduisant duc de Nemours. Sur son lit de mort, sa mère la prévient de cette inclination qu'elle a percée à jour, en lui rappelant qu'à la Cour, tout n'est que faux semblant et qu'elle préfère la mort à la honte de voir sa fille manquer à l'honneur.
Madame de Clèves se défend de la passion qu'elle éprouve pour Nemours. Lui est d'autant plus accroché que cette beauté reste à son égard d'une rigueur inhabituelle. Il va tout mettre en oeuvre pour savoir si son amour est partagé. Portrait volé, lettre égarée, mensonges, trahisons, ragots de cour, maladies feintes … Tout le répertoire du théâtre classique est mis en oeuvre, suivant les méandres de la carte de Tendre. C'est digne d'un roman-photo où l'on suit pas à pas l'évolution des sentiments de la jeune femme torturée entre attachement irrépressible et respect des engagements. On n'oublie pas qu'elle n'a que dix-huit ans. Nemours, lui, est un personnage imbu de sa personne, un séducteur compulsif qui tombe pour la première fois sur un obstacle qui, lui résistant, le rend fou. Il sera maladroit, indiscret et cruel. Monsieur de Clèves est d'autant plus jaloux que sa belle et sage épouse lui avoue qu'elle est éprise d'un autre homme et qu'elle souhaite, pour résister à cette funeste inclination, ne plus paraître à la Cour, ce que le Prince lui refuse : elle doit tenir son rang. Il mourra de jalousie sur la foi d'une fausse information, elle se refusera à Nemours une fois libre, car pour elle, un amour ne peut durer sans drame, et qu'elle le tient pour responsable de la mort de son époux. C'est en effet parce que sa femme ne parvient pas à l'aimer que le prince de Clèves ne cesse de l'aimer avec passion, à en mourir.
Premier roman psychologique de la littérature française, La Princesse de Clèves est étudiée au lycée. Je me souviens de l'avoir lue par obligation donc sans plaisir. Sa relecture cinquante années plus tard est une découverte. J'imagine les atours, la coiffure de cette blonde à la peau de velours, son cou gracile ourlé d'une fraise bouillonnante, sa robe de brocart et ses perles, sa toque de velours posée de côté …Un monde si éloigné du nôtre, mais où les sentiments de l'amour naissant sont ceux que nous avons tous éprouvés un jour ou l'autre.


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Nous sommes en 1558 à la cour des Valois, sous le règne de Catherine de Médicis et de Henri II qui a pris pour maîtresse la duchesse de Valentinois, plus connue sous le nom de Diane de Poitiers. La Reine Dauphine, Marie Stuart, jeune épouse du dauphin du roi, mène une vie insouciante à la cour, entre divertissements et petites intrigues, encore bien loin des épreuves qu'elle connaîtra à son retour en Ecosse.

Sur ce fond historique, Madame de Lafayette introduit le personnage imaginaire de Mademoiselle de Chartres, belle et vertueuse jeune fille de 16 ans que sa mère décide de marier à Monsieur de Clèves qui en est très amoureux. Mais Madame de Clèves n'éprouve qu'une affection respectueuse pour son mari. Peu après son mariage, elle rencontre lors d'un bal le Duc de Nemours et tous deux tombent éperdument amoureux l'un de l'autre. S'ensuit un jeu du chat et de la souris qui durera jusqu'aux dernières pages du roman, Madame de Clèves se refusant à avouer sa passion au Duc de Nemours, tout en se trahissant à de multiples reprises, le Duc la poursuivant de ses assiduités sans succès...

Semblable à une tragédie, l'histoire se déroule sur une période relativement courte et met en scène la passion refoulée de Madame de Clèves qui se refuse à l'adultère, ses épanchements et atermoiements permanents sur la conduite qu'elle doit tenir envers son mari et le Duc de Nemours, les conséquences fatales de l'aveu qu'elle finira par faire à son mari, la jalousie qu'éprouvent tour à tour les trois protagonistes de ce triangle amoureux...

Quelques scènes fortes évoquent irrésistiblement la peinture galante de Fragonard comme celle, sublime, où Madame de Clèves se croyant seule dans son petit pavillon de jardin s'abandonne à sa rêverie amoureuse sur un lit de repos et enrubanne la canne du Duc de Nemours avec ses couleurs tandis que celui-ci l'observe à la dérobée, à travers une fenêtre...

On ne peut s'empêcher de la trouver parfois un peu bécasse cette princesse de Clèves ! Mais il ne faut pas oublier qu'elle n'a que 16 ans, ce qui fait bien jeune pour se défendre à la cour, dans ce milieu où se nouent en permanence des intrigues qui peuvent faire et défaire une réputation d'un mot ou d'une lettre volontairement égarée. De plus, même s'il se déclare passionnément amoureux d'elle, on sait que le Duc de Nemours était auparavant un véritable libertin et l'on peut douter de la sincérité de sa passion.

Malgré le style un peu précieux mais si élégant du XVII ème siècle dont use Madame de Lafayette, ce roman d'analyse psychologique se lit facilement, agréablement même. Une très belle lecture !
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La Princesse de Clèves ou un parangon de vertu!
A la cour d'Henri II où les liaisons et la séduction sont omniprésentes, la Princesse de Clèves fait figure d'exception.
Sa lutte pour rester intègre et fidèle à son mari est constante, malgré les nombreuses sollicitations et incitations des personnes qui l'entourent. Seule sa mère et l'éducation reçue l'en dissuadent.
Une lecture plaisante (suivie du film avec Jean Marais!) que je regrette de ne pas avoir faite avant.
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Ouh là, tu nous lis un classique bien aventureux dis donc.

Et oui, à l'heure où nous lisons tous et toutes, parfois à l'insu de notre plein gré d'ailleurs, de la littérature de plus en plus libertine, avec de l'intrigue ou pas d'ailleurs. Vous vous demandez sûrement ce que fait la Princesse de Clèves dans le coin. S'est-elle perdue ? Ai-je été victime d'une vague de jansénisme aigue à avoir lu trop de livres conseillés par Candy ? Nan. Comme toujours, cela démarre avec une conversation. Ici, vu que c'est un classique, vous vous doutez bien que c'est Yumi qui m'a demandé si j'avais lu ce livre. J'ai abandonné clairement le compte des années où je l'ai lu car je pense que c'était début lycée ou fin collège. Même si les raisons sont obscures. Je dois en avoir deux possibles à vous proposer. La première est que ce livre a été acheté par un de mes deux grands pères dont la mission dans la vie (et pour ma plus grande joie) était de me faire lire beaucoup de classiques. Cela dit, mon grand père est plutôt un adepte du naturalisme alors la Princesse de Clèves.... La seconde hypothèse et donc la plus probable est l'étude de l'amour courtois. Mais ce roman n'est pas du tout de l'amour courtois.

Non, mais cette année là où j'ai découvert Chrétien de Troyes, je m'étais lancée dans ma petite étude perso sur les romans d'amour au cours des siècles. (oui les hormones toussa toussa). Et ce fut cette année où j'ai redécouvert le Rouge et le Noir, par exemple. Mais j'ai surtout découvert les Liaisons dangereuses, et quand j'ai demandé de voir d'autres choses à ma libraire de l'époque. Elle m'a dit que concernant les Liaisons, son double "bénéfique" était La Princesse de Clèves mais que de mémoire, elle pensait que je pouvais le lire haut la main. Et c'est amusant de voir qu'à un siècle de différence d'écriture, les romans sont totalement différents. Que ce soit dans la construction que dans la manière de voir l'adultère. Disons que pour la Princesse de Clèves, on avait les conversations de salon où grosso modo, les nanas se racontaient les potins du coin, se demandant s'il fallait répondre à leurs amants ou pas et comment ne pas entâcher une réputation. Pour les Liaisons, c'est plutôt des histoires de tableaux de chasse, à chasser la vertueuse, justement.

Et donc quand je lis l'un ou l'autre de ces deux romans, je les compare à chaque fois. Parce que cela m'amuse et que cela me rappelle aussi mes 15 ans où je cherchais l'amour dans les écrits plutôt que dans des boutons d'acné et une voix australopithèque mutante. C'est aussi cela d'être victime de bullying mes amis. Quand on est tout seul dans la cour. Et bien, soit on se morfond, soit on se cultive. Et j'avais de très bon livres avec moi.


Et la construction du livre ?

Alors, pour tous ceux qui veulent lire la Princesse de Clèves à froid, sans préparation, sans rien. Laissez moi vous dire que vous n'allez pas être submergés par l'action. le livre est construit en 4 parties qui sont en fait 4 chapitres. Et le premier se borne à vous décrire les personnages, lerus vies, leurs apparences, la cour du roi, l'histoire du monde, le temps qu'il fait, et les tenues de ces dames. Au milieu de tout cet ensemble de descriptions absolument passionnantes (j'ai cru que j'allais perdre Yumiko), on a une nana qui se retrouve dans une bijouterie et là le Prince de Clèves passe. Et hop, il est amoureux donc il l'épouse. La tite dame n'est pas forcément amoureuse mais devant un beau titre de noblesse, ma foi, on peut faire un effort et hop la boum, fin de la première partie.

Et oui c'est comme ça. Tu as une scène de presque action dans tout le truc. Mais dans la seconde partie, il y a des dialogues (ne faites pas cette tête là, cela va bien se passer). Alors non, je ne vais pas du tout vous raconter cette histoire. C'est juste que la construction de ce récit se fait réellement comme l'amour courtois. Dans le sens où on a une dame mariée. Passe un jour un mec qui tombe fou amoureux d'elle et il va cultiver son amour, lui piquer des trucs et tout et tout. La nana s'en rend compte mais elle ne va pas tromper son mari. Nan. Elle va avouer son sentiment à celui ci et se retirer du monde pour éviter la tentation.

Ainsi, face à l'adultère, même en pensée, on a la punition du mari (il meurt de chagrin), la punition de l'amant (il ne fera pas hum hum), et la sacralisation de la vertu car la femme objet de désir se retire de la vue des autres (afin d'éviter les contaminations, sûrement) et se réfugie auprès de Dieu parce qu'elle prie tout le temps pour expier sa pensée impure.


Alors c'est à lire ou pas ?

C'est un classique alors je pense que forcément, je vous dirai bien que oui. Cela dit, prenons notre société actuelle où les questions de moralité sont de plus en plus difficiles à traiter. On a des romans qui prônent la liberté sexuelle, le divorce ou même la séparation avec son compagnon ou sa compagne, c'est plutôt facile. On n'est plus à se demander si penser c'est tromper mais plutôt si toucher c'est tromper. Alors, pour les gens d'aujourd'hui, je conseillerai peut être les Liaisons dangereuses et du coup, en comparaison, après, pour vous refroidir, la Princesse de Clèves.

L'écriture est un peu vieillotte dans sa construction mais cela vous permettra de bien voir comment les romans se construisaient à l'époque. Et surtout je pense que cela peut vous aider à comprendre comme l'époque (XVII° siècle de mémoire) voyait la vertu. Comment ils pouvaient idéaliser une relation entre hommes et femme. Ce n'est pas la passion dont il est question ou la satisfaction d'un désir. Ce sont les convenances, tout simplement.

En bref ?

Alors, oui quand je lis un classique comme ceci, mon cerveau a deux neurones qui se touchent. Je me marre comme pas possible, ce qui a permis à Yumiko de se prendre un très beau fou rire à propos d'une canne. Et des dialogues aussi. Mais si l'on prend mon point de vue personnel, oui j'ai eu un très grand plaisir de le relire. Comme quand vous allez visiter de nouveau un lieu de votre enfance. Et là la magie opère, encore une fois :)
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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La Princesse de Clèves (IV Partie)

Quand elle commença d'avoir la force de l'envisager, et qu'elle vit quel mari elle avait perdu, (...)______ qu'elle eut pour elle−même et pour monsieur de Nemours ne se peut représenter.

l´haine
l'amour
l'horreur
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