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sur 5923 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La passion amoureuse de deux êtres, la princesse de Clèves et le prince de Nemours. Il est l'un des hommes les plus en vue à la cour royale, elle est très jeune et très belle, mais aussi mariée. Un sujet intemporel !
Un cour récit dans lequel l'auteure décrit les tourments que vit cette femme car pour elle, l'infidélité est inimaginable.
La plume de Madame de Lafayette est très belle, la langue est soutenue, la description de l'état psychologique des personnages est précise.
Un très beau moment de lecture !
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Un petit chef-d'oeuvre qui montre combien les rapports humains sont tributaires d'un tyran : le langage. Dans une société où chacun cherche à s'élever, plaire ou nuire - la cour du roi Henri II -, le moindre mot, la moindre intonation, le moindre regard, un visage qui pâlit ou s'empourpre, tout, absolument tout est susceptible d'être interprété à charge ou à décharge (plutôt). Tout est langage et dit quelque chose… jusqu'au silence, lui-même traqué. Dans un tel monde avide d'intrigues et à l'affût du plus petit faux pas, prêt à en imaginer là même où il n'y en a pas, comment, quand on est une femme, ne pas être compromise et voir sa réputation aussitôt ruinée si on développe une passion amoureuse, alors qu'on est mariée à un homme qu'on respecte et estime, mais qu'on n'aime pas ? le simple fait d'aimer illégitimement, même en secret et sans satisfaire sa passion, met déjà en danger, car le sentiment peut à tout moment trahir celle qui aime et si elle parvient à dominer ce sentiment, menace encore le danger que la passion réciproque de l'autre ne la précipite, par une éventuelle impatience, maladresse ou imprudence de sa part à lui, dans la catastrophe. C'est la situation périlleuse dans laquelle vont se retrouver la toute jeune princesse de Clèves et le duc de Nemours, deux êtres d'exception qui conjuguent beauté physique sans pareille et beauté morale sans égale.

Dans ce roman, c'est incontestablement le langage qui tient le premier rôle: non seulement en raison de la prose si savoureusement précieuse de l'autrice, son art de la langue, mais aussi parce que le langage est le ressort de l'action et l'action même, les événements qui décident du destin des protagonistes étant essentiellement des événements de langage: le doute, l'étonnement, l'allusion, l'insinuation, l'affirmation, la contestation, la protestation, la question, le mensonge, etc. et bien sûr les figures de style. La passion amoureuse entre la princesse de Clèves et Nemours enclenche ce qui va ainsi constituer le contenu du livre: les discours de chacun des deux avec lui-même et avec les autres pour contrôler, autant que possible, le discours des autres entre eux et avec eux-mêmes. Il fallait tout le génie et le talent de Madame de Lafayette pour livrer une analyse de cette complexe mécanique intime et sociale qui, du début à la fin du livre, tient en haleine malgré le caractère élémentaire de l'histoire.

N. B.: Selon Geneviève Mouligneau, docteur en philologie romane de l'Université Libre de Bruxelles, la plupart des ouvrages de Madame de la Fayette publiés au XVIIe siècle seraient dus à Jean Regnault de Segrais (1624-1701), un littérateur de profession, qui fut secrétaire de la Grande Mademoiselle, et auquel on attribue désormais couramment les Nouvelles françaises ou Divertissemens de la princesse Aurélie, parmi d'autres ouvrages. Geneviève Mouligneau ajoutait même que des lettres de la correspondance de Lafayette, que l'on tenait pour authentiques, n'étaient que des faux du XIXe siècle.
Voir: https://contagions.hypotheses.org/881
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Qu'est-ce à dire, Nicolas, qu'il ne faudrait pas qu'on impose aux élèves de France et de Navarre la lecture douloureuse et pénible de la Princesse de Clèves ? Pourquoi tant de mépris pour une oeuvre, certes précieuse (mais peut-être est-ce là le bât qui vous blessa cher Nicolas), mais en réalité si admirablement écrite, rythmée, aux motifs esthétiques variés, au style carrément envoûtant pour qui aime un peu lire, au-delà même de ce qui est raconté, et toujours allant au gré de rebondissements et des intrigues de cour (celle "des dernières années du règne d'Henri second") et de coeur, à chaque fois plus singulières ?
Comment as-tu pu croire, Nicolas, qu'on pouvait briller comme un astre et être original auprès du public, dont tu étais pourtant l'employé !, en faisant état d'une manière si hautement démagogique, de ton ignorance et de ton inculture vis-à-vis d'une oeuvre aussi capitale et inoffensive que l'est celle de madame De La Fayette? Je conchie ceux qui, parmi les politiciens comme toi Nicolas, utilisent à des fins idéologiques et par goût d'un sensationnel vendeur de polémiques, le crédit qu'ont certaines oeuvres auprès de quelques lecteurs pas plus méprisables que d'autres pourtant, pour affirmer haut et fort, et confirmer, au-delà même de ton inculture crasse Nicolas, la bêtise hélas trop répandue d'une époque absurde et illettrée qui fait que, de jours en jours, d'années en années, la fréquentation du domaine médiatique par des ânes tels que toi relève de plus en plus du parasitage culturel et démocratique pur et simple !
Je préférerais toujours infiniment quelqu'un qui n'aime pas La Princesse de Clèves parce qu'on l'aura lue et moyennement goûtée, plutôt qu'un qui a décrété que cette oeuvre était indigne d'être lue par quiconque à cause d'un vague et lointain traumatisme qu'elle aurait produit sur un esprit encore jeune et mal dégrossi comme le tien Nicolas, oeuvre d'ailleurs à laquelle on n'aurait rien compris, quand bien même cet esprit serait-il voué un jour, et l'histoire nous l'aura en effet hélas fait sentir depuis, à gouverner la France !
Un pur plaisir esthétique, celui du lire pour lire, fût-ce incompréhensible.
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Melle de Chartres doit devenir la Princesse de Clèves. A-t-elle le choix?
Sûrement pas dans cette société brillante des derniers Valois. Bijoux convoité dans un écrin qui tombe en poussière, le héros féminin sera tout de même tenté par la passion, incarnée par M de Nemours.
Oui mais rien n'est simple et poussée à la fois par les préjugés de la société et la haute opinion de soi, la jeune femme hésitera. La révélation de la vérité à son mari ne sera pas un rempart et finalement, une seule option lui sera permise : la retraite. Une tragédie? pas si sûr car après tout, la passion assouvie ne devient-elle pas une routine insupportable? Et le jeune héros ne se transformera-t-il pas en vieillard repoussant? Préférer l'idéal à la réalité et au prosaisme est peut-être le tort de la princesse mais après tout peut-on la blâmer?
C'est ainsi qu'une femme de l'Ancien Régime met en avant son droit à la liberté dans une société où il est seulement permis d'être mère ou religieuse. Un livre à conseiller à tous : un choix de liberté qui n'apporte pas le bonheur mais qui témoigne d'une volonté de ne pas se laisser dicter son destin, ni par la société ni par ses instincts.
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La Princesse de Clèves
Madame de la Fayette (1634-1693)
« La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri le second. »
Ainsi commence l'histoire de la Princesse de Clèves, un des romans les plus célèbres du XVIIe siècle. Paru en 1678 sans nom d'auteur, ce roman précieux, historique et d'analyse se passant à la cour des Valois au XVIe siècle connut immédiatement un succès retentissant et reste de nos jours un des plus beaux romans d'amour de la littérature française. Madame de la Fayette, de son vrai nom Marie-Madeleine Pioche de la Vergne comtesse De La Fayette, fut l'amie De La Rochefoucauld et de Madame de Sévigné.

Petit rappel historique.
Henri II, duc d'Orléans et de Bretagne, second fils de François Ier et de Claude de France naquit en 1519, et régna de 1547 jusqu'à sa mort en 1559, survenue de façon accidentelle lors d'un tournoi (contre Montgomery, capitaine de la garde royale), organisé pour le mariage de sa fille Élisabeth avec Philippe II roi d'Espagne. Epoux de Catherine de Médicis il avait une première favorite en la personne de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois dont la reine, dissimulatrice, ne sembla jamais jalouse. Diane de Poitiers avait été la maitresse de son père François Ier et l'était encore de bien d'autres comme le comte de Brissac. Henri II accéda au trône en 1547 suite à la mort de son frère aîné François le dauphin en 1536. Il était un séducteur et aimait le commerce des femmes. Hélas sous son règne débuteront les terribles guerres de Religion.
L'histoire.
Mais tout d'abord une précision sémantique importante à savoir qu'au XVIIe siècle le mot « amant » signifie seulement « celui qui aime » sans connotation sexuelle comme de nos jours.
Arrive un jour à la cour une vertueuse beauté âgée de quinze ans qui attire les yeux de tout le monde, une beauté parfaite issue de la Maison de Chartres. Orpheline de père, elle est élevée par Mme de Chartres sa mère qui ne se contente pas de lui apprendre à cultiver sa beauté et son esprit mais fait tout pour lui donner en plus vertu et amabilité. Chez un bijoutier italien elle est remarquée par le prince de Clèves, un homme respectable et de haute naissance, ami de François de Lorraine duc de Guise. Il est séduit par sa beauté et ne voit d'autre issue pour la revoir que de se confier à Madame, la soeur du roi, qui a une grande influence à la cour et qui organise la rencontre. Par la suite Mlle de Chartres devient la favorite de la Reine dauphine, Marie Stuart l'épouse du dauphin fils ainé du roi, et fréquente Mesdames filles du Roi et fait l'unanimité à la cour, excepté auprès de Madame de Valentinois, la favorite du Roi. Passionnément amoureux, le Prince de Clèves d'un statut social plus élevé que celui de Mlle de Chartres, désire ardemment l'épouser. Ce que sait hélas aussi le prince, c'est que son ami le chevalier de Guise en est lui aussi amoureux depuis le premier jour qu'il l'a vue. Et puis le père du prince, le duc de Nevers est aussi un obstacle probable de par son étroite relation avec Madame de Valentinois ennemie de la maison de Chartres. Il faut dire qu'à la cour, l'ambition et la galanterie sont source de cabales et de jalousies, de commérages et d'intrigues amoureuses et politiques.
« …On n'y connaissait ni l'ennui, ni l'oisiveté, et on était toujours occupé des plaisirs ou des intrigues…Ainsi il y avait une sorte d'agitation sans désordre dans cette cour, qui la rendait très agréable, mais aussi très dangereuse pour une jeune personne. »
La mort du duc de Nevers son père laisse le champ libre au Prince pour demander en mariage Mlle de Chartres, mais avisé, « il eut préféré le bonheur de lui plaire à la certitude de l'épouser sans en être aimé. » Car il apparaît que la demoiselle n'éprouve aucune inclination particulière pour le Prince, son sentiment étant d'estime tout au plus. Quoi qu'il en soit, le mariage se déroule au Louvres, mariage qui donne au Prince des privilèges mais pas davantage de place dans le coeur de sa femme.
À la cour la beauté de Mme de Clèves ne laisse de susciter de l'admiration et Jacques de Savoie duc de Nemours, grand séducteur, homme brillant de retour de Bruxelles ne peut qu'être surpris par sa beauté et lorsqu'il fut proche d'elle et qu'elle lui fit la révérence, il ne peut s'empêcher de donner des marques de son admiration, et en peu de temps faire une grande impression dans le coeur de Mme de Clèves. « Se voyant l'un et l'autre ce qu'il y avait de plus parfait à la cour, il était difficile qu'ils ne se plussent infiniment. »
Sur son lit de mort Mme de Chartres rappelle ses devoirs à sa fille et ce qu'elle doit à son époux, la met en garde quant à sa réputation si elle se laisse séduire par le duc de Nemours.
Des récits secondaires viennent se greffer sur l'intrigue centrale et illustrent la thèse centrale en attirant l'attention sur les désordres de l'amour. Ainsi la seconde partie de ce récit cite entre autres la conversation que tient M. de Clèves à sa femme au sujet de la relation entre Mme de Tournon et son amant M. de Sancerre, (ami de M. de Clèves), qu'elle trompe avec M. d'Estouville. Leur projet de mariage semble prendre mauvaise tournure car M. de Sancerre n'est pas un parti assez bon pour elle. de retour de voyage M. de Sancerre apprend et la mort subite de Mme de Tournon et son infidélité et se confie à M. de Clèves.
Également est évoquée par la reine Dauphine, Marie Stuart, à l'intention du duc de Nemours, la vie de Anne Boulen (ou Boleyn) qui fut la seconde femme de Henry VIII d'Angleterre, reine consort de 1533 à 1536 et mère de la reine Élizabeth I ère. Née en 1501, son mariage avec Henry VIII est à l'origine de la réforme anglaise, Rome tergiversant pour accorder le divorce à Henry d'avec Catherine d'Aragon. Accusée injustement de trahison, d'adultère et d'inceste avec son frère le vicomte de Rochefort, elle fut décapitée en 1536.
On ne peut que remarquer dans ce roman qui est aussi une peinture des moeurs de l'époque la précision du style dans l'action et la subtilité de l'analyse du caractère des personnages et des passions qui les animent. On peut dire que Madame de Lafayette a su concilier dans cette oeuvre la subtilité romanesque de l'esprit précieux et la vérité sobre et éternelle du classicisme. Les situations sont souvent compliquées et parfois invraisemblables.
Dans la troisième partie, on découvre la lutte de Mme de Clèves avec des rebondissements incessants pour ne point succomber au charme du duc de Nemours, quitte à s'éloigner un temps de la cour après avoir avoué à son époux qu'un prince de la cour, sans en citer le nom, la poursuit de ses assiduités et qu'elle en est touchée de passion. le duc de Nemours dissimulé derrière une porte assiste à la confession de la princesse. La jalousie de M. de Clèves va grandissante malgré la grande marque de sincérité que constitue l'aveu de son épouse. Garder le secret est le plus difficile, et des bruits courent … Mais Mme de Clèves se refuse au duc de Nemours autant par souci de sa tranquillité que par respect de son devoir d'épouse. Et puis elle lui en veut de son manque de discrétion et de son imprudence dont il s'afflige in fine : elle sait qu'elle a eut tort de croire qu'il y eût un homme capable de cacher ce qui flatte sa gloire. La troisième partie se termine sur la mort du roi lors du tournoi organisé lors du mariage de sa fille.
Après la mort du roi, la cour change complètement de face pour passer aux mains des Guise par l'intermédiaire du cardinal de Lorraine Charles de Guise qui devient le maître des finances, avec l'arrivée du duc de Guise aux commandes des armées. le connétable du roi, M. de Montmorency est le premier écarté, puis c'est le tour de Diane de Poitiers. A lieu à Reims le sacre du nouveau roi, François II, fils de Henri II, et époux de Marie Stuart.
La mort de M. de Clèves qui plonge Mme de Clèves dans une douleur et un abattement indicibles, ne laisse pas de donner espoir au duc de Nemours de conquérir définitivement le coeur de la princesse, mais c'est sans compter sur le goût du sacrifice qui habite Mme de Clèves pour honorer la mémoire de son mari. Elle va prendre une décision irrévocable en accord avec son sentiment du devoir bien que son amour pour le duc de Nemours n'ait faibli.
En définitive c'est une vue pessimiste du monde et la négation de la possibilité d'atteindre le bonheur malgré les apparences qui domine dans ce magnifique récit. L'influence du jansénisme sur le caractère de la princesse est évidente, qui met en lumière le fait que l'amour mène à la perdition et à la mort selon un destin inexorable qui nie la notion de liberté humaine.
En conclusion, un chef d'oeuvre éternel.


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Je profite de l'excès de temps que me laisse ce second confinement pour lire certains classiques, qui étaient restés longtemps dans ma PAL. La princesse de Clèves est peut-être le plus célèbre des premiers romans en langue française. Il a été écrit par Madame de la Fayette (1634-1693) qui a eu toute sa place à la cour de Louis XIV.
Le cadre de l'histoire se déroule est la cour du roi Henri II. Tout le roman est consacré à l'amour "impossible" entre le duc de Nemours, le plus séduisant de tous les gentilhommes, et Mademoiselle de Chartres, la plus vertueuse des belles jeunes femmes introduites à la cour. Celle-ci a été vite mariée au prince de Clèves, un homme honnête et sincèrement épris, pour lequel elle a respect et estime, mais qu'elle n'aime pas d'amour. Or, elle conscientise peu à peu sa passion pour le duc de Nemours qui, lui-même, est devenu amoureux fou. Mais la princesse s'abstient obstinément de lui céder. Après de longs rebondissements, le dénouement du roman arrive: le prince de Clèves meurt de chagrin. Désormais libre, la princesse a un premier et dernier véritable entretien en tête-à-tête avec le duc: elle refuse définitivement un remariage avec lui.
Le lecteur est plongé dans un débat "cornélien" poussé à l'extrême. Il ne discerne pas nécessairement toutes les motivations des protagonistes et se trouve confronté à une éthique exotique, c'est le moins qu'on puisse dire. L'auteure représente - avec virtuosité - toutes les affres de l'amour (platonique, en l'occurrence) et imagine des éléments romanesques assez artificiels comme, par exemple, la perte de la lettre compromettante, attribuée d'abord au duc de Nemours. de là à taxer tous ces épisodes d'aimables marivaudages, il y a un grand pas que je ne franchirai pas. Dans le roman, l'inachèvement de l'amour est une question très sérieuse qui a une dimension tragique. La romancière prend tout son temps pour explorer les ressorts de l'âme humaine, corsetée ici par une conception très élevée du "devoir "
J'ai été étonné par la langue utilisée par l'auteure, qui m'a semblé très facile à lire (a-t-on adapté le texte pour le lecteur du XXIème siècle ?). Au début, on est perdu dans la galerie des nobles personnages; à la cour, il y a plusieurs reines (la "reine dauphine" est plus connue sous le nom de Marie Stuart) que l'on finit par bien distinguer. La cour royale est décrite d'une façon détaillée. On s'étonne de voir comment évoluent les personnages, oisifs ou concentrés sur des tâches uniquement honorifiques. Enfin, la mort d'Henri II constitue un morceau de bravoure.
En conclusion, je dirai que je suis satisfait d'avoir enfin lu - en prenant mon temps - ce roman quasiment mythique et très lisible.
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En 1678, La Princesse de Clèves paraît anonymement chez l'éditeur parisien Claude Barbin. Cependant, le public habitué aux salons reconnaît sans peine son auteur, Madame de Lafayette. Au risque de surprendre beaucoup d'entre vous, je fais partie des rares lycéens qui ont su apprécier cette oeuvre (j'étais en filière L, c'est peut être pour ça). Car, une héroïne aussi vertueuse, aussi exemplaire dans sa conduite comme l'est Mme de Clèves, est quelque chose d'inédit dans notre littérature contemporaine. À mes yeux, ce roman est tout ce qu'il peut exister de sublime au monde: une rédaction épurée, une intrigue palpitante et déchirante et des personnages étonnamment vraisemblables et romanesques. Mais je digresse, pardonnez-moi. Âgée de seize printemps, la délicate Mademoiselle de Chartres épouse le prince de Clèves pour lequel elle a beaucoup d'estime. Toutefois, ce mariage n'engendre aucun amour chez l'héroïne. Un soir, à l'occasion d'un bal donné par la Dauphine (l'intrigue se déroule à l'époque des Valois), Mme de Clèves fait la connaissance du Duc de Nemours avec lequel elle danse. de cette rencontre va naître une passion que l'héroïne va tenter de dompter tout au long de l'intrigue...
Avec un schéma narratif qui n'est pas sans rappeler le déroulement d'une tragédie classique, Madame de Lafayette nous offre une analyse détaillée des sentiments de ses personnages, gráce à des passages remarquablement bien construits (la rencontre au bal, le portrait dérobé et bien entendu l'aveu sont mes favoris). Pour les lecteurs que nous sommes, cet ouvrage est également l'occasion pour nous de voir comment était la vie dans ce milieu de cour, où chacun était observé (en particulier les femmes). En effet, après s'être rendue compte des sentiments qu'elle porte au Duc de Nemours, Madame de Clèves fait tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas se trahir, et surtout, pour ne pas éclabousser d'opprobre son époux. N'est-ce pas là la quintessence du sublime inhérente au classicisme et à la préciosité? En dépit des années qui se sont écoulées, je frémis toujours lorsque je lis la scène de l'aveu:

"Eh bien, Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que l'on n'a jamais fait à son mari, mais l'innocence de ma conduite et de mes intentions m'en donne la force. Il est vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la Cour et que je veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge. Je n'ai jamais donné nulle marque de faiblesse, et je ne craindrais pas d'en laisser paraître si vous me laissiez la liberté de me retirer de la Cour, ou si j'avais encore Madame de Chartres pour aider à me conduire."

Et que dire de la scène de la canne ornée de rubans, lors de la retraite de Madame de Clèves à Coulommiers? Ce passage lors duquel Monsieur de Nemours reconnaît en voyant les rubans les couleurs qu'il avait arborées lors d'un tournoi où Madame de Clèves était présente! C'est tout à fait éblouissant. Hormis les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, je ne crois pas qu'il puisse exister un roman capable de me donner tant d'émotions que La Princesse de Clèves. Voilà une oeuvre qui fait partie intégrante de notre identité nationale, que nous nous devons de connaître, peu importe si elle nous plaît ou non. Plus qu'une oeuvre intemporelle, c'est un manifeste littéraire qu'abrite La Princesse de Clèves, devenue légendaire grâce à la beauté éthérée de Marina Vlady, et à l'idéal de femme vertueuse que le roman à laissé. C'est bien simple, bien avant que Stendhal, Balzac ou encore Hugo ne laissent les oeuvres splendides que nous connaissons, le code du roman se trouvait dans La Princesse de Clèves.
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La princesse de Clèves, Madame de la Fayette, 1678
Genre : Roman, préciosité, classicisme

A contre-courant du baroque (1580-1660) et de ses romans-fleuves, Mme de la Fayette oriente son oeuvre vers un style sobre et un art plus sincère et réaliste avec La Princesse de Clèves. Ancré dans un contexte historique précis, la cour du roi Henri II, le roman expose les dangers de la passion et prend des accents classiques et précieux. L'amour est en effet le thème favori des salons précieux que fréquente l'auteur et le duc de Nemours incarne l'idéal de l'honnête homme. Il s'agit également d'un roman psychologique, grâce à l'épaisseur des caractères et à l'analyse psychologique fine que nous livre l'auteur.
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Premier grand roman psychologique écrit par une femme!!!Je trouve cette passion très belle. L'intrigue est représentative de la vie de cour de l'époque. A la lecture de ce livre, nous pouvons être très attachés aux personnages. A lire ainsi que les nouvelles du même auteur.
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Ce livre m'a beaucoup marqué quand je l'ai lu adolescente.
Je trouvais dingue d'avoir à faire à une personne si rebelle pour l'époque. Quel exemple à suivre ! J'ai adoré !
Pour moi c'est un classique incontournable qu'il faut avoir lu.
En tout cas, il a fait partie des oeuvres qui m'ont construite.
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