AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 86 notes
J'ignorais que Marie-Hélène Lafon avait une grande motivation pour l'art. Avec ce petit livre qui évoque le grand peintre qu'a été Paul Cézanne, elle démontre qu'elle a une sensibilité très fine... Une partie (très intéressante) des chapitres concerne les réflexions et le ressenti de l'auteure dans son travail préparatoire à l'écriture de ce livre. Une autre partie est dédiée à une biographie de Cézanne et de ses proches: ses parents, sa femme, son fils, ses amis, etc… Marie-Hélène Lafon n'a pas souhaité écrire un récit chronologique de A à Z, mais souligner quelques points significatifs pour comprendre comment le peintre vivait et créait. J'ai ainsi appris des choses. En principe, la lecture d'un tel livre doit donner au lecteur une très forte envie de voir ou revoir l'oeuvre de l'artiste considéré: c'est évidemment le cas du "Cézanne" de Marie-Hélène Lafon qui, par ailleurs, écrit d'une manière somptueuse. Une belle évocation !
Commenter  J’apprécie          100
Un livre sur Cézanne...Je me régalais d'avance ! Et par Marie-Hélène Lafon: délice en vue!
Eh bien je suis déçue. C'est confus, un charabia interminable sur l'oeuvre, un regard désabusé sur l'artiste et sa famille: Son père, sa mère, son épouse, ses soeurs, son fils.
Maintes fois j'ai décroché de cette lecture. C'est dommage.
Commenter  J’apprécie          91
On n'échappe pas au rythme, au phrasé de l'écrivaine, on entend presque sa voix lorsqu'on lit Marie-Hélène Lafon, et la beauté de ses mots ne nous échappe pas non plus. Même si les oeuvres de Cézanne peuvent nettement moins impacter le lecteur qu'elles ne persuadent Marie-Hélène Lafon, celle-ci parvient cependant à nous faire mieux saisir l'émotion que dispense une oeuvre telle que la Nouvelle Olympia que je trouve infiniment sommaire pour ma part, pas assez aboutie en tout cas dans son exécution, mais là n'est pas la question. L'autrice nous parle de couleurs, d'un rouge de guéridon, d'émotion, de quête obsessionnelle aussi. Pour d'autres tableaux, elle comprend ce qu'est "d'aller au paysage", et là, je retrouve des sentiments qui me sont propres.

On sent que cette oeuvre lui était indispensable de concevoir, ainsi qu'elle le raconte au début de l'ouvrage, il y a des livres comme celui-là, que l'on aurait trop de mal à ne pas avoir écrits.

Marie-Hélène Lafon nous emmène en Provence, chez Cézanne, avec Cézanne, dans sa vie, si compliquée, où l'on se rend compte qu'il n'aurait rien pu faire d'autre que peindre. Elle fait parler ses proches, et même le docteur Gachet d'Auvers-sur-Oise, (le médecin qui s'était occupé de van Gogh), grand collectionneur des oeuvres impressionnistes. On décortique avec poésie l'existence, le souffle de Cézanne. Bref, nous "cézannons" tout au long du livre, et j'ai bien aimé "cézanner" même si cet artiste n'est pas de ceux qui me touchent le plus.

Lien : https://lecturesdartlubie.bl..
Commenter  J’apprécie          80
Un essai de Marie-Hélène Lafon, voilà une chose bien intrigante ; Cézanne à la façon Marie-Hélène Lafon, il n'en fallait pas davantage pour franchir le pas. Il n'était pas forcément aisé de balayer ce que fût le peintre de la Sainte Victoire en à peine soixante pages. Marie-Hélène Lafon s'est attaquée au chantier après avoir bouclé celui titanesque qui a donné les sources. Pour cela, et depuis longtemps, Marie-Hélène s'est longuement abreuvée, et documentée sur le personnage. Elle a beaucoup hanté les musées d'Orsay, Aix et de l'Orangerie. Marie -Hélène Lafon laboure son sujet, le malaxe, le triture avant qu'il n'aboutisse.
Elle compose ainsi un portrait du peintre en alternant les points de vue. le sien d'abord sous la forme d'un cheminement avec l'artiste, son oeuvre et ses lieux, tout en imaginant l'artiste sous l'angle de celles et ceux qui l'ont connu. Ainsi son père, sa mère, Hortense son épouse, et le jardinier.
Le tour de force de cet ouvrage n'est pas dans l'érudition qui aurait pu assommer le lecteur, mais davantage dans la force de l'évocation, la puissance des mots de Marie-Hélène Lafon.
Un livre lumineux et plein de couleur dont la lecture en plein hiver réchauffe le corps et fait briller les yeux ! Intrigant, disais-je, original de par sa brièveté, sa conception, cet essai est également écrit avec précision. Marie-Hélène, l'oeil affuté sait autant saisir la beauté des toiles de Cézanne que la restituer avec le même minimalisme dont sont imprégnés ses romans !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          70
Comme un kaléidoscope, le roman met en avant les gens qui entourent Cézanne, ses parents d'abord, ce père marchand de chapeaux devenu banquier, un homme « qui a réussi » comme on dit et qui fonde de grandes espérances en son fils Paul. Et s'il reprenait la banque et continuait de faire prospérer la famille ? Ensuite, cette mère, aimante et attentive, pleine d'espoir pour ce grand garçon ébouriffé, tout juste propre, qui se salit avec sa peinture et traîne son barda de peintre « sur le motif », comme il dit. Elle veut bien comprendre qu'il ne devienne pas banquier, mais, tout de même, introduire une femme illégitime et un enfant bâtard dans la famille...

Car les Cézanne, devenus riches et « quelqu'un », auraient bien voulu faire partie du gratin d'Aix-en-Provence. mais on n'entre pas dans cette société-là si facilement...

Intervient aussi Hortense, la femme qui lui a donné son fils, Paul, enfant de l'amour, légitimé bien plus tard par le mariage de ses parents. Car un jour, Hortense, née Fiquet, deviendra enfin Madame Cézanne, et, à la mort de sa belle-mère, sera enfin la seule et l'unique Madame Cézanne, trop heureuse de vivre depuis des années de l'argent de Louis-Auguste, son beau-père banquier, tout en restant totalement inconnue de ce dernier. Là, Marie-Hélène Lafon ne la traite pas avec douceur ! Mais après tout...

Et puis, nous découvrons aussi Marie, la soeur du maître, au caractère bien trempé, le jardinier, que Cézanne faisait poser des heures et qui n'osait jamais contrarier le maître. Et puis les amis, les écrivains Zola et Flaubert, le docteur Gachet, le marchand d'art Vollard et tant d'autres personnes qui traversent la vie de l'artiste.

On pourrait penser à une sorte de biographie romancée - en fait, c'est quand même un peu cela - mais le plus important est ailleurs. le plus important c'est la vie redonnée au peintre, à sa passion, ses doutes, ses exigences envers lui-même et les autres. L'important c'est cette obsession de peindre, ce diktat indiscuté car indiscutable de l'acte de prendre les pinceaux et la toile , dehors, devant les paysages d'Auvers ou d'Aix. de passer des heures à faire un portrait, infligeant de redoutables séances aux modèles sortis de la famille. Quant aux professionnels, même si on voit des femmes nues sur les tableaux, il semblerait que seuls des hommes aient posé dans l'atelier du maître. Ce grand tableau des Baigneuses, qui a nécessité qu'on fasse une grande fente dans le mur de la maison pour pouvoir le sortir, ce tableau ne serait-il qu'une vision du peintre ?

Et enfin, il y a ce que le peintre voit, absorbe, couleurs et lumières, transparences et opacités, la sublime montagne Sainte-Victoire, évoquée d'une façon merveilleusement poétique, nimbée de lumière, sensible, sensuelle, à la fois par le peintre et par la plume de Marie-Hélène Lafon. C'est le passage qui m'a le plus impressionnée, tout en nuance et délicatesse. Quand la plume se fait pinceau, quand l'artiste-écrivain rejoint l'artiste-peintre et nous offre un moment d'émerveillement, de douceur et la sensation que c'est pour l'éternité.

Des toits rouges sur une mer bleue: un grand moment de lecture.


Commenter  J’apprécie          50
Il y a deux manières d'aborder la figure d'un peintre. Soit on tâche de s'effacer pour livrer un récit plus ou moins fictionnel, tenter de composer un portrait ou de restituer tout ou partie de son existence ; soit on y cherche quelque chose qui renvoie à une expérience commune ou qui puisse faire écho à son propre geste créatif. Marie-Hélène Lafon s'inscrit clairement dans cette seconde démarche. Pour ce faire, elle a d'ailleurs inventé un verbe, cézanner. Cézanner : s'imprégner de l'espace que le peintre occupa, retrouver les sensations qui furent les siennes, laisser ses propres souvenirs personnels se frayer un chemin au contact des traces matérielles de l'existence de l'artiste et ouvrir ainsi ce chantier qu'elle rumine depuis plus d'une année et qui a acquis la force d'une nécessité. Cézanner : obéir à une pulsion irrépressible d'où sortira l'oeuvre.

C'est précisément cela qui est au coeur du texte de Marie-Hélène Laffon. Elle ne cherche ni à s'inscrire dans une chronologie ni à raconter la vie du peintre. Elle saisit des instants dont finit par jaillir une figure aux contours imprécis, mais pourtant d'une saisissante adresse.

Sous sa plume, Cézanne n'a rien d'aimable et paraît comme étranger au monde qu'il habite et que seule la peinture semble lui permettre de saisir. Il est un être entièrement et inconditionnellement dédié à son art. Un individu sans repos, en quête perpétuelle de la forme ou de la couleur juste. Ce n'est pas une figure que cherche à restituer Marie-Hélène Lafon, mais un état. D'où peut-être le trouble relatif dans lequel elle plonge son lecteur.

En dépit de sa brièveté, j'ai connu en lisant ce texte quelques moments d'impatience : j'avais l'impression que Cézanne m'échappait, que sa figure se dérobait sous les mots de l'auteure. Pourtant, au terme de ma lecture, il était bien présent, dans toute la force de son geste créatif. Quelque chose de l'ordre d'une présence impalpable dont il ne nous reste finalement que l'essentiel pour l'appréhender : une oeuvre singulière, unique, qui ouvrit une voie nouvelle et que l'on ne se lasse pas d'admirer.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
Commenter  J’apprécie          50
Tout comme certains films souffrent d'être phagocytés par un acteur vedette qui se met à son propre service ( je ne citerai personne !) , de même que certain.e.s chanteurs/euses et metteur.e.s en scène utilisent un opéra ou une pièce de théâtre pour leur gloire personnelle, de la même façon, dans ce texte - souvent magnifique, parfois précieux, ampoulé, alambiqué - Marie-Hélène Lafon fait du ... Marie-Hélène Lafon. Pour avoir découvert, juste avant cette lecture, "La nourrice de Francis Bacon", remarquable, de Maylis Besserie, ainsi que le très nécessaire "La veuve des Van Gogh" de Camilo Sanchez, où ces deux écrivain.e.s mettent leur ( immense) talent au service de leur sujet, je regrette que M.H. Lafon n'aie pas davantage porté l'oeuvre de Cézanne au lieu de l'occulter quelque peu par des effets de manche. Certains chapitres ou passages sont juste splendides, presque des fulgurances, mais mon impression générale reste mitigée et ne m'a pas permis d'entrer en résonnance avec les personnages ni même avec l'oeuvre de Cézanne. Dommage, même si cette lecture reste un des bons livres de cette rentrée .
Commenter  J’apprécie          50
« On ne saisit pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »
(p.142)
Quand Marie-Hélène Lafon, en dépit d'une fréquentation et d'une admiration déjà anciennes de ses oeuvres, décide d'ouvrir un « chantier » - c'est ainsi qu'elle nomme, avec cette métaphore artisanale si suggestive, tout le travail de documentation, d'enquête et de visites, et d'ébauches d'écriture, de bouts de notes au vrai brouillon, de chaque texte qu'elle élabore -, un « chantier Cézanne », donc, elle sait qu'elle s'attaque à gros enjeu, un intimidant monument national, un «morceau colossal », qui plus est déjà mille fois analysé et célébré, et par des plumes prestigieuses, de Rilke et Ramuz à Juliet et Sollers, en passant par tant de spécialistes. Pourtant, c'est aussi, alors qu'elle met la dernière main au texte des Sources, sortant ainsi du « chantier violent » de cette histoire familiale, un soulagement pour elle, de changer d'horizon, de changer, oui, puisqu'il sera souvent question dans la suite de ce mot, de « paysage », de quitter le Cantal pour Auvers-sur-Oise ou le Pays d'Aix, et sa matière romanesque habituelle pour évoquer ce qui la fascine et l'enchante chez Cézanne et sur ses toiles. Et puis, aussi, se réjouit-elle de pouvoir parler de ce « faire » (puisqu'elle préfère ce terme à celui de «créer »), de ce geste de l'artisan patient, appliqué et têtu, qu'elle reconnaît chez lui comme chez Flaubert ou dans sa propre pratique d'écriture, offrant à son lecteur de saisir ce qui fait l'essence, finalement si peu différente entre la peinture et l'écriture, de leur art.
Le texte s'organise en cinq chapitres, autour des thèmes abordés – « Familles », « Sous-bois », « Dans l'atelier fendu », « Aller au paysage », « Ecrire, peindre » -, cinq chapitres eux-mêmes construits en deux parties. Dans la première, Marie-Hélène Lafon évoque ses différentes rencontres avec l'oeuvre de Cézanne, ses propres sentiments devant l'entourage familial du peintre, le dessin d'un sous-bois ou la grande échelle et la fente du mur dans son atelier d'Aix… Comme elle le dit d'un joli mot, elle «cézanne » à plaisir, tirant d'intéressantes leçons esthétiques de cette exploration de l'univers du peintre, laissant aussi son imagination dériver vers la fiction, quand elle rêve, là, de peupler les environs du cabanon de la Sainte-Victoire avec des héros de Giono, ou plus loin, - nous laisse imaginer un Flaubert se faisant dresser le portrait par Cézanne ! Dans la seconde partie de chaque chapitre, elle confie successivement, sous une forme très narrative, le point de vue à cinq différents personnages de l'entourage du peintre – le docteur Gachet, qui l'accueillit avec Pissarro à Auvers ; Blanche, la mère de Cézanne ; Louis-Auguste, le père hostile mais banquier, dont l'argent l'aidera parfois à vivre ; Hortense, l'épouse, qui voudrait bien qu'il sache enfin « finir » ses tableaux ; et, en dernier, son jardinier et modèle de son ultime tableau, le vieux Vallier – leur permettant de nous présenter des époques et des lieux différents de la carrière du peintre, les difficultés multiples auxquelles il dut faire face, mais aussi les amitiés et les joies qui nourrirent son existence. Chacun de ces textes peut être lu comme une nouvelle indépendante, et l'on y retrouve tous les charmes de l'écriture romanesque de Marie-Hélène Lafon, son attention aux mots, au rythme, à la respiration, comme à l'observation des détails, à la bonne ciselure des petites scènes. On aura ainsi appris pourquoi « aller au paysage » est au coeur de la pratique de Cézanne (et peut-être de celle de notre écrivaine ?), pourquoi il n'est pas toujours important de forcément « finir » un tableau (ou un texte ?), on aura surtout renouvelé notre regard sur certains tableaux du maître, comme l'intrigant Une moderne Olympia et son stupéfiant guéridon, dans la compagnie de la meilleure des guides. Et si vous laissiez, à votre tour, Marie-Hélène Lafon vous porter vers Cézanne ?
Commenter  J’apprécie          50
« On ne saisit pas Cézanne, on ne l'épuise pas, il résiste, on l'effleure, il glisse, il disparaît dans le sous-bois. On l'espère. On l'attend. »
Cézanne, rien que le nom appelle le soleil, la lumière, la montagne Sainte Victoire et, la plume de Marie-Hélène Lafon rend cette évocation lumineuse.

Ce livre est une commande quelle a peiné à accepter ; toujours cette peur de l'illégitimité, elle qui, petite, n'a pas fréquenté les musées ni écouté de la musique classique. Une fois le chantier accepté, elle s'imprègne, lit, découvre Cézanne et sa vie. M.H. Lafon est entrée en cézannie (c'est elle qui le dit) par le Sous-bois « Au Louvre, en Janvier 2009, ça recommence. Je suis saisie, happée, cueillie »

Comme dans chacun de ses romans, la famille et l'attachement au pays sont les poutres maîtresses de ses chantiers, le Cantal pour elle, le pays d'Aix et la Montagne Sainte Victoire pour lui. Cézanne n'a de cesse, lorsqu'il est loin d'Aix d'y revenir et lorsqu'il y est de repartir à Paris ou ailleurs.

Cézanne n'a pas un caractère facile et les entrevues avec les marchands ne sont pas choses aisées, d'autant que sa peinture ne plaît pas trop, mal finie

Quant à la famille Cézanne… le père ancien chapelier, devenu banquier aurait tant aimé que son fils, son seul fils, prenne la suite. C'est une grosse déception pour lui, mais il lui versera toujours une pension « le père finance, il est de la vieille école et il estime que ça lui donne des droits sur son fils, même s'il n'est plus un enfant ni un jeune homme. » La mère, épousée après la naissance des deux premiers enfants, aime ce fils si particulier et s'arrange pour que le père n'apprenne pas tout et fait le tampon entre les deux. La soeur aînée, Marie ressemble à son père mais ne pourra prendre la succession car elle est née fille ; alors, elle devient bigote et tient son petit monde à la baguette. Ces deux-là sont reliés, unis par leur naissance ancillaire, plus qu'avec l'autre soeur, née après le mariage.

De son côté Paul Cézanne « a charge d'âmes, une jeune femme, un fils qui n'a pas deux ans, un autre petit Paul », la vie est difficile, la pension versée par le père trop maigre, les éventuels acheteurs rebutés par la peinture de l'artiste, par son caractère difficile ; les chiens ne font pas des chats. Et oui, maintenant il doit subvenir aux besoins d'Hortense et du petit Paul« la boule et le boulet » c'est par ce mot charmant qu'il les appelle !!

Hortense, elle posait pour les peintres, c'est ainsi qu'ils se sont connus. Alors, pensez donc une moins que rien car « les modèles des peintres ne sont justement pas des modèles de tenue…. Ces femmes se retrouvent seules pendant des heures dans les ateliers avec des hommes qui les payent et finissent par avoir des idées », « Une jeune fille ou une femmes qui se respecte ne se met dans dans des situations pareilles et, si elle y est contrainte, elle ne reste pas longtemps honnête ». Elle ne fera jamais partie de la famille mais aura sa revanche, à la mort de la mère ; elle sera la seule Madame Cézanne. «

Son travail n'est pas reconnu, Hortense en premier « Cézanne ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne savait pas comment finir ses tableaux. Renoir et Monet, eux, savaient leur métier de peintre » Triste épitaphe de la veuve

M.H. Lafon fait appel à d'autres hommes célèbres dont Zola qui fut l'ami de Cézanne, Pissaro son grand-frère en peinture, son soutien, bien sûr le fameux docteur Gachet. Flaubert, qui comme lui vient de la bourgeoisie et la méprise, voici ce que Cézanne écrit dans une lettre à sa mère « Tous les bourgeois rechignent à lâcher leurs sous ». Il ne veut pas vivre comme eux, mais dépend de l'argent de son bourgeois de père.

Et puis, il y a les paysages, la montagne Sainte Victoire souvent peinte mais jamais pénétrée, jamais cheminée, le jardinier, Monsieur Vallier qu'il peint souvent

Il y aurait tant à dire sur cet essai. Toujours le style direct, travaillé à l'os de M.H. Lafon, toujours cette fougue, cette pugnacité. La succession de chapitres en italiques où l'autrice parle à la première personne, s'exprime sur sur Cézanne et les autres où raconte. En lisant le livre, j'avais l'impression de suivre M.H. Lafon dans la construction de son livre, sa perception de l'écriture d'un livre. « Il est en chemin, il va au motif, le monde le happe, le monte le travaille ; lumières formes, couleurs sont inépuisables et son acuité de perception est intacte » Ce pourrait être elle dans l'avancement de son chantier.

A chaque fois, M.H. Lafon me cloue sur mon fauteuil (ou ailleurs) et la regarder lorsqu'elle parle d'un de ses livres est un spectacle en soi. Ses mains virevoltent, le visage est mouvant, tout en elle parle alors je la regarde, je le vis. Merci M.H. Lafon pour tout.

Photos prises lors de son passage chez Quille.s, une cave à vins, invitée par la libraire le Cyprès à Nevers.
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          40
Fixette du ruminant : radoter. Et, dans cet essai, Marie Hélène Lafon a beaucoup ruminé. Chacun, dans l'entourage, a ergoté sur Cézanne qui surgit, ici, comme un minable, et non comme un génie. C'est le sale gosse, le père moyen, l'époux encombrant, le frère honteux, le fils raté, le malade incurable, le peintre longtemps considéré comme médiocre que l'on découvre avec stupéfaction. Certes, en arrière-plan, s'étale la Provence. Mais est-ce que le soleil peut extirper de l'ombre un être aussi abject ? J'ignore si l'auteur a souhaité rendre un hommage à l'artiste. Car elle lui colle, à merveille, l'habit d'un quasimodo sur lequel chacun décharge toute sa rancoeur.
Commenter  J’apprécie          41





Lecteurs (207) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire du fils

Qu’a entraîné la mort d’Armand Lachalme en avril 1908 ?

Un accident de chasse
Un accident de la route
Un accident domestique

19 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Histoire du fils de Marie-Hélène LafonCréer un quiz sur ce livre

{* *}