Dans un futur plus ou moins lointain, l'entreprise globale Genikor fait en sorte que son slogan "Chaque jour nous donnons la vie" soit une réalité du quotidien. Grâce à la génétique, elle régit la vie de chaque citoyen/consommateur en repoussant les limites de la mort. Elle fabrique des super-soldats pour mener la guerre, des clones pour toutes les tâches domestiques, surtout les plus inavouables. Même l'ennui est géré par cette entreprise qui a tout prêvu : la filiale Zaroff organise des chasses aux animaux préhistoriques issus de manipulations génétiques...
AD Noctum n'est pas un roman à proprement parlé. Il s'agit plutôt d'un recueil de nouvelles, neuf pour être précis, divisé en trois parties inégales. Sur un peu plus de 300 pages, les deux auteurs bordelais nés tous les deux en 1972 nous offrent neuf visions d'un futur tout à fait crédible, où la gestion de la société dans son ensemble a été privatisée. Genikor est une société transnationale qui, grâce aux manipulations génétiques, régit absolument toute la vie des gens, du moment que ceux-ci sont prêts à perdre un peu de liberté. Après tout, si on nous offre la fin des maladies, des désagréments de la grossesse, l'immortalité (ou presque), pourquoi pas ? Et pour ceux qui ont été traumatisés par la guerre, Genikor est même en mesure de leur effacer la mêmoire, histoire de repartir de zero...
La grande force de ce livre réside dans le fait que les auteurs nous donnent à lire neuf nouvelles totalement différentes les unes des autres, tant dans la forme que dans le fond, ainsi que par les genres abordés. Cette diversité contribue grandement au plaisir que l'on prend à lire ce livre. Bien sûr, toutes les nouvelles ne se valent pas. Si la qualité des textes est globalement assez haute (je pense notamment à la nouvelle FTA qui ouvre de façon assez fracassante le receuil), j'en ai trouvé une ou deux qui m'ont particulièrement ennuyé. Pour ne prendre qu'un seul exemple, Sexus machina est une nouvelle érotique plutôt bien troussée, mais à la fin beaucoup trop prévisible. Cependant, même les nouvelles un peu faibles servent à la compréhension de l'ensemble. En tout cas, ces petites réserves ne doivent surtout pas vous détourner de ce livre. Tout comme la couverture, à mon avis pas très heureuse car un peu trompeuse.
AD Noctum fut pour moi une réelle bonne découverte, de celles qui vous font voir ce que doit être la SF aujourd'hui, et vous donnent encore un peu d'espoir dans le monde de l'édition.
A.C. de Haenne
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