Dans leur nuit c'est ce qui est arrivé doublement aux victimes de cette tragédie. Tuer dans leur sommeil par un glissement de terrain et oublier de la justice. Comme s' il ne s'était rien passé ou presque.
1970, je ne me souviens pas du tout de ce drame alors que cette même année, 2 mois plus tôt une avalanche avait touché un centre de l'UCPA, 39 victimes. Et ce drame j'en avais des souvenirs. Alors pourquoi le presque silence sur les 71 victimes du plateau d'Assy, dont 56 enfants ?
Ce livre est une somme de recherches, de documents, de comptes-rendus, traduits par de nombreuses lettres retranscrites. L'auteure a parcouru les archives, rencontrés des familles de victimes ou des employés rescapés. La lecture est assez éprouvante l'histoire de ces enfants, mis en sanatorium pour cause de tuberculose, ne peut que nous bouleverser.
Une catastrophe presque annoncée, par le courrier des architectes (on est en 1920), les délibérations du conseil municipal pour que le projet aboutisse. Un glissement de terrain, quelques jours avant le drame sera minimisé. Rien de dangereux, tout le monde le dit. le médecin semble tellement infect dans la gestion de ce drame et par sa condescendance
mais il ne sera pas poursuivi.
Scandale supplémentaire, des enfants guéris mais que l'on garde sur place, car il faut occuper les sanatoriums, en 1970 les antibiotiques arrivaient et les malades commençaient à manquer.
La montagne a tué ce 16 avril 1970 et tous se sont tus dans l'indifférence presque générale. Quelques parents, frères ou soeurs se seront battus pendant plus de 50 ans pour la mémoire des victimes.
Près de 500 pages très denses, uniquement de témoignages et des courriers, des phrases qui se terminent par des points de suspension lors de rencontre, comme si on ne peut en dire plus...
De nombreux enfants étaient de familles pauvres ou de familles d'immigrés, on se demande si ce n'est pas une des raisons de cette bataille pour la vérité qui a duré si longtemps, sans aboutir vraiment.
Un mémorial a été inauguré en 2019, après un long combat ( encore) mené par les familles et rescapés.
Perrine Lamy-Quique a fait un travail énorme et utile en leur redonnant une visibilité à ces personnes, victimes ou témoins.
Consternant et touchant. Un livre qui fait frémir et met en colère contre les politiques, les décideurs, les médecins et certaines soeurs ( détestables ) de ce sanatorium.
merci à babelio ( masse critique) et le Seuil pour cet envoi.