Essaie sur moi les herbes qui donnent la force,
efface mon visage et conduis-moi aveugle
aux arbustes, aux rhombes et à cette épine
où réside l'Esprit Saint.
Je sacrifie pour Toi et la Mère, pour le Fils
les ivresses, la danse dans la mémoire,
le sommeil dérobé par ruse au pavot
et l'empreinte du cœur dans la glaise.
Je ne veux point T'asservir à coups de sceaux et de sorts,
je veux être ta servante dans le parfum des ordres,
essaie sur moi les herbes, permets à ma bouche
de boire le suc de celle qui donne la force
comme gardienne, comme dormeuse, comme tueuse.
Inflige à mon âme l'ordre suivant,
de décapiter : L'arbuste ? – le rhombe ? – L'épine ?
De respirer la fumée, de boire l'huile,
de manger la cendre ? Et Toi, mange mon cœur,
ce gardien, ce dormeur, ce tueur.
Comme il est exact, le désespoir…
Comme il est exact, le désespoir !
A la même heure jour après jour
il apparaît sans ruse aucune
et me châtie d’un coup.
Des étincelles volent autour de moi,
mon cœur appelle tous les anges,
mais le ciel est une mer
et Jésus dérive dans une barque
très loin à l’autre bout du monde,
où sont tous ceux qui aident,
et mon dernier espoir aboie
sur le rivage, à contre-vent.
Je sens alors que personne ne m’entend,
je ramasse en silence les étincelles,
mon cœur – qui me conjure en crépitant –
lentement se transforme en une pierre à feu.
L'artère du coup, cousine de la lune,
coupe chaque mot en deux, en quatre,
le cerveau tremble de famines