Annie vient de s'enfuir de chez elle en emmenant son fils dans ses bras. Elle est couverte de sang, mais ne pense qu'à une chose : fuir loin, très loin pour se réfugier sur l'île de Graskär qui lui appartient et que les gens du coin appelle « l'île aux esprits » car les gens qui y sont morts la hanteraient à jamais. C'est le domaine de son enfance, où son père était gardien de phare.
Elle prévient les parents de son ami d'enfance Mats Sverin pour qu'ils lui apportent de la nourriture et elle apprend ainsi que Mats est revenu habiter à Fjällbacka après avoir travaillé plusieurs années à Göteborg. Il travaille actuellement sur su projet de la mairie pour transformer en centre de bien-être un lieu jadis beau bâtiment mais tombé en décrépitude.
Mats va la voir, ils passent la nuit ensemble et au réveil d'Annie il n'est plus là. On apprendra qu'il a été assassiné d'une balle dans la tête dans son appartement.
Une enquête difficile commence car Mats semble très mystérieux, personne ne le connaît vraiment, son passé est un mystère pour ceux qui travaillent avec lui.
C'est là que Patrick, notre inspecteur, entre en scène. Il assiste avec sa femme Erica à l'enterrement de l'enfant mort-né d'Anna, la soeur d'Erica. (à la fin de «
la sirène » on se souvient qu'Erica et Anna, toutes les deux enceintes, avaient eu un grave accident de voiture. Cet accident à en fait déclenché la naissance prématurée des jumeaux d'Erica mais Anna a eu moins de chance : coma, enfant mort-né.
La cérémonie est extrêmement triste, Anna est un zombie, elle tient tout le monde à distance, rendant toute communication impossible.
C'est dans ce contexte lourd de tristesse que l'enquête démarre. On apprend que Mats a été agressé avant de revenir à Fjällbacka, de façon très violente avec hospitalisation, il a prétendu que c'était des jeunes loubards qu'il ne connaissait et que cela n'avait aucun rapport avec son travail : il travaillait dans une association « Refuge » qui s'occupe des femmes battues, les aide dans les démarches car elles ont tellement peur et sont tellement sous domination qu'elles n'ont pas confiance en elle.
L'enquête fouille dans le passé et dans le présent. A la mairie, tout le monde semblait content de lui, mais il semblait avoir des doutes sur la comptabilité du projet à la tête duquel se trouve Erling, un homme que l'on a déjà rencontré dans un précédent livre (une émission de téléréalité qui ratait) il avait alors fait un séjour de remise en forme où il avait rencontré Vivianne, et son frère Anders. Vivianne l'avait aidé à reprendre le dessus après le fiasco de l'émission de télé réalité.
En parallèle, Camilla nous raconte l'histoire d'une jeune femme Emelie qui est arrivée sur l'île en 1870 et y a vécu quelques années très dures avec son mari Karl et un homme odieux, méchant qui l'aide sur le phare.
L'enquête prend un tournant différent quand, la police est appelée car des enfants ont consommé de la drogue trouvée dans un poubelle, à côté de l'école, tout près de l'endroit où habitait Mats.
Le commissaire Melberg en profite pour commettre, comme à son habitude, une bévue lamentable, lourde de conséquences. Et on apprendra aussi que le mari d'Annie a été retrouvé mort, abattu chez lui, alors qu'il est un mafieux notoire et violent. Mais, je ne vais pas gâcher le plaisir et je vous laisse découvrir la suite.
Ce que j'en pense :
C'est le sixième roman de cette auteure que je lis et j'ai retrouvé avec plaisir, une Erica redevenue la journaliste écrivain curieuse que l'on connaissait (et qu'on avait du mal à reconnaitre dans «
la sirène ».
Elle s'occupe avec tendresse de sa soeur qui s'enfonce dans la dépression et avec qui elle arrivera à établir le contact par le biais du toucher, en s'allongeant près d'elle pour dormir et la protéger en lui faisant un rempart de son corps comme le lui a conseillé Vivianne.
Ce livre nous parle de la souffrance des femmes battues, maltraitées physiquement et psychiquement devant leurs enfants, du combat difficile qu'elles doivent mener car la perversité de leur mari a détruit le peu d'estime d'elles-mêmes qu'elles peuvent avoir. Ces traumatismes de l'enfance et de la femme se retrouvent chez plusieurs personnages du roman.
J'aime bien l'histoire d'Emelie qui nous est décrite en toile de fond, avec l'évolution graduelle de la violence, ses « contacts » avec les personnes décédées sur l'île, la dureté du travail sur l'île fin du XIXe siècle avec lessive à la main, lessivage des sols, dureté des travaux ménagers pour une femme qui n'est que la bonne et le souffre douleur de son époux pervers sadique, cruel….
Camilla Läckberg raconte aussi la culpabilité d'avoir des jumeaux en bonne santé par rapport à sa soeur, qui, maltraitée aussi dans son premier mariage pensait enfin s'en sortir et perd son bébé. Il y a une réflexion sur la notion de destin, de répétition des scenarii de vies. Elle parle du déni, du deuil qu'on ne veut ou ne peut pas faire et jusqu'où il peut conduire (cf. le délire d'Annie vis-à-vis de son fils)
Elle analyse avec pertinence le problème des femmes battues qui retournent vers leur bourreau au risque d'y perdre la vie, mais je suis restée sur ma faim. L'atmosphère est lourde, mais on sent très bien que cette histoire est improbable, certes, il y a très souvent un supérieur tout puissant qu'il faut maintenir à l'écart de l'enquête mais là cela frise le ridicule dans le commissariat et c'est dommage.
J'ai passé un bon moment, je n'ai pas cherché à découvrir qui était le meurtrier car c'était évident même s'il fallait trouver des liens entre les meurtres, je me suis contentée de lire l'histoire telle qu'elle.
Ce roman est meilleur que
la sirène mais je ne le classe pas dans les polars ou à la rigueur « polar parodique » ou « polar burlesque » : un gentil inspecteur, sa femme gaffeuse, son chef complètement déjanté qui devient sympathique quand il change les couches de bébé, une petite ville où tout le monde se connait sans se connaitre.
7/10. Je vais revoir mes notations à la baisse pour
Camilla Läckberg, en fait cela mérite 3, 5 étoiles.
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