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Recueil de nouvelles composées à des moments différents par JMG le Clézio. Leur thématique commune : la souffrance, la solitude, la peur parfois de ces êtres chassés par la guerre, la violence familiale, la faim et devenus dans un territoire d'exil des "indésirables" qu'on préfère ignorer.
Les premières nouvelles , les plus émouvantes, concernent des enfants. C'est Maureez Samson fille de pêcheur disparu en mer obligé de fuir la maison de ses parents. Elle sera sauvée par le chant et la qualité de sa voix. C'est Chuche et son petit frère, enfants esclaves échappés de l' Apurimac ( Pérou), ce sont ces enfants Mexicains "les rats" qui passent la frontière par les égouts. En eux tous, une rage de vivre et une capacité à s'émouvoir devant la beauté.
En France, c'est une caméra de surveillance qui observe les adolescents et adultes, clochards du métro et autres "Fantômes".
Les dernières nouvelles sont plus exotiques avec Yaya, la nounou mauricienne et surtout l'histoire d'une tribu indienne Etrebbema, société proche de la perfection anéantie par les narcotrafiquants.
Et la guerre toujours avec Hanné la fillette sourde muette et deux petits garçons libanais Mehdi et Marwan.
JMG le Clézio donne à voir les paysages, les cadres de vie (de survie plutôt) et donne de la profondeur à ses personnages même dans des nouvelles courtes. le lecteur est ému, amusé parfois, et s'interroge : la littérature a-t-elle le pouvoir de lutter contre toutes ces injustices ?
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Il psalmodie la solitude du désert des vivants. Il dit ce qu'on ne voit plus, qu'on ne veut pas voir. Avec des mots si prenants que des êtres étranges me paraissent familiers, humains comme moi. Son écriture porte le lyrisme des vies désespérées, mâtinée de la rage de survivre et de l'espoir ténu d'un jour meilleur.
Il, lui, son, c'est J.M.G. le Clézio, un écrivain du monde. le prix Nobel de littérature, appuie là où le regard fuit ; secoue le lecteur, oublieux des inégalités que charrient guerres, immigrations, exploitations, pauvreté. La solitude existe, le regard implore ou défie. Chacune et chacun aspire à un signe, à une lueur, à un geste, même infimes, tous happés dans une même quête d'amour et de considération. C'est poignant, jamais sordide.
Les récits courts sont intenses, condensés de détresse et d'envie. Ils donnent chair au quotidien délavé de millions de vivants, sur lesquels les médias braquent de fugitives caméras, un drame chassant l'autre, au risque d'ensemencer l'indifférence.
Après avoir lu Avers, j'ai envie de descendre dans la rue et de hurler pour un monde meilleur, purgé de la solitude et de l'iniquité. Seul un grand écrivain pouvait ainsi me faire réagir.

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un texte de le Clézio.
J'avais oublié comment son écriture nous happe, nous berce, nous envoûte comme une musique classique.
On retrouve dans ces 8 nouvelles les obsessions humanistes de le Clézio : l'enfance malmenée, les opprimés du travail ou des conquêtes territoriales, la brutalité, les ritournelles d'enfance, les cultures et sociétés disparues ; et aussi la force de caractère et la résistance physique de ces mêmes enfants et opprimés, l'amour qui résiste au fond de leurs âmes, l'émerveillement et l'humilité devant la nature.
J'ai été particulièrement touché par la dernière nouvelle du recueil, "Etrebemma" qui raconte comment des indiens sont chassés de leurs terres, de leur culture par des narcotrafiquants, pour finir dans la périphérie d'une ville ; ainsi que par "La rivière Taniers", avec sa composante auto-biographique. "Avers" est également marquante, sur le thème plus classique de l'enfance maltraitée, voire esclavagisée. "Fantômes dans la rue" est surprenante.
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Recueil de 8 nouvelles se déroulant à différents endroits du monde : Île Maurice, Mexique, France... et racontant la vie de marginaux au destin compliqué.Ils sont définit comme des "indésirables".

Dernière oeuvre en date de JMG le Clézio avec certaines nouvelles très réussies et touchantes, en particulier "Avers" ou "Etrebemma" qui sont pour moi les plus marquantes. L'auteur sait décrire avec justesse le tragique de chaque personnage sans apitoyer et juger pour autant le lecteur.

Les décors diverses occupent aussi une place d'intérêt dans cette oeuvre comme au habitude de l'auteur. Chaque protagoniste évolue dans un univers différent : rue d'une grand ville, île, forêt tropical... qui contribue à le définir.
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« Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive » … Ces mots de l'auteur en quatrième de couverture annoncent au lecteur ses rencontres avec les exclus du bonheur, les indésirables. Qu'ils essaient de vivre en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, à l'Ile Maurice, à Paris ou partout ailleurs… ils ont fui la ségrégation, la guerre, l'invasion, la détérioration de leur pays, tenté d'échapper à la misère et emprunter des chemins inconnus qui auraient pu les mener vers la lumière.

Dans les huit nouvelles, de nombreux acteurs transportent leur culture et leurs peines, leurs plus beaux souvenirs aussi, avec au fond du coeur un rayon d'espoir qui les ferait vivre. Parmi eux, le récit des gamins, des enfants esclaves qui empruntent les égouts pour découvrir la vraie vie, un pays paradisiaque « un pays où les enfants ont des baskets propres, décorées de bleu et de rouge, avec des bulles lumineuses dans les semelles ». Sans oublier la main-d'oeuvre issue de l'immigration employée dans nos usines, « les Couscous-tapis », dont les femmes mijotent d'excellents couscous aux indigènes et le mari qui reviendra de vacances au bled avec un beau tapis de qualité commandé par son chef. Il s'appelle Ahmed, elle c'est Fatima… ils ont tous les mêmes prénoms forcément !

Seulement quelques exemples puisés dans ces textes, qui ne pourront jamais traduire les émotions, la sensibilité, la poésie, la pudeur véhiculées par les indésirables si bien honorés par l'écriture et la délicatesse de J.M.G. le Clézio dans ces nouvelles criant les ravages des fléaux perpétrés par la race humaine.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Emettre un avis sur un ouvrage de JMG le Clézio est une demande en légitimité quasi organique. Qui suis-je, moi, pour juger de la qualité de textes qui sont, et de loin, très au dessus de la moyenne des ouvrages qui sortent chaque semaine en librairie. Ce monsieur, en dehors de l'écriture, a eu une vie très cosmopolite, riche d'incursions immersives en des cultures fort éloignées des nôtres et en des temps où la modernité n'avait pas encore détruit toute forme d'identité. Il est question ici des laissés pour compte, de celles et ceux qui ne peuvent que constater leur inaptitude à être accepté, à simplement avoir le droit de vivre. le choc des cultures crées des zones de subduction dans lesquelles sont happés les invisibles de tous temps, disparaissant dans les fractures de la croûte terrestre, où seuls survivent ceux qui n'existent pas.
Plusieurs histoires, peut-on parler de destins, sont contées. Vous ne connaissez pas ces lieux. Nous avons aperçu au hasard de documentaires ces zones meurtries, anciennes forêts tropicales primaires, royaume de trafiquants en tous genres, violence brute faisant table rase du végétal comme de l'animal et de l'humain. Vous n'irez pas voir, il n'y a rien à y faire, que d'y perdre la vie. Il n'y a rien à comprendre, là où l'être humain s'abaisse plus bas que terre, même les animaux ont fui. Seuls, à la lisière, l'incompréhension a laissé des êtres vivants attendre la mort ou l'esclavage, la servilité pour une survie biologique.
Le Clézio n'est pas dans l'empathie. Il décrit des quotidiens incompréhensibles, là le mot "sens" n'existe pas.
Combien de fois entendons-nous des poseurs :
Cela a-t-il du sens ? Cela fait sens... Cela défie le sens commun...
Dire " je suis vivant", le verbaliser n'a pas de sens en soi, vous avez les mots et vous les prononcez, les codes sont acquis, processus éducatif complexe.
Processus ?
Lequel ?
Ici, nous n'avons pas entamé de marche vers le vivant, niés qu'ils sont dès la naissance, expulsion du ventre maternel, bon débarras...
Alors, le sens paraît un mot vide, il n'existe pas...

Bonne lecture, bienvenue chez les absents.
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« Avers » ; JMG le Clézio (Gallimard, 220p)
Huit nouvelles, dont les héros sont des laissés pour compte, des bannis, des victimes dans des pays pauvres (Amérique du Sud, Madagascar…), ou dans le Paris des pauvres venus d'ailleurs.
Toutes les nouvelles ne se terminent pas mal, mais le poids de la souffrance, de l'humiliation est lourd à porter, dans un monde où la violence ne fait qu'empirer, écrasant une humanité si proche de la nature et à qui on enlève tout.
C'est émouvant, poignant, Le Clézio parle de mondes qu'il connait visiblement bien. Et même si les bons sentiments ne sont pas la meilleure recette pour faire de la bonne littérature, je me suis laissé prendre par ces destins au bord du précipice. Et puis il y a la langue de le Clézio, belle, parfois mâtinée de créole. Ça ne laissera pas en moi des traces indélébiles, mais je ne suis pas resté insensible à la lecture de ce livre.
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Je tiens à préciser que j'ai toujours cité JMG LeClézio au nombre de mes écrivains préférés. Son écriture a été une révélation à l'adolescence. du "Chercheur d'or" à "Poisson d'or" en passant pas "Onitsha" ou "Désert", j'ai dévoré les romans qu'il publiait et ceux publiés avant que je sois en âge de les lire.
Je retrouve ici l'un des ingrédients de son talent : son style, sa prose préciser et poétique, son exotisme également. Mais pour être sincère je me suis terriblement ennuyé. Pas une nouvelle pour me happer. Je dirais qu'il ne se donne pas le temps de construire des histoires. Ce sont des descriptions (grandioses) de ce dont il est le témoin. Des enfants pauvres, des enfants tristes. Mais leurs destinées ne font pas sens sauf à les empiler les unes derrière les autres pour nous chanter la misère du monde. ça ne me suffit pas... Ces courts textes écrits à travers le temps me paraissent artificiellement réunis pour vendre du LeClézio. Je l'espère plus inspiré avec son prochain opus.
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Avers...la face cachée ceux que l'on ne veut pas voir que l'on cache mais qui ont des vies **riches** de souffrances: inceste,viol, violences....

Le Clezio nous emmène dans des lieux qu'il connaît bien car pour la plupart il y a vécu

Une écriture de plus en plus ciselée, riche qui cache et /ou révèle l horreur de ces vies.


Ces nouvelles sont des pépites de style et d'humanité
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Ceux qui échappent à notre regard trouvent ici une plume pour dire qu'ils existent.

Les petits, les oubliés des conflits, les rats des frontières, les exclus de la société, les victimes de l'argent sale ont une âme, des peurs, toujours, et des rêves, parfois. Ils sont vieux, jeunes, hommes ou femmes, ils fuient.

Il fallait une langue belle et généreuse pour fixer notre regard sur l'avers du monde et pas seulement balayer des yeux quelques gros titres d'actualités.

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