Nous voici dans le
désert, hors du temps, hors des villes historiques. Nous sommes au contact d'un peuple, d'une humanité, celle qui vit dans le
désert, la seule qui puisse y survivre, au rythme du soleil et de la mer, avec une vision majestueuse, sans rien qui puisse séparer le ciel de la terre. Et lorsqu'il n'existe pas d'espace créé par les hommes entre ces deux parties de l'univers, on en revient aux fondamentaux de l'humain et soudain, les sensations qu'on n'écoutait plus sont décuplées : une odeur, la force du vent, l'eau qui ruisselle le long du corps, un cri, le soleil qui brûle la peau... On apprend à retrouver le goût des sensations, en pleine liberté.
Chaque personnage cultive en lui la religion de ses ancêtres qui vivaient eux aussi sous les lois du
désert. La terre promise est leur combat, leur but, leur foi, et ils avancent toujours, portés par la sagesse.
Désert est par
ailleurs un livre sur la violence de la ville. Au
désert s'oppose la froideur âpre et stérile de la ville, lieu du non-sens. Aux lois sacrées du
désert s'opposent les codes grossiers de la société urbaine... Mais l'image caricaturée de la ville est là pour sublimer la pureté intérieure des hommes du
désert.
Pour une fois, au cours de ma lecture, j'ai oublié l'auteur, le contexte d'écriture, l'année de publication et tout ce qui fait qu'un livre s'inscrit dans une histoire. On se laisser porter jusqu'au dépaysement complet. Ce roman invite à un oubli total de ce qu'on est et surtout de sa façon de vivre, à la recherche de l'essentiel.