AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 338 notes
Obsessions, tel pourrait être le titre du Procès-verbal qui relate une tranche de vie d'un jeune homme, assez perturbé, dont le lecteur découvre au fil des pages des pans de son passé et surtout de sa désorientation qui fait le quotidien de son présent. Il déroule ses journées avec les préoccupations qui l'obsèdent au point de ne vivre quasiment que dans ce contexte très particulier.

C'était le premier roman de Jean-Marie-Gustave le Clézio qu'il a écrit à l'âge de 23 ans et qui présente un intérêt littéraire indéniable bien qu'il soit souvent difficile de suivre le cheminement du héros, Adam. Il me semble qu'il faut le lire en se détachant du personnage, profitant de certains passages métaphysiques, d'autres assez réalistes, en ne s'immergeant pas trop dans cet univers de l'absurde, qui peut faire penser à Sartre, Camus, voire Céline.

Le soleil et la mer ont un rôle de premier plan dans cette aventure solitaire, mais aussi l'ombre, l'obscurité, les angles des pièces et toutes une série de protections personnelles que se constitue Adam.

Le dernier chapitre est un interrogatoire psychiatrique réalisé par des étudiants, ceux-ci ne parvenant guère à percer les mystères de la personnalité tourmentée de leur sujet.

Les longueurs, variées cependant, sont nombreuses et ajoutent au sentiment de confusion que l'auteur a peut-être voulu faire ressentir à ses lecteurs. Si tel est le cas, il a réussi.

Les avis sont partagés sur cette oeuvre; pour ma part, je lui reconnais les qualités d'écriture, rares aujourd'hui chez les jeunes écrivains, tout en ne la considérant pas comme une oeuvre majeure.
Commenter  J’apprécie          791
« Il y avait une petite fois, pendant la canicule, un type qui était assis devant une fenêtre ouverte. »

C'est ainsi que commence "Le procès-verbal". Comme l'auteur l'a bien souligné dans la préface, le sujet du livre est singulièrement (et volontairement) abstrait : « l'histoire d'un homme qui ne savait trop s'il sortait de l'armée ou de l'asile psychiatrique. »

En effet, dans ce premier roman, le réalisme a trouvé fort peu de crédit auprès de l'auteur. Cet homme assis devant une fenêtre s'appelle Adam Pollo. Marginal et solitaire absolu, Adam Pollo a fui la ville, cet univers mécanique et imperméable à toute signification... Il s'est retiré dans la périphérie de l'absurde bouillonnement citadin, dans une villa désertée, sur la colline. Adam tente d'échapper à la face technique et culturelle du monde. Il veut tenter une expérience extrême...

Isolé, reclus, Adam a enfin adopté l'existence dont il avait toujours rêvé : il vit de manière quasi primitive, dans une sorte de rapport fusionnel avec la nature, entretenant avec elle un rapport très animal et matériel. Il évolue au sein de l'intensité solaire, dans la splendeur diurne de l'été, dans un univers brutal et jaune, qu'il a en quelque sorte réinvesti physiquement.

Adam Pollo se perd dans l'ivresse des sensations premières, il devient littéralement tout ce qu'il observe et ce qu'il accomplit. Obnubilé par l'idée de « citation », de « trace », d' « inscription », Adam Pollo remplit des cahiers entiers, dans lesquels il ressasse ses obsessions philosophiques et métaphysiques. C'est cette prose jubilatoire et anti-conformiste contenue dans les cahiers d'Adam, qui constitue la matière essentielle du récit.

Par son esprit subversif, Adam endosse le rôle de prophète. Il écrit lui-même le rapport, le « procès-verbal » qui relate son aventure, son itinéraire, au terme duquel les Hommes vont être amenés à l'arrêter et le « juger ». Après avoir erré pendant tout l'été, et transgressé les interdits fondamentaux, ce « Robinson Crusoé urbain », considéré comme aliéné, est interné dans un asile psychiatrique. Ainsi, il passe du voluptueux espace d'égarement méditerranéen au confinement froid et aseptisé de l'espace médical. Adam a suivi un parcours qui l'a mené d'un domaine aveuglant et illimité, à la fraîcheur raide et géométrique de l'asile.

Une incroyable histoire d'errance et de soleil à découvrir d'urgence !
Commenter  J’apprécie          432
« le procès-verbal », un livre, le premier de J.M.G le Clézio, écrit par bribes dans le fond d'un café, de l'aveu même de son auteur.
Un livre écrit pour une grande part avant les accords d'Evian qui mettront fin à la guerre d'Algérie… Algérie, Camus, Meursault, l'étranger le soleil la révolte…
Révolte de la jeune génération qui peut se retrouver sous les drapeaux avec un billet pour Alger… absurde…
Absurde… Camus Adam Pollo

Un « roman jeu », un « roman puzzle » tel que revendiqué par Le Clézio dans sa préface, et si l'on en croit Claude Cavallero, grand spécialiste de l'auteur, un roman teinté de « nouveau roman »… A voir…
Je ne supporte pas le nouveau roman, et n'ai aucun souvenir d'une difficulté particulière à lire ce roman, certes parfois décousu, entaché de longueurs, mais tellement rafraichissant … troublant … dérangeant, qui sait … peut être même tout ça à la fois!
Commenter  J’apprécie          290
Après qu'il eût obtenu le Nobel de littérature en 2008 je ne pouvais rester dans l'ignorance et donc devais me lancer dans la lecture de l'oeuvre de J.M.G. le Clézio. Ayant l'esprit plutôt ordonné, j'ai choisi son premier roman, celui qui le consacra dans le monde littéraire, celui qui reçut le prix Renaudot en 1963, "Le procès-verbal" . Pas étonnant qu'il ait attiré l'attention des "professionnels" de l'époque tant ce roman fait preuve d'originalité dans sa prose et dans sa construction. Mais tout aussi émouvant est le récit d'Adam Pollo, grand solitaire vagabond, personnage étrange évoquant quelque peu Antoine, le personnage d'un autre premier roman, celui de Jean-Paul Sartre, "La Nausée". Aucune indication précise sur le temps et l'espace, tout juste savons nous que l'action se déroule à la fin de l'été dans une ville bordant la Méditerranée (Nice ?). A la manière d'Antonin Artaud, Adam Pollo se donne le temps d'observer le monde afin d'y vivre en toute conscience, comme seuls peuvent le faire les gens dit dérangés ou asociaux, eux qui, par leur clairvoyance, ne peuvent se satisfaire du raisonnable.
Commenter  J’apprécie          290
Un vocabulaire riche assurément, une syntaxe qui laisse parfois à désirer même si l'auteur l'utilise comme effet de style pour accentuer la bizarrerie de l'histoire et un fond qui me laisse perplexe et qui nécessiterait l'aide d'un interprète !
Un roman loufoque, ennuyant et dont le côté jubilatoire mis en avant par certains lecteurs m'est resté complètement caché.
Un roman moderne qui en a peut-être dérouté beaucoup et qui personnellement, ne m'a rien apporté, ni plaisir, ni enseignement, ni envie surtout de continuer les prolongations dans le monde de l'auteur.
Un roman qui se veut peut-être psychologique avec introspection et analyse d'un être perturbé et qui part dans toute les directions et n'aboutit nulle part !
Un roman vide de sens où un verbiage intensif, recherché, pseudo-intellectuel et mystique noie un poisson inexistant.
Un roman que j'ai voulu arrêter dix fois, que j'ai continué avec des pieds de plomb, que j'ai achevé avec un intense soulagement et qui me laisse songeuse quand au choix des auteurs primés...
Commenter  J’apprécie          275
Dans une ville du sud de la France, sous la canicule du mois d'août, un jeune marginal nommé Adam Pollo occupe une villa abandonnée, en haut d'une colline, près de la mer. Qui est Adam Pollo ? Que fait-il là ? le lecteur ne le sait pas. Des éléments nous font penser qu'il s'agit peut-être d'un déserteur de l'armée, peut-être aussi est-il fou. Une relation trouble le lie à une jeune femme, Michèle, qui lui rend de temps à autre visite, lui apportant argent et nourriture. Dans la villa, le jeune homme reste assis des heures entières assis face à une fenêtre ouverte, en plein soleil. Il observe, il divague. Peu à peu, nous le suivons dans ses déambulations : à la plage, dans les cafés, au zoo, dans les magasins, dans les rues. Partout où il passe, il est en-dehors de la société et en même temps il semble ne faire qu'un avec les éléments qui l'entourent, quittant sa condition d'humain pour devenir végétal ou animal… et observer ainsi d'un oeil nouveau les hommes qui l'entourent.

Lectrice convaincue de Jean Marie Gustave le Clézio, je n'avais encore jamais lu sa première oeuvre, celle qui l'a consacré immédiatement comme un grand auteur à l'âge de 23 ans. Habituée à son style, « Le Procès-verbal » m'a cependant désarçonnée. L'histoire de cet homme dont on ne sait rien à part ses pensées et fantaisies est pour le moins étrange. Pourtant, passés les premiers chapitres, on accepte de le suivre dans ses délires et sensations. Le lecteur accompagne Adam alors que lui-même ne sait jamais où il va, suivant un chien, tuant un rat ou se joignant à l'attroupement de la foule autour d'un noyé. La folie, grand thème de ce roman, est en lui et c'est elle qui nous mène.
JMG le Clézio a très bien rendu cet état de fait à travers le langage employé par Adam. Il se plie à ses bribes de souvenirs, à de soudaines résurgences, ce qui rend parfois la lecture ardue. On s'accroche pourtant à la parole d'Adam qui tel un prophète, harangue la foule et lui annonce une ère nouvelle.
La nature, les animaux, les sensations charnelles et crues sont également au coeur de ce livre atypique. On ressent précisément l'opposition entre une nature indomptable et une société matérialiste et insipide. Adam rejette cette dernière où nul ne le comprend et c'est une rupture sociale et psychologique, irrévocable, qui s'annonce.

Lecture déroutante, « Le Procès-verbal » offre un voyage au coeur de la schizophrénie dont le meilleur guide ne peut être que le fou qui parle. Ce n'est pas pour moi la meilleure lecture que j'ai faite de JMG le Clézio mais elle me parait essentielle pour poursuivre la découverte de son oeuvre magistrale.
Commenter  J’apprécie          172
Un premier rendez-vous en demi-teinte, voire en hôtel du demi cul tourné avec Le Clezio, un auteur dont on n'entend que louanges mais qu'un je ne sais quoi m'empêchait d'aborder.
C'est chose faite avec ce premier roman, qui m'est tombé des mains moultes fois, auquel je me suis accrochée avec effort jusqu'à la dernière page, et dont je ressors assez dubitative car il me conforte dans une position schizophrénique : celle d'avoir découvert un auteur de grand talent, à fuir absolument.
Ce qui a sauvé ma lecture, c'est la longue scène finale à l'asile, qui m'a touchée et donné du sens à ma lecture. Enfin, un peu, car le propos reste quand même en bonne partie abscons.
En revanche, j'ai souffert le martyre pendant tout le développement du récit, sa tonalité ‘nouveau roman' sixties m'a horripilée, tout comme la sensation de lire un jeune auteur germanopratin qui s'écoute écrire et s'auto-contemple dans les pérégrinations de personnages évanescents qui ne m'intéressaient pas.
Jugement lapidaire révisé à la lumière de l'éclairage final, où j'ai cru voir une lecture pré-houellebecquienne de la déshumanisation et la perte de repères engendrées par la société moderne matérialiste et consumériste, en pleine éclosion dans les années 60.
Un roman visionnaire, donc ? ou alors je n'ai rien compris et ferais donc mieux de rester avec mes a priori à la noix ?
Commenter  J’apprécie          132
C'est l'histoire d'Adam Pollo, un drôle de héros, hors du commun, marginal.
C'est l'histoire d'un moment de sa vie, un moment d'égarement.

Adam occupe une grande maison dans un village de la côte méditerranéenne, désertée par ses propriétaires sans doute partis en vacances. le lecteur a très peu de certitudes, sur comment il est arrivé ici, d'où il vient, ce qu'il a vécu auparavant. Mais après tout, Adam lui-même ne sait plus s'il est déserteur ou échappé d'un asile psychiatrique, et ses pensées ne sont pas toujours cohérentes.
On sait juste qu'il a presque trente ans, et qu'il mène une vie solitaire.
Il erre dans la villa qu'il occupe clandestinement, prend le soleil à demi nu devant ses fenêtres, se promène parfois sur la plage, reste contemplatif pendant de longues heures...
Dans un cahier, il écrit des lettres à une certaine Michelle, avec laquelle il entretient des relations troubles et épisodiques.

C'est un homme cultivé, intelligent, philosophe même, qui réfléchit beaucoup à la condition humaine, et à sa propre dimension d'être unique mais faisant partie d'un ensemble englobant toute forme de vie environnante. La nature, avec laquelle il tente de "communier", est ainsi omniprésente, comme dans de nombreux textes de l'auteur. En même temps, Adam se sent différent des autres : sa vision du monde, au regard de ce qui est communément considéré comme la "normalité", est décalée.

Adam est comme un électron libre, qui coule ses jours dans une sorte de torpeur primitive, alternée de moments de frénésie douloureuse.
Mais cette liberté ne lui apporte visiblement pas le bonheur : peu à peu, il sombre dans la démence...

La narration à la troisième personne du singulier, paradoxalement, n'instaure pas ici de distance avec le personnage principal, mais lui confère une sorte de légitimité. le ton neutre, presque bienveillant, avec lequel sa logique est mise en avant, exclut toute tentation de jugement. Les pensées et émotions d'Adam sont minutieusement décrites, suscitant chez le lecteur, si ce n'est de l'empathie, une forme de compréhension. Et lorsque la chute d'Adam survient, nous nous surprenons à être déçus, parce que cet être pas comme les autres était comme le symbole d'une liberté primitive, opposée à l'aliénante rigidité d'une société qui impose de tout ranger dans des cases.

"Le procès-verbal" se présente comme une succession de tableaux, mettant en scène les divagations -errances physiques et intellectuelles- d'Adam Pollo. On avance dans la lecture sans savoir vraiment où elle nous mène, mais peu importe. Les mots de J.M.G. le Clézio se vivent plus qu'ils ne se lisent, nous enveloppent, font naître en nous des images, des odeurs, nous imprègnent de leur poésie.

Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          130
C'est l'histoire d'un homme qui s'enferme dans une pièce, dans une sorte de maison abandonnée et qui observe le petit monde à l'extérieur, mais qui s'observe beaucoup: son corps, ses réactions, sa vie sans vie. Il ne se passe pas grand chose, c'est un roman calme et soporifique, mais c'est très très bien écrit. C'est aussi le premier roman de notre prix nobel vivant, celui qui l'a fait connaître et il mérite d'être lu pour entrer chez Le Clézio.
Commenter  J’apprécie          130

Quel talent dès son 1er livre ! je pense à son livre "désert" où il évoque encore avec une telle intensité, cette chaleur qui le hante ! il la décrit avec une telle densité que cette réalité, faite de sensations, d'images récurrentes... nous submerge autant que lui-même.
C'est comme un tableau qui m'inspire, dont voici quelques touches pour reprendre ses effets : le flou de la chaleur qui tremble, qui s'élève étourdissante comme une fièvre, jusqu'aux derniers degrés, dernières limites... où entrent sous pression des images mentales qui se bousculent, se tordent ou se répètent... Obsessions... sous la chaleur, il déambule, en écorché vif, sous l'emprise de délires... Hanté par les flammes, aux prises dansantes de l'errance, il titube au hasard, sans but... comme foudroyé dans cet enfer aux "gouttes d'acier", étouffante atmosphère minérale, tournoyante à souhait ! Insolation, surimpression, décalé... Surexposé, aveuglé, noyé de lumière blanche, éblouissante comme un flash ! Seul à en perdre la raison.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (1151) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..