Je connaissais
Timothy Leary dans les grandes lignes, et je le voyais déjà comme un genre de tonton blagueur, cosmique et bienveillant qui souhaitait éveiller les consciences de son époque de la même façon - ou d'une façon différente, mais dans le même but - que d'autres tels que Huxley, Ginsberg, Hoffmann, Shulgin et bien d'autres. En ouvrant ce livre, je savais plus ou moins à quoi m'attendre, mais ce que je ne savais pas, c'est qu'il me resterait collé dans les mains durant toute la durée de ma lecture, me faisant tour à tour sourire puis grincer des dents. Quoiqu'il en soit, si j'ai été transportée, ce n'est rien à côté de l'aventure incroyable et parsemée d'embuches qu'aura connu celui qui inventa ce célèbre slogan.
Né en 1920, fruit d'une famille extrêmement prude et religieuse et d'une autre famille irlandaise et fanfaronne,
Timothy Leary reçut de son grand père ce conseil : « Ne fais jamais comme tout le monde, mon garçon. Tu comprends ? Fais-en toujours à ta tête. Sois le seul de ton espèce. » Et, de fait, c'est ce qu'il fit, malgré son air de boyscout et ses bonnes manières, malgré sa rigueur toute scientifique.
Un récit profondément sincère, honnête, authentique, touchant, qui retrace l'histoire du mouvement hippie / Yippie / psychédélique et Beat de l'Amérique des années 60-70, de même que la répression qui eut lieu. Une tentative de paix et de changement dans un monde en guerre, qui fit quand même grand bruit. Et en suivant Leary dans son parcours, il est difficile de ne pas se prendre d'amitié pour cet homme profondément sincère, désireux d'approfondir la psychologie et le bonheur humain, désireux de changer les choses pour aller vers un mieux, gentil et sociable, qui n'a jamais pris la grosse tête et qui ressemble plus à un adolescent presque naïf et innocent qu'à un dangereux criminel et un baron de la drogue. On retrouve également beaucoup de personnes connues de cette époque, en plus de celles citées plus haut, comme Burroughs, Kerouac, Ferguson, Hendrix,
Lennon, Rubin... Mais aussi toute la famille de Leary, qui avant d'être le Père Spirituel d'une génération, fut lui-même père de deux enfants, et l'époux de nombreuses femmes.
Des mémoires à la fois acidulées, et acides / amères, mais surtout un livre indispensable pour saisir l'essence de cette époque haute en couleur, juste avant une autre révolution, la révolution de l'information. Un livre qui rend compte de l'oppression d'un système qui refuse de changer, qui utilise les mêmes outils que ceux qu'il fustige à des fins beaucoup plus violentes, un pamphlet contre le système judiciaire qui sait faire preuve de ridicule quant à certains sujets.
(voir la critique intégrale sur le blog)
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