Bof.
Ok…je développe un peu.
Leconte de Lisle fut une gloire incontestée du Parnasse, courant artistique qui fustige le nombrilisme des romantiques, poètes indécents d'un siècle décadent se complaisant dans leurs paysages embués et larmoyants…
Cette boustifaille impudique, très peu pour Charles Marie René Leconte de Lisle qui juge qu'il “y a dans l'aveu public des angoisses du coeur et de ses voluptés non moins amères, une vanité et une profanation gratuites.”
Pour les parnassiens, à l'instar de
Stéphane Mallarmé,
Sully Prudhomme ou
José-Maria de Heredia, il faut en revenir à l'art pour l'art.
Le poète doit honorer les mythes fondateurs, sans les parasiter par la médiocrité de son existence facultative ou de ses prêchi-prêcha moraux voire, honnis soient, politiques… Eh bien, quoi de mieux que de revenir à la pureté chimique des mythes antiques, et de dérouler des kilo-mètres d'Alexandrins aux Diane chasseresse et autres nymphettes de bassin harcelées par des Olympiens insatiables (hashtag balance ton Zeus).
Vous l'aurez compris, c'est bien cette devise de
Théophile Gautier, “l'art pour l'art”, qui guide la plume de l'auteur. Mais finalement est-ce que l'on n'en revient pas au point dénoncé ? A savoir se regarder le nombril autour de quelques sujets autorisés pour savoir qui a la plus longue…métrique ?
Pas naïf, l'auteur prévoit déjà l'accueil que recevra son recueil : “ces poëmes seront peut-être accusés d'archaïsme et d'allures érudites peu propres à exprimer la spontanéité des impressions et des sentiments” (pas commode d'en disconvenir).
Pourtant, il concède que l'art peut avoir un caractère de généralité, même si l'on part de l'expérience particulière et c'est à coup sûr, à mon sens, la subjectivité qui ouvre le chemin de l'empathie. Cette Antiquité fantasmée à partir des rigoureux textes des poètes gréco-latins est aussi glaciale que le marbre, certes étincelant, de leurs colonnes corinthiennes.
De fait, les contemporains des parnassiens se sont immédiatement montré sceptiques, à l'image de Remy de Gourmont qui déplorait ces « poètes français inférieurs » qui depuis cinq siècles « chantent, avec les mêmes phrases nulles, le printemps virgilien. »
Même si, lus à voix haute, la mélodie des vers est agréable, et ça et là, à petite dose, les poèmes le sont aussi nous sommes très loin d'une poésie qui bouleverse… et je rejoins finalement le constat prémonitoire de Leconte de Lisle dans sa préface : “ces poëmes, il faut s'y résigner, seront peu goûtés et peu appréciés.”
Qu'en pensez-vous ?