Si l'on devait décrire la nouvelle Ambre ou les métamorphoses, l'on parlerait sûrement de voyage. Par
cette expression, l'on entend la notion d'évasion, mais l'on perçoit aussi celles de découverte et de quête.
Dans ce récit, l'on plonge dans les pensées d'un narrateur troublé par la perte, l'éloignement d'un être
cher.
Le récit commence de la façon suivante : le narrateur revient vivre dans la ville où il a étudié,
Casablanca. Ville blanche qu'il redécouvre et repense au fil des pages, à travers ses retrouvailles avec
ceux qui ont peuplé son enfance.
Le narrateur dresse des portraits psychologiques détaillés des protagonistes, tout en gardant distance et
pudeur. Dans ceux-ci, les femmes sont omniprésentes. Qu'elles soient réelles, fictives telles que tirées
de légendes, l'auteur les perçoit comme des êtres sacrés, presque mystiques. Il évoque les femmes de sa
vie, telle que sa grand-mère, MmuLalla, Mère-Dame, tout comme celles qu'il croise au coin des rues ou
dans les contes, à l'image de Shéhérazade ou de la naine peu vertueuse Ambre. Tant les puissantes reines
que les putains. A l'instar de la boue et l'or de
Baudelaire, il leur érige un temple sous lequel il les réunit, magnifiant leurs défauts et sublimant leur beauté.
Ambre ou les métamorphoses est aussi l'occasion d'aborder le cheminement, la remise en question et la
quête d'identité de l'auteur. Il ouvre ses pensées, ses rêveries, dans une prose rythmée, tantôt descriptive,
puis directe ou encore saccadée. A ne pas se méprendre, les questions de temps et de vitesse se retrouvent aussi dans le déroulé de l'histoire. L'on alterne donc entre passé et présent, fiction et réalité et retour aux
origines des choses pour mieux les comprendre. le passé et les légendes sur lesquelles se construisent
les langues et les sociétés semblent alors être des fondamentaux dans la réflexion de l'auteur.
Ambre ou les métamorphoses, ce sont les mots de toutes les littératures et leurs histoires comme remède
à la perte de sens.
Ainsi, c'est un récit qui entraîne le lecteur dans un état légèrement second, entre ivresse et langueur. le
narrateur lui prend la main pour l'inviter dans la valse tantôt lente, tantôt effrénée de ses pensées. Une
balade offerte pour les amoureux de la littérature.
Une mise en garde aux lecteurs : c'est une lecture qu'il faut entreprendre sans attentes ou prétentions
particulières, mais seulement avec l'état d'esprit du voyageur qui se lance dans une évasion sans
destination précise, restant ouvert à toutes les propositions. Il faut oser le risque de se perdre dans les
métamorphoses.