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Enquêtes vénitiennes tome 4 sur 5
EAN : 978B07PJLQDGL
156 pages
Pierre Legrand (10/03/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Le système électif de l’opulente République de Venise au XVIe siècle entraînait une certaine corruption. Cette ploutocratie insidieuse n’empêchait pas la Cité aux cent églises de cultiver une intense religiosité.

Aussi lorsque une jeune fille noble, riche héritière et d’une célèbre piété se tue en tombant de sa fenêtre, on ne doute pas un instant qu’il s’agisse d’un déplorable accident.

Mais quand Mosca, le chef des sbires, fait part d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique


C'est toujours un plaisir, sans égal, de retrouver le grand chancelier Nicolo Aurelio ainsi que la belle Laura Bagarotto dont on a pu faire connaissance dans le cycle de Cinquecento.

Une intrigue policière toute simple dans la Venise du XVIe siècle, et, surtout dans laquelle le lecteur, à la suite du chancelier Aurelio, déambule dans les rues d'une Venise à la fois sulfureuse et "savoureuse" tout en rencontrant le peintre Titien et/où l'imprimeur érudit Aldo Manuzio (1449 - 1515).

Le cycle de Cinquecento et la série Enquêtes vénitiennes peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, et, cela même si la saga de Cinquencento est nettement plus complète, foisonnante au point de vue historique, artistique, littéraire, et, romanesque que les titres d'Enquêtes vénitiennes qui peuvent sembler, après coup, plus "légère".

Enfin bref, un excellent moment de lecture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Laura répondit par un sourire énigmatique au regard gris qui l’emprisonnait.
– Notez, poursuivait Aurelio tout aussi mystérieux, que tenir un homme sous la menace de publier ses fautes, cela s’appelle pudiquement fare cantare la messetta. (faire chanter la messe)
– J’ignorais qu’il y fût question de messe, dit la jeune femme dans un rire espiègle. Oh, mais après tout, nous sommes à Venise et la chanson ne dit-elle pas : « per la mattin’ una messetta, a pomerig’ una bassetta e per la ser’ una donnetta » (le matin, une petite messe, l’après-midi une bassette (jeu de cartes) et le soir une petite femme)
Laura, par cette diversion, avait cru échapper au regard gris dont les pointes la piquaient toujours.
– Et je vous félicite, Signora, d’être devenue une vraie vénitienne, murmura Aurelio non sans malice. Cependant, n’épuisez pas votre fortune retrouvée en abattant les têtes des mauvais citoyens. Je vous le dis pour deux raisons. La première, c’est que je peux disposer de quelques fonds secrets pour rembourser les frais occasionnés à des tiers devenus par les circonstances les auxiliaires de notre justice. L’homme qui brûle des papiers à la sortie des églises a un prix...
– Ne vous souciez pas de cela, coupa Laura. Votre deuxième raison ?
– C’est que je ne souhaite pas devoir un jour cantare la messetta.
Et plissant soudain les paupières dans une expression de suprême ironie, il ajouta :
– Mais ce n’est pas dans ce sens que l’entend la canzonetta, n’est-ce pas ? Et si je ne joue pas à la bassetta, je ne refuserai pas l’activité du soir.
Au milieu du rire de Laura, la porte du salon s’ouvrit, laissant passer un maître d’hôtel cérémonieux :
– Pronto, Signora.
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– Mais enfin, Signore, dit-il, la fenêtre du deuxième est encore plus haute. Comment a-t-elle fait pour passer par-dessus l’appui ?
Mosca avait encore frais en mémoire le compte rendu de l’accident :
– Il y avait un coffre sous la fenêtre. Un grand coffre de chêne incrusté...
– Le coffre de sa mère ! s’écria la vieille servante. Elle voulait ne jamais s’en séparer, elle s’en servait de chevet, elle me disait qu’ainsi, elle dormirait toutes les nuits à côté de sa chère maman. Ah, Signore, cela ne se peut. Jamais elle n’aurait accepté qu’on plaçât ce coffre comme un vulgaire meuble, sous une fenêtre !
– Sans compter qu’il était d’un poids... acheva le vieux qui avait d’autres souvenirs dans les reins. Mais enfin, pour quelle raison a-t-on déménagé cette chambre et ce meuble ?
Mosca, qui avait commencé la journée par s’ennuyer, qui s’était lancé presque par désœuvrement dans une action charitable, ce qui l’avait conduit à réfléchir sur l’injustice de ce monde, avait seulement dressé une oreille en entendant le nom de Balbi. Le limier en lui était tout à fait réveillé lorsqu’en prenant congé du vieux couple, il résolut d’aller faire un tour au palais Balbi, sachant que les jeunes vierges, nonobstant leur passion pour l’élévation de l’âme, n’ont pas pour vocation de grimper sur les meubles et puis surtout, qu’elles ont plus de chances de se tuer en tombant du deuxième que du premier.
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– Au contraire. Vous m’avez raconté une belle histoire ; j’en ai une autre à vous proposer.
– La mienne n’était pas belle. Oubliez-la.
– La mienne est touchante. Écoutez-la.
On en était revenu au badinage. C’était mieux ainsi. Il aimait ces changements de ton dans les conversations. Cela évitait l’ennui, le sérieux, le solennel qui caractérisaient les propos des hommes graves parmi lesquels il se trouvait trop souvent. La conversation des femmes, lorsqu’elles n’étaient point sottes, avait cette faculté de virevolter à la limite de la galanterie, ce qui lui donnait du piquant tout en reposant l’esprit. C’est dans cette humeur nouvelle qu’Aurelio ramena sur les épaules de Laura le châle de soie qui venait de glisser et prit place en face d’elle devant l’âtre.
– Or donc, je vous écoute.
– Il était une fois, commença-t-elle primesautière, un homme sévère et sérieux comme un notable de la République.
– Ce n’est donc pas moi.
– Cet homme possède un fils de quinze ou dix-sept ans.
– Je respire.
– Le père, lui, ne respire point. Et je pense même qu’il pourra s’attendre à une sérieuse déconvenue. Car c’est un homme strict, religieux, avare peut-être, soucieux de voir son fils suivre de près son exemple et il tremble devant la dissipation, les plaisirs et la débauche coutumière à notre jeunesse.
– Or, le fils...
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– Excellence, pourquoi est-ce vous qui me dites cela ?
Aurelio marqua un temps.
– Parce que c’est chez moi qu’on est venu se plaindre, évidemment. On sait bien que vous avez travaillé pour moi dans le passé. Que vous importe de savoir comment je connais vos agissements ?
– Puis-je me permettre une réflexion ?
– Allez-y toujours.
– Si Ser Balbi avait la conscience tranquille, il n’aurait pas fait une telle affaire d’une visite que j’aurais pu faire, après tout, parce que j’avais oublié mon écharpe sur le dos d’une chaise. Qu’a-t-il imaginé ? De quoi a-t-il peur ? Voulez-vous que je vous fasse la liste des questions sans réponse, dans ce dossier où, je vous le rappelle, il y a mort d’une jeune fille et captation d’héritage ?
Cette fois, Aurelio frappa du poing sur le dossier de la chaise qui rendit un son d’explosion.
– Non ! Surtout pas. Je ne veux rien savoir, Mosca, ne vous déplaise. Et si vous voulez un conseil, oubliez cette affaire. Oubliez-la et n’y revenez plus ! Et dites-vous que si moi, je suis nommé à vie, vous, vous pouvez être révoqué à tout moment. Est-ce clair ?
Le sbire leva une main. C’était tout à fait clair. Il avait compris et il acceptait.
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C’est l’instant, Aurelio, saisis-le.
Un sourire involontaire s’accentuait sur les lèvres du Chancelier. Il saisit un feuillet blanc ordinaire, choisit une plume qu’il trempa dans l’encrier, hésita peu avant de tracer les mots sans emphase au bon parfum de complicité et d’aventure :
Laura, j’ai besoin de votre aide.
Puis-je solliciter de vous le soin de trouver un prétexte pour me demander une audience officielle au palais ?
De grâce, détruisez ce billet aussitôt que vous l’aurez lu.
Pas un mot de plus, Aurelio. Signe. Il sabla le texte, souffla, plia la feuille, approcha le bâton de cire de la flamme, apposa le cachet, mais sans sceau, sur le pli que son valet porterait dès ce soir à la ca’Borromeo.
Tout en faisant ces gestes, les mots flottaient dans sa tête : « Laura... J’ai besoin de votre aide... de grâce... ». C’est cela, exactement. Et vous viendrez à moi. Plusieurs fois. Nous parlerons en tête-à-tête. Et nous partagerons un nouveau secret.
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