Mystic River

Lehane, mon auteur favori et avec ce roman, un morceau de choix. Sombre, très sombre même, mais tellement plus qu'un simple roman policier. Les romans de Dennis Lehane sont avant tout une ambiance et des portraits ciselés de personnages aux prises avec le destin.

Voici un roman dont j'avais lu les 100 première pages, puis jeté dans un recoin de ma bibliothèque pour me protéger du malaise qu'il avait fait naître en moi.
Puis deux années sont passées et sa couverture bleu ciel de nuit continuait de me narguer ("le bruit et la fureur" de Faulkner m'avait fait le même effet), alors j'ai pris mon courage au moment où celui-ci s'enorgueillissait d'optimisme et j'ai réouvert "Mystic River"...
Il ne s'agit pas d'un roman policier à proprement parler, le meurtre ne sert qu'à la catharsis des traumatismes du passé: vie assassinée contre vie interrompue.
Dans cette confrontation du souvenir de la violence et de la violence présente, éclatent en gerbes noires les non-dits qui ont obturé l'enfance des trois anciens amis.
Grand.

Nom de dieu, quel bouquin !

Si les cinquante premières pages m'ont paru un peu lourdes et m'ont fait craindre une lecture longue, fastidieuse et peu reposante en raison du nombre de personnages qui nous sont présentés, une fois qu'on a compris les liens entre tout ce petit monde, et qu'on a pris un peu de recul à la manière d'un photographe qui immortalise une scène et qui prend le temps de détailler son cliché, on rentre dans l'histoire pour en ressortir au bout de plusieurs heures avec la satisfaction d'avoir lu un très grand polar. Une fois les bases de l'intrigue solidement fixées, je me suis laissée embarquer dans cette intrigue pas forcément très rythmée, mais qui a obnubilé mes journées alors que je devais la lâcher pour aller bosser. Quel talent dans l'écriture, quel talent pour rendre à ce point palpables des émotions aussi opposées qu'indissociables, telles que la souffrance, l'amour, le vide de l'absence, ou encore la vengeance !

Je peux en parler car la quatrième de couverture évoque le meurtre de la fille d'un des protagonistes ; la découverte de la scène de crime et le moment où le père comprend que sa fille est morte est un des passages les plus marquants de toute ma vie de lectrice. Ils sont peu les passages comme ça, qui me marquent à ce point et dont je me souviendrai encore pendant des années… Ça m'est arrivé avec Barbara Abel et son Derrière la haine, avec Mehdy Brunet aussi et le prologue de son Sans raison, et il y a eu celui-ci, dans Mystic River. le passage se déroule sur des pages et des pages, c'est écrit tout en subtilité, en finesse et sans jamais tomber dans le sensationnel. C'est criant de réalisme, c'est écrit de manière à faire souffrir le lecteur pour qu'il morfle de concert avec ce père dévasté. Et j'ai morflé, ah putain oui j'ai morflé, et vous souffrirez aussi surtout si vous savez ce que c'est que de perdre un proche, même s'il ne s'agit pas d'un enfant. le reste du roman est à l'image de ce passage, l'atmosphère prend toute la place, bien plus que le rythme d'ailleurs.

A bien y réfléchir, le rythme de l'intrigue n'est franchement pas décapant, pas de rebondissent toutes les trois pages, pas de cliffhangers, pas d'effet de style pompeux, juste le cru des mots, la violence de la situation. Aucun ennui durant les presque 600 pages, pas d'envie de sauter quelques pages histoire d'arriver au dénouement plus vite non plus. Beaucoup de dialogues, qui rendent vivant le récit. L'auteur ne néglige ni la partie polar avec la recherche de l'assassin, ni l'aspect sociétal du roman noir, donnant une consonance très littéraire au texte, et le sentiment de quelque chose de très abouti. Si vous êtes un chouia déprimé en ce moment, je pense que cette lecture n'arrangera pas forcément votre état. C'est la vérité que vous vous prenez en pleine poire, la vérité sur la société, la famille, les traumatismes du passé, la condition humaine. Je ressors assez marquée de cet ouvrage, d'autant plus que je l'ai enchaîné après Mauvaise étoile de R.J. Ellory, et mes deux lectures me confortent dans la pensée qu'il y a des personnes qui sont nées pour souffrir, et d'autres qui vont passer à travers les gouttes toute leur vie. On croit pouvoir modifier son destin grâce à ses choix, ses actes, on pense être sauvé d'une mauvaise passe lorsqu'on arrive enfin à se sortir la tête de l'eau et que les éléments semblent se calmer autour de nous… Et puis la vie décide de vous en mettre plein la gueule, encore et toujours, et vous ne pourrez que subir dans la douleur, et une sorte de résignation.

[ le mot de la fin ]

Un roman noir, teinté de polar. Un roman qui marque, qui abîme, qui transperce.

Si mes prochaines lectures de Dennis Lehane sont aussi bonnes que celle-ci, il sera sans doute ma plus belle découverte littéraire depuis un certain Ragnar Jonasson il y a quatre ans.
Lien : https://anaisseriallectrice...

Un roman dramatique vraiment poignant... c'est bien écrit, l'histoire est bouleversante... A lire entre deux romans légers, surtout pour les sensibles comme moi, car même une fois refermé, le livre continue de trotter dans la tête...évidemment, j'ai pleuré à la fin... Donc pour les émotifs, préparez les mouchoirs :-)
Je recommande +++ !

Méfiez vous des apparences !!!!

Ouvre grand tes yeux, car je t'ai dégoté le book indispensable pour tous lecteurs de roman noir à savoir Mystic River pondu par Mr. Dennis Lehane et adapté au cinoche par Mr. Clint Eastwood.

Boston, dans un quartier d'ouvriers où tout le monde se connait fait face à une terrible tragédie, le meurtre d'une jeune fille de 19 ans...

L'histoire tourne autour de trois amis d'enfance, au passé dévastateur, réunissant leurs familles d'aujourd'hui à l'innocence perdue où l'on lave son linge sale dans la mystique rivière.

Enquête délicate, difficile, trompeuse, piégeuse, allant des sentiments les plus douloureux aux sentiments les plus poignants.

Lecture haletante, personnages extrêmement réalistes et complexes et dénouement qui frise la perfection.

OUAH !!! la claque.

Dennis Lehane nous fait vibrer aux sons de ses mots, trembler au sens de ses phrases, sombrer aux fins des chapitres et pleurer à la fin de son oeuvre.

Tu peux lire autre chose après si tu veux , mais tu n'oublieras pas celle-ci de sitôt, tant la noirceur de ce drame mais aussi l'hymne à la vie à la mort t'emporte au plus profond de ton coeur et s'imprime dans tes méninges ... à jamais !

Jimmy, Dave, Sean votre destin est entre ses lignes passant des anges du silence à ... l'enfer des loups !!!

Tu ne comprendras tout cela qu'en refermant la 584 ème page.

Et n'oublie pas ... méfie-toi des apparences !!!

Tu veux vraiment que je note en plus ce chef d'oeuvre littéraire ?
Tu l'auras voulu !

PS : Envoie moi la facture si tu n'as pas aimé ce livre, je te le REMBOURSE !

Sean, Jimmy et Dave sont âgés de onze ans et vivent tous les trois à East Buckingham. Jimmy et Dave dans le quartier des Flats, Sean dans celui un peu plus aisé du Point. Sean le raisonnable et Jimmy le futur délinquant sont plutôt complices malgré tout ce qui les oppose. Dave, lui, se démène pour se faire une place honorable dans ce trio. Jusqu'à ce jour maudit de 1975 où deux hommes qui se font passer pour des policiers emmènent Dave dans leur voiture. Une voiture sale qui sentait la pomme.
Dave disparut durant quatre jours avant de ré-apparaitre, après avoir réussi à échapper à ses geôliers. Et rien ne fut plus jamais comme avant …
Vingt-cinq années se sont écoulées, les trois copains ne se fréquentent plus depuis longtemps. Ils ont suivi leur chemin respectif, fondé des foyers et eu des enfants.
Jusqu'à ce qu'un second drame survienne à Buckingham. le dimanche de la communion de Nadine, la plus jeune des trois filles de Jimmy. Alors qu'une journée de fête se profile, Katie l'ainée - âgée de dix-neuf ans - est assassinée. Sean, devenu policier, n'aura de cesse de découvrir le ou les coupables.
Un roman très noir, une écriture percutante pour une intrigue particulièrement douloureuse. Un destin terrible et d'une fatalité effroyable. Magnifique !

Plus j'avance dans mon initiation au roman noir sous toutes ses formes, plus j'apprécie les auteurs américains pour leurs ambiances extraordinaires et la diversité de leurs descriptions, aussi bien urbaines que de grands espaces naturels. C'est une cette envie d'atmosphère sombre que j'ai choisi d'orienter cette lecture vers la découverte d'un auteur dont j'ai entendu parler si souvent et que je ne connais pas encore, Dennis Lehane. Comment faire un choix dans ses romans, par quoi commencer? Ce sont les rayonnages de la médiathèque qui en ont décidé pour moi, mon baptême sera… Mystic River. What else?...

« Jimmy avait pris ce gant et il s'en voulait. Sean le chercherait partout.
Jimmy avait pris ce gant, et il s'en réjouissait. Sean le chercherait partout.
Il regarda son père zigzaguer devant lui, menaçant de s'écrouler à tout moment ou de se liquéfier, et il comprit qu'il détestait Sean. » p. 36

Banlieue de Boston en 1975, même au sein des quartiers populaires il y a une hiérarchie et des rivalités irréconciliables. Sean Devine a onze ans et vit dans le quartier du Point dans une famille aimante, qui fait tout pour lui offrir un bel avenir avec la possibilité d'études universitaires. Il est d'un milieu plus favorable à la réussite que celui d'où viennent ses copains Jimmy Marcus, le petit dur, et Dave Boyle, le suiveur. Eux vivent dans les Flats, secteur bien plus pauvre. Les trois garçons se fréquentent car les pères de Sean et de Jimmy sont collègues à l'usine et se retrouvent pour boire un coup le samedi. C'est donc un après-midi comme les autres que les jeunes passent ensemble, et une dispute ne tarde pas à éclater entre eux, Jimmy proposant à ses comparses des bêtises flirtant de plus en plus avec la délinquance. La dispute se termine en bagarre au corps à corps et une voiture s'arrête près d'eux. Deux hommes en descendent et mettent fin au combat. Menaçants, ils séparent les enfants et prennent Dave dans leur véhicule, pour le ramener chez lui, ne sont-ils pas policiers?
Dave disparaitra quatre jours avant de pouvoir s'échapper de l'endroit où ses bureaux l'ont séquestré. D'un naturel déjà réservé, il ne racontera jamais ce qui lui est arrivé et finira par être mis à l'écart par ses camarades et subir leurs brimades.

« - Ils en ont attrapé un, Sean.
- Quoi?
- Un des ravisseurs de Dave. Ils l'ont coincé. Il est mort. Il s'est suicidé dans sa cellule.
- Ah oui?
Son père se tourna de nouveau vers lui.
- Oui. Tu ne feras plus de cauchemars, maintenant. » p. 57

Vingt-cinq ans plus tard, chacun a construit sa vie à sa mesure. Sean est devenu flic à la brigade criminelle de la ville. Dave, ancienne star locale de base-ball élève son fils avec sa femme entre deux petits boulots. Jimmy, après avoir fait de la prison, a fini par se ranger pour élever sa petite fille, Katie, dont la maman est décédée. Il est maintenant commerçant, marié et a eu deux autres enfants, il mène une vie honnête.
Katie a 19 ans, c'est une adolescente un peu rebelle qui s'apprête à quitter la ville en secret pour se marier avec son petit ami Brendan, haï sans raison apparente par son Jimmy. Mais les deux amants ne partiront jamais de Boston. Après avoir fait une dernière fête avec ses amies, la jeune fille disparaît. le lendemain elle ne se rend pas à son travail et rate la première communion de sa petite soeur. Son corps sera retrouvée dans un parc, non loin de sa voiture abandonnée, elle a été assassinée. le choc est terrible pour Jimmy qui, brisé, met tout en oeuvre pour retrouver le meurtrier de son bébé, ses fréquentations et réflexes de caïd revenant au galop.
La même nuit, Dave subit une agression violente dont il reste vague sur l'origine, habituée à ses secrets, sa femme Céleste le couvre, mais le soupçon finit par la rattraper.
Sean, quant-à lui, est chargé de l'enquête.

« Lorsque Jimmy se rapprocha de Sean, il entendit la voix à l'autre bout du talkie-walkie vibrer d'une émotion à peine contenue.
- J'ai dit : on a quelque chose. le sergent Powers a demandé que vous veniez ici. Euh, le plus vite possible, agent Devine. Tout de suite, quoi.
- Où êtes vous?
- L'écran du drive-in. Et, putain, c'est moche. » p.188

L'énorme, énorme point fort de ce roman réside dans l'atmosphère qu'il dégage. Boston obscure, les berges de la Mystic River, sont le théâtre incroyable dans lequel évolue le destin des trois hommes. Les personnages de Sean, Jimmy et Dave, dégagent chacun une aura extraordinaire dans son genre, au charisme très fort, exprimant une palette d'émotions sombres, du désespoir à la résignation, de la rage à la terreur. La ville dans son cadre populaire porte à merveille cette histoire dont l'évolution est passionnante. Typique des intrigues écrites il y a une vingtaine d'année, ce roman de Lehane campe des héros au destin torturé, influencés malgré eux et leur volonté de s'en sortir par des blessures profondes de l'enfance. L'auteur est un narrateur hors pair qui soigne ses mises en scène même dans les moments les plus terribles de son histoire et exprime les rivalités entre ses personnages d'une main de maître.

L'enquête sur le meurtre de Katie est menée en parallèle par Sean et par Jimmy, mais aussi par quantité d'autres personnages livrant leur sentiment sur l'affaire, dont Brendan et Céleste. Chacun protège les siens, ne veut pas voir la noirceur de ses proches et tente le tout pour tirer son épingle du jeu. C'est une expression de l'amour peu commune dans les romans et qui est hyper intéressante. La rivière aux eaux sales et tumultueuses donne à la perfection son nom à ce roman qui comme elle entraine le lecteurs dans son courant, ses tourbillons et sa dangerosité.

« Quand Jimmy reporta son attention sur elle, il arborait un sourire tellement glacial qu'elle eut envie de l'effacer d'une gifle. Dans ses yeux, elle revoyait l'adolescent qui grimpait aux poteaux téléphoniques sous la pluie.
- Pourquoi tu ne reprends pas tout depuis le début? » p. 478

Ce récit est fabuleux pour les amateurs de polar, de roman noir, à consulter sans plus attendre. Il a été magistralement adapté par Clint Eastwood au cinéma, dans un film extrêmement fidèle au roman de Lehane, et il est impossible d'oublier Tim Robins, Kevin Bacon et surtout Sean Penn dans le rôle d'un père terrassé de chagrin.


Ce roman de Dennis Lehane est une magnifique découverte pour moi et il est certain que je vais bientôt lire d'autres romans écrit par ce magicien d'ambiance, notamment Shutter Island et Gone, baby gone.
Lien : https://leschroniquesdeminui..

Bon moment de lecture que ce "Mystic River" Une intrigue solide et très bien ficelée et il m'a fallu vraiment attendre les dernières pages du roman pour connaitre le dénouement de l'histoire . L'auteur prend le temps de placer ses personnages et l'histoire évolue lentement sans toutefois être monotone grâce sans doute à une écriture fluide qui ne s'embarrasse pas de longues digressions. On ressent de l'empathie pour ces gens qui ne sont finalement jamais ni réellement bons ni mauvais .

En 1975 Sean Devine, Jimmy Marcus et Dave Boyle sont trois copains d'une dizaine d'années qui jouent dans la rue d'une banlieue populaire de Boston. Deux hommes les abordent en se faisant passer pour des policiers et finissent par emmener Dave avec eux, sous prétexte de le ramener chez lui. Dave ne reparaît alors pas pendant quatre jours, sans que l'on sache vraiment ce qui s'est passé. Un malaise s'installe pourtant entre les trois garçons, leur amitié n'y résistant pas.

Vingt-cinq ans plus tard, les trois hommes qu'ils sont devenus vont pourtant se retrouver consécutivement à un nouveau drame. La fille de Jimmy Marcus, ex-truand rangé et propriétaire d'une épicerie, est en effet sauvagement assassinée et c'est Sean Devine, devenu policier, qui est chargé de l'enquête. Et au coeur de celle-ci il y a Dave Boyle, qui mène une vie morne, et qui est l'un des derniers a avoir vu vivante la fille de Jimmy.

Mystic River est donc un récit à multiples voix. Il y a bien sûr celles des trois personnages principaux, mais également celles de bon nombre des personnages secondaires qui les entourent. Ce faisant, Dennis LEHANE déroule son intrigue chronologiquement en entrecroisant les points de vue et en revenant sur le passé des principaux protagonistes. Cela donne à ces derniers une épaisseur remarquable et au récit une force qui va crescendo dans l'intensité du drame qu'il raconte.

En outre ce drame est plus celui de la vie des personnages dans son entier que le seul assassinat de la fille de Jimmy. Ce qui intéresse manifestement l'auteur c'est la nature humaine dans toute sa palette de sentiments. En analysant les regards, les gestes et les pensées les plus intimes des protagonistes, il rend compte de leurs angoisses, de leurs regrets et de leurs colères. Et comme il ne s'agit pas d'hommes et de femmes extraordinaires, seulement de gens parmi les autres, cela ajoute encore à leur crédibilité et à l'émotion que le récit de leur vie suscite.

Mystic River est donc un roman noir. Mais en abordant des thèmes tels que le rôle du regard d'autrui sur nos destinées ou la prédétermination de nos actes et de leurs conséquences, Mystic River devient aussi, et peut-être surtout, un roman sociologique. de ce fait, et parce que l'écriture de LEHANE est parfaitement maîtrisée, Mystic River est un grand roman. Tout simplement.

Mystic River, c'est l'histoire de quartiers ayant vu naître, grandir et évoluer les mêmes personnes. C'est l'histoire de trois copains qui se retrouvent des années après une première tragédie, réunis autour d'un cadavre. C'est une ambiance, aussi. Il y a dans Mystic River comme une sensation de huis-clos, un étau resserré autour d'un quartier et des personnages qui empêchent quiconque de sortir de ce cauchemar effroyable. C'est donc un roman policier qui raconte l'enquête d'un duo de flics hyper sympathique, loin des enquêteurs misogynes, à l'humour graveleux, ivrognes, au bout du rouleau, dépressifs ou borderline, que l'on a mis au placard ou rétrogradés parce que les méthodes d'enquête sont discutables, que l'on a (trop) l'habitude de voir. Non. Ce sont des flics très professionnels, qui font leur boulot, le font bien et qui forment une équipe. Ils tâtonnent, cherchent, réfléchissent ensemble, rien ne leur tombe tout cuit dans la main, on s'implique dans l'enquête, on la comprend et on suit son cheminement sans ce sentiment d'être largué, d'avoir raté une déduction ou de se dire que dis-donc-c-est-quand-même-un-heureux-hasard-cette-découverte !

Mais au-delà de l'enquête policière, déjà passionnante et franchement bien construite, à mon goût du moins, il y a l'histoire des personnages, qui remonte jusqu'à leur enfance. On trouve çà et là des détails qui dessinent toujours un peu plus chaque protagoniste, sans effets de répétitions, de lourdeur ou d'inutilité. Finalement, les personnalités de chacun font partie intégrante de l'intrigue, jusqu'à la modifier, la faire avancer et parfois même, la relancer. Les âmes sont grattées, la noirceur de chacun exacerbée, il y a des fissures dans les personnalités, des drames dans les coeurs, des batailles au sein de chaque être habitant ce roman, chacun évoluant avec ses propres démons et regrets.


Ce livre fait partie de mes meilleures lectures policières noires. D'abord parce que l'enquête est habilement menée, complexe et riche, ce qui la rend captivante ; et puis surtout parce que les personnages sont très détaillés, travaillés, que chacun a une voix qui lui permet de s'exprimer et de raconter sa propre histoire. Vraiment, il y a un fait à surligner avec ces personnages qui sont d'une densité rare, et dont la présence remplit les pages à elle seule. Bien sûr, ils participent à la réussite de ce roman, brillant et qui envoie beaucoup d'autres livres de son genre aux oubliettes. le sentiment de huis-clos renforce l'intensité avec laquelle on vit cette histoire, enfermés que nous sommes dans cette histoire qui n'a pas fini de nous surprendre et de nous en mettre plein les yeux, du début à la géniale fin. Définitivement, le roman policier est un art, il ne s'agit pas simplement de jeter deux flics et une enquête, de secouer les pages et de lancer ça au lecteur ; et ça, Dennis Lehane l'a très bien saisi et mis en pratique.
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