Voici venir (enfin !) mon tour de découvrir la trilogie des Enfants du désastre. Depuis le temps que je me dis qu'il me faut la lire... la faute à toutes les critiques élogieuses sur lesquelles je suis tombée. Mais c'est aussi à cause d'elles que j'en attends beaucoup, peut-être même trop parfois, et que je mets le temps pour franchir le pas. Pour ce premier tome intitulé "
Au revoir là-haut", j'ai su dès les premières pages que je n'en sortirai pas déçue.
De
Pierre Lemaitre, je n'ai lu que deux de ses romans, et deux polars, que j'avais bien aimés. Nous sommes ici dans du roman historique, que j'ai tout autant aimé, si ce n'est même plus. L'intrigue débute quelques jours avant l'armistice du 11 novembre 1918, sur le front, sur la côte 113 plus exactement. Nous y rencontrons trois personnages : un capitaine et deux soldats. Je ne dirais rien de ce qui s'y passera, même si nous n'en sommes qu'au tout début et que je ne divulgâcherai rien en soi. Mais les derniers combats et les événements qui en découlent ayant une incidence sur les choix de vie de chacun après-guerre, je trouverai dommage que vous ne le découvriez pas par vous-même (si comme moi, vous faites partie de la minorité qui ne l'a pas encore lu).
Quoiqu'il en soit, nous suivrons par la suite Albert et Édouard d'un côté, qui imaginent et mettent en place une escroquerie nationale qui défie la morale ; et Henri de l'autre, en quête d'une fortune pour redorer son nom. Vengeance d'un côté, cupidité de l'autre. Personnages attachants ou détestables peu importe, on aime à les voir évoluer dans cette France d'après-guerre 14-18, qui pleure ses morts et ne sait pas quoi faire de ses survivants.
Solidarité, entraide et amitié, blessures de guerre (physiques et psychiques), reconstruction (ou pas), arnaques, fraudes et corruptions, usurpation d'identité, vengeance et mensonges, deuil, dépendance à la morphine ou encore dessin et monuments aux morts, tels sont les thèmes qui nous emportent dans ce roman passionnant.
Le contexte historique est magnifiquement bien développé, et les personnages bien fouillés. La plume de l'auteur est extra, aussi dynamique que percutante. L'atmosphère, plutôt sombre, est envoûtante. Tout est justement bien dépeint, ressentis des personnages comme le Paris d'après-guerre.
Pierre Lemaitre m'a totalement embarquée dans ses deux intrigues qui se chevauchent.
Alors que c'est Édouard le plus abîmé (physiquement parlant), c'est Albert qui m'a davantage touchée. L'homme gentil, serviable, peureux et angoissé qu'il est et qu'il restera jusqu'au bout a su m'apitoyer, m'émouvoir. Édouard a lui aussi, à sa manière, malgré son côté loufoque, dépressif et immoral, su m'attendrir. Quant à Henri, on espère qu'une chose : assister à sa dégringolade et donc espérer que l'auteur aille dans ce sens.
Albert. Édouard. Henri. Trois personnages aussi différents les uns des autres : sympathique pour le premier, insaisissable pour le second, détestable pour le troisième. Trois personnages hauts en couleur, qui nous surprennent chacun leur tour. Je n'oublie pas non plus M. Péricourt et sa fille, et quelques autres personnages secondaires, responsables de quelques retournements de situation bienvenus.
Bref, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé. "
Au revoir là-haut", ce sont 624 pages que l'on ne voit pas passer, qui se lisent toutes seules, surtout les derniers chapitres où la tension monte crescendo. Il ne me tarde qu'une chose : que ma bibliothécaire m'envoie un mail m'informant que je peux désormais récupérer "
Couleurs de l'incendie" que j'ai réservé il y a peu.