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4,38

sur 13471 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est une véritable bombe. Autant vous prévenir tout de suite, pour s'attaquer à cette lecture, il faut avoir le moral au beau fixe et avoir les boyaux bien accrochés ! Mais, si vous êtes dans cette disposition d'esprit, surtout n'hésitez pas et laissez vous entraîner par l'écriture captivante de Pierre Lemaitre (on peut dire qu'il porte bien son nom...). En tout cas, en ce qui me concerne, même si ce livre n'est pas des plus réjouissants (loin de là), il a eu l'avantage de me réconcilier avec Les Prix Goncourt, moi qui avais été relativement déçue par celui de l'an passé "Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari.

Mais bon concentrons-nous sur celui de cette année puisque, de toute manière, c'est de lui qu'il s'agit ici et par conséquent, c'est lui qui nous intéresse.
L'histoire débute en novembre 1918, à quelques jours à peine de l'armistice entre les Allemands et les Français. Albert Maillard, l'un de nos protagonistes, se retrouve pris au piège dans un trou d'obus et probablement condamné à mourir enterré vivant. En levant, les yeux, il aperçoit le lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle qui n'a pas la moindre intention apparente de lui porter secours, bien qu'appartenant au même Régiment d'Infanterie que lui. Albert ne peut que le contempler de toute sa hauteur et il sait qu'il haïra cet homme jusque dans la mort. A côté de lui se trouve une tête de cheval qui, elle aussi, appartiendra à ses souvenirs, s'il en a un jour. Et il en aura effectivement puisque près de lui se trouve également un compagnon d'armes, Edouard Péricourt, un homme de vingt-trois ans, comme lui et qui, en le ramenant à la vie, se retrouvera à jamais lié avec lui. C'est bien Edouard qui, au départ, sauva Albert mais ce n'était qu'un prêté pour un rendu car désormais, les deux hommes sont liés à la vie, à la mort. Une sorte de pacte que l'on ne peut pas comprendre aujourd'hui et que les Poilus ne sont plus là pour nous témoigner puisque tous sont dorénavant morts mais que nos grands-pères, nos pères...enfin tous ceux qui ont fait la Seconde Guerre mondiale, ont pu ressentir...bien que les deux guerres ne sont en rien comparables. Pourtant, j'ose croire que cette esprit de fraternité se ressent dans chaque conflit, à chaque fois que l'on lutte pour, non pas vivre, mais du moins survivre.

Une fois démobilisés, nos deux compatriotes, vont alors essayer tout doucement de reprendre goût à la vie...mais le peut-on réellement lorsque l'on a vu des horreurs pareilles, que l'on a vécu dans la crainte, le froid et la faim ? Pour Edouard, qui s'est vu défiguré et qui a perdu à tout jamais l'usage de la parole, ayant refusé les soins de chirurgie que l'on lui proposait, il est impossible de rentrer chez lui, non pas pour les raisons que je viens d'évoquer mais tout simplement parce qu'il déteste son père, bien que celui-ci soit très riche (ce qui aurait pu lui apporter un mode de vie confortable). Ce dernier est en effet un homme froid, distant, qui ne l'a jamais compris et, pour ainsi dire, jamais aimé. Edouard va devoir changé de nom et se faire porté disparu afin que sa famille (son père et sa soeur Madeleine) n'apprennent jamais qu'il est vivant ! S'engage alors pour Edouard, désormais Eugène (grâce à l'aide d'Albert qui a réussi à intervertir ses papiers militaires avec ceux d'un soldat mort sur le Front) une vie de clandestinité dans laquelle Albert ne le quittera jamais...Leur principal souci étant celui de l'argent, Edouard...euh je veux dire Eugène, va alors imaginer la pire des escroqueries jamais pensé et qui peut leur rapporter gros...voire même très gros !

Bon, je ne vous en dis pas plus sur l'intrigue car avec les cent deux critiques déjà postées sur le site, je suppose que vous devez commencer à vous familiariser avec l'histoire mais sachez que malgré les cinq-cent soixante-six pages que fait cet ouvrage, le lecteur (moi du moins) n'en n'a jamais assez. Un livre trop vie lu tant il est bien écrit, une histoire passionnante avec des faits réels (en plus de l'histoire des Poilus, j'entends), d'autres complètement inventés de toute pièce mais non pas moins crédibles pour autant. Durant cette lecture, je me suis sentie très proche du personnage d'Edouard car j'ai retrouvé chez ma grand-mère des lettres que mon arrière-grand oncle écrivait à ses parents durant cette période. En consultant son registre matricule, j'ai appris qu'il avait été blessé et était mort un mois plus tard des suites de ses blessures, tout cela parce qu'il avait refusé de se faire coupé le bras parce que vous comprenez, un agriculteur qui n'aurait eu plus qu'un bras en rentrant chez lui, c'était impensable...puisqu'il était persuadé qu'il allait rentre, comme tous d'ailleurs. Il avait vingt ans.

Désolée pour cet aparté mais encore une fois, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage, très touchant, sincère, saisissant de vérité...une merveille (si je puis me permettre de m'exprimer ainsi vu la gravité qu sujet abordé).
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"Je m'amuse beaucoup". C'est Pierre Lemaitre qui le confie dans un papier du journal le Monde
Et moi donc! ... Avec son dernier livre, quel plaisir macabre et jubilatoire!

Dans les derniers combats de la Grande Guerre, deux jeunes poilus, improbables frères d'armes, se sauvent la mise mutuellement. A la démobilisation et au difficile retour à la vie civile, ils ne sont que des rébus pour une société désirant tourner le dos aux années noires.
Le combat pour la survie continue, entre secrets, regrets, blessures du corps et de l'âme. Quelqu'en soit le prix, le désir de revanche sur les hommes et la vie est le plus fort et va être le terreau d'une magistrale et cynique escroquerie.

Dès les premières pages, la lecture se fait avec un creux à l'estomac, car combien effrayant est le destin de ces jeunes hommes dans l'affreuse tuerie de 14/18!
Vacarme des armes, odeurs pestilentielles, blessures atroces des gueules cassées, horreur de soi, incurie des gradés et misère du trouffion, toute la guerre est là, dans son carnage de machine infernale. Dans la réadaptation si difficile, c'est tout le désenchantement et la détresse d'une génération sacrifiée en "chair à canon", instrumentalisée par la raison d'état, ses affidés et leurs excès.

Réquisitoire envers l'administration, l'armée, les turpitudes opportunistes de la société d'après-guerre, le frénétique commerce de la mort et de la commémoration, face à l'indifférence de la nation pour les rescapés.
C'est aussi une réflexion sur le patriotisme, le courage, la couardise, la loyauté.

Pierre Lemaitre, en conteur magistral, nous fait changer d'époque, avec une écriture vivante et des portraits hauts en couleur, au plus près du réel. Ca secoue, fait vibrer, fait trembler et compatir. Ca se lit comme un carnet de soldat avec le langage coloré et gouailleur de ce début de siècle. L'auteur a le sens de la formule et joue joliment avec les mots.
C'est à la fois d'une tristesse infinie et d'une cruauté glaçante mais aussi une chronique ironique aux personnages et situations croqués avec humour.

Après ce livre, je ne verrai plus monuments aux morts et cimetières militaires de la même manière...
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Alors là Docteur ça ne va pas du tout.
Voilà… (rictus piteux) je sens que je prends goût aux Goncourt…

Déjà un sacré bolide le Goncourt Ferrari, alors un Goncourt Lemaitre forcément ça m'a fait envie.

Parce que quand le Monsieur monte en puissance, s'échappe de la case polar et balance une intrigue savoureuse et insolite sur fond d'après-guerre de 14-18, comment résister ? Ça nous fait du tortueux façon Lemaitre, du dégueu façon Lemaitre, du super-caustique façon Lemaitre, pour une action sans temps mort et une galerie de portraits diaboliquement réjouissante.

Bonheur, délice et jubilation. J'ai pas résisté.

Quand même, j'ai fait ma chagrine rapport à l'épilogue. Après une délectation sans réserve au long des tribulations d'Albert, Edouard, ce bon Henri et tutti quanti, j'attendais un développement du dénouement plus approfondi.
Angoisse et frustration.
Pour la peine j'ai enlevé une demi-étoile tiens (avec sursis).

N'empêche, il m'a enchantée ce Goncourt.

Pffiou… faut que j'aille prendre mes gouttes moi.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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"Tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute...©"Oui tout a été dit sur cette guerre et pourtant ce livre est rafraîchissant. Il choque mais il fait rire aussi et il nous apprend des choses sur l'après guerre 14-18 et le talent de Pierre Lemaitre fait que les 567 pages se dévorent facilement comme une lettre à la poste du 52 rue du Louvre...

" A tous mes amis, à toutes les gueules cassées, aux plaies, aux bosses, aux visages émaciés...©"Même si cette histoire sent le souffre avec une arnaque de haut vol et totalement amorale -en apparence- elle a pourtant le goût de l'hommage rendu à ceux qui sont revenus des tranchées. Il suffit de remarquer le sort que l'auteur a réservé à nos deux amis.

Aux deux amis, qui font connaissance sur le front à quelques jours de l'armistice,dans des conditions dramatiques mais extraordinaires. Il suffit de lire les 100 premières pour s'étourdir dans le chaos de la cote 113, lors d'une ultime attaque inutile - et le vrai scandale est là- pour ne plus lâcher cette histoire d'amis d'infortune.

Le travail de Pierre Lemaitre ne s'arrête pas à ces deux héros paumés lors de la démobilisation . Il gravite autour d'eux des personnages dont le fumet dégage parfois autant de puanteur qu'une tête de cheval enfouie depuis plusieurs jours sur un champ de bataille. Et il s'installe une sorte d'addiction à suivre aussi leur amoralité qui surpasse largement celles de nos deux héros.

Tout a déjà été écrit, aussi, mais le talent de conteur de Pierre Lemaitre , justement récompensé par le Goncourt, méritait bien cette reconnaissance.

©: paroles du chanteur C. Miossec.
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Au départ, ce livre n'était absolument pas fait pour moi. Tout d'abord il a obtenu le Goncourt, et que je passe toujours a coté des livres primés (je ne suis pas prete d'oublier mon dernier Modiano). Ensuite parce que ce bouquin parle de la première guerre mondiale, et que les deux grandes guerres (pas si loin de nous... mes grands parents y étaient !!! ) sont des sujets que je n'aime pas.

Alors, vous allez, sans doute, croire que je suis complètement maso pour m'attaquer à un tel livre. Pourquoi s'essayer à un roman qui peut nous faire souffrir ? Et bien tout simplement parce que parfois il y a des exceptions (et que je ne veux pas mourir idiote). Je n'ai pas souffert une seconde en lisant ce livre, je me suis fait un plaisir immense.

Un roman qui traite des affres de la guerre et de l'après guerre.C'est aussi une immense histoire d'amitié, l'histoire d'un arriviste capable de tout pour s'enrichir.
Un livre qui te montre qu'il faut toujours dire aux tiens que tu les aimes avant qu'il soit trop tard.
En bref, une immense leçon de vie qui arrive à te faire réfléchir sur de nombreux points.

Alors oui pour moi ce livre est une EXCEPTION, un incontournable, un très grand roman
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« Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. de la guerre, justement.» D'emblée, dès l'incipit, le ton est donné.

Avec " Au revoir là-haut " Pierre Lemaitre nous offre un superbe roman rempli d'humanité et dans lequel on retrouve la souffrance et l'horreur mais aussi une certaine dignité malgré le chaos indescriptible. On a du mal à se défaire de cette histoire passionnante et brutale sur fond de grande guerre. L'intrigue à tiroirs, dans une période délicate, nous entraine dans des méandres imprévisibles et est si captivante qu'on ne cesse de lire afin de savoir la suite. En anglais, on appelle cela un « page-turner », un roman si bien ficelé qu'on n'arrive pas à le lâcher. Les évènements se succèdent, surprenants et vraisemblables. Les pages défilent et ne se comptent pas. le talent de l'auteur s'exprime à chaque page par le rythme donné à l'histoire qu'il raconte. Pierre Lemaitre entremêle Histoire et histoire pour composer un livre historique, sociologique, psychologique mené comme un roman policier avec l'action et les rebondissements multiples distillés au fil d'une intrigue totalement maitrisée.

« Au revoir là-haut » aborde de nombreux thèmes mais celui qui revient constamment est celui de l'injustice et de l'ingratitude du pays au retour des soldats de la Grande guerre. Des jeunes gens ont gagné la guerre mais revenus à la vie civile ne reçoivent aucune reconnaissance et sont même rejetés. Cet après-guerre traduit un vrai paradoxe, la France est plus reconnaissante envers ses morts qu'envers ses vivants même blessés et détruits par cette guerre ignoble. Cette France a beaucoup de mal à trouver une place pour ceux qui ont gagné la guerre, qui en sont revenus et qui deviennent encombrants.

L'histoire commence dans les tranchées, dans les jours qui précèdent l'armistice de novembre 1918 et s'ouvre sur une scène de bataille de cinquante pages qui sont particulièrement saisissantes. Dans les premières pages, Pierre Lemaitre veut faire comprendre ce qu'est la guerre pour pouvoir ensuite accompagner le lecteur dans une trajectoire difficile. Par un premier chapitre très fort, il implique d'emblée le lecteur dans le roman ; il est lui-même dans le trou d'obus avec Albert et doit sortir avec lui. Il laisse ensuite le lecteur respirer en ralentissant l'action pour repartir de plus belle avec des rebondissements, des faits nouveaux. de la guerre, il en est en fait peu question dans le roman. La vraie tragédie n'a pas été seulement dans les tranchées de 1914-18 mais s'est poursuivie dans la France de l'après guerre. Comment vivre après avoir subi l'impossible et accepter ensuite d'être dépouillé de tout et récompensé par rien ?

Très rapidement le récit soulève une grande émotion et on ne peut qu'éprouver de la compassion pour les deux héros qui deviennent attachants et qui nous amènent à penser à la dramatique destinée des jeunes hommes de cette époque qui voulaient vivre ou simplement survivre.

Au fil des chapitres, c'est un tableau sociologique convainquant de la France de l'époque qui surgit, le tout mêlé à une fine analyse de la psychologie des différents personnages. Pierre Lemaitre essaie sans cesse d'entretenir une dimension de proximité avec le lecteur. Même dans les passages dramatiques, l'ironie et l'humour sont très présents pour alléger les scènes insoutenables et ne pas laisser le lecteur être débordé par l'émotion. L'histoire en l'occurrence est plus cruelle que l'imagination, Flaubert disait «le vrai n'est pas toujours vraisemblable», ce roman en est une illustration.

Le suspense est entier, bien mené et il faut attendre jusqu'aux quinze dernières pages pour découvrir le dénouement de l'histoire.

Céline a inventé une manière d'écrire qui manifestement a influencé Pierre Lemaitre : « J'ai appris le maniement de la langue en lisant Céline. » Tout chapitre doit être visuel, l'auteur imagine la scène, le lecteur voit la scène. le travail consiste à donner au lecteur l'illusion qu'il raconte l'histoire à voix haute. L'imagination de Pierre Lemaire est très filmique et sa traduction écrite donne des images cinématographiques.

Pierre Lemaitre a su trouver un souffle romanesque pour nous livrer un superbe livre dont on ne ressort pas indemne. Son écriture et son talent permettent au lecteur de se plonger totalement dans cette période avec de nombreuses images superbement décrites. Il suscite également la réflexion et le besoin de s'interroger sur ce qui se passe encore aujourd'hui non loin de nous.

Un très beau prix Goncourt.
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Albert Maillard a été témoin d'une chose qu'il n'aurait jamais dû voir… Pour cette raison, il aurait dû mourir sur le champ de bataille, lors d'une dernière offensive lancée par son lieutenant contre les allemands, en ce 2 novembre 1918, quelques jours avant que l'armistice ne fasse cesser les combats… Mais le destin en a décidé autrement et si le jeune homme a échappé de justesse à la mort, c'est grâce à l'intervention et au courage d'Edouard Péricourt, gravement blessé et défiguré lors du sauvetage. Dès lors, un lien étroit et indéfectible va unir les deux hommes. Néanmoins, Albert reste un témoin gênant, détenteur d'une vérité compromettante et va devenir la cible du lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle… On suit donc ces trois personnages dans un paysage d'après-guerre où les chances sont complètement redistribuées…

Il serait dommage d'en dire plus tant l'intrigue mise en place par Pierre Lemaitre est riche en rebondissements et en surprises. le récit, découpé en trois parties, se déroule sur une période relativement courte, qui débute en novembre 1918 et s'achève en mars 1920, durant laquelle on découvre le visage de la France d'après-guerre avec, d'un côté, ceux qui se sont enrichis grâce aux combats et ont tiré profit du conflit et ceux qui, au contraire, se retrouvent sans rien, livrés à eux-mêmes, attendant une pension qui n'arrive pas… le narrateur fait entendre sa voix, n'hésitant pas à prendre le lecteur à parti et rendant le récit si vivant qu'il devient difficile à lâcher ! Je me suis complètement laissé prendre par cette fresque romanesque sur fond de vengeance, de trahisons, de malversations organisées à l'échelle nationale. Une lecture passionnante et addictive, habilement orchestrée, où l'on se demande sans cesse quand s'arrête la fiction pour laisser place à la réalité… Avec « Au revoir là-haut », j'ai trouvé mon premier coup de coeur de cette rentrée littéraire !

Un énorme merci à Libfly et au Furet du Nord pour cette opération « On vous lit tout » qui m'a permis de faire cette belle découverte !
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Quel récit ! Violent, incisif, percutant, passionnant, poignant, généreux, bien documenté, qui tient en haleine, et je pourrais encore ajouter bien d'autres qualificatifs laudatifs !
Malgré les horreurs mises en exergue par le récit : les carnages de la guerre, la veulerie, la goujaterie des hommes, la cupidité, le goût du lucre et de la gloire vénale … d'autres pages sublimes racontent la fraternité, la solidarité, l'amitié…
Jusqu 'au bout, j'ai été tenue en haleine, finalement, une « certaine justice » sera-t-elle faite ? (Et du coup, c'est sans beaucoup de scrupule que l'on franchit le pas pour soutenir les malfrats !)
On y croit, et puis tout s'écroule, et puis il y a des rebondissements, encore, toujours. Pierre Lemaitre a un talent indéniable pour maintenir le suspens.
Ce livre devrait être lu autant par les collégiens de troisième, (il pourrait enrichir leur dossier « histoire des arts, » les éléments communiqués par Jules d'Epremont aux maires sont autant d'informations pouvant alimentées, par exemple, un dossier « architecture » consacré à l'édification des monuments aux morts) , que par les lycéens (programme d'histoire de première) , mais hélas, les 615 pages peuvent constituer un obstacle à cet investissement ! Mais pour les passionnés de lecture, elles donnent un plaisir, et de longs moments de grâce.
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Ce livre m'a mis hors de moi étant donné que le "Scandale des exhumations militaires" est réel et éclata en 1922. Donc les malversations attribuées à Henri d'Aulnay-Pradelle par l'auteur n'en sont que plus révoltantes et des hommes tels que lui qui se sont enrichis avant, pendant et après la guerre ne peuvent que dégoûter profondément. Des "ordures pareilles" faisant fi de toute moralité pour tirer avantage et prestige m'insupportent au plus haut point (la richesse s'acquière difficilement je pense en étant vraiment honnête et intègre ; ce n'est que mon avis).
Ceci étant cette ' Grande Guerre" comme on l'a appelé a fait massacrer des millions de jeunes hommes, et ceux qui en sont revenus étaient traumatisés à vie , sans nul doute. Quant aux "gueules cassés" et amputés de toutes sortes quelle vie s'offrait à eux ?
Ici Albert et Edouard ont essayés de "Survivre" en se soutenant mutuellement et monter une arnaque d'envergure pour Exister. Cela a permis à l'un de continuer son chemin et à l'autre de retrouver, un temps du moins, ce qu'il aimait faire avant de n'être plus qu'un "monstre" sans visage .
Livre très prenant et qui vous touche en plein coeur.
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Quel livre mes amis ! Quel livre !!!

En m'attaquant à ce pavé cet été (alors qu'il est dans ma bibliothèque depuis l'automne dernier...) je n'ai pas eu peur une minute de me perdre ou de m'ennuyer. Profitant de mes grandes vacances j'ai englouti ce livre avec plaisir et délectation.

Acheté bien avant qu'il n'ai reçu le Prix Goncourt j'étais heureuse de l'avoir à disposition. Un beau livre broché ce n'est pas si souvent pour moi et avec toutes ses pages j'aime ce format agréable à la lecture.

Voilà que je me disperse, repoussant mon avis sur ce livre ayant peur de ne pas arriver à en dire assez de bien, peur de ne pas être à la hauteur de mon plaisir de lectrice avec cette histoire.Vais-je encore pouvoir décider de futurs lecteurs ?... Y-a-t-il encore des personnes qui ne l'ont pas lus ? ...

Et c'est parti pour une plongée en enfer car dès le début du livre on se trouve au coeur du terrible fracas de la guerre des tranchées.

On suffoque, on tremble, on crie, on pleure. Nous faisons alors connaissance dans ces terribles conditions avec des soldats, deux tout particulièrement : Albert Maillard et Édouard Péricourt. Ces deux là vont aussi faire connaissance à ce moment là.

Un autre homme se trouve ici également, un officier, il s'agit d'Henri Aulnay-Pradelle. Un des personnages principal de ce roman, un homme qu'il est préférable de ne pas trouver sur sa route, mais qui hélas croisera toujours dans de fâcheuses circonstances celle d'Albert et Édouard...

Édouard va sauver Albert d'une mort certaine par ensevelissement lors d'une bataille finale. Lors de ce sauvetage le premier perdra son visage, pour tout dire son identité. Édouard devient une gueule cassée.

Un lien indéfectible va s'installer entre les deux hommes. Ils n'auront de cesse de s'occuper l'un de l'autre. Albert se sentant redevable à vie de son compagnon sauveur.

" En le tenant contre lui, Albert de dit que pendant toute la guerre, comme tout le monde, Édouard n'a pensé qu'à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu'il est vivant, voilà qu'il ne pense qu'à disparaître, si même les survivants n'ont plus d'autre ambition que de mourir, quel gâchis... "

Une amitié bien particulière va grandir entre ces deux brisés de guerre.

Ils deviendront complices d'une vaste escroquerie aux monuments aux morts, grâce au talent de dessinateur d'Édouard.

Albert et Édouard vont jusqu'à changer d'identités pour se fondre dans cette période d'après-guerre et échapper à Pradelle cette pourriture d'homme, arriviste et arnaqueur.

Pierre Lemaitre est un artiste peintre dans son livre, il nous dresse de splendides portraits : de cet homme sans visage aux mille masques époustouflants, de ce salop impétueux et arrogant de Pradelle, de cet homme simple et humble qu'est Albert.

Les personnages secondaires sont aussi très travaillés, Monsieur Péricourt (le père d'Édouard) cet homme blessé et endeuillé, mais aussi ce petit fonctionnaire extra-ordinaire de Merlin. Et des femmes aussi dont la sœur d'Édouard, Madeleine et la petite amie d'Albert, Pauline qui subissent aussi les dégâts collatéraux de la guerre.

Mais cette histoire n'est pas qu'une galerie de personnages, Pierre Lemaitre à la faculté de nous faire vivre presque physiquement les scènes du livre. Cette scène de début lors de l'ensevelissement d'Albert et son sauvetage !!!

Incroyable de réalisme. J'ai suffoqué, j'ai cru ma dernière heure arrivée...

Les scènes de visite des cimetières par le fonctionnaire Merlin sont marquantes, on sent presque l'odeur de putréfaction, l'indicible est décrit, l'atmosphère est glauque à souhait ... Malgré tout, on note souvent une bonne pointe d'humour noir !

J'ai laissé décanter ma lecture, mais je sais que ce livre là restera en moi longtemps, très longtemps. Les personnages dressés par l'auteur vont continuer à m'accompagner, à m'émouvoir, à me hanter.

Une lecture marquante, une grande lecture.

Je ne suis pas forcément contente de ma "critique" elle reflète bien pâlement mon enthousiasme et ne reflète pas vraiment l'empreinte de cette histoire dans mon imagerie de lectrice...

J'aime quand une lecture m'embarque à ce point, j'aime quand une lecture me permet de belles rencontres avec de forts personnages. Connaitre Albert et Édouard quelle chance !

J'aime aussi quand j'apprends encore et toujours sur l'histoire de mon pays et notamment ici sur la période d'après guerre de 14-18. Car s'il y a une part de fiction dans ce livre il y a aussi beaucoup de réalisme dans la vision de cette période d'après-guerre très particulière et qui n'est pas souvent mise en avant...

Pierre Lemaitre sans auréoler les soldats de la grande guerre a su leur rendre hommages de bien belle façon.
Son livre est son monument littéraire, une sacrée belle réussite ! Prix Goncourt amplement mérité.

Un livre que je garderais en mémoire pour toujours.
Alors si ce n'est pas déjà fait,
prenez rendez-vous avec "Au revoir là-haut "
vous m'en direz des nouvelles, des bonnes à coup sur !

Je finirais ma petite bafouille sur le très beau titre de ce livre, très triste et si beau :

"Je te donne rendez-vous au ciel où j'espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma très chère épouse." Jean Blanchard

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