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4,38

sur 13477 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu un Goncourt long et j'ai aimé ça.

Non, mieux, j'ai adoré !
Bon, faut dire que le gars Lemaitre, c'est pas vraiment un perdreau de l'année non plus. Robe de Marié, Alex, Cadres Noirs...autant de précédents laissant raisonnablement à penser que le moment à venir serait au pire agréable, doux euphémisme...

Excepté le très distinguêêê prix Sunic, je fuis habituellement les célébrations de tout poil. Il aura juste suffit d'un signe un maaatiiiin ♫ de maître Lemaitre pour passer outre ces vilains a priori et prendre le premier panard digne de ce nom en cette nouvelle année du Cheval. Certains argueront que la trame crin un brin, que n'hénnit, je n'en ai que fer Gastonde car perso, j'ai trouvé sabot...

14-18 . La guerre c'est moche, ça tue. Et quand vous avez la chance d'en réchapper, le prix à payer ne l'est jamais vraiment. Elle sera cependant le terreau d'une amitié durable entre une gueule cassée et un miraculé se sentant éternellement redevable envers son héroïque sauveur. Edouard et Albert, aussi dissemblables que le jour et la nuit. L'un bourgeois éduqué, l'autre issu de milieu modeste. L'un brillantissime au point de mettre au point une escroquerie d'envergure nationale, l'autre presque trop gentil au point de s'excuser lorsqu'on lui marche sur les pieds.
Pour le Bon et le Truand, le casting avance, faites entrer la Brute !
Claquement de talonnettes, doigt sur la couture ! Lieutenant d'Aulnay-Pradelle pour vous asservir, enfin servir. Surnommé gros enc' par ses plus fidèles admirateurs, cet arriviste forcené pourrait presque susciter l'admiration s'il ne filait pas la gerbe.
Ajoutez en toile de fond la douleur d'un père terrassé par la mort d'un fils qu'il n'a jamais su aimer et le destin cruel d'une femme mariée pour le pire voire plus si affinités, la distribution affiche complet, l'histoire peut dérouler.

Magistral du début à la fin, ce récit n'est pas qu'une énième resucée de récit guerrier et son cortège de misère, misèèè-re mais bel et bien l'instantané d'une époque meurtrie évoquant remarquablement le funeste destin des Péricourt et consorts sur fonds d'arnaque validée par Newman et Redford!
Les Péricourt furent grands, ils ne sont plus que gouffre de souffrance, ambition démesurée et bassesses en tout genre. En cela, ce type de récit n'est pas sans rappeler certains épisodes affairistes du grand Zola, les 1256 pages descriptives en moins, dommaaaage...
De destins brisés en survivants revanchards et cupides, des individualités exaltantes qu'il est impossible de lâcher une fois ce bouquin amorcé.
Un plaisir de lecture rare et intense.

J'ai lu un Goncourt long et j'ai aimé ça...

4.35 pour faire remonter la moyenne!
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Que faire de ce mini-pavé Goncourt ?
Vous pouvez l'utiliser pour caler une table bancale avec; vous pouvez l'abattre avec un succès relatif sur la tête d'un proche qui vous importune... vous pouvez le remettre sans cesse en bas de votre pile de lectures, si vous êtes d'une nature méfiante envers les "livres qui font unanimité".
Ou vous pouvez tout simplement le lire enfin, pour constater par vous-mêmes que le roman est vraiment bien. Le lire pour attendre ce point de non-retour, quand vous êtes tellement absorbés dans l'histoire que tout ce que vous importe, c'est d'en connaître enfin le dénouement.
Jusqu'au bout je n'avais pas la moindre idée comment cette curieuse histoire pourrait bien se terminer... pourtant, j'aime faire des spéculations et chercher les puces, mais cette fois, je suis restée bredouille !

Imaginez que la guerre est presque finie, et vous avez non seulement réussi à rester en vie, mais aussi de la traverser sans blessure (une blessure physique, au moins, car pour ce qui est du reste...). Vous commencez déjà à savourer l'idée du retour, quand, lors de la dernière bataille, vous vous retrouvez enterré vivant. Et le camarade qui vous connait à peine et qui, malgré tout, vous sort de ce pétrin, finit avec la moitié du visage emportée par un éclat d'obus.
Eh bien, ça change la donne. Ca change beaucoup de choses, en fait. Vous faites tout pour qu'il s'en sorte, car vous vous sentez redevable. Et, à votre façon, vous aussi, vous lui sauvez la vie - alors, pas besoin d'en parler entre vous, mais vous êtes liés à tout jamais.
D'autant plus que cet être fantasque est tellement dégoûté par sa nouvelle apparence qu'il en perd toute envie de vivre; à quoi bon, la chirurgie esthétique ? Il ne veut pas non plus rentrer chez les siens - avec cette tête ? Et vers ce père qui lui a toujours montré que le plus profond dédain ?
Alors, vous vivotez ensemble, et ma foi, c'est dur !
Jusqu'au moment où votre ami se réveille de sa torpeur fataliste et essaie de vous convaincre de monter une arnaque si cynique envers cette société en deuil, que vous ne pouvez pas accepter ! Mais cette promesse d'avenir sans soucis, loin de tout cette folie... !

Pierre Lemaitre nous dresse un intéressant portrait de la société d'après la Grande Guerre - de ceux qui ont tout perdu, sauf la vie; de ceux qui s'accrochent aux anciennes valeurs familiales quoi qu'il arrive, tout en restant droit, comme le vieux monsieur Péricourt; des sangsues qui bâtissent leur fortune sur le chagrin et le malheur des autres, comme ce fumier d'Aulnay-Pradelle.
Tout ça raconté avec un cynisme presque débonnaire, si vous voulez bien me pardonner l'expression.

À sa façon, ce livre me rappelle beaucoup ma lecture précédente - "Ivresse de la métamorphose" de Zweig.
Les héros des deux histoires cherchent à faire leur propre justice, dans un monde tellement injuste envers ceux qui auraient mérité mieux.
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Comment imaginer aujourd'hui qu'un obus puisse vous emporter toute la mâchoire et vous laisser pour la vie avec la gueule cassée et l'espérance en miettes ? J'ai beau savoir qu'il s'agit d'une réalité historique, la Première Guerre Mondiale, l'immédiat après-guerre ou les souffrances des blessés, des estropiés et des défigurés me paraissent à des lumières de moi, un peu comme si on me parlait de science-fiction ou de la vie d'une tribu reculée qui vit à l'écart de la civilisation...

Je n'avais donc pas envie de lire Au revoir là-haut, d'autant plus que tout le monde m'en faisait l'éloge et que je soupçonnais Pierre Lemaître de trahison pour avoir abandonné mes polars sanguinolents bien-aimés. Mais, comme on me l'avait prêté et qu'il trainait sur ma table de nuit depuis des mois, je me suis décidée à le lire...

Et j'ai aimé ! Pas tant pour les horreurs de la guerre ou la tragédie des gueules cassées, déjà lues et relues et qui me demeurent pourtant étrangères. Mais pour la galerie de personnages, pour le désespoir magnifique, pour l'amitié, pour la tendresse, pour ces losers qui ont pourtant un grand coeur et ces puissants qui n'en ont pas du tout... Pour le monde des affaires qui n'a pas tellement changé, pour les fantaisies et les arnaques grandioses du héros, pour les minables tellement serviles et tellement ridicules.

Bien plus qu'une histoire singulière, Au revoir là-haut est une comédie humaine en raccourci, qui montre tout ce qu'il peut y avoir de beau en nous : amour, créativité, espoir, courage, honnêteté, générosité, humour. Mais également le côté obscur de la force, d'une part le tragique fondamental de notre condition et d'autre part toutes ces abominables petites ou grandes compromissions que l'homme est parfois prêt à faire pour avoir l'impression de s'élever.

Challenge multi-Défis 2017 : 5/xx
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Un a priori ridicule (c'est le propre des a priori) vis-à-vis de l'auteur (peut-être à cause de sa tête fatiguée, non je plaisante) que je trouvais opportuniste en choisissant de faire paraître un roman sur la grande Guerre peu avant le début des commémorations de son centenaire, m'avait éloignée de la lecture de ce roman qu'il eut été dommage de négliger.

Car j'ai dévoré ce récit de l'amitié deux poilus, dont l'un a sauvé l'autre de la mort mais pas de la défiguration, aussi dissemblables qu'il est possible, pris dans la tourmente d'une guerre absurde. Deux survivants qui, livrés à eux-mêmes après les hostilités comme beaucoup de leurs semblables, prennent leur revanche sous forme d'une escroquerie amorale.
Avec Au revoir là-haut, Pierrre Lemaitre a imaginé une histoire formidable servie par une écriture talentueuse.

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Au cours d'une émission à la radio, Pierre Lemaitre a repris à son compte une déclaration de Raymond Chandler pour qui il existe deux types d'écrivain, celui qui écrit des écrits et celui qui raconte des histoires. Lemaitre se situe dans la seconde catégorie et son roman « Au revoir là-haut » en est une brillante illustration. le roman peut être rattaché à différents genres littéraires : picaresque, historique, social et être ainsi considéré comme un hommage au roman populaire. Son succès critique et commercial nous rappelle que s'il y a différents genres de littérature, il n'existe pas de sous genres.

Rédiger la critique n°540 permet de passer rapidement sur le résumé du roman. Deux soldats que tout oppose se sauvent mutuellement la vie dans les derniers jours de la guerre. Si la Nation encense les poilus tombés au champ d'honneur, les démobilisés eux peinent à se faire une place dans une société où, en temps de paix comme en temps de guerre, ce sont les gros qui mangent les petits. Mais les deux hommes vont trouver une faille dans la fièvre commémorative qui suit la Grande Guerre. Ils étaient gibiers, ils se font prédateurs.

Pierre Lemaitre parvient à dresser une fresque sociale et morale des années qui suivent la Première Guerre mondiale passionnante. A cheval entre L Histoire et la fiction, le lecteur est tenu en haleine pendant six cents pages dans la tradition du roman-feuilleton. le livre est truffé de références littéraires, certaines ayant dû m'échapper, mais la plus évidente pour l'admirateur de Louis Guilloux que je suis, étant le fonctionnaire Merlin issu du chef d'oeuvre « le sang noir ». Certaines trouvailles du récit m'ont énormément plu, comme cette gueule cassée qui se crée toutes sortes de masques merveilleux pour dissimuler ses séquelles. « Au revoir là-haut » est un bel hommage aux soldats de ce terrible conflit qui met le doigt sur une réalité sordide à une époque ou la fièvre commémorative renaît dans le cadre du centenaire. Pierre Lemaitre a annoncé que deux tomes suivront avec la même ambition de dresser une fresque sociale. Je les attends avec impatience !
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Eh bien dis donc quelle histoire ! Ou devrais-je dire plutôt quelle énorme farce ?! ou bien alors quelle incroyable tragédie ?!


Ambiance de l'après-guerre. Retour des Poilus. L'abattement et la détresse se lisent dans les yeux des gueules cassées. Les gens hurlent leur joie de cette "Der des Ders" enfin terminée. Je vous inviterais bien au bal des réjouissances ...
Le temps de dire "Au revoir là-haut" aux copains et me voilà au beau milieu de la place de la ville sous le regard de tous ces badauds qui n'imaginent même pas tout ce qu'on a enduré là-bas sur le front. Moi aussi je veux faire partie de la fête et peu importe si je n'ai jamais vraiment su sur quel pied danser. Mon cœur s' emballe plus d'une fois, mes jambes ont du mal à me soutenir et mes mains tremblantes cherchent désespérément une épaule sur laquelle s'accrocher. Une fois l'épaule trouvée, je ne la lâche plus. Et puis, soudain, le rire s'empare de moi. Le genre de rire que les gens peuvent avoir quand ils viennent d'être victimes d'un canular. Quelle poilade, mes amis ! La vie est une imposture, elle vous pète à la gueule sans même que vous ayez le temps de dire ouf ! Et c'est ça qui me fait rire..Sous les regards furibonds de ceux qui croient encore dur comme fer que c'est l'argent qui domine le monde. Sous les regards incendiaires de ceux qui veulent profiter du désarroi des autres pour asseoir leurs richesses. Je m'en vais leur montrer moi...

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Moi suis le méchant dans l'histoire. Le mec qui n'a qu'une envie, finir la guerre avec un galon en plus et qu'on parle de moi. J'ai un honneur d'aristo à récupérer et une bâtisse à retaper rapidos, alors par ici le flouse. Et que ça saute. A cet égard, si je puis me permettre ce petit écart, ça saute pas mal avec moi. Les donzelles, les grenades, les emmerdeurs qui se mettent sur mon chemin, le 113 au cas présent, je vous fais tout sauter, dans la joie revancharde et le petit bonheur vachard. J'aime pas les petits, je les écrase. Alors imaginez, quand un beau matin, j'ai le beurre et l'argent du beurre ? Un pur bonheur? Ouai ça rime. L'ai pas fait exprès. Suis doué, naturellement, doué. Les affaires d'argent et de coeur, tout me sourit. C'est pas ce petit con d'Albert qui me dira le contraire. Dès qu'il me voit, il se pisse dessus, oh le grand homme ! Déjà que son copain, comment s'appelle-t-il déjà ? Eugène, Etienne… sais plus trop, peut-être Edouard. Enfin bref, c'est LA gueule cassée comme on en voit maintenant (de plus en plus, c'est sûr), vous verriez la fine équipe. Les branques. Avant qu'ils sortent de ce bourbier, j'ai le temps de me faire la petite soeurette, un peu vieille mais ça le fera vu le compte en banque du papa, je prends. Vive le mariage et hop le seigneuriage ! Allez, j'ai un rencart et des affaires qui m'attendent. Les morts, je m'en occupe toujours de près et je suis aux "petits" soins avec eux. Petits…. tiens voilà que je ris de mes mots, que voulez-vous, tout me sourit ! Allez, Edouard, un sourire ? Rroh, vous allez me détester.
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Albert courbe l'échine, il survit comme il peut, sa mère vous le dirait, il ne fait rien comme il faut.
Édouard lui, est un artiste bourré de talent issu de la haute bourgeoisie. Mais pour son père, il n'est pas le fils idéal, juste un poids.
Jusqu'au jour où la guerre va réunir les deux hommes. Pour le meilleur et surtout pour le pire.
Ce qui fait le charme d'Au revoir là-haut, c'est l'amitié improbable entre ces deux hommes qui n'auraient jamais dû se rencontrer et organiser une escroquerie financière particulièrement audacieuse juste après la première guerre mondiale. Unis par les hasards du destin après l'horreur des tranchées, cabossés, ils rentrent en clandestinité. La France pleure ses disparus mais rechigne à accueillir les éclopés de la guerre. Alors ils mettent sur pied un plan diabolique en exploitant l'émotion nationale, et organisent la vente fictive de monuments aux morts.
On découvre cette période sombre avec une délectation d'autant plus grande qu'on se laisse emporter par l'histoire remarquablement ficelée qui tient le lecteur en haleine. Elle manque de profondeur, les personnages secondaires sont assez caricaturaux mais on ne lâche plus le livre. C'est terriblement cynique, souvent drôle et tendre, l'histoire s'essouffle un peu à la fin mais on n'est pas près d'oublier les personnages troubles mais attachants de ce gros roman.


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Quelle bonne surprise! de la belle littérature populaire de qualité, qui mêle la petite et la grande histoire, une intrigue trépidante et des moments de poésie, ça ne court pas les rues et j'ai dévalé celle-là les neurones au vent et sans freiner dans les virages.
La grande guerre et ses abominations se prennent un bon coup de boomerang dans les dents avec cette histoire d'arnaque aux monuments aux morts, somme toute pas plus scandaleuse que les arsouilleries sous la table de ceux qui, non contents d'avoir profité en temps de guerre, continuent leurs malversations sur les ruines du pays et sur le dos des gueules cassées.
On se croirait chez Dumas pour le rythme, chez Martin du Gard et ses grandes familles bourgeoises, avec en prime un humour omniprésent et corrosif, ainsi qu'une magnifique histoire d'amitié, ornée de masques somptueux.
Que du bonheur! Et un bonheur n'arrivant jamais seul, je m'empresse d'enquiller avec la suite de la saga.
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Après plus de 900 critiques, je vais vous épargner le résumé de ce roman, prix Goncourt 2013. Comme d'habitude, quand je vois qu'un livre a été récompensé par un grand prix littéraire, j'y vais toujours un peu à reculons. Peur que ce soit trop intello ou trop compliqué, et parfois j'ai de bonnes surprises, comme avec Au Revoir là-haut. le roman est très accessible et passionnant, même si le livre a quelques longueurs notamment au début. Mais une fois la guerre terminée, je me suis passionnée pour les vies des 3 personnages principaux et leurs difficultés. Dur en effet de reprendre une vie normale quand le pays semble avoir oublié ses héros. J'ai trouvé les magouilles de chacun vraiment culottées. Aucun personnage ne se détache vraiment car tous ont leurs qualités et leurs défauts. Globalement j'ai passé un bon moment et j'ai appris pas mal de choses sur la Grande Guerre et son après.
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