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sur 13626 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Édouard est un fou rêveur, il croque la vie comme un artiste. Albert est naïf, sensible, généreux, pas trop aventureux. La Grande guerre passe par- là, et les vies de nos deux hommes se percutent sur un champ de bataille. Ces hommes marionnettes malmenés sous des pluies d'obus, manipulés par des supérieurs avides de médailles, ressortent de cette guerre crevassés, fissurés comme des passoires. La démobilisation, l'exhumation des corps, les gueules cassées, la guerre traîne et déborde sur la paix, elle n'en finit pas d'envahir leur vie.

Comment prendre sa revanche face à ces hommes sans scrupules, ces avaleurs d'hommes, ces faiseurs de boucheries ?

Albert la douceur incarnée, se laisse prendre dans l'engrenage de ses promesses. Il vit dans la peur mais ne se résout jamais à abandonner, il est motivé par l'élan de sa générosité d'âme. Il est le vrai héro, sans fierté, sans arrogance.

Édouard se relève en faisant ce qui l'a toujours fait vibrer; des pitreries, des pieds-de-nez à la vie. Provoquer, être soi-même, prendre son envol, peu importe le prix à payer, il n'a d'ailleurs plus rien à perdre.

Portraits ciselés d'hommes et de femmes. Les uns insupportables, les autres émouvants. Des femmes souvent méprisées à cette époque, ravalées au rang d'objets, qui se débattent dans cet univers d'hommes. Du suspense, de l'attendrissement et de la tristesse. Un roman qui déterre les blessures profondes de la guerre, qui dénonce les profiteurs de malheurs. Une guerre qui dévoile le vrai visage des hommes.
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Vous trouvez les Goncourt barbants ? Vous en avez marre d'entendre parler de la Grande Guerre ? Vous trouvez qu'un bon auteur est celui qui sait se limiter à deux cent pages ? le titre ne vous dit rien ? Eh bien, détrompez–vous, laissez-là vos appréhensions et courrez, courrez à la bibliothèque pour lire ce magnifique roman.
Ce n'est que du bonheur. Jubilatoire du début à la fin. Prenant, intelligent, drôle et surtout pas pédant pour un sou. Bref un coup de maitre, et jamais on ne ressent la lassitude, l'essoufflement qui eussent été bien naturels devant tout le travail qu'un tel roman a exigé. Non, l'auteur s'amuse en écrivant, et le lecteur ressent ce plaisir et … le partage.
L'histoire, en bref, de deux gueules cassées, des réprouvés, des amochés qui n'ont rien en commun si ce n'est qu'ils ont failli mourir ensemble, que l'un a sauvé l'autre. Rien en commun que des terribles souvenirs du front, l'horreur, la blessure physique pour l'un et psychique pour l'autre. Et puisqu'ils sont des réprouvés et qu'il faut bien vivre, ils montent une escroquerie pour se mettre à l'abri et s'enfuir dans les colonies. Mais c'est aussi l'histoire d'une autre escroquerie, en col blanc cette fois-ci, d'un père, qui a perdu son fils …
Les personnages sont très bien étudiés et se révèlent au fur et à mesure de l'intrigue dans toute leur ambiguïté. Car tous mêlent le bien et le mal dans des proportions variables, ce qui leur confère du coup un réalisme saisissant.
L'écriture est efficace, le ton souvent ironique, les images justes et plusieurs expressions sont de véritables petits bijoux, des formules assassines qui font mouche.
A ne manquer sous aucun prétexte.
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J'ai pris un tel plaisir de lecture au dernier prix Goncourt que j'arrache les yeux à celui qui viendra me dire que les prix littéraires, c'est du chiqué.
Pierre Lemaître, auteur à succès de romans policiers plaisamment troussés, s'attaque avec talent à un nouveau genre : le roman historique tendance Sébastien Japrisot "Un long dimanche de fiançailles" ou Marc Dugain "La chambre des officiers".
L'a-t-il fait avec un poil(u?) d'opportunisme à la veille d'une année riche en commémorations ? Accordons lui le bénéfice du doute tant le résultat est réussi.
Vous ouvrirez ce gros livre de 500 pages et serez aussitôt happé par la scène d'ouverture à couper le souffle. Nous sommes dans les tranchées, en novembre 1918. Les trois héros du roman s'y retrouvent - pour ne plus jamais se recroiser : Albert Maillard, un pauvre bougre qui manque mourir étouffé dans un trou d'obus nez-à-nez avec un cadavre de cheval, le lieutenant d'Aulnay Pradelle, fringant officier prêt à tout pour restaurer son blason et le jeune Edouard Péricourt, dessinateur de génie, mais en rupture de ban avec sa richissime famille.
Pierre Lemaître a le chic pour croquer des personnages attachants (ah ! Joseph Merlin et ses godillots) plongés dans des situations saisissantes.
De la première à la dernière scène, son roman est éminemment cinématographique et je ne doute pas un seul instant qu'il soit rapidement adapté à l'écran.

Je me suis amusé à dresser un casting imaginaire.
Dans le rôle d'Albert, le bon bougre, généreux à défaut d'être courageux, Clovis CORNILLAC ou Grégory GADEBOIS.
Louis GARREL ferait un très bon Edouard, romantique, tourmenté, potache et ambigu.
J'ai beaucoup hésité pour Henry. Il faudrait un méchant d'anthologie, doté d'une force physique menaçante. Samuel LABARTHE ?
Le père d'Edouard doit en imposer par son autorité naturelle. Philippe NOIRET aurait été parfait. Jean-Pierre MARIELLE est peut-être un poil trop vieux. Philippe TORRETON un poil trop jeune
On ne devrait pas avoir de mal à trouver une actrice pour Madeleine, la soeur aimante d'Edouard : Emmanuelle DEVOS ? Sandrine KIBERLAIN ?
Pour les personnages secondaires j'ai pensé à la charmante Charlotte LE BON pour pauline, la jolie domestique, et Thierry FREMONT pour Joseph MERLIN le monstrueux inspecteur des cimetières.
D'autres idées ?
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Que puis-je dire de plus que ce qui a été dit. Je vais tout d'abord vous avouer que cette lecture était dans ma PAL depuis longtemps mais le côté "Prix Goncourt" me rebutait un peu, beaucoup.
Après avoir lu Alex et Cadres noirs, je ne pouvais pas faire faire l'impasse sur celui-ci, il parle d'une époque ou mon grand-père est né, il parle d'une époque dont aujourd'hui on ne garde que peu de souvenirs, car les personnes aptes à les transmettre ne sont plus parmi nous.
Ce livre est un monument, alors ici pas de monuments aux morts, mais un monument de littérature, et donc moi qui suis loin d'être capable de juger un Prix Goncourt, je dis juste, "chapeau" M. Lemaître. Vous avez réussi à me passionner avec un sujet quasi inconnu pour moi, une histoire triste mais juste.

Donc juste deux mots: Merci et Bravo...
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Plongé instantanément dans les derniers jours de cette Première guerre mondiale qui a débuté il y a cent-deux ans, le lecteur ressent tout de suite la fracture entre les soldats et les officiers. Les premiers entendent parler d'armistice et, on le comprend facilement, sont impatients de voir ce cauchemar se terminer, alors que ceux qui commandent veulent toujours en découdre afin de gagner encore du galon.
Albert Maillard, sur le front, ne veut pas faire partie des derniers morts : « Il savait que la guerre n'était rien d'autre qu'une immense loterie à balles réelles dans laquelle survivre 4 ans tenait fondamentalement du miracle. » Alors qu'il se retrouve en très fâcheuse posture, au fond d'un trou d'obus, il pense à Cécile et lui envoie un « Au revoir là-haut » pathétique.
L'autre personnage que nous suivons jusqu'au bout de cette passionnante histoire, c'est Henri d'Aulnay-Pradelle. Arriviste sans scrupules et débordant d'ambition, il n'hésite pas à déclencher l'attaque de la côte 113, le 2 novembre 1918.
Le troisième protagoniste se nomme Édouard Péricourt, grand jeune homme, fils d'un riche bourgeois. Jusque-là, il a eu de la chance mais « il confirme l'adage selon lequel le véritable danger pour le militaire, ce n'est pas l'ennemi, mais la hiérarchie. »
Après nous avoir plongés au coeur des derniers jours de guerre, Pierre Lemaitre passe assez vite aux années qui vont suivre grâce aux aventures de ces trois héros permettant enfin d'en savoir plus sur cette période trop longtemps négligée. Qui peut imaginer qu'après l'Armistice signée en novembre 1918, nos soldats attendraient toujours leur démobilisation quatre mois plus tard ? « Voilà comment ça finit une guerre, mon pauvre Eugène, un immense dortoir de types épuisés qu'on n'est pas foutu de renvoyer chez eux proprement », écrit Albert.
Pourtant, le pire reste à venir car « Tout le nord et tout l'est du pays étaient constellés de tombes de fortune creusées rapidement parce que les morts ne pouvaient pas attendre, pourrissaient vite, sans compter les rats. » L'État veut regrouper les tombes dans de grands cimetières mais il faut des cercueils et l'on embauche des Chinois, des Sénégalais pour déterrer les corps car ils travaillent pour une bouchée de pain. C'est le début d'une scandaleuse affaire que l'auteur nous fait vivre de l'intérieur : « Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
L'autre affaire concerne les monuments aux morts dont toutes les communes de France veulent se doter pour y inscrire les noms des victimes de cette guerre. Il y a aussi cette incompréhension envers ceux qui en sont revenus : « L'État refourguait aux anciens poilus de vieilles vareuses militaires reteintes à la hâte. » Entre les démobilisés et ceux qui sont restés à l'arrière, l'incompréhension est totale : « le pays tout entier était saisi d'une fureur commémorative en faveur des morts, proportionnelle à sa répulsion vis-à-vis des survivants. »
1919. 1920. Pour faire plus de bénéfice, on fait fabriquer des cercueils trop petits, les corps sont mélangés, des soldats allemands sont inhumés sous une plaque française…
Pierre Lemaitre braque les projecteurs sur ces scandales d'après-guerre et, en plus, c'est passionnant à lire. Jusqu'à la dernière ligne, de rebondissement en rebondissement, le lecteur est tenu en haleine, l'épilogue et les précisions finales de l'auteur complètent parfaitement un Prix Goncourt 2013 amplement mérité. Si ce n'est déjà fait, un livre à lire d'urgence...
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Longtemps je l'ai regardé sur l'étagère de la bibliothèque...Pas envie de lire encore sur la guerre, pas envie d'ouvrir ce gros bouquin tout blanc. Et puis j'ai osé, et pas regretté!!!! C'est une histoire pathétique, grave, choquante, mais écrite avec un tel talent, un tel humour! Les personnages m'ont fascinée, tout simplement: Albert, le brave froussard que sa bonté mènera à materner Edouard, ce fils de riches un brin homo et tout cassé par la guerre. Louise la petite souris silencieuse et Madeleine, extraordinaire Madeleine, qui a épousé une ordure mais le tient sous sa coupe avec mépris... mais j'en ai déjà trop écrit, lisez-le!
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Voila une lecture dont je ne sors pas indemne.Quel gachis!Toutes ces vies détruites,mutilees,oubliees.
J'ai adore cette lecture,je ne pouvais lacher ce livre!
Je passe tous les matins devant le monument aux morts de mon village et je dois dire que je ne le regarde plus de la meme facon!Tant de questions se bousculent dans mon esprit et il n'y aura jamais de reponses
Je conseille vivement cette lecture.
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Au revoir là-haut ! A ces mots, Alain Resnais aurait alors répondu à travers ces quelques paroles fredonnées…

[Albert Maillard à son alter ego Edouard]

♫ Toi le frère que je n'ai jamais eu
Si tu savais ce que j'ai bu
De mes chagrins en solitaire

Si tu m'avais pas fait faux bond
Tu aurais fini mes biftons
Tu aurais appris à m'en défaire ♪ ♫

[Edouard Péricourt hurlant sa blessure paternelle]

♫ Hein sacré papa !
Dis-moi où es-tu caché !
Ça doit...
Faire au moins mille fois que j'ai
Compté mes doigts
Hé!
Où t'es? Papaoutai? ♪ ♫

[M. Péricourt, riche de tout sauf d'humanité envers son fils]

♪ Mon fils
Essaie de me comprendre
Je ne sais pas bien m'y prendre
Et puis l'on ne s'est jamais parlé

J'essaie de t'expliquer
Que tout peut arriver
Que rien d'humain n'est éternel
Même quand les sentiments s'en mêlent ♪ ♫

Après avoir dévoré ses cinq précédents romans plus ou moins noirs, on se dit :
Lemaitre, « On connait la chanson...»

Eh bien non, Lemaitre réinvente Lemaitre avec une histoire passionnante de deux jeunes gueules cassées devenus inséparables à la fin de la guerre 14-18 dont le destin se trouve lié à une véritable crapule sans nom mais avec particule !

Autant Laurent Gaudé sublimait dans "Cris" de manière poétique les derniers moments de bravoure durant cette guerre abominable jusqu'à s'autoriser des digressions fantastiques, autant Pierre Lemaitre construit l'ensemble de son roman dans une terrible réalité (même romancée) à partir d'un événement abominable à la toute fin de la guerre et de faits crapuleux qui ont pu existé malheureusement.

Pour conclure, contrairement à ses polars ponctués de fulgurances et inévitablement de coups de pompe, « Au revoir là-haut » est juste magistral du début à la fin, sans vous permettre de relâcher une seule seconde votre attention de l'histoire magnifiquement contée.

A dévorer absolument pour ceux qui n'auraient pas encore découvert Lemaitre du roman, plus seulement du polar !


Ps : Pour faire la fine bouche, l'épilogue m'a semblé un peu lapidaire pour un roman de cette qualité.
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Des longueurs ? … Non, aucune longueur pour ma part.
A fond, à fond, à fond.
Je suis partie dans le style du narrateur d' « Amélie Poulain ».
Un Amélie Poulain version négative bien sûr.
Du coup, s'il y a des répétitions, elles ne m'ont pas choquée, elles allaient avec le style, assénées par ce narrateur qui ne me laissait pas lâcher le livre.

Heureusement que je n'ai pas pris connaissance de la version audio si l'auteur a une voix soporifique, cela aurait effectivement gâché pas mal de choses je pense.

Quelqu'un évoque le manque de sobriété. Moi c'est sûrement un peu ce qui m'a plu.
Les personnages frôlent-ils la caricature ? … La caricature de quoi, je me le demande. C'est un roman, bien sûr, pas un documentaire. Et puis à circonstances exceptionnelles, personnages exceptionnels.
L'un rebutant, l'autre énervant, le même attachant, encore un extravagant, voire même délirant, ou un étonnant… donc tout ça avec pas mal de sentiments.

Et la fin est-elle décevante ? … J'ai eu l'avantage d'avoir jeté un oeil sur certaines critiques avant d'avoir fini le livre. Je m'attendais donc à une fin complétement nulle, ce qui est loin d'être le cas tout de même. Avertie, je n'ai pas été déçue.
Mais j'adhère aux remarques sur le manque d'explications, pour cette fin, sur la rapidité du dénouement. Par contre, quand je passe un si long moment en si bonne compagnie, je suis tout à fait prête à oublier un petit dernier moment un peu moins bien.

Un bon coup ce Goncourt donc j'avoue…
Bonne bourre à vous…
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Face à un prix Goncourt, ma modeste expérience de lectrice m'a appris ceci:
1. attendre que la surexposition médiatique s'éteigne;
2. attendre que le livre fasse son chemin dans toutes les régions francophones et pas qu'à Paris;
3. profiter de cette attente pour faire vivre d'autres livres moins médiatisés et parfois bien meilleurs, à mes yeux.

Ah oui mais là ça fait cinq ans tout de même ! Déjà ? Et on en parle toujours de ce livre ! Il a été magistralement adapté en BD et en film. En plus, la suite est déjà éditée ! Il serait peut-être temps de s'y frotter alors !

J'avoue que la première guerre mondiale n'est pas mon sujet favori, et comme les Poilus, je n'avais pas tellement envie de monter au front. Mais une fois l'assaut lancé, je me suis retrouvée dans le feu de l'action et je m'étonne encore d'avoir remporté une victoire si rapide sur les 576 pages de ce roman.

Avec le recul, j'ai beau chercher une raison de ne pas donner cinq étoiles à ce livre et je n'en trouve pas. Tout y est parfait : la construction du roman, le style, la psychologie des personnages, le délicat dosage entre fiction et grande Histoire, le maintien du suspense et l'intelligence du choix de la fin. J'avais grandement apprécié Pierre Lemaître en tant qu'auteur de polars, je le vénère maintenant dans un registre plus historique.

Inutile de s'étendre d'avantage sur le sujet, tout a été dit de manière bien meilleure par d'autres lectrices et lecteurs car, voyez-vous, le problème avec ma philosophie de l'attente, c'est que je suis la 837ème personne sur Babelio à publier un ressenti sur ce chef-d'oeuvre.

Par contre, l'avantage, c'est que vous l'avez sûrement lu et que vous allez pouvoir me donner votre avis, non ? Nous finirons peut-être par convaincre les quelques sceptiques ou retardataires comme moi de faire la connaissance d'Albert Maillard au plus vite.

Allez ! Je vais pouvoir pleinement profiter du film maintenant ! Et rendez-vous dans un an ou deux pour une chronique de la suite « les couleurs de l'incendie.


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