Citations sur Robe de marié (189)
Sophie ne comprend pas ce qui se passe avec ses e-mails. Elle vient de créer une nouvelle boîte. Comme toujours, pour éviter de perdre son mot de passe, elle mémorise sur sa machine l'accès intégral. Il suffit de l'ouvrir pour y accéder directement. Grâce à sa confiance, j'ai accès à tout. Au demeurant, si elle décide de s'y prendre différemment, ça ne me demande qu'un peu plus de temps pour capturer son mot de passe. Dans ses messages à son amie Valérie, elle évoque sa fatigue. Elle dit qu'elle ne veut pas embêter Vincent avec des détails pareils, mais elle trouve qu'elle a beaucoup de trous de mémoire et qu'il lui arrive de faire des trucs irrationnels. Valérie dit qu'elle devrait consulter. Je suis aussi de cet avis.
Sophie reste de longues heures ainsi, à laisser rouler en elle les images de sa vie. Les larmes comme toujours coulent seules, sans elle, hors d'elle. Elle glisse vers des sommeils dont elle a peur. Parfois, elle rencontre sa main et s'y accroche.
Alors il s'est affolé un court instant. Il ne voulait pas qu'elle meure. Il s'est dit: "Pas comme ça..." Il ne voulait pas que Sophie lui échappe. Cette mort, elle la lui volait. C'est elle qui choisissait où, quand, comment. Et ce libre arbitre lui apparaissait comme un désaveu complet de tout ce qu'il avait fait, ce suicide lui semblait une insulte à son intelligence. Si Sophie venait à mourir ainsi, plus jamais il ne pourrait venger la mort de sa mère.
La trentaine épaisse, un visage un peu brutal, le genre à prendre ses vacances en famille, à jouer à la pétanque en disant des conneries, à porter des chaussettes de ville avec ses nu-pieds, à prendre vingt kilos dans les cinq prochaines années, des maîtresses pour l’heure du déjeuner, à mettre ses collègues au courant, le genre cadre dragueur d’agence BNP, avec la chemise jaune, le « Mademoiselle » bien appuyé. Le genre con.
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Grâce à un extrait d'acte de naissance établi sous un faux nom mais parfaitement en règle. Il ne lui reste plus qu'à recruter un mari, qui lui offrira à un nouveau nom, irréprochable, au dessus de tout soupçon.
Elle déviendra introuvable.
Une Sophie, va disparaître. La voleuse, la tueuse Adieu Sophie la dingue.
Sortie du trou noir.
Voici Sophie la blanche.
En la voyant ainsi sortir de chez elle, tout en noir, je l'ai trouvée jolie, pour une future morte.
Elle lui a découvert des finesses insoupçonnées, le garçon n'est pas un idiot, il est simple. Il veut se marier, avoir des enfants, il est gentil.
Je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête,mais choisir un "thérapeute comportementaliste", je trouve ça con. Que n'a-t-elle pas choisi un bon psychiatre ? Quelqu'un qui peut vous rendre dingue beaucoup plus sûrement que n'importe qui d'autre...
Au matin, vers 6 heures, elle se lève de sa chaise, passe sous la douche, et s'allonge une heure avant de partir à son travail. Elle pleure calmement et fixe le plafond.
C'est comme une anesthésie. Quelque chose la fait agir, elle a l'impression d'être blottie au fond de son enveloppe corporelle, comme dans un cheval de Troie. Le cheval agit sans elle, il sait ce qu'il a à faire. Elle, n'a qu'à attendre en appliquant bien fort ses deux mains sur ses oreilles.
Elle a appris cela avec patience : la respiration de la dormeuse. Cela demande une grande concentration, une application de chaque instant, mais maintenant elle y parvient.