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EAN : 9791031205137
128 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (08/09/2022)
3.64/5   14 notes
Résumé :
Mêlant récit romanesque et enquête historique, l'auteur raconte l'histoire d'un tableau célèbre.

Au-delà du Cri, que sait-on de la vie et de l'œuvre d'Edvard Munch (1863-1944) ? Cet ouvrage est une biographie romancée du peintre, centrée sur son rapport aux femmes. Traumatisé par les drames de son enfance, blessé par une liaison tumultueuse avec Tulla Larsen, obnubilé par la liberté nécessaire à sa création, tourmenté par le désir, Munch eut une relat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le roman d'une oeuvre d'art, l'expression qui résume l'esprit de la collection fleure bon la riche idée. Merci aux éditions Henry Dougier et à Babelio et sa Masse Critique de me permettre de vérifier le niveau de richesse du concept.

Lors du choix de ma Masse Critique j'avais cru un temps que l'expression signifiait que les auteurs partaient d'une oeuvre d'art pour recréer à partir d'elle une fiction. Un peu la même erreur que quand j'ai cru que La petite danseuse de 14 ans de Camille Laurens nous raconterait l'histoire romancée du modèle alors qu'il s'agissait plus d'un essai sur le travail de Degas et le rapport artiste modèle. Ici il s'agit bien d'un roman mais il retrace le contexte de création de l'oeuvre de Munch utilisant l'oeuvre La Danse de la Vie comme pivot de l'histoire.

On est pas dans l'essai à proprement parler, plutôt dans l'autobiographie romancée. le but final reste une meilleure compréhension du travail de l'artiste et des origines de l'oeuvre, l'auteur Marc Lenot étant avant tout critique d'art. La plume est néanmoins agréable et les deux contrepoints des témoignages des relations du peintre permettent de ne pas rester uniquement dans l'introspection de l'artiste.

Munch reste mondialement célèbre grâce au Cri, présent en reproduction dans tant de salles d'attente que rares sont ceux qui ont pu passer à côté. Je n'ai jamais pu oublier la première fois où j'ai vu ce visage et je suis heureux d'avoir mis des mots sur les angoisses et les désirs de l'artiste qui auront abouti à cette expression picturale.

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15 ème volume = 100% de réussite comme à chaque fois.
Cet opus est consacré à Edvard Munch. Et qui dit Munch, dit "Le Cri". Mais son oeuvre ne se résume pas qu'à ce tableau emblématique.

Première découverte, en tout cas en ce qui me concerne, nous apprenons que ce fameux tableau fait partie d'une ensemble intitulé "La Frise de la Vie" :
La Voix, 1893 / Rouge et blanc, 1899-1900 / Les Yeux dans les yeux, 1899-1900 / Danse sur la plage, 1899-1900 / le Baiser, 1897 / Madonna, 1894 / Cendres, 1895 / Vampire, 1893 ;
La Danse de la vie, 1899-1900 ;
Jalousie, 1895 / Les Trois Âges de la femme, 1894 / Mélancolie, 1894-1896 / Anxiété, 1894 / Une soirée sur l'avenue Karl Johan, 1892 / La Vigne rouge, 1899-1900 / Golgotha, 1900 ;
Le Cri, 1893 ;
Sur le lit de mort, 1893 / La Mort dans la chambre de la malade, 1893 / L'Odeur de la mort, 1895 [remplacé par L'Enfant malade, 1885-1886] / L'Enfant et la Mort, 1899 / Métabolisme, 1898-1899.

L'auteur a pris le parti de ne pas jouer la simplicité en délaissant le Cri au profit de la "Danse de la vie".
Choix judicieux quand l'objet de l'ouvrage est de faire replacer une oeuvre dans son contexte et donc dans la vie de son artiste.

Et force est de constater que de tableau en dit long sur Munch. Et Munch nous en dit long sur sa vie dans ce livre :
tout est basé sur les écrits de Munch, qui a parfois lui-même pris quelque liberté avec la réalité dans ses récits. Les dires de Munch sont croisés avec les récits d'autres
témoins. de plus, à côté de Munch, l'auteur a desiré donner la parole à deux femmes qu'il a aimées : sa dernière passion, dont il a tenté de reconstruire le propos et ce avec brio, et la
compagne de sa maîtresse la violoniste Eva Mudocci, sur la base de leur correspondance et de sa biographie.

Cela nous donne un livre qui remet en cause les jugements que l'on peut avoir sur Munch, sur son oeuvre et sur son rapport aux femmes. Et on découvre en fait qu'il a eu des
rapports sereins, respectueux, harmonieux, mais détachés avec plusieurs femmes.
Et qui tout trouve son explication une fois sa famille présentée : "Voilà donc la famille dans laquelle j'ai grandi, voilà les femmes qui m'ont entouré et dont la présence m'a contraint ou m'a aidé à me construire, voilà les angoisses de maladie, de folie, de péché qui ont conditionné ma vie."

Il y parle de sa relation avec Tulla Larsen, liaison destructrice à plus d'un titre : " La soirée de ma première rencontre avec Tulla Larsen, à Oslo en août 1898, marqua le début des pires années de ma vie, années durant lesquelles je sombrai dans l'alcool et où mon esprit accosta aux rivages de la folie. Mais ce furent aussi les années où j'eus le sentiment de peindre mes tableaux les plus puissants.". Il ira jusqu'à perdre un doigt lors de leur dernière rencontre....

Mais revenons sur cette Danse de la Vie et laissons la parole à Munch :

"Ce fut pendant le terrible été de 1899 que je commençais à peindre La Danse de la vie. J'avais déjà envisagé l'ensemble de la Frise de la vie quelques années plus tôt, et même si je n'avais pas encore choisi précisément le sujet de tous les tableaux de ma Frise, je savais déjà que cette Danse en serait l'oeuvre centrale, décrivant l'instant exact où l'amour naissant devient destructeur, où tout bascule. Je ne voulais pas présenter mes toiles individuellement mais les intégrer dans un ensemble cohérent – ce que personne n'avait encore jamais fait. Pris un par un, les tableaux, écrivis-je alors, « sont principalement des notes, des documents, des brouillons, de la matière première », alors que constituer une frise, non seulement les rendait plus sensibles et compréhensibles, mais surtout créait une oeuvre plus large qui les dépassait."

Un tableau qui reprend une construction qu'il a déjà mise en oeuvre :
trois images de la femme, trois archétypes, trois Grâces, trois âges, trois moments réunis dans une même image : la vie est une danse, un cycle, un éternel retour.
l'adolescente heureuse en blanc, pleine d'espoir et d'illusions,
la femme adulte en rouge, amoureuse et dominatrice,
et la femme délaissée en noir, aigrie et désabusée.
Ces trois femmes semblent centrées sur l'homme, sur ses désirs à lui, ses attentes, ses déceptions, son jugement : elles existent en fonction de lui.

Avant de commencer à peindre, il écrivait dans son carnet :
"Je danse avec mon premier amour, c'est un souvenir d'elle. Arrive la femme blonde, souriante qui veut prendre la fleur de l'amour, mais la fleur ne se laisse pas prendre. de l'autre côté, la même, vêtue de noir, regarde tristement le couple qui danse. Elle est rejetée, de même que je fus rejeté par ma cavalière, et au fond la foule en délire et ses embrassades sauvages."

Pour mieux comprendre son oeuvre et ce coup de pinceau reconnaissable une dernière clé nous est offerte :
" Mais c'est quand j'ai réalisé L'Enfant malade en 1885 que j'ai compris quel peintre je deviendrais. Dans ce tableau montrant ma soeur dans son lit peu avant son décès, j'ai voulu traduire ma douleur à la mort de Sophie et en faire une douleur universelle. Au-delà de la représentation d'une scène tragique et émouvante, cette peinture vint des tréfonds de mon âme. Cette distillation de ma douleur, cette catharsis de mes émotions, de ma peine, de ma culpabilité d'être en vie, cet exorcisme quasi chamanique, je n'ai pu les peindre qu'au terme d'un combat physique avec la toile : j'ai accumulé les couches de peinture, puis, comme en transe, je les ai ensuite attaquées avec le manche du pinceau, j'ai labouré la peinture encore fraîche, j'ai gratté, creusé, sculpté le visage de ma soeur, j'ai mis la toile à nu par endroits, j'y ai fait couler de la peinture liquide comme des larmes. J'ai bu le calice jusqu'à la lie, ma douleur s'est inscrite dans la pâte, dans la toile, dans la matière même. Ce n'était plus seulement une représentation, c'était une action, un geste, un cri. Je pourfendais ma peine, mon échec, ma perte, je dansais devant la toile, allant, venant, reculant, pleurant, criant, effondré, épuisé. Je crois que personne n'avait jamais peint ainsi : tous les critiques ont hurlé au scandale, m'ont accablé d'insultes ; ce tableau était bien trop radical pour eux. Plus jamais je n'ai peint avec autant de fureur, d'engagement, de fusion avec la toile. Exécuter ce tableau fut l'acte fondateur de toute mon oeuvre."

Autant de mots qui donnent envie, comme à chaque fois avec ces ouvrages de dépasser les pages, d'en ouvrir d'autres, d'aller voir les tableaux, bref déborder des cadres, sortir des toiles,.. .

Pour conclure cette critique je me permets de citer Karl Ove Knausgard qui dans son livre "Tant de désir pour si peu d'espace" écrit :
"La sensibilité exacerbée engendrée par cette suite de deuils, et par une figure paternelle lointaine, parfois trouble sur le plan religieux, tantôt bienveillante et tantôt brutale, a donné un enfant, un adolescent puis un adulte qui avait si peur de perdre ceux qu'il aimait qu'il a pris les choses en main et détruit ses relations avant qu'elles aillent trop loin. Petit à petit, Munch a soigneusement évité d'aller où il risquait de souffrir : c'est devenu une stratégie de vie."
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C'est un exercice périlleux de romancer une biographie, dans le sens où cela nécessite un consciencieux travail de fouille bibliographique et de pimenter le récit d'une vie qui n'a souvent rien de romanesque, sans se livrer à des fantasmes ou des surinterprétations. Mais il faut avouer que Marc Lenot fait bien son job, et son roman, à défaut d'être vraiment divertissant, est un raccourci vers un vernis de culture, utile quand, comme moi, on est trop fainéant pour se fatiguer dans d'ennuyeuses biographies, et que l'on veut aller voir Munch à Orsay en sachant où on met les pieds. Même que j'achèterai probablement Frieda Kahlo et Füssli avant de courir à Galliera et à Jaquemart-André, qui s'exposent en ce moment et dont les ouvrages de la même collection viennent de paraître. La vie est vraiment bien faite.

CHALLENGE MASSE CRITIQUE 2022
Merci Babelio
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Dans cet ouvrage, Marc Lenot présente une biographie romancée du célèbre peintre Edvard Munch (1863-1944). La biographie s'attache tout particulièrement aux différentes figures féminines qui ont accompagné le peintre : mère, soeur, amantes, amies, etc. le rapport de Munch avec les femmes est particulièrement complexe : il a surtout peur qu'elles nuisent à sa créativité, tout en étant attiré par elles. C'est une biographie très instructive : on y apprend ainsi que le célèbre tableau "Le Cri" fait parti d'un ensemble plus vaste "La frise de la vie".

Autant j'ai trouvé l'approche intéressante (aborder le peintre, son oeuvre et sa créativité par l'angle des femmes), autant la lecture m'a laissé sur ma faim. J'aurai peut-être aimé plus de détails, en savoir plus sur ses amitiés, ses rapports avec ses marchands. J'aurai aimé aussi avoir plus de reproductions des oeuvres mentionnées, je comprends toutefois que le format ne le permettait pas...

Avis rédigé suite à l'opération Masse critique de septembre 2022.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
A-t-elle voulu de nouveau faire semblant de se tuer, trois semaines après son simulacre de suicide à la morphine ? Ai-je tenté de la protéger, en mettant ma main sur le canon ? Peut-être fut-ce un accident, une balle perdue, un doigt qui se crispa involontairement sur la gâchette. Ou peut-être voulut-elle me tuer. Ou alors ce fut moi qui ne vis pas d'autre issue à notre échec que cette parodie de suicide que cette destruction salvatrice. Mon inconscient a-t-il guidé le revolver ? Ma blessure à la main naquit-elle du même désespoir que la mutilation de l'oreille de Van Gogh treize ans plus tôt, d'un sentiment de défaite et d'impossibilité identique à celui qui transparaissait dans ses lettres à son frère ? Ai-je tiré sur mes souvenirs, sur mon passé ?
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Mais même mes paysages simples, tactiles et colorés parlaient d’amour, et d’attraction, et de tristesse : ils étaient chargés d’énergie érotique. Le paysage est comme un nu féminin, la neige est luxuriante comme la chair sur les courbes des collines, la sensualité naît de la nuit, de la lumière intense de la neige, et surtout de la lune, comme un point sur un I, signe de tristesse et de désolation infinie.
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« Ces notes intimes reflètent des expériences en partie vécues, en partie lyriques. Mon intention n’est pas de raconter la réalité. Il s’agit plutôt d’explorer les forces cachées opérant à l’intérieur de cette machine qu’on appelle une vie humaine, et leurs conflits avec d’autres vies humaines. Il est difficile de définir l’Inauthentique. »
Edvard Munch, 15 février 1929
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L'amour reste un mystère, la jalousie un tourment, l'attraction une chose incompréhensible, la félicité un concept fragile : je n'ai jamais cessé de promener ma solitude entre l'enfer et le ciel, entre Vampire et Madone.
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Depuis toujours, l’anxiété a fait partie de ma vie. Mon art est une confession personnelle. Comme les messages radio d’un navire qui sombre. Mais j’ai le sentiment que cette anxiété m’est nécessaire, tout comme l’est la maladie. Sans cette peur de la vie et sans cette anxiété, j’aurais été une barque sans gouvernail.
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