Un roman noir comme le cauchemar
Marjorie Butera, alias
Captain Butterfly, est une policière coriace, ambitieuse, et surtout incorruptible. Alors travailler à la Division des Affaires Internes, ce n'est pas un problème pour cette femme de caractère, bien au contraire.
Captain Butterfly n'hésite donc pas à coincer les ripous, mais il y en a qui résiste. Et c'est le pire de tous: l'inspecteur principal Janesky, le chef du BSCO, pour Brooklyn South Command Office, dans Red Hook. Et en 1988, Red Hook est un quartier de Brooklyn très très dangereux.
"Il se passait des trucs pas beaux du tout dans cet endroit,.., il ne voulait pas rester dans les parages de cette bande de flics cinglés qui ne pensaient qu'à la loi du talion". L'endroit en question c'est donc le BSCO, dirigé par une sorte de colonel Kurtz qui prône la violence auprès de ses hommes pour faire régner l'ordre. Et le message a bien été compris par certains de ces hommes, notamment Monty Adams, surnommé le Prince de la Douleur. Un flic "testostéroné" ultra-violent qui prend un malin plaisir à torturer les prisonniers. D'ailleurs le premier chapitre du livre se termine par une scène de torture, ça met tout de suite dans l'ambiance.
Pour faire tomber le fou Janesky, pourtant adulé par tous ses pairs,
Captain Butterfly va introduire un espion au sein du BSCO, cette meute de loups assoiffés de corruption, de pouvoir, et de sang. Pauvre Frank Bosco, le gentil, l'agneau sacrifié sur l'autel de l'ambition et de l'intégrité de Marjorie
Captain Butterfly. Qui doit lutter contre les intérêts de ses patrons, des chefs qui ne pensent qu'à préserver leurs propres intérêts. Alors nettoyer la police de ses pires éléments, ça peut être embêtant si ça éclabousse trop! Mais
Captain Butterfly a plus d'un tour dans son sac!
Peinture sidérante de la corruption policière dans les grandes villes américaines à la fin des années 80,
Captain Butterfly est un roman atroce, prenant, implacable. Un roman de terrain raconté par un flic de terrain. Et oui, rien de tel que le vécu! le style d'écriture de
Bob Leuci, décédé le mois dernier d'ailleurs, est viscéral, cru, brut de décoffrage. Son récit est sec, nerveux, tendu comme une lame de couteau. Les cinquante dernières pages du livre sont étouffantes, on sent qu'il va se passer quelque chose de grave, d'innommable. Cette histoire puissante, électrique, est un constat sans concession d'un système policier qui bascule de plus en plus dans la violence. D'ailleurs, ce livre est prophétique, car trois ans après sa sortie, le maire Rudolph Giuliani mettrait en place sa fameuse politique de Tolérance Zéro.
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