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sur 9331 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"L'homme est un loup pour l'homme."

Bien sûr, je savais dans quoi je me lançais.
Des livres traitant de la Shoah, j'en ai lu... beaucoup. Différents angles, différentes approches, différents points de vue...
"Les bienveillantes" de Jonathan Littell est sans doute un de ceux qui m'a marqué le plus.

Cependant, les témoignages de survivants des camps ne sont pas si nombreux. (Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que karmax211 a gentiment commenté mon billet en me proposant une liste dont quelques noms auraient dû me revenir, pardon.) Je pense bien évidemment à "La Nuit" d'Élie Wiesel et ce témoignage de Primo Levi.
Difficile, voire impossible pour moi de rédiger une critique sur ce témoignage. Aucun intérêt à parler de style d'écriture puisque le sujet n'est pas là. C'est juste un livre à lire une fois dans sa vie. Pas trop jeune, il faut attendre un certain âge, je pense. Avoir un peu de vécu. Il y a un âge pour lire Anne Frank (tout aussi indispensable) et un peu plus tard, Primo Levi.
J'espérais naïvement trouver au fil des pages un peu d'entraide et de solidarité mais, non. Arrivé à un tel degré de déshumanisation, il n'y a plus de place pour ça non plus.
Description absolument folle du dernier pendu (pages que je n'oublierai pas de sitôt.) "Camarades, je suis le dernier."

Au fil de la lecture, je revoyais mentalement l'image d'une synagogue en feu, générique de la série télévisée de la fin des années 70, "Holocauste", inspiré du livre de Gerald Green. Je revoyais Karl, campé magistralement par James Woods, l'artiste, a la recherche de papier et de morceaux de charbon pour faire ses croquis et laisser lui aussi, son témoignage.
Se souvenir, ne jamais oublier... Pour éviter que ça ne recommence? L'histoire récente, ici ou ailleurs nous montre que c'est beaucoup plus compliqué.
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Il y a des livres dont on sait qu'il nous faut les lire. Celui-ci était sur mes étagères depuis très très longtemps mais il faut choisir le moment pour le lire car on sait qu'on ne ressortira pas indemne, même si l'on connaît les faits, qu'on a déjà lu des témoignages entre autre celui de Simone Veil, que c'est une plaie qui ne se refermera jamais.

Au moment où je rédige cette chronique je ne peux m'empêcher de songer qu'il y a des coïncidences (et ce n'est qu'une coïncidence) troublantes. En rentrant hier soir d'un comité de lecture, j'apprenais que Marceline Loridan-Ivens, autre voix-témoin des atrocités des camps de déportation, nous quittait. Comme Simone Veil, Primo Levi et elle (et d'autres anonymes ou non) oeuvraient inlassablement pour que l'on n'oublie pas, jamais.

J'ai refermé ce livre avec un profond sentiment d'indignation vis-à-vis des bassesses humaines. Jusqu'où peut aller la folie humaine, les atrocités perpétrées par certains qui au-delà des souffrances physiques vont jusqu'à s'attaquer à l'âme de l'homme, le ramener plus bas que terre, n'être plus rien, transparent, ignoré, n'être plus qu'un numéro 174 517 tatoué sur la peau qui, même pour les survivants, restera la trace de leur passé.

Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. (p34)

Marquer des êtres humains comme on marque un troupeau et encore ceux-là avaient une petite chance de survie d'un jour, quelques jours..... Les courts numéros étaient peu nombreux à son arrivée. Tenir un jour de plus relevait de l'exploit, de petite magouilles, d'entraide et parfois de haine et Primo Levi narre de façon presque urgente, comme si ce genre de souvenirs pouvaient s'oublier (Si c'est un homme a été publié 2 ans après sa sortie du camp).

La redoutable sélection, ceux qui vont rester, ceux qui vont disparaître,  les exécutions, la potence, les travaux inhumains dans le froid qui finissent de détruire les corps qui n'ont déjà plus l'apparence d'êtres humains, la Faim omniprésente, trouver un peu plus que l'ordinaire pour tenir, pour ne pas faire partie des faibles qui disparaîtront à la prochaine sélection, les rivalités, les kapos et puis l'attente insoutenable des libérateurs, sans pratiquement aucune ressource. le compte à rebours est lancé : qui les verra, qui vivra ce jour tant attendu et après......

Primo Levi veut rendre hommage à tous ceux qui n'en sortiront jamais et à ceux qui une fois sortis, n'ont pas survécu parce que le passé encore trop présent, parce que le passé a laissé trop de traces, trop de douleurs, parce que même pour l'auteur survivre a été un combat à l'époque mais aussi après (il s'est suicidé en 1987).

Le récit se divise en deux parties : son arrestation, le voyage vers l'enfer, l'arrivée, la découverte et la vie dans le camp. le processus d'annihilation totale des êtres humains est extrêmement bien restituée, disséquée : la méthode, la dureté des traitements, la lucidité du narrateur sur son environnement.

Les loques ne se révoltent pas. (p288)

Primo Levi a ensuite jugé intéressant de partager dans un appendice à la fin du livre les principales questions qui lui étaient posées lors de conférences ou de rencontres afin de témoigner, d'expliquer inlassablement, ce dont il avait été témoin afin d'espérer qu'un jour cela ne puisse pas se reproduire.... Il explique parfaitement pourquoi et comment les nazis pensèrent et mirent en oeuvre l'anéantissement des juifs, les peuples connaissaient-ils l'existence de ces camps, a-t-il retrouvé des survivants qui partageaient son bloc.

J'ai trouvé intéressant sa réponse à la question :

On ne trouve pas trace de haine à l'égard des Allemands (...) ni même de désir de vengeance. Leur avez-vous pardonné ?
La haine est assez étrangère à mon tempérament. Elle me paraît un sentiment bestial et grossier, et dans la mesure du possible, je préfère que mes pensées et mes actes soient inspirés par la raison ; c'est pourquoi je n'ai jamais, pour ma part, cultivé la haine comme désir primaire de revanche, de souffrance infligée à un ennemi véritable ou supposé, de vengeance particulière. (p277)

On ressent à la fois l'implacabilité des faits, l'absurdité (parfois avec une pointe d'humour) de certaines consignes, certains réglements, l'humiliation permanente, la faim, le froid, la promiscuité,  ne nous faisant part uniquement de ce qu'il a vécu, vu, entendu, se jugeant privilégié car ayant survécu grâce à sa formation de chimiste qui lui a permis les derniers mois d'avoir un poste "enviable" dans le camp, de tenir mais aussi la douleur, un sentiment de culpabilité qui l'envahissent petit à petit, car au-delà du quotidien du camp c'est aussi un regard sur notre humanité, ce que l'homme peut devenir : bourreau, victime.

Ce livre est un témoignage écrit dans l'urgence de faire connaître au monde l'horreur, il n'y a pas une recherche d'écriture, la construction du récit est chronologique, dans la restitution d'un vécu, comme un journal des 9 mois vécus à Auschwitz et comme il le dit lui-même dans sa préface :

J'ai eu la chance de n'être déporté à Auschwitz qu'en 1944, alors que le gouvernement allemand, en raison de la pénurie croissante de main-doeuvre, avait déjà décidé d'allonger la moyenne de vie des prisonniers à éliminer, améliorant sensiblement leurs conditions de vie et suspendant provisoirement les exécutions arbitraires individuelles (...) Il me semble inutile d'ajouter qu'aucun des faits n'y est inventé. (p7-8)
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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" Mon nom est 174 517 ".

Non, nous ne sommes pas dans un roman de science fiction mais bel et bien dans la réalité. Celle de Primo Levi en 1944, pendant son année d'internement dans l'un des trois camps du complexe concentrationnaire d'Auschwitz où il travaille pire qu'un forçat.

Dans ce texte écrit deux ans après sa libération, il examine avec quasiment un regard d'ethnologue, les mécanismes de l'horrible machine à broyer les hommes qui les déshumanise à coups d'humiliations impensables avant de les faire mourir lentement de faim, de fatigue ou de désespoir. Quand ça n'est pas avec des méthodes plus expéditives comme les faire "sortir par la cheminée". Dans le même temps il dévoile les stratégies mises en place par les häftlinge (détenus) pour réussir à survivre face à tant de souffrances physiques et morales.
C'est un témoignage qui m'a franchement surprise par son ton presque détaché, tout du moins sans aucune acrimonie. Comme si mettre une certaine distance était indispensable pour pouvoir raconter ce qui s'accroche inéluctablement à la mémoire, qu’on le veuille ou non, sans se laisser déborder par une émotion trop intense.
J'ai mis beaucoup de temps pour me décider à lire ce texte tant j'avais peur d'être épouvantée par l'atrocité de ce que Primo Levi pouvait y avoir révélé mais il fait preuve d'une grande pudeur dans sa façon dire la réalité. Ce dont je lui suis infiniment reconnaissante.
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Difficile d'écrire une énième critique sur ce livre, et l'histoire de Primo Lévi... Des récits réels ou romancés sur cette période de notre histoire j'en ai lu avec toujours cette question en moi : Pour quoi ?

Que cela soit au travers des récits de Gray, Arnoty, Veil ou de dignitaires allemands, jamais je n'ai réussi à trouver de réponses à l'abominable. Ma représentation de l'abominable était encore bien loin de ce que Primo Lévi nous livre ici...

La froideur de son récit, la distance avec l'humanité qui s'installe, il m'a fallu faire des pauses lors de cette lecture tant il était difficile de respirer, d'ingérer les informations, du moins le style d'écriture utilisé pour la relayer.

Véritablement, je ne regrette pas et rouvrirai ce livre dans quelles années pour mieux le comprendre, l'intégrer. Clairement, c'est une lecture difficile.

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Ce livre est resté longtemps dans la liste des livres que je voulais lire.
Mais comme beaucoup, je crois, j'appréhendais ce moment et me refugiais derrière un " à quoi bon " Encore un livre sur la Shoah, y a t-il encore quelque chose que je ne sache pas ou que je ne sois pas capable d'imaginer sur cette période ? Tout n'a t-il pas été dit, écrit, filmé ?
Et bien oui, je n'avais pas imaginé cette horreur humaine à ce point et n'avais pas forcement bien compris comment cela pouvait être vécu de l'intérieur.
J'avais encore beaucoup à apprendre et ce livre n'est pas une reformulation de plus, mais un éclairage indispensable d'une froide lucidité terriblement factuelle.
Ce récit est bel et bien un incontournable de la littérature.
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Ce livre fut écrit dans la précipitation après la guerre en 1948.
On sent que l'auteur veut nous dépeindre toutes les monstruosités qu'il a éprouvées, sans vraiment les comprendre.
Pour ne pas oubliés, un récit d'acte, de souffrance, un rappel, un témoignage…
Je n'ai pas étais emporté par l'intrigue, car il n'y en avait pas… c'est la description de ce qu'il a vécu pendant 1 an dans ce camp…
Je n'ai rien appris, je fus seulement affecté par tout ce déploiement de haine et de violence…
Alors pour ne jamais oublier… Pour ne jamais recommencer… Lisez cet hommage poignant.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Quand j'étais au collège, un homme était venu nous rendre visite. Un ancien déporté juif. de cette intervention je n'ai plus trop de souvenirs, malheureusement, mais il y a une chose qui est gravée de manière très claire dans ma mémoire: son matricule.
C'est bien entre 1939 et 1945 que l'Europe a montré, au-delà de sa folie et sa bestialité, son inhumanité.
Et pourtant, des hommes comme Primo Levi ont réussi à nous faire partager leurs expériences dans des livres où l'on ne ressent aucune once de rancoeur.
Livre ce livre fut pour moi très impressionnant et fascinant dans un sens car ce qui y est dit est vrai. C'est de l'histoire. Une partie de l'Histoire qu'on nous a longtemps cachée et que personne ne doit oublier aujourd'hui.
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Il fait partie des livres les plus cités sur la description de la Shoah avec "La nuit " d'Elie Wiesel et "le journal de Anne Franck". J'aurai lu les 3.

Effectivement, le récit est assez similaire à l'ouvrage d'Elie Wiesel puisqu'il parle de la même chose. Ce sont des témoignages qu'il est nécessaire de lire et de partager afin que personne n'oublie et surtout que cela ne recommence jamais.

Malheureusement comme le dit l'auteur, il faut être vigilant car le nazisme et le fascisme existaient avant Hitler et Mussolini mais surtout...ils y ont survécu. Partout où l'on commence ou recommence à bafouer les libertés et l'égalité entre les hommes, le germe de ses idéologies est bel et bien présent, il ne faut plus grand chose pour y glisser à nouveau
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Ce livre est bouleversant, un témoignage poignant sur les atrocités que des hommes peuvent faire subir à d'autres hommes. L'auteur à travers son histoire nous fais découvrir l'horreur des camps de concentration. Ce livre est un travail de mémoire qu'il faut lire et faire découvrir pour que cela ne recommence pas. Vous ne sortirez pas indemne après la lecture de ce livre.
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Un témoignage lucide sur l'horreur des camps de concentration

Dans « Si c'est un homme », Primo Levi nous raconte la vie des déportés au sein des camps de concentration. Insultes, brimades, coups et surtout la faim font que chaque jour passé est une victoire. Mais les détenus ne peuvent pas penser comme ça. Garder espoir est le lot des nouveaux, des gros numéros, ces bleus qui ne connaissent rien de la vie de détenu. Non, ce qui les fait tenir, c'est la peur, puis leur fierté. Se comporter en homme digne est pourtant difficile. Voler est presque nécessaire si l'on veut survivre, se battre pour obtenir les meilleures affectations et surtout ne jamais, mais alors jamais tomber malade. L'épuisement ou une infection des pieds assure un aller simple à la chambre à gaz.

Si c'est un homme, un récit de survie poignant

On entre vite dans la vie de ces hommes qui dès la sortie du train sont séparés de leur femme et de leurs enfants. Ce qu'ils deviennent ? Ils ne le sauront jamais, ou plutôt, ils s'efforcent de ne pas y penser, car tout le monde sait que les faibles, les inaptes au travail ne vivent pas longtemps.

D'abord apprendre les règles de vie, ensuite travailler dur, puis supporter la faim qui les tenaille et attendre. Attendre que les jours passent et surtout ne rien espérer. L'espoir est une torture qu'il n'est pas bon s'infliger, alors tous tentent de survivre au jour présent en faisant ce qu'on leur demande sans se mettre en danger. Travailler, mais pas jusqu'à l'épuisement, contourner les règles, mais intelligemment, garder sa fierté, mais sans avoir l'air effronté. Et puis regarder ses compagnons partir un matin, pour ne jamais revenir, entendre les horreurs infligées à ces semblables, mais ne pas se rebeller.
Mon avis

Un témoignage franc sur une période de l'histoire que j'ai encore du mal à comprendre. Tant d'horreurs ont été commises pour un rêve de grandeur ridicule. Mais c'est arrivé, et ce témoignage aide à garder en mémoire ce dont l'homme est capable. Je suis sidérée par la foi de ces prisonniers qui résistent comme il le peuvent. Sidérée, par ce classement par nationalité, puis pas numéro d'arrivée, sidérée d'entendre que sur 50 000 ou 100 000 juifs d'une nationalité, seuls quelques centaines demeurent. Car, quand on entend le témoignage de Primo Levi, la survie est tellement présente que j'ai eu tendance à oublier qu'il y en a qui ont baissé les bras ? Certains n'étaient pas assez forts, d'autres n'ont pas pu continuer à suivre les règles imposées, beaucoup ont succombé à la faim ou à la maladie. Pour d'autres, c'est juste le sort qui leur a été défavorable.

Je n'ai pas lu le livre, mais ai écouté l'histoire en livre audio. Raphaël Enthoven nous propose une lecture calme, presque résignée qui est parfaitement en ligne avec le texte. Une lecture qui reflète l'homme digne et intelligent qu'était Primo Levi. À ne pas rater, l'interview de Raphaël Enthoven. Pour moi, « Si c'est un homme » de Primo Levi est un témoignage qui se prête très bien à l'exercice de la lecture à voix haute.

Ce titre fait partie de la sélection Prix Audiolib 2016

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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